On était à
Sur les pointes, un festival à la roots

Pour sa huitième édition, il était enfin temps pour nous de découvrir Sur Les Pointes, un petit festival perché sur la colline de Vitry-sur-Seine. Un festival convivial et artisanal.

Jour 1. 19h06, arrivée dans les hauteurs de Vitry

Arriver jusqu’aux Pointes, ça se mérite. Le festival tient place dans les hauteurs de Vitry, il faut monter une sacrée côté avant de pouvoir y entrer. La billetterie a pris place dans une caravane. Le ton est donné : un festival artisanal, fait de bric et de broc ingénieux. Une fois entré, Sur les Pointes tient ses promesses extérieures : des ballots de pailles pour s’assoir, des statues en matériaux de récup, des tables construites à partir de palettes. Des installations inventives et créatives, jusqu’au pipi room.

19h52, la pause s’impose

Assez peu de choix pour la nourriture, pour ainsi dire un menu unique, mais qui donne envie car préparé sous nos yeux. Les sandwichs sont faits  à la demande - ce qui n’empêche quand même pas quelques cafouillages - avec au choix pour la garniture des merguez, des chipos ou du thon, et les classiques salade, tomates, oignons. Les saucisses cuisent et recuisent sur le barbeuc en forme de train d’où s’échappe une épaisse fumée. Ce soir, en repartant, tout le monde sentira la grillade. Posés sur une grande tablée en palettes, on avale nos sandwichs arrosés de bière et de diabolo. Le bar propose de la limonade pression et des sirops variés (fruit de la passion, framboise…). C’est sympa. Le tout servi dans des éco cups à l’effigie du festival.

21h03, les finlandais de Steve ‘N’ Seagulls débarquent

Venus tout droit du Nord, ces grands gaillards à l’allure de vikings balancent leurs reprises de classique de rock et de métal à la sauce country sur la grande scène. Pantalon à l’effigie des Tortues Ninja et chapka animalière sur la tête, c’est au banjo et à la contrebasse que Steve'N Seagulls (photo) s’approprient les standards du genre. De AC/DC à Rammstein, en passant par Metallica, Iron Maiden ou encore les Guns N’ Roses, Steve ‘N’ Seagulls reprennent des airs connus en mode bluegrass. La ligne de basse de « Thunderstruck » au banjo vaut vraiment la peine d’être découverte.

21h47, pause pipi, n’oublie pas tes copeaux mon ami

Les toilettes de Sur les Pointes sont certainement le petit coin le plus marrant à découvrir du festival. Pour les hommes, les pissottières ce sont des cônes de signalisation tous reliés à une gouttière pour évacuer les restes de bière… Pour ces dames, une caravane (encore une autre) a été aménagée en sanitaires.  D’étroites toilettes individuelles, toujours construites à partir de palettes, et surmontées d’une vraie lunette de WC, qui donnent dans des poubelles géantes où l’on défèque. Des toilettes sèches donc, 100 % bio et recyclables où l’on recouvre sa commission de copeaux de bois, d’où la nécessité de ne pas oublier son récipient (boîte de conserves ou fond de bouteilles d’eau mis à disposition) avant d’entrer. Mais, ici point de transformation en lisier, c’est juste pour ne pas utiliser d’eau.  

22h05, il est temps de passer en mode Keupon

Packs de bière entreposés sur scène, Gérard Baste (photo) arrive sous le chapiteau, introduit par des pom pom girls. L’ancien chanteur des Svinkels est toujours accompagné de Xanax, son ancien complice au sein du groupe. Ensemble, ils interprètent beaucoup de titres de leur ancienne formation, de “La Youte” à “Réveille le punk”, mais aussi de nouvelles compositions ou quelques raps bien ficellés. Casquette vissée sur la tête, tee-shirt ciglé « Picole » et bermuda treillis, le style de Gérard Baste oscille entre hip hop et punk. Il rappelle que Vitry c’est la ville du 113 et propose aussi un petit spectacle burlesque avec une effeuilleuse bardée de nippies. A peine le micro de Gérard est-il éteint, que les Sheriff prennent possession de la grande scène située à deux pas du chapiteau, pour le plus grand plaisir des punks venus en masse les écouter. Originaires de Montpellier, les Sheriff ce sont des textes engagés comme « A coup de batte ». Pour terminer cette soirée thématique autour de la musique punk, direction « La Ruche », le plus petit des deux chapiteaux du festival, pour finir sur une  note festive avec le ska punk endiablé de Los Tres Puntos et leurs cuivres.

Jour 2. 19h46, Hakim le fils du forgeron

Avant l’entrée du festival, entre le camping et la billetterie, un village avec quelques rares stands est aménagé. L’occasion de découvrir le travail de forgerons. Deux hommes s’affairent marteaux en main et feu à proximité pour donner formes à de futures sculptures de métaux. On en retrouve d’ailleurs exposées à plusieurs endroits dans le festival.

20h53, crêpe, frites ou jeux vidéo ?

Parmi les rares stands de bouffe du festival, un est complètement dédié à la frite. Ici, elles sont maison, pour preuve, les énormes filets de patates qui trainent sur le comptoir. Molles, pas croustillantes, mais bonnes et à 2,50 euros la portion, elles sont servies avec ketchup, mayo ou des sauces maison au bleu, aux échalotes…  Pour le dessert, c’est crêpe ou crêpe. On a donc pris une crêpe au sucre. Pendant ce temps, les gamins s’amusent en découvrant les jeux vidéo d’antan : Duck Hunt et son pistolet en plastique orange sur un téléviseur à tube cathodique de 36 cm de diamètre et une borne d’arcade pour jouer à Street Fighter. Au loin, on a pu entendre Jabul Gorba et A State of Mind, mais rien de foufou qui puisse nous attirer jusque sous les chapiteaux.  

22h14, les Caribbean Dandee sont dans la place

L’une des grosses têtes d’affiche de la soirée ce sont les Caribbean Dandee (photo) groupe récemment formé par Joey Starr et Nathy. A bientôt 50 berges, le Jaguarr a plus que prouvé qu’il avait encore de l’énergie et du flow à revendre. Il harangue les foules à coup de « C’est qui ? » ou « On est venu chercher de l’interaction mais y en a qui ont payé trop cher ». Ensemble, ou à tour de rôle, les deux compères, très complices sur scène, reprennent des classiques d’NTM et mettent le feu. Les Caribbean Dandee interprètent aussi leur propre répertoire. Seul, Nathy chantera une ode à la marijuana. Pour recharger les batteries – quoique jamais à plat – les Caribéens  ont besoin de « gazoline » et se rassérènent à coup de lampées de rhum épicé.

00h18, instant Keupon le retour

Après une dose de hip hop, place au punk. D’abord avec Guérilla Poubelle. Un rapide détour par « La Ruche » nous fait constater que Guerilla Poubelle c’est mieux en studio. Pourtant, très engagé, le chanteur du groupe avait commencé par un appréciable laïus sur le harcèlement sexuel. C’est ensuite au tour du Bal des Enragés d’investir la grande scène. Le concept ? Un spectacle réunissant des musiciens de divers groupes alternatifs (Parabellum, Lofofora, Tagada Jones) et les chanteurs d’autres groupes alternatifs encore (Aqme, Black Bomb A, Punish Yourself, Loudblast) et qui reprennent ensemble – dans un joyeux bordel – des tubes punk, rock, métal, grunge… Ils sont sur scène à tour de rôle et ont repris des titres de Marilyn Manson, Nirvana, Sham 69, The Ramones, Rage Against The Machine ou encore « Cayenne » de Parabellum en hommage à Schultz, le chanteur du groupe décédé il y a deux ans. Entre chaque chanson, un monsieur cochon ou une madame princesse vient faire le show. Malheureusement, une pluie battante s’est invitée pendant le set du Bal des Enragés et à un peu gâché la fête.  

Le Bilan

Côté scène

Les plus déjantés
Steve ‘N’ Seagulls, faut quand même oser AC/DC au banjo

Le revenant qui n’était pas vraiment parti
Gérard Baste, qui reprend les Svinkels pour le plus grand plaisir des fans de l’époque

La claque
Caribbean Dandee, même si le groupe est jeune, il bénéficie de l’énergie de Joey Starr et progresse petit à petit

Le groupe qui a envoyé du pâté
Le Bal des Enragés, forcément avec autant de membres sur scène, ça envoie

La déception
Guerilla Poubelle, toujours mal à nous convaincre sur scène

Côté festival :

On a aimé :
- Le prix des consos et de la nourriture (3 euros la bière, 1,50 euros le soft, 3,50 euros le sandwich)
- La propreté des toilettes artisanales, régulièrement nettoyées par l’équipe du festival
- La taille humaine et donc presque jamais d’attente aux stands et aux toilettes

On a moins aimé :
- Les chipo cramées qui ont passé tout l’aprem sur le barbeuc’
- L’absence de concerts en journée
- Le manque de stands à l’intérieur du festival, donc peu de choix en nourriture et pas grand-chose à faire hormis les concerts

Conclusion

Voilà un petit festival à taille humaine qui propose une programmation plutôt cohérente, même si peu diversifiée. Pas grand chose à faire à part les concerts, mais un côté artisanal très attachant : de quoi passer un week-end bien sympathique en toute simplicité.