On était à
Punk Rock Holiday : la colo des punk rockeurs

Vacances ou festival, festival ou vacances ? Pourquoi choisir ? Cette année nous avons baroudé jusqu’au Punk Rock Holiday, le festival slovène qui fait un bel alliage entre détente et gros son dans les oreilles.

Jour -1. 19h03, l’heure est à l'échauffement


Arrivée sur la terre sainte du punk rock estival, à Tolmin en Slovénie, après 3h de train dans la belle campagne verdoyante slovène depuis la capitale, Ljubljana. Notre tente montée sur le camping gratuit du festival, dans un magnifique bassin entouré de montagnes et bordé par la rivière Soča, on s’empare de notre carte cashless fraîchement acquise et qui nous servira à payer absolument tout sur le festival sauf le merch pendant notre séjour de 5 jours, puis direction l’apéro au stand des bières artisanales locales du camping : 2 bouteilles tout droit sorties de la brasserie Reservoir Dogs, située dans la région voisine de Nova Gorica, à 4€ chacune et deux sandwiches au pulled pork à 5,50€, on se fait bien plaisir ! En ce jour de warm-up, veille de festival, le camping est déjà bondé et nos voisins de table nous expliquent qu’une grande partie de la bande est arrivée depuis la veille. Motivés les mecs !

21h20, run punk, run !

Il est grand temps de découvrir pour nous la petite mais bucolique enceinte du festival et sa seule grande scène, la Main Stage, de toute évidence. Le groupe israélien de punk rock Useless ID nous accueillera en premier devant cette scène avec une belle et dynamique mise en bouche toute faite de sourires, de copeaux de bois qui volent dans tous les sens sous les Vans qui pogottent et un apéro qui a déjà fait ses premiers effets.

Au moment où Lagwagon (photo) prennent la scène, le public est déjà bouillant et n’attend pas la deuxième note avant de lancer les festivités du crowdsurfing. On aurait presque oublié que festival de punk rock = pas de crash barriers = du beau monde sur la scène et de belles semelles à perte de vue. La soirée d’échauffement se finit avec Sick of it all qui mettent une gargantuesque ambiance dans la fosse mais aussi sur scène : la moitié du public est d’ailleurs sur scène et l'autre moitié dans le circle pit. Qu’on le veuille ou pas, ce soir, on va devoir courir.

Jour 2. 10h43, sous les sunlights des tropiques slovènes

Réveil en relative douceur après avoir passé la nuit à écouter le concerto de nos deux voisins Ronflex pétomanes et direction les douches ouvertes, alimentées par l’eau de la rivière. Erreur. Autant on pensait au Hellfest avoir atteint le froid polaire dans les douches “brésiliennes” aux moments de pointe, que là on atteint un tout autre nouveau de brainfreeze. On a fait les malins à refuser de payer pour les douches chaudes, ça nous apprendra. Mais l’offre du petit déj’ nous fera vite oublier le choc thermique : oeufs et jambon sur bun à burger. Si avec ça on ne tient pas la journée... Alors qu’on découvre la minuscule bourgade de Tolmin, on croise des festivaliers qui s’encaissent d’ores et déjà des lignées de shots dans les bars de la ville. On a l'air de quoi nous avec notre pinte de Schweppes de lendemain de soirée ?
On va essayer de se rattraper sur la day party sur la magnifique plage du camping (photo) où l'eau est aussi sublimement turquoise que mortellement froide. Peu importe, 4 pintes de la Laško Pivo plus tard, le plongeon passe crème. C’est sur cette plage que tout se passe en journée, des petits (et moins petits d’ailleurs) groupes jouent sur la Beach Stage face à l’eau, plusieurs stands proposent de quoi se remplir la panse et le bar sert des pintes de cocktails en tout genre. A force de rencontres, on y reste jusqu'à 19h, bien cramés comme il faut. A cause du soleil hein, bien entendu.

20h56, une grosse claque en entrée



C’est avec pas moins qu'Iron Reagan (photo), qu’on attaque notre premier soir officiel du festival. Toujours aussi bourrins et hilarants, ils nous rappellent pourquoi on ne les louperait pour rien, même programmés à 10h du mat’ au Hellfest. Rancuniers, vous dites ?  

Avant de reprendre les hostilités, le regain de forces s’impose et il passe, comme sait tout un chacun, par des gros burgers de sale. Ici il y en a pour le goût de tous : alors que l’un de nous prend un double steak et des tranches de bacon à ne plus en pouvoir, l’autre optera pour le burger veggie à la sauce tartare maison. Fair play.


23h20, la saucée en dessert

On fait bien de reprendre nos forces car le meilleur reste à venir. Les réinventeurs du pogo dans sa plus grande splendeur et grands , les Bouncing Souls (photo) vont nous faire perdre toutes les calories acquises lors de notre festin de gros. Peu importe où on se trouve dans la fosse ça saute et s’asperge joyeusement de bière. A moins que ce soit la pluie qui commence ?
Le grand nom de la soirée c’est bien les légendaires The Descendents. De nombreux festivaliers se sont d’ailleurs déplacés jusqu’en Slovénie rien que pour ce moment. Les vieux de la vieille vont jouer pendant plus d’une heure sans perdre un seul spectateur sous une pluie torrentielle qui ne s’arrêtera plus jusqu’au lendemain après-midi. En fin de concert on est trempé comme des nouilles mais encore chauds de deux heures de pogo en furie, on prendra quand même le temps de se faire une énorme pizza cuite au feu de bois alors qu’au camping, la fête continue malgré la météo automnale.


Jour 3. 14h38, le festival au rythme du déluge



L’orage aura grondé toute la nuit et ça nous fait même rater le concert de vents de nos deux voisins de tente. Le réveil est visiblement plus tardif pour tout le monde et le temps pourri restreint les activités possibles sur le camping alors des ateliers de beer pong et de jeux de société se montent sous les tonnelles et chacun essaye de faire passer le temps avec un peu de houblon alors que les concerts de la Beach Stage sont décalés de quelques heures.
Au premier semblant d’éclaircie nous empoignons un Pirate Coffee (lire café au rhum de vieux loup de mer) pour se remettre d’aplomb et on repart sauter de plus belle devant The Human Project, le kway bien en place. Après le goûter, on découvre enfin un groupe local. Les Backstage de Ljubljana ont l’allure des groupes de punk rock ado des années 2000 mais déjà beaucoup de bouteille et ils jouent sur le Main Stage qui se remplit peu à peu en ce début de soirée. Apologies, I have None prennent le relai mais on se décide d’aller profiter du coucher du soleil le long de la rivière Soča les pieds dans l’eau.


20h48, après l’orage, la fête peut recommencer

A notre grande surprise, nous qui ne sommes pas forcément fans de leur son en studio, en live A Wilhelm Scream envoient vraiment du gros pâté de punk rockeurs ! Le chanteur  n'hésitera pas à faire monter deux gamins d’une toute petite dizaine d’années sur scène pour qu'ils puissent s’essayer à leur premier slam sous les applaudissements et le soutien musclé de toute la foule. C’est fun, bon enfant, et même un peu émouvant.

Deux platrées de pâtes végé au curry et quelques shooters de schnapps local pour se réchauffer les miches et c’est reparti. Le festival entier est posté devant la grande scène pour les traditionnels NOFX (photo) qui ont fait quasiment toutes les éditions de PRH et qui démarrent comme à leur habitude leur set avec un cocktail de blagues salaces. L’inverse aurait été étonnant. Ils nous prouvent encore une fois pourquoi ils méritent d’être le grand nom de la programmation de ce festival. On a beau dire qu’ils ont cramé leur quota naturel de neurones, les californiens reviennent de plus belle avec un vrai sens du spectacle et de l’animation et on passe 1h30 morts de rire devant les blagues un peu limite de Fat Mike et ses acolytes éternellement barrés.

Devant Agnostic Front, un circle pit démentiel se forme dès la deuxième chanson. Décidément ici le public ne lâche jamais l’affaire. Pour notre part on est déjà un peu à bout de forces, on admire ce beau bordel du fond de la fosse. On fera l’impasse sur Strung Out, le dernier groupe de la soirée, pour reprendre quelques forces à la place et pourquoi pas, regarder une petite pluie d’étoiles depuis la tente.

Jour 3. 17h45, une journée sous le signe du sport



Après une après-midi de canyoning dans les gorges de Sušec (2h de descente dans les canyons de la région pour 55€ et des paysages magnifiques en prime, on n’a pas pu résister malgré la fatigue) et une petite bière de remise en forme en ville, on décide de chiller sur le camping où des barbecues de compèt’ se montent dans tous les sens et on se fait inviter pour l'apéro chez nos voisins britanniques qui ont décidément une vraie fibre Valérie Damidot (photo). La vie de village quoi. 
Sur la grande scène avec Deez Nuts on poursuivra la soirée sur la même lancée sportive dans un gros pogo et une super ambiance. JJ Peters, le chanteur, passe une heure à organiser des chorés, des chants, prend des selfies avec le public tout en chantant son concert et envoie des fleurs à tous les gens présents et casse ainsi tous les préjugés sur les groupes de hardcore violents et sectaires.


20h58, les muscles se refroidissent



Une parenthèse plus calme et quasi symphonique s’en suit avec The Flatliners (photo). Un peu difficile de se remettre dans l’ambiance après le gros son du début de soirée. Un line-up qui nous semble un peu étrange malgré la grande qualité de la performance du groupe canadien. Si le deal d'échanger Nadine Morano contre Justin Trudeau tient toujours, on veut bien aussi vous donner quelques stars NRJ contre les Flat. Merci !
S’en suivent les déjantés d’Authority Zero, un live qui explique le sens même du mot "énergie". Le public enchaîne circle pit sur circle pit et le chanteur se retrouvera même au beau milieu de la foule pour voir son public courir autour de lui.
Ca commence déjà à tirer un peu sur les jambes alors quand on trouve de la place sur les bancs à côté de la cantine on décide de se poser et profiter de l’occasion pour faire de nouvelles connaissances autour d’une bière bien fraîche. Ce sera donc accompagnés de nos nouveaux amis allemands qu’on écoutera leurs compatriotes les Donots de loin et un peu distraits.
Définitivement claqués, ce soir c’est également sur Jello Biafra qu’on fera l’impasse, non sans un pincement au coeur.


Jour 4. 16h45, Music to skate to

Après une matinée de rafting dans la rivière Soča et la visite des gorges de Tolmin dans l'aprèm, il est temps de faire une petite sieste. Sur le camping ça s'active dans tous les sens, le moment du grand rangement est arrivé et dans tous les sens ça fait la vaisselle, ça plie les tentes et ça s’en va doucement. Pourtant ce soir il y a encore un programme alléchant ! On entame les hostilités par le concours de skate sur la rampe installée à l’entrée du festival alors que sur la Main Stage ça s’échauffe pour le dernier soir avec NH3 et un ska qui met la banane et nous fait danser joyeusement

20h35, ce n’est qu’un au revoir Tolmin



A la tombée de la nuit, des ballons baudruche volent sous les lumières rosée et au son de la voix mélodieuse de la chanteuse si touchante et émue de Muncie Girls (photo). Un beau moment de détente et d’émotion alors qu’on se fit que quand même, ça manque cruellement de voix féminines à PRH !
Au dernier riff, une épaisse brume viendra se poser sur le festival, comme tous les soirs, les aléas de la montagne mais qui ajoute un peu au romantisme du moment. On va se rajouter une petite laine sur le dos avant de revenir découvrir Total Chaos. Un peu trop de bruit de bourrin et de grincements gras pour un dernier jour de festival à notre goût alors on se cale dans un coin pour en profiter de loin. Parce que ce soir c’est aussi le soirée d’au revoir et on en profite pour passer un peu de temps avec nos nouveaux copains de vacances qui viennent de part et d’autre de la planète. Alors comme au dernier jour de colo tout le monde échange sur le temps de trajet pour rentrer chez soi : 16h de caisse pour les bordelais, 13h pour remonter à Berlin... 30h de voyage pour nos amis de Sao Paulo !

23h12, bien trop de fun pour la dernière soirée



No Fun At All font monter la mayonnaise de la bonne ambiance en un temps record, bien que les stage divings soient limités, ça surfe de partout dans des piscines gonflables et autres licornes aquatiques. Que demander de plus pour s'échauffer convenablement pour la fin de soirée qui s'annonce explosive sur papier ?
On aura patienté toute la semaine avant de voir nos amours de jeunesse, Millencolin (photo). Au premier abord, le chanteur perd de plus en plus la voix mais ce n’est pas ce qui importe, la fête bat son plein. Malheureusement, entre les blagues qui tombent à l’eau et les pauses beaucoup trop longues, cette fois-ci le coup de coeur n’y est vraiment plus. Millencollin et nous, ce ne sera plus que sur Discman. Sur le Beach Stage, un traditionnel karaoké punk rock accompagnera les plus courageux jusqu’au petit matin.

Bilan

Côté concerts

Le groupe explosif
Bouncing Souls, ils nous ont démonté la tête en un claquement de doigts

La valeur sûre
NoFX, donnez leur une seconde chance, le phoenix renaît de ses cendres.

La découverte
A Wilhelm Scream, à voir en live sans hésiter.

La déception
Millencollin, la fin d’une ère ? :(

Côté festival

On a aimé

- Un site de festival qui déchire, entre la vue sur la montagne au réveil et les bains de décuvage dans les eaux cristallines de la Soca
Des rencontres internationales qu’un stagiaire de l’ONU nous envierait : coucou les brésiliens, allemands, létoniens, espagnols, grecs et tous les autres copains !
Des bons concerts mais en quantité suffisante pour ne pas être en stress du timing.
Des bières artisanales et des repas savoureux à un prix totalement abordable.
Des artistes très présents sur le festival autant sur la plage que sur les stands des labels et même dans la fosse.

On a moins aimé

- Les consignes étranges et très mal expliquées sur notre carte cashless : 5€ bloqués pour nous obliger à trier nos déchets, 10€ pour nous obliger à ramener tous nos gobelets. Dans l’idée c’est top mais on aurait vraiment aimé un petit manuel d’instructions !
Cette fichue pluie à laquelle on ne s’attendait vraiment pas pendant nos vacances d’été, noobs qu’on est car ici c’est un grand classique.

Conclusion

On n’aurait pas pu rêver de meilleures vacances que la Punk Rock Holiday : de belles rencontres, d’impressionnants paysages et un énorme bol d’air et de son frais. La “Sloveni-ah-ha” de Fat Mike a su nous accueillir comme des princesses et on est maintenant sûr de lui payer un nouveau pèlerinage très prochainement.

Un récit de Anja Dimitrijevic
Photos de Kilian Roy