On était à
Groezrock, le Mudd Club des festivals

Cette année encore, on s’est donné rendez-vous à Meerhout, en Belgique, pour le pélérinage annuel du punk lors de la 25e édition du Groezrock. Malgré un temps peu propice aux festivités estivales, les organisateurs n’ont pas manqué à l’appel et ont su fêter l’anniversaire de leur festival comme il se doit, à base de la fameuse Jupiler qui a encore coulé à flots et de groupes tout aussi mythiques les uns que les autres, d’aujourd’hui et d’hier.

Jour 1, 16h, Débarquement à la grande fête d’anniversaire

Notre première escale se fait dans la charmante bourgade de Mol, à une dizaine de kilomètres des prémices du festival. On a décidé de louer un bungalow au Oostappen Vakantiepark Zilverstrand (à tes souhaits !) pas assez courageux pour affronter les nuits glaciales belges au camping du festival. Visiblement, on n’est pas les seuls à avoir eu la lumineuse idée : tous nos voisins sont étrangement tatoués et arborent Doc Martens et perfectos. Dix petites minutes de voiture plus tard, nous voilà à l’entrée du Groezrock (photo). Le retrait des billets et la queue se font en douceur, tout est prévu pour éviter les bouchons et les fouilles sont dérisoires. On sent qu’ils ne sont pas en état d’urgence ici…

On ne peut pas dire de même pour les stands des tickets conso qui sont en ce premier jour pris d’assaut. Il nous faudra patienter une quinzaine de minutes pour nous procurer le pactole, 2€50 le ticket, ce qui est également le prix du demi de Jupiler sur les nombreux stands de boissons du festival.
Ici pas besoin d’échauffement, dès le premier concert on est plongé dans l’ambiance hyperactive avec les américains de Four Year Strong et leur poppunk barbue sur la grande scène alors qu’à l’extérieure une tempête glaciale se lève.

18h05, les giboulées flamandes

C’est donc sous cette fine pluie battante qui nous fige le visage qu’on avalera un premier hot-dog à un rien moins de 9€… Décidément ici, être carnivore, ça se paye ! Du côté des stands de merch en face de la scène Impericon Stage réservée aux groupes de hardcore, on vend des bottes en caoutchouc. Idéal pour les punks en herbe qui avaient sorti leurs Vans flambant neuves pour l'occas’. Bon, 25 balles la paire quand même mais c'est le prix à payer pour éviter une angine blanche certaine et sauver ne serait-ce qu’une partie de ses vêtements.

On poursuit donc tout naturellement notre mise en bouche musicale de l’après-midi sous le chapiteau violet du Back To Basics avec Muncie Girls (photo). On a un peu de mal à comprendre le nom très girly du groupe pourtant composé d'une seule fille à la guitare et au chant à l’accent fort britannique. Le tout se prête à cette ambiance morose de tempête et la poppunk d’Exeter fera tomber les gouttes de pluie de nos paires de « wellies ». Cheers mate !

19h10, Here comes the sun !

Alors que la pluie s’arrête et qu’un semblant de soleil fait surface (semblant, hein, faut pas pousser… on parle de la Flandre au mois d'avril quand même !) on opte pour l’apéro du côté de la plus petite scène du festival, le Watch Out Stage avec Off the Cross qui nous font entrer dans le vif du sujet avec screams et petits pogos tranquilles en famille. Derrière nous, sous l’immense chapiteau de la grande scène c’est un des grands concerts du weekend qui commence. Less Than Jake (photo), l’emblématique groupe de ska punk qui tourne depuis 25 ans, streamés en live sur leur chaîne YouTube, nous sortent le grand jeu des trompettes et des confettis.

C’est une veritable Mud Race qu’on affronte alors pour atteindre les toilettes. Le Groez (l’herbe en flamand) a totalement disparu de l’immense champ recouvert d’un amas de boue que l’ensemble du public labourera corps et âme pendant deux jours. Pour reprendre nos esprits, on opte pour une pause kebab vegan au stand dédié à nos amis herbivores et qui deviendra notre cantine attitrée du weekend. Bien moins onéreux que les saucisses, les différents plats 100% sans viande et produits animaliers, fait incontestablement rêver par son offre aussi diverse que goûteuse et très accessible : 2 assiettes pour 10€, c’est vendu !

20h45, voici votre dose punk rock pour l’année

Entre Terror au Back To Basics Stage et We’rewolves au Watch Out Stage, notre coeur balance. On finit par faire bande à part, d’un côté avec les américains terrifiants, où l’ambiance hardcore est au beau fixe et le public intégralement sur scène lancé dans slams, pogos et jumps à gogo, et de l’autre à la découverte d’un groupe local de la ville de Diest située à 20min du festival et à qui on promettrait déjà de nombreuses années sur les terres de Meerhout. Du locavore, du bon et qui enlève son pantalon en plein live en plus !

On se retrouve à nouveau sur la grande scène dans un consensus unanime, pour les légendaires métalcoreux de Hatebreed (photo) à la découverte de leur nouvel album qui devrait sortir dans les bacs le 13 mai prochain. Pris d’un élan de pêché mignon, on quittera la grande scène un peu avant la fin pour écouter la fin du live de Saosin afin de se remémorer nos années lycée. Mais bon Dieu, qu'écoutait-on … !? On a bien du mal à être convaincu par ces cris mi-adolescent en mal d’amour mi-loup garou en rut et on regrette nos décisions de teenager à la frange emo.

23h10, la chorale des crasseux

Pour oublier ces erreurs de jeunesse et réchauffer un peu nos cœur, on se rue sur des Jaegerbombs artisanales au stand de l’éponyme boisson allemande devant lequel se déhanchent  toutes sortes de personnages déguisés en dinosaures ou autres moines, sur de la musique traditionnelle flamande en passant par un bon vieux Summer Jam 2003… On essaye de se persuader que c’est bien de la merde, mais en réalité on se trémousse comme il y a 15 ans et cette pause eurodance ne nous aura pas fait de mal.  

En face, avec les suédois No Fun At All, le chapiteau rose de l’Impericon stage est blindé et ça chante à tue tête. En même temps, comme leurs chansons se ressemblent toutes, on est vite rôdés.
Et enfin, le moment qu’on attendait depuis l’annonce du groupe sur le compte Instagram du festival, l’arrivée des mythiques Rancid (photo) sur la Grande Scène. Le gros problème avec les concerts de Rancid, c’est qu’ils bénéficient d’un univers de fans que Justin Bieber pourrait leur envier. C’est donc un immense opéra punk rock qui se produit sous le chapiteau où chaque tube est chanté en chœur et à pleine tête pendant 1h15. 

Jour 2, 16h05, virée shopping

La deuxième journée au Groezrock commence pour nous dans la boue jusqu’aux genoux. Heureusement, nous sommes armés de bons petits Lattes de hipsters pour attaquer le Festival Market, le chapiteau où on déniche tous les ans vinyls, tshirts, robes et patchs pour l’année et dans lequel on a pour habitude désormais de claquer tout notre salaire. Notre périple de princesses du punk se finit aux alentours des stands associatifs du festival : PETA, Sea Shepherd ou encore Hardcore Foundation sont là pour parler de leurs causes, faire signer des pétitions, ramasser des dons et offrir des autocollants de sensibilisation.
Dehors, les shorts et marcels sont de sortie. Eh ouais, il fait au moins 13 degrés ici, dans l’air comme dans le verre de bière belge. Du côté du Gretch Booth, Face to Face font une session d’autographes. C’est vraiment un des points forts de ce festival, cet espace dédié à la rencontre entre les artistes et les fans.

18h30, time to dance

Sur la grande scène, c’est un vrai bal de promo à l’américaine que nous livrent Mad Caddies, le groupe californien de reggae-ska-punk. Rares sont ceux qui ne dansent pas autour de nous.
On choppe une bonne barquette de frites-mayo pour la route et direction le Watch Out stage pour admirer toute la beauté d’un festival qui prône l’absence de crash barriers. Des gars du public déboulent régulièrement sur scène avec Much The Same (photo), choppent le micro pour chanter un petit coup ou en profitent pour faire des câlins au groupe. Le groupe profite de ce moment d’euphorie pour faire de la sensibilisation sur la cause de rappelant que 50% des bénéfices des ventes de leurs merch de la tournée seront reversés à une ONG pour offrir un accès à l'eau potable dans des pays aux ressources insuffisantes. On tire notre chapeau, émus.

On peine à entendre la fin du live avec les rigolos Me First and The Gimme Gimmes qui entament une série de comiqueries et de foutage de gueule sur le dos du « President Donald Trump » avant de nous livrer leur série impressionnante de reprises de chansons pop entre I Believe I Can Fly et In the Summertime version ska.

20h39, un final pas si grandiose…

Le soleil couchant caresse les crêtes roses et bleues des tendres punks et les chaussures boueuses des crowdsurfeurs sous la Back To Basics alors qu’Iron Chic nous délivrent des chansons de punkrock mélo pleines d’émotion. C’était l’instant idéal pour pécho au Groezrock, on ne va pas se mentir.
Après un petit instant de headbanging sur du bon vieux Pennywise du côté de notre bien-aimé stand Jaeger, nous rejoignons Face to Face sur la grande scène pour une énième session de karaoké de groupe du weekend avec des gens qui ne tiennent plus debout dans le pogo. Ca doit être le trop d’émotion. On dit aussi Duvel en flamand.

Avant la fin de la soirée, nous ressentons comme une pulsion d’envie de punk  « à la con » ou « à la NOFX », au choix. Ca tombe bien, avec les déglingués de Dillinger Four au Back to Basics, nos désirs sont assouvis.

Et enfin, pour clore le tout, nous avons eu droit au retour de Sum 41… Alors qu’on s’attendait à être tout émoustillés par ce comeback d’anthologie, on a très rapidement déchanté face aux interminables pauses bla-bla entre chaque chanson, les riffs si beaufs de Seven Nation Army qui étaient visiblement sensés nous prouver que ces gars savent encore tenir une guitare entre les mains ou encore l’incroyable prétention de Deryck Whibley sur scène. Très peu pour nous, une dernière Jupiler et au lit. Proost ! 

Le Bilan

Côté concert

La confirmation
Rancid, on peut maintenant mourir tranquilles

La découverte
Much The Same, des gars qui ont de la bouteille et qui démontent tout sur la mini scène

La bringue
Mad Caddie, chauffeurs de salles pour mariages, enterrements,  bar mitzvah...

La déception
Sum41, un tel melon après 10 ans d'absence de scène, fallait oser.

Les mecs pas contents
Hatebreed, quelle puissance de voix, palsambleu ! 

Côté festival

On a aimé :

- Un stand vegan qu'on exporterait bien chez nous
- De belles découvertes musicales notamment de la scène punk rock américaine
- Des toilettes étrangement propres. Eh ouais, c'est pas parce que c'est du punk que l'ambiance rappelle Trainspotting.
- Un festival entièrement accessible aux fauteuils roulants, même quand il est submergé de boue.
- Le market, parfait centre commercial de tout keupon qui se respecte.

On a moins aimé :

- Le froid, la pluie, le vent... sérieux les gars, vous voulez pas faire ca en été ?
- Des poubelles partout mais aucun tri et pas d'éco-cups. On vous raconte pas l'écocide…

Conclusion

Le rendez-vous crasseux du printemps qu'on ne louperait pour rien au monde. En deux ans le Groezrock a su nous prouver pourquoi il est l'un des plus grands festivals de punk du monde. Une programmation au poil qui réchauffe les tympans, de la gadoue jusqu'au bout de la crête et une valise pleine à craquer de merch en tout genre… D’ailleurs on n’a pas trouvé mieux pour résumer le tout que cette publication. A tantôt les belges !

 

Couverture: headshot.be