On était à
Nuits Secrètes pour premier week-end d'août

La petite ville d’Aulnoye-Aymeries dans le Nord s’active et s’anime chaque été pour vibrer aux sons des Nuits Secrètes. Un festival atypique pimenté de surprises d’envergure, où nous avons passé le premier weekend du mois d’août.

Jour 1. 22h, Il va falloir se serrer

Après avoir goûté au bonheur des bouchons de départ de vacances, nous voilà enfin arrivés à Aulnoye-Aymeries, dans le Nord. La ville entière est déjà mobilisée pour les trois jours de festival qui ont débuté cet après-midi. Le centre-ville est interdit à la circulation motorisée, on galère donc pour se repérer, se garer et accéder à la Maison du Festival (photo) pour retirer nos bracelets d’entrée avant de repartir laisser nos affaires au camping, à une dizaine de minutes de marche du centre. On a bien fait de réserver nos places, le camping est déjà complet et l’entrée est assiégée par des gens qui n’avaient pas prévu le coup ou qui préfèrent finir leurs bouteilles en verre avant de planter leur tente. Oui, encore un camping avec des mesures de sécurité draconiennes. On plante notre tente tant bien que mal sur le peu de place qu’il reste et on fonce vers la Grande Scène.

23h41, Un top départ électr(on)ique

Enfin, le festival peut réellement débuter pour nous et c’est Boys Noize (photo) qui nous dépucellera des Nuits Secrètes. Heureusement, toute la programmation est considérablement en retard, chose qui n’est visiblement pas exceptionnelle aux Nuits Secrètes. Cette fois-ci ça tombe bien pour nous mais les jours suivants ce sera plutôt embêtant. Le DJ allemand fait un set propre et dynamique mais nous avons comme l’impression qu’il délaisse quelque peu son image de marque « electro berlinoise habilement infusée d’inspirations techno » pour des sons bien plus mainstream.

01h07, Pour l’instant, rien à signaler

On est obligé de faire tout le tour de la Grande Scène pour accéder à la plus petite, nommée Le Jardin, ce qui nous fait rater une partie du concert de Gush (photo). Le Jardin n’est pas vraiment pris d’assaut par une foule en furie : on n'aura pas trop de difficultés à atteindre le devant de la scène. Le public est très mou malgré les tentatives du groupe de les stimuler, c’est à peine si on voit quelques personnes danser. Sur scène ça jumpe, ça swingue, ça s’échange les instruments mais ce n’est pas non plus très convaincant. Lorsqu’on se retourne pour aller chercher de quoi nous désaltérer à la buvette nous constatons que celle-ci est déjà fermée. Tant pis, c’est la bouche sèche qu’on finira le concert et qu’on retournera au camping avec la décevante impression de n’avoir rien vu ce soir-là.

Jour 2. 11h30, La dolce vita

La nuit a été longue et mouvementée au camping et quelques têtes aux yeux collés commencent à émerger des tentes. Nous nous dirigeons pour notre part du côté des sanitaires. Quatre ou cinq toilettes pour tout le camping, voici à quoi on aura droit. On est sympa, on vous épargnera les détails croustillants de leur propreté. Les douches ne manquent pas en revanche et sont plutôt propres et bien équipées. A part un petit stand barbecue et un local proposant le petit déjeuner, il ne se passe rien du tout au camping. Direction donc le village du festival où on se régale avec un burger maison du Comptoir Volant. On découvre ensuite, juste derrière les foodtrucks, la Station Secrète. Un endroit bucolique couvert de sable et de transats où trônent deux Red Bus londoniens qui accueilleront des petits concerts privés pendant tout le weekend. Lorsqu’on arrive, c’est Louis Aguilar (photo) qui se produit au 2e étage du bus devant une quarantaine de privilégiés. La douce voix du lillois, les sons folk de sa guitare, nos pieds dans le sable, les rayons de soleil qui traversent le feuillage … Tout semble parfait en ce début d’après-midi et on succombera, comme de nombreux festivaliers, à l’appel de la sieste entre les différents concerts privés.

18h39, Douce mélodie au fond du jardin

Ce soir c’est dans Le Jardin que nous commençons notre voyage musical et pas avec n’importe qui. C’est la femme au sourire permanent et accessoirement petite sœur de –M-, Nach (photo) qui prend le micro. Douceur, allégresse, candeur, on se laisse emporter par les tendres paroles de cette jeune fille qui connaît déjà bien la scène. Le public est un brin plus réactif ce soir, la sieste de l’après-midi a dû faire le plus grand bien.

19h15, Le Canard Sauveur

On reprend le chemin de la Grande Scène, la scène où tous les concerts seront gratuits ce weekend. Décidément on aura fait du sport  à force de faire des aller-retours entre les scènes pour ne pas louper nos artistes préférés. Arrivés sur place, et comme toujours affamés, nous sommes quelque peu désemparés par tous ces foodtrucks qui ne proposent que des burgers ou des frites. Quel bonheur donc de découvrir les brochettes de magret et les wraps maison au Canard Huppé (photo), notre coup de cœur foodista du festival ! Nous nous régalerons devant le concert explosif de Toybloïd qui, comme toujours, envoit du gros lourd dès les premiers riffs de guitare, bien que la fosse soit un peu vide. Nous ne sommes pas déçus de leur fraîcheur et de leur énergie. Un peu de rock dans ce monde trop Lana del Rey, punaise !

20h00, Notre parcours secret

Nous avons de la chance. Nous avons réussi à décrocher plus tôt dans l’après-midi nos places pour un « parcours secret », non sans peine et sans faire une très longue queue à la Maison du Festival où la température avoisine celle des enfers. Rendez-vous donc dans la navette qui nous attend au parking pour partir écouter de la musique mystérieuse dans un endroit secret. Quand nous descendons du bus, nous nous retrouvons devant une église dans laquelle nous sommes invités à entrer. Au centre de la nef nous attendent Jim Yamouridis (photo) et ses musiciens qui vont nous livrer une performance exceptionnelle dans ce lieu à l’acoustique parfaite. On n’est peut-être pas tombé sur le parcours le plus fun mais nous vivons une expérience unique. Jim et sa voix ténébreuse qui nous rappelle Leonard Cohen, ses musiciens fantastiques et l’ambiance générale nous emmene très loin d’Aulnoye vers un monde mystique.

22h00, « Le sanglier est hors de prix à Lutèce ! »

De retour sur la Grande Scène nous nous dirigeons vers le champ de bataille aussi nommé « le coin toilettes » où des gens s’engueulent pour accéder au Saint-Trône et où les pissotières se sont déjà transformées en fontaines dorées. En chemin cependant, nous sommes attirés par l’odeur de la fumée du stand grillades (photo) portée par le vent, et comme des personnages de dessin animé nous serons hypnotisés et entraînés vers ce stand. On ne résiste pas à une assiette de travers de porc gracieusement bradée par le vendeur qui s’apitoie sur notre sort alors qu’on peine à faire l’appoint. Une assiette pour deux suffit amplement, au vu de la quantité mais aussi du prix de l’assiette…

23h55, Bref, on a vu des parisiens

C’est Fauve (photo) qui vont prendre la Grande Scène des Nuits Secrètes par la suite, ils sont en tête d’affiche ce soir. Ces parisiens, on les adore ou on les déteste. Pour être tout à fait honnêtes, nous faisons plutôt partie de cette deuxième catégorie mais au vu de l’euphorie générale, on se dit que dans le genre ils doivent faire du plutôt bon boulot. La musique est agréable mais le slam et les paroles extrêmement agaçantes et la bougeotte du chanteur nous donneront parfois la nausée. Nous ne tenons pas jusqu’au bout et optons pour un tout autre concert dans Le Jardin. C’est les dannois Who Made Who qui clôturent la soirée avec une electro-pop sympa en entrée avant de plus forcer sur la guitare par la suite. Une jolie découverte en cette fin de soirée mais nous ne trouverons malheureusement pas assez de forces pour poursuivre les festivités à la Bonaventure, la salle où se tiennent les concerts plus dansants jusqu’au bout de la nuit.

Jour 3. 15h00, Un dimanche au PMU

Il règne une très bonne ambiance depuis ce matin à Aulnoye et après avoir papoté avec les festivaliers déjà attablés autour de leur premier pastis au PMU du coin, nous rejoignons la Station Secrète où Toybloïd (photo) manque de faire tomber le bus londonien. La chanteuse-guitariste et sa bassiste montent sur les sièges et accessoirement les têtes de leur public qui jumpent en parfaite synchronisation alors que les suspensions du bus lâchent peu à peu. Un concert bref mais très intense. C’est Nach qui va poursuivre le programme de l’après-midi dans le bus. Elle nous fait un peu penser à Gilbert Montagné avec ses lunettes de soleil et son sourire permanent. Elle finira en beauté sa courte prestation avec un duo avec Louis Aguilar. C’est certain, cette petite scène est le meilleur concept de ce festival !

17h00, L’heure de la terreur

On n’aura pas été épargné par la colère divine, l’orage éclate … Mais l’heure est aussi aux blagounettes post-apéro : « qui a encore fait tomber les enceintes ? » dit un festivalier, masque du festival autour de la tête, au premier coup de tonnerre, « Les allemands sont de retour ! » ajoute l’autre alors que la situation météorologique se dégrade rapidement. On a tout juste le temps de sourire avant de partir chercher un abri et à ce niveau-là, il n’y a pas grand-chose sur les lieux du festival. Nous finirons donc avec quelques autres pèlerins perdus sur le parking du Leclerc, en priant que ça cesse bientôt et que ça ne gâche pas toute la soirée. Nos vœux seront rapidement exaucés et hormis un retard d’une quarantaine de minutes de tous les concerts et des flaques de boue, on s’en tire plutôt bien !

18h40, De Mandeville à Aulnoy-Aymeries

Dans Le Jardin encore trempé par l’orage, c’est Obsolete Radio qui s’installe sur scène. Un groupe rock/post-punk/métal/semi-scream … Ils ont d’ailleurs un peu abusé sur les chocapics ce matin les trois petits jeunes parce qu’ils ont l’air bien énervés. On n’a pas tout compris au concept mais force est de constater que ce n’est vraiment pas terrible. Le bon côté des choses c’est qu’il leur reste amplement du temps pour s’améliorer. Pour notre part, ce sera le retour vers la Grande Scène pour admirer béats le concert d’un géant absolu du reggae, on a nommé Winston McAnuff (photo). Accompagné de Fixi, l’accordéoniste français, "Electric Dread" envoie du flow tendre mais dynamique le sourire aux lèvres et un peu titubant. Un très beau moment de partage et de culture musicale.

21h29, Finir en beauté

Malheureusement, la programmation a pris beaucoup de retard et le groupe de reggae roots français Danakil (photo) ne fait que commencer. Dans le public, on est ravi de les voir enfin, il faut dire que ça faisait un moment qu’on ne savait plus quoi faire de nos corps entre les concerts. Il y a de l’ambiance, beaucoup d’énergie, beaucoup d’amour donné au public aussi. Tous les musiciens dansent et tout le public chante, main et tarpé en l’air pour une belle union musicale. Malheureusement, pour nous il est l’heure de reprendre la route et c’est non sans regret que nous ne verrons pas la fin de ce spectacle.

Côté concert

L’icône reggae
Winston McAnuff, une légende vivante et un concert à la hauteur des espérances.

La découverte
Who Made Who, les nordiques qui envoient.

L’expérience
Jim Yamouridis, un concert dans une église, un magnifique moment

La valeur sûre
Danakil, on les aime et ils nous le rendent bien

Côté festival

On a aimé :

- Les nombreux foodtrucks : aux Nuits Secrètes on mange bien !
- Les concerts sur la Grande Scène gratuits pendant les 3 jours
- Des bénévoles motivés et agréables
- La Station Secrète, un petit coin de paradis musical.

On a moins aimé :

- Pas de verres consignés + manque dramatique de poubelles = porcherie
- Pénurie de toilettes autant sur les lieux du festival que sur le camping.
- Un camping beaucoup trop petit. On a l’impression de dormir avec son voisin qui ronfle.
- Une organisation plus que chaotique à la Maison du Festival.

Conclusion

Les Nuits Secrètes méritent amplement le détour par la région des ch’tis et à moindre coup. Ici tout est mis en œuvre pour que tout le monde puisse profiter des festivités. On regrette quelques détails techniques qui gâchent un peu cette fête comme le rude manque de toilette et leur douteuse propreté mais on salue une programmation intéressante et des concepts musicaux innovateurs et uniques qu’on ne trouve qu’ici.


Récit et photos : Kilian Roy et Anja Dimitrijevic