On était à
Les Nuits Secrètes 2022 : les petits plats dans les grands pour ses 20 ans

25 kilomètres marchés, 6 litres d’eau (et de bière) transpirés, 3 soirées à chanter et danser, 1 grand parcours secret, 4 heures de sommeil par nuit à tout casser : retour sur un week-end bien festif et crevant comme on les aime.

Jour 1. Vendredi 22 juillet. 14h37, arrivée en terre secrète

Il faut être miraud pour ne pas voir les panneaux qui cheminent le long de la route dès l’entrée d’Aulnoye-Aymeries et qui indiquent le parking festivaliers puis l’arrêt où saisir la navette qui nous dépose à deux pas du festival. Les bras chargés de tentes, de sacs de couchages et autres ravitaillements nous donnent une allure de jeunes recrues parties en guerre selon une habitante qui nous voit ainsi défiler devant son portail. La bataille pour les premières places devant les scènes nous rappellera qu’elle ne croyait pas si bien dire.

1h30 plus tard, nous voilà entrées, la tente plantée non loin des douches, des WC et de l’entrée latérale (on la joue stratèges). Nous avons nos bracelets et passons au cashless récupérer l’argent viré quelques jours en amont via une application censée nous éviter l’attente sur place (cela s’avérera être un échec, oups).

17h30, tour du propriétaire

Burgers, frites et bières en main, nous faisons le tour du site. Les décors sont plantés sur un grand terrain attenant à la ville. Il y a quatre scènes de tailles différentes, une vingtaine de food trucks au choix varié et plusieurs stands « bar » disposés stratégiquement pour éviter les trop longues attentes. Concernant les toilettes, elles sont assez nombreuses et placées au centre. Il y en a également à deux endroits différents du camping.

Le ciel est menaçant, le vent se lève doucement. On dirait bien que cette première soirée se fera sous la pluie. Soit, nous profitons des rythmes afro antillais de Dj Kampire sur la Main Stage pour nous réchauffer. S’ensuit Tiken Jah Fakoly et son univers reggae qui adoucit les mœurs.

Lorsque le chanteur nous quitte, la pluie nous rejoint et c’est tout un tas de têtes encapuchonnées qui se resserrent sur le devant de la scène en attendant la suite.

21h00, concert en demi-teinte

DAMSO (photo) fait son entrée sous une myriade de cris. Le public s’est bien rajeuni et on le ressent : vas-y que ça pousse pour grappiller quelques rangs et que ça se place juste devant toi alors que ça fait deux têtes de plus. L’énergie du rappeur est au top et l’on chantonne certains titres mais le cœur n’y est plus totalement dès lors que nous passons le plus clair de notre temps à changer de place et à nous tordre le cou pour tenter d’apercevoir un bout de la scène (on prévoit les compensées à l’avenir !). La foule de fans, quant à elle, semble conquise par l’artiste.

23h00, un rappeur on fire

Fort heureusement, nous parvenons à nous placer au premier rang pour le concert de celui qu’on attendait vraiment : Rilès (photo) le chaud bouillant ! Comme à son habitude, le show est genre méga lourd : les chorés ultra énergiques, les bons classiques et les titres plus récents, le feu ou encore le torse sculpté… tout est en béton armé. Rilès est tellement du genre à tout donner sur scène qu’il ne s’arrête même pas lorsqu’il se blesse à la bouche mais n'hésite pas à mettre en pause le concert à deux reprises pour donner de l’eau aux gens et faire évacuer les victimes de malaises.

Ravies mais essoufflées, nous quittons la main stage en quête d’un en-cas sucré bien mérité après cette heure à danser comme des possédées. Une petite dose de la djette Charlotte de Witte et nous allons nous coucher.

Jour 2. Samedi 23 juin. 12h00, un œil après l’autre

La nuit fut courte, inconfortable et bruyante mais c’est aussi ça le camping en festival ! On sort de la tente sous un superbe soleil ce qui nous met de suite de bonne humeur. Apercevant la longue file d’attente pour les douches, nous optons pour une toilette de chat et partons en quête du petit déjeuner. Aujourd’hui nous avons décidé de faire quelques courses en ville pour nous ravitailler en eau (ce n’est pas une façon de dire bière on vous jure) et un trucs à grignoter histoire de ne pas être tentées de trop recharger le cashless.

Nous en profitons pour aller jeter un œil à la scène installée dans la rue piétonne d’à côté (photo). Le festival a en effet une programmation éclectique accessible à tous gratuitement. Entouré par des bars et des snacks, l’endroit est très chill et intimiste.

18h30, les yeux bien ouverts, pour de vrai cette fois

C’est après une bonne grosse sieste au calme que l’on se bouge, direction l’Oasis où Johhny & Wallace offre une animation pleine de peps à une petite foule de curieux. Concours de hula hoop, sirtaki en farandole et cours de gymtonic. Plutôt observatrices que participantes, c’est toutefois vraiment sympa de voir la joie des festivaliers se prenant aux jeux. Il s’en ressent une véritable volonté de profiter de l’instant dans la bonne humeur et ce n’est pas la chaleur ou les gobelets pleins en main qui découragent nos danseurs en herbes.

Ce petit spectacle nous donne par ailleurs, l’occasion d’admirer l’effort vestimentaire de nombreux venus (photo). Vive les strass, les paillettes et les déguisements en tout genre. Certains ont vraiment mis le paquet, on adore ! La prochaine fois, on s’y met aussi, c’est promis.

19h29, mélange des genres

Bien placées pour le concert des Dropkick Murphys (photo), on constate qu’une majorité du public a en réalité pris place pour le concert de PNL qui vient juste après. Le son de la cornemuse se fait entendre et les Américains font leur entrée sur des sonorités irlandaises. Une avancée de la scène installée tout spécialement donne l’occasion d’apprécier de plus près une partie du groupe, notamment lors d’un furieux solo du guitariste. Les titres s’enchaînent mais les vrais amateurs du style peinent à se regrouper au sein des circle pit, occupés par des jeunes habitués à seulement se foncer dedans lors des concerts de rap de la nouvelle génération. La dynamique est un peu longue à s’installer et ce n’est que lorsque deux rockeurs se lancent en slam que d’autres suivent jusqu’au dernier morceau du groupe.

22h37, l’heure de la foufoune police

Évitant le bain de foule pour PNL, nous optons pour une petite pause à la station secrète devant le trio SOCIAL DANCE, mélange bobo pop bien cool puis MARA (photo), notre ravageuse blonde découverte aux Paradis Artificiels un mois plus tôt. Accompagnée de ses deux danseuses, la chanteuse assure un show incroyable, rameutant une foule telle qu’elle rallonge un peu son show en passant derrière les platines et transforme ce moment en véritable club session. On respire la poussière mais c’est bien le cadet de nos soucis, trop occupées à remuer nos fessiers.

Jour 3. Dimanche 24 juillet, 12h16, bienvenue au grand parcours secret

Nos téléphones ayant trouvé une prise au moment de la douche la veille, nous arrivons chargées à bloc sur le site du fort Leveaux pour le grand parcours secret. Plusieurs ombrelles sont à disposition du public mais cela ne rendra pas moins pénible l’attente sous le soleil cuisant. Après 45 minutes, c’est toutes dégoulinantes que nous entamons le parcours. Un pont levis se baisse et nous pénétrons dans l’enceinte du fort, cheminant jusqu’à un premier espace aménagé pour un concert en tête à tête avec la douce November Ultra (photo). Un vrai coup de coeur !

S’ensuit un brunch bien frais plus qu’apprécié et un deuxième concert avec cette fois, la jeune Zaho de Sagazan qui, accompagnée de son meilleur ami à la batterie, nous emmène dans son univers kraut-pop. B

16h55, les Nuits Secrètes, un festival qui se veut safe pour tous

Revenues sur le site du festival et en plein ravitaillement d’eau et de limonade bien fraîche, nous en profitons pour passer en revue les divers messages de prévention présents sur le site. Plusieurs grands panneaux à travers le site incitent les festivaliers à ne pas jeter leurs mégots, à aider les bénévoles en ramassant et en triant les déchets. Il y a également tout un florilège d’affiches avec des messages de lutte contre le harcèlement sexuel et un espace dédié près de l’entrée, « les nuits douces » (photo), où l’on peut trouver cache gobelet anti-drogues, préservatifs mais aussi des oreilles attentives et des conseils pour passer un festival en toute sécurité. Une application, « Safer » et un numéro de téléphone sont d’ailleurs utilisables de toutes et tous en cas de besoin.

21h00, Juliette ou notre Céline nationale

L’attente est rude au premier rang de la Main Stage depuis maintenant plusieurs heures. Vous l’avez compris, les places seront très chères pour Orelsan qui clôture cette 20ᵉ édition aussi, les vrais patientent et souffrent en silence de la chaleur. Heureusement, nous avons de quoi nous distraire amplement. Tout d’abord Mansfield TYA qui associe en finesse des notes classiques, minimalistes et plus punk, puis Oboy accompagné de sa team et de ses caprisun et enfin la belle Juliette Armanet (photo) qui nous offrira un véritable spectacle digne des shows de Céline Dion. Une véritable boule d’énergie incandescente qui nous laissera sur le popotin. La chanteuse passe un si bon moment qu’elle revient interpréter en simple piano voix un morceau de son titre Boum Boum Baby alors qu’on lui souffle en régie de quitter la scène.

22h30, une civilisation pas si civilisée

L’attente d'Orelsan (photo) se fait sous un climat quelque peu tendu dès lors que les fans de Juliette Armanet cèdent leurs places. Aux premiers rangs c’est la cohue et l’équipe de sécurité doit faire la police. Alors que l'une de nous capitule et réussit à se déplacer sur le côté, l'autre doit s’accrocher à la grille de toutes ses forces pour rester bien en place.

Aux premières notes du titre Civilisation, c’est un public en délire qui s’époumone. Pour son concert, plus de 20 000 personnes sont présentes ; un record pour le festival. Le spectacle d’une heure et demie nous régale. Chaque titre issu de son dernier album est repris en chœur et quant aux classiques comme Basique, La Terre est Ronde ou Défaites de Famille, ils rendent le public totalement hystérique. Le chanteur offre une partie de Civilisation Fighter à des fans et vient chanter tout près de la barrière, offrant à la plus téméraire d'entre nous l’ultime privilège de toucher son idole de toujours.

Le bilan

Côté concerts

Notre coup de cœur du week-end

Juliette Armanet

La douce découverte

November Ultra

La clubbeuse insatiable

Mara

Le chouchou du festival

Orelsan

Côté festival

On a aimé

- La très bonne signalétique pour se rendre sur le festival

- Le panel varié des foodtrucks

- Les messages de prévention anti-agressions et l’espace « nuits douces »

- Les brumisateurs proches des WC pour se rafraîchir après un concert endiablé

- L’ambiance survoltée et bien fêtarde du festival et des festivaliers

- L’équipe de bénévoles qui, en nombre ont permis de garder le site propre jusqu’à la fin

- Le grand parcours secret, pour un moment plus intimiste

On a moins aimé

- Faire plusieurs allées et venues pour débloquer un bracelet qui déconnait

- Ne pas trouver de « zone campeurs calmes » au sein du camping

- Les casiers à 5 € la journée pour charger son téléphone (on a préféré utiliser une malheureuse multiprise gratuite dans la zone des douches…)

- L’absence de navette du site du festival au grand parcours secret du dimanche situé à plus de 20 min en voiture (merci le covoit’ de dernière minute)

- L’impossibilité d’aller et venir sur le site et en centre-ville pour les détenteurs de pass 1 jour

Infos pratiques

- Prix du festival : 120 € le pass 3 jours ou 50 € à la journée

- Prix du camping : 20 € du vendredi au lundi

- Prix des parcours secrets : entre 10 et 20 €

- Prix du petit-dej du campeur : autour de 5 €

- Prix des boissons : de 2 € pour 33 cl d’eau à 6 € la pinte de bière

- Prix de la bouffe : de 3 € à 12 € maxi

- Transport : 10 min à pied de la gare d’Aulnoye-Aymeries

- Parking gratuit aux abords de la ville avec navette reliant au site ; gratuite elle aussi

Conclusion

On en a pris plein les yeux et les oreilles pour cette 20ᵉ édition des Nuits Secrètes. Malgré quelques zones d’ombres, l’ambiance ultra joyeuse et communicative insufflée par les festivaliers nous a plus que ravie. Merci les Nuits Secrètes pour ce week-end de folie !

Récit Vanessa Merlin

Photos Kelly Marmin