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Les Nuits Secrètes 2023 : Aulnwa, le Coachella des Hauts-de-France

Les Nuits Secrètes 2023, c'était une 21ème édition haute en couleurs, à base de karaoké géant, non pas un mais quatre « Charlies », une chenille à deux étages, des concerts très serrés et des moments posés sur la pelouse avec de bonnes spécialités locales. On retourne ensemble sur ce week-end bien rempli et jovial malgré la grisaille.

Jour 1. Vendredi 21 juillet. 13h50, Aulnoye, nous revoilà !

Cette année, à Aulnoye-Aymeries, on a de la chance. On se trouve une petite place de parking à deux pas du site, ce qui nous permet d’éviter la fameuse expédition du parking extérieur jusqu’à la navette puis jusqu’à l’entrée du festival. Armées de la tente et de notre paquetage, on se dépêche de passer les contrôles de sécurité histoire de trouver un endroit où s’installer avant le débarquement des énormes groupes derrière nous. Il est clair que pour certains, l’aventure des Nuits Secrètes se fait en meute ou rien ! Les premiers festivaliers commencent à arriver, la mine encore fraîche, pomponnée et les tenues clinquantes. On assiste même en direct à une épilation du sillon inter-fessier entre bons amis histoire d’être ultra clean pour le début des festivités...

Il est temps à présent de fouler le sol encore verdoyant qui entoure les quatre scènes du festival et de prospecter les food trucks présents. Il y a l’embarras du choix niveau nourriture, moins niveau boissons mais cette année, le site permet à quelques associations et clubs sportifs de tenir leur bar et d’employer les recettes collectées pour la cause qu’ils défendent, et ça, on valide.

19h15, place à la musique

 

Les paillettes en place sur les pommettes, les ventres remplis et les gosiers hydratés, nous voilà, arpentant le festival jusqu’à la scène de l’Eden où nous assistons à la fin du show de Salut, C’est Cool et leur pestacle "Dimension Bonus", un peu frustrées d’arriver sur les derniers titres car l’ambiance avait l’air bien sympa. On enchaîne avec le concert de La Femme (photo) sur la scène principale, que l’on découvre pour la première fois en live. Le groupe tout de blanc vêtu a attiré du monde, le soleil y compris. Leur style est un bon mélange de rock, de pop et de vibes funky. Les titres sont dynamiques et entraînants et la chanteuse a de faux airs de Clara Luciani, tant au niveau visuel que dans le style. Il nous en faut pas plus pour adhérer au programme. Vers la fin du concert, de jeunes têtes se faufilent dans l’espoir de se rapprocher tout devant pour Gazo qui poursuit la soirée dans un tout autre univers.

Très ponctuel, l’artiste est accueilli par un public sautillant et bien en forme et cette énergie communicative perdurera jusqu’à la fin du concert. Nous sommes d’ailleurs touchées par l’attention du rappeur qui s’arrêtera à plusieurs reprises pour prendre soin de faire sortir les victimes de coups de chaud avant d’insister sur l’importance de prendre soin des autres et de s’entraider.

22h00, comment ne pas Aimé Simone ?

Nous partons pour satisfaire une petite envie de churros au chocolat sur lesquels nous louchons depuis notre arrivée. C’est un fait, on doit certainement manger autant de plats qu’on assiste à des concerts lorsque l’on vient ici mais ce serait pêché que de se priver de tous ces délicieux mets qui nous sont proposés. 

On se faufile sous le toit métallique de l’Eden et l’on s’approche le plus possible afin de profiter du concert d’Aimé Simone (photo). La résonance est idéale et la pénombre permet de s’amuser avec les lumières. On apprécie le spectacle et le flow du jeune homme qui enchaîne ses titres comme le bien connu "Shining Light" ou sa reprise de "As It Was", de Harry Styles. Un univers mêlant pop, électro et rock qui donne un très bon résultat. On a plus envie de partir mais Angèle nous attend…

22h45, de chenille à papillon

Nous retrouvons notre belge préférée quatre ans après notre première rencontre. Un démarrage un peu en retard et déjà quelques crampes dans les mollets à force de se mettre sur la pointe des pieds pour avoir un bon angle de vue. Ca s’avère compliqué d'avoir quelconque visibilité car la foule est très compacte et nous on n’a toujours pas grandi depuis la dernière fois… Les deux premiers morceaux interprétés peinent à se faire entendre et l’on craint d’être déçues mais au fil du concert, nous retrouvons celle qui nous a tant séduite avec ses titres comme "Ta Reine", "Fever" ou encore "Balance ton quoi". La chanteuse a pris en assurance, un peu trop même ? Ou alors elle s’amuse à interpréter un rôle… Une partie de nous est nostalgiques de la Angèle humble et discrète de ses débuts qui nous parlait sûrement un peu plus que la nouvelle reine de la Fame qui se dandine ce soir sur la scène. Sur ces pensées quelques peu troublées, nous partons nous poser au camping et nous nous endormons lentement sur les basses de Acid Arab qui clôture cette première journée.

Jour 2, 09h30, de bonne heure et de bonne humeur !

Après une première nuit assez courte, nous sortons nos petits nez de notre tente et partons explorer le camping. C’est encore mieux que la vie en quartier résidentiel, on y entend les meilleurs potins, on se moque gentiment des fêtards qui ont eu bien du mal à atteindre leur matelas pour s’écrouler dans un sommeil profond, on fait des rencontres dans la file qui mène au café ou à la douche et surtout, on y découvre la mine toute chiffonnée (tout comme les nôtres) de celleux qui étaient si frais la veille… Un pur régal !

En début d’après-midi, on attend avec impatience les résultats de l’élection du Maire du camping qui ont lieu à l’Oasis, gaiement animé par Johnny & Wallace. Intriguée ou réellement impliquée dans cette élection, c’est une belle petite foule qui s’agglutine et applaudit la team des Charly qui remporte la victoire et improvise une chorégraphie d’investiture qui nous replonge dans nos vieux cours de zumba. Une séance de danse qui nous ouvre l’appétit et nous amène tout droit vers le food truck qui concocte de la bonne carbonnade flamande de chez nous.

18h30, un petit somme et ça repart

Le manque de sommeil nous a rattrapé et on a profité d’un moment de calme pour aller piquer un (petit) roupillon avant de se remettre en marche pour une soirée de concerts. On est toujours ravi de pouvoir découvrir de nouveaux univers en festival. On se dirige en hâte vers la scène de la Station afin de nous ambiancer sur la musique du groupe Ravage Club (photo) dont nous avons écouté un petit extrait la veille qui nous a pas mal botté. 

Apparemment, le groupe est venu avec son fan club et quelle n’est pas notre surprise quand on se rends compte que le batteur n’est autre qu’un ancien surveillant de notre collège. Voilà une retrouvaille bien surprenante et l’idée d’assister à un show d’artistes du coin nous plaît bien. Le concert déborde d’énergie bien rock et brute comme on aime. Les pieds battent le rythme et la poussière emplit nos narines mais l’on reste subjugué tout du long par le coffre de la piquante Acidula qui met tout le monde d’accord avec sa hargne et sa voix rocailleuse.

19h30, les montagnes russes des émotions

Après ce pic de peps, la redescente est abrupte pour le concert de Tamino (photo). Le chanteur que l’on connaît notamment pour son duo avec Angèle sur le titre "Sunflower", donne plutôt dans la douceur extrême. Lui et ses musiciens nous transportent au pays des rêves, dans un monde où règne la tendresse et la délicatesse. Chaque mélodie est réellement agréable à l’oreille et il ne manque qu’un hamac où s’installer et se bercer. Dommage que l’artiste ne communique pas avec le public qui d’après les chuchotements autour de nous, trouve que de la timidité à la nonchalance, la frontière est mince.

Nous décidons de changer à nouveau d’ambiance histoire de nous réveiller, et pour ça, on peut toujours compter sur l’espace de l’Oasis. C’est Perreo Supremo qui met le feu aux platines et nos postérieurs se mettent à remuer tout seul à mesure que l’on s’imprègne de l’ambiance reggaeton de la DJ. Compétition de twerk et concours de la plus belle cambrure sur des rythmes qui flairent bon l’été. C’est nous ou le mercure a grimpé d’un coup ?

21h30, Jain r’preindrai bin une dose, pô vous ?

Jain, l’éclatante entre en piste et rameute tous les festivaliers pour une heure de concert plein de mains en l’air, de pas de danse improvisés et de paroles criées par-dessus l’épaule du voisin. Super ravie d’être présente ce soir, la chanteuse nous transmet son énergie et sa joie et on reprend avec plaisir chacun de ses refrains lorsqu’elle nous invite à le faire, pleine d’entrain. On s’amuse tellement que la fin du concert semble venir bien trop vite.

Lorsque l’on décide de retourner dans notre demeure de toile, nous faisons la grosse erreur de « reposer nos yeux » quelques minutes… et celles-ci se transforment en une bonne sieste de plus de quatre heures. Le show de Vladimir Cauchemar vient de se terminer et nos voisins rentrent, encore émerveillés et survoltés du set de l’artiste qui a très clairement marqué les esprits et les corps qui ne mettront pas bien longtemps à rejoindre Morphée pour une nuit réparatrice.

Jour 3, 10h50, plus fraîche comme la bouteille de rosé de la veille que comme la rosée du matin

Il a plu une bonne partie de la nuit. Est-ce que cela nous a empêché de dormir ? Que nenni. Il menace encore de pleuvoir dans la journée mais cela n’entachera pas la bonne humeur des festivaliers et pour cause, la plupart a prévu son petit ciré, juste « au cas où » ! C’est d’ailleurs déjà l’heure de ranger tout son matos de camping pour nombre d’entre nous et tout cela en musique et avec le sourire bien entendu. On participe même à la plus longue queuleuleu du camping. Il faut dire que les campeurs peinent un peu à trouver des distractions avant le début des concerts. Mis à part les groupes qui viennent avec divers jeux d’alcool et une enceinte portable, les activités ne se bousculent pas au portillon pour nous occuper. C’est quelque peu dommage, surtout quand on reste ici trois jours et trois nuits et qu’il n’y a quasi aucun concert avant 15 ou 16h. D’ailleurs, j’entends l’appel du micro… il est temps d’y aller !

16h00, casser la voiiiiix

L’heure de gloire pour quelques festivaliers courageux (ou éméchés) est enfin venue. Sur la scène de la Station, une centaine de personnes attend le début du Karaoké Live. L’animatrice présente chaque artiste en herbe et ces derniers se lancent ensuite dans une chanson de leur choix, accompagné par une bande de musiciens super pro qui envoie du pâté. On regrette presque de ne pas s’être inscrite. L’ambiance attire de plus en plus de monde et c’est bientôt un florilège de festivaliers qui acclame chaque graine de star et fait les chœurs avec passion et ce malgré la pluie qui nous rejoint. Cependant nous ne ferons aucun lien entre ce phénomène météorologique et la voix de nos jeunes talents. Il y en a pour tous les goûts ; de "Barbie Girl" à "Rolling In The Deep" ou encore "Mon Fils, Ma Bataille" et "La Tribu de Dana", tout le monde s’en donne à cœur joie et l’on trouvera à l’avenir nos karaokés maison bien fades en comparaison.

17h30, ah là, j'suis bien

On s’amuse tellement qu’on loupe l’entrée de Sofiane Pamart sur la Mainstage. Un tête-à-tête avec le pianiste qui laisse le public pantois devant tant de talent. La pluie est toujours présente mais cela ne freine pas celles et ceux qui choisissent de s’installer par terre afin de savourer le concert mélodieux en toute quiétude. Lorsque les dernières notes du piano retentissent, nous l'applaudissons chaleureusement et nous installons plus près de la scène pour attendre la prochaine artiste, la délicate Pomme, que nous sommes pressées d’entendre.

La scénographie automnale et nature de la jeune femme nous plaît beaucoup ; cela est en accord total avec l’artiste qui se dévoile doucement face à nous. Elle, qui est si réservée, nous remercie plusieurs fois de lui permettre de se produire devant tant de gens et de se sentir autant entourée. Une artiste humble et reconnaissante comme on aime. Hélas, le rappeur Lorenzo étant prévu sur la scène à l’autre bout du site, nous quittons la douceur pour un gros bain de foule avec un goût de trop peu.

20h15, un Eden aux allures de l’enfer

Autant vous dire que nous avons été bien naïves de penser qu’arriver une demi-heure avant le concert du rappeur serait suffisant pour nous offrir une bonne place. Le fait est que le choix de cette scène pas très large et tout en longueur s’avérera être très mauvais pour accueillir ce rappeur extrêmement apprécié de la génération 16-25 qui débute son concert en constatant les contraintes que le manque d’espace engendre pour son public.

Lorsqu’on décide à la moitié du show de rebrousser chemin, on remarque qu’un filet de sécurité a carrément été mis en place pour empêcher davantage de monde de pénétrer dans l’enceinte de l’Eden. C’est donc une foule frustrée de ne pas profiter de son artiste chouchou que nous quittons pour aller débriefer de ce week-end plein d'émotions sur la route du retour. 

Le bilan

Côté concerts

On a adoré découvrir : Ravage Club

La palme du plus bel univers : Pomme

La « c’était mieux avant » : Angèle

On l’attendait sur la scène des grands : Lorenzo

Côté festival

On a aimé

- Les bars tenus par des assos (vive les sauveurs de chatons !)
- Le choix encore plus grand que l’an dernier de mets salés et sucrés (et de qualité)
- Les toilettes sèches encore propres et parfumées au bout de 3 jours de passages
- La nouvelle zone verte de détente en mode petit bois
- Les animations et l’humour décapant de Johnny & Wallace chaque jour pour nous échauffer
- Le travail des bénévoles qui ont gardé super propre le site tout au long du festival
- La recharge du cashless via QR Code sur le bracelet directement

On a moins aimé

- Le manque d’animations et de jeux proposés à l’espace camping
- Toujours pas de solution de recharge des téléphones gratuite
- Le maigre choix de boissons au niveau des bars. Qui boit du jus de pomme en festival ? Dénoncez-vous !

Infos pratiques

       -      Transport : 10 min à pied de la gare d’Aulnoye-Aymeries
       -      Parking gratuit aux abords de la ville avec navette reliant au site ; gratuite elle aussi
       -      Prix du festival identique à celui de l’an dernier (et ce malgré l’inflation=
       -      Magasin Leclerc à 10 min à pied, bien utile pour les campeurs en manque de provisions
       -      De quoi manger pour tous les budgets (de 2€ à 12€)

Conclusion

Même les meilleurs moments comportent des failles. Nous avons passé un très bon weekend avec de superbes découvertes et des retrouvailles pleines de joie et de partage. Les principaux ingrédients étaient au rendez-vous pour nous remplir l’esprit de souvenirs mémorables. A l'année prochaine, avec plus de place, plus de binouze et plus d'activités ? On croise les doigts. 

Récit Vanessa Merlin
Photos Kelly Merlin