On était à
Lollapalooza Berlin, deux jours dans le parc du bonheur

Pour la deuxième année, le géant Américain Lollapalooza a posé ses scènes à Berlin. Changement de lieu, augmentation de la capacité, le festival a vu les choses en grand. Entre kilomètres avalés, lives d’anthologie et après-midi sous les arbres de Treptower Park, retour sur nos deux jours dans l’Est-Berlin.

Jour 1. 15h30, willkommen im Treptower Park

Fini l’aéroport Tempelhof, place à Treptower Park. Pour sa deuxième édition, Lollapalooza s’installe dans un des plus beaux parcs de la capitale allemande, à l’Est de la ville. On y arrive dans l’après-midi, comme beaucoup de festivaliers, mais le festival a déjà ouvert ses portes depuis plusieurs heures. Après avoir cramé dans le S-Bahn, on suit la foule jusqu’à la pose de bracelet. Tout se fait rapidement : efficacité allemande oblige. 

Le lieu est tout de suite impressionnant. Au milieu des arbres, on circule sur une trois voies qui traverse le festival dans toute sa longueur. On prend vite nos marques et c’est en commandant notre première bière que la mauvaise surprise annoncée se confirme : le cashless a disparu. Annoncé à coup de mails et de post réseaux sociaux, cette disparition est pourtant incompréhensible. Les bars si fluides l’an dernier sont vite engorgés, le service est forcément plus lent, et pour simplifier le tout les cartes bancaires ne sont pas acceptées. Choix pas vraiment pertinent quand on se souvient de la réussite du système l’an dernier.

16h35, Destructo nous envoie à Chicago

Notre après-midi musicale démarre sur la Perry’s Stage, la « plus petite » scène du festival. On avait coché dans notre programme un passage sur Destructo (photo), c’est finalement presque l’intégralité du set qu’on passera devant lui. Ses rythmes tech-house et ses remixs hip-hop nous font danser sous un soleil de plomb. Au milieu des arbres et de la Spree, le fleuve qui traverse Berlin, avec au loin la tour Allianz, la photo rapproche de plus en plus le festival de son grand frère de Chicago. Dans la foulée la tentative de changement de scène pour voir les dernières minutes de Kaiser Chiefs s’avère infructueuse : cette partie du festival est saturée et c’est de très très loin qu’on observe Ricky Wilson faire le show.

C’est donc vers la zone opposée qu’on va prendre un peu d’air. Le parc est immense et chaque changement de scène nous prend plusieurs dizaines de minutes. Le programme des Main Stage est placé sous les couleurs de l’Allemagne en cette fin de samedi. On découvre Max Here, un chanteur de Stuttgart entre rap et reggae. La découverte est agréable et le chanteur a rassemblé les foules sous un magnifique coucher de soleil. On est en revanche moins convaincu par les chansons de Philipp Poisel.

19h45, Paul Kalkbrenner est à la maison

Mais l’Allemand que l’on attend le plus est bien Paul Kalkbrenner (photo). Arrivant sur scène en regardant sa montre, comme pour signifier à la scène d’à côté qu’ils sont à la bourre, Kalkbrenner balance directement sa techno puissante et efficace. Habillé d’un maillot du FC Union Berlin, le dj est chez lui. Il enchaîne classiques et perles de son dernier album en grimaçant sur chaque montée, comme si il était possédé par sa musique, ou par autre chose... Du vrai bon Kalkbrenner qui nous rappelle qu’on est bien dans la capitale de la techno.

Les deux grandes scènes jouent en ping-pong. A peine le set de l’une terminé, l’autre enchaîne, et c’est affamé qu’on passera notre tour sur Kings of Leon. Lollapalooza accueille 70.000 personnes par soir et a sorti l’artillerie lourde côté stand de nourriture. Plus d’une soixantaine de foodtrucks et stands sont installés dans tout le parc. Le choix est tout aussi large : falafels, curry wurst, pâtes asiatiques, burgers, crêpes, raclettes, saucisses, hot dog, salades, glaces… L’embarras du choix ! Autant dire qu’entre les bières et les foodtrucks, ce n'est pas ce week-end qu’on va se mettre au régime. 

22h20, final tôt mais électrique

Sur le chemin de l’Alternative Stage on croise une vingtaine de personnes en train de braquer une bouche à incendie. La journée a été chaude, plus de 30 degrés, et les points d’eau étant rares et peu indiqués, les festivaliers ont trouvé un système D. Pas pour longtemps, dès le lendemain la bouche incendie a été grillagée et surveillée par un gardien. Passage devant la Perry’s Stage oblige, on fait la fin du set de Chase & Status (photo). La drum rythmée du dj en version set nous fait lâcher nos dernières forces de la journée mais on se fait quand même un dernier kiff en allant contempler le superbe live lumineux de New Order. Malgré l’événement de voir le groupe, on est peu nombreux devant la scène. Tant mieux pour nous, la majorité du public se partage entre Kings of Leon et les djs Dimitri Vegas & Like Mike.

L’extinction des feux se fait à 23h. En pleine ville, le Lolla se termine tôt, et avec plusieurs dizaines de milliers de festivalier on se retrouve dans les rues de la ville. Certains iront dans les Lollapalooza Club Night, afters officiels du festival, d’autres, comme nous trouveront leur bonheur dans un des milliers de clubs de la ville. Après tout on est dans la capitale de la fête ! 

Jour 2. 15h45, un arrêt hors du temps au Lolla Fun Fair

L’arrivée est un peu plus tardive ce dimanche. On est loin d’être comme les courageux venus prendre un petit déjeuner en fin de matinée. On avait été frappé l’an dernier par la volonté du Lolla de ne pas seulement proposer des concerts, mais d'être un festival aux multiples activités. Mission une nouvelle fois réussie avec le Lolla Fun Fair (photo), espace hors du temps au milieu des arbres du parc où l’on peut chiller, jouer et être spectateurs de performances acrobatiques. Un festival dans le festival où l’on peut y passer l’aprem. C’est d’ailleurs à peu de choses près ce qu’on fera, passant à côté de Years & Years et Milky Chance

17h10, pour les petits et les grands


Soyons clairs, Lollapalooza n’est pas le plus déjanté des festivals. Tout est d’ailleurs fait pour que l’événement soit familial. Le Kidzapalooza (photo) en est le parfait exemple. Ce charmant espace avec sa scène, sa programmation musicale, ses activités réservés aux petits, son chapiteau de jeux et ses espaces de sieste est "the place to be" pour les enfants ce week-end. Pouvoir faire son premier festival à 5 ans, ça a quand même de la gueule. 

18h20, un festival pour tous les goûts


Notre premier vrai concert de l’aprem démarre sur Martin Solveig (photo). On est impatient de voir ce que donne le dj aux dizaines de tubes. La public est venu en nombre, la Perry’s Stage est pleine à craquer. On ne met pas longtemps à être déçu, le frenchie balance un set EDM sans saveurs. Mais c’est aussi ça le Lollapalooza : un festival qui s'adresse à tous, où rock croise EDM, house et variété. On s'interroge quand même : pour un festival créé par Perry Farrel qui a déclaré « détester l’EDM » pourquoi en programmer autant à l’affiche ? Il y a quatre scènes, on trouvera vite notre bonheur ailleurs.

18h20, pas le temps de s’ennuyer

Le parc est immense. On passe finalement plus de temps à marcher qu’à profiter des concerts, on regrette un peu l’aéroport de l’an dernier et sa configuration tout en longueur. On rate bien plus de shows qu’on en voit, mais on reste impressionné par l’organisation générale. Les flux sont majoritairement bien gérés et à l’exception de quelques soucis de circulation et de toilettes, l’accueil des 140.000 festivaliers sur deux jours semble une réussite. Et comme rien n’est fait à moitié, des dizaines d’animations rythment nos trajets : géants lumineux, vélos à ailes ou encore véhicules à la Mad Max.

19h15, Major Lazer fait danser le parc

Après un court passage sur la fin de James Blake, où le public nombreux semble plus être là pour Radiohead que pour le chanteur britannique, on se pose devant Major Lazer. Très vite, c’est un gros bordel que mettent Diplo et ses potes, et il ne faut pas plus de 2 minutes pour faire sauter et danser tout le monde. Un set toujours aussi efficace qui fait bouger tous les spectateurs présents, sans exception. Un set aussi efficace que le public comme le souligne Diplo au micro au moment de faire s’asseoir la foule, obéissante en moins de 3 secondes. Efficacité allemande.

22h20, Radiohead, les 2h30 les plus attendues du week-end

Les gens ne sont venus que pour ça. La seule date allemande de Radiohead (photo) est ce dimanche à Berlin. Pour essayer d’être le mieux placé possible on part 30 minutes avant la fin de Major Lazer pour rejoindre la Main Stage 1. On n’est pas les seuls à avoir eu cette idée, on ne dépassera pas la régie ! On apprendra d’ailleurs que, faute de place, la sécurité a dû fermer la scène après le début du concert. A 19h40 pile, Tom York et son groupe débarquent sur scène sur Burn The Witch. Le groupe va offrir 2h30 de bonheur au public, entre les titres du dernier album et les classiques tant attendus. Daydreaming, Ful Stop, No Surprises, Everything in its Right Place, Idioteque, Paranoid Android s’enchaînent. La foule est ultra compacte, et cette grande plaine et ses 40.000 personnes ne mettent pas le public dans des conditions idéales. Mais peu importe Radiohead est à la hauteur et le bonheur est total sur une superbe scène à la lumière parfaite. Quelques « Viele Danken » plus tard, Tom attaque le deuxième et dernier rappel avec Creep avant de finir avec un superbe Karma Police. Un concert qui restera un moment gravé dans l’histoire du festival. Le plus beau final que l’on pouvait avoir. 

Le bilan

Côté concerts

Au top du top
Radiohead, au-dessus d’eux il y a le soleil

La bonne surprise
Destructo, ça ronronne comme un petit chat

A domicile
Paul Kalkbrenner, maire de Berlin pendant 1h30

Dommage
Martin Solveig, bien trop EDM  

Côté festival

On a aimé

-  Treptower Park : immense, ombragé, en plein Berlin. C’est le lieu idéal pour un festival
-  Une organisation proche de la perfection
-  La charte graphique bien utilisée, rien n’est laissé au hasard
-  Le Lolla Fun Fair et le Kidzapalooza, ils proposent plus que des concerts et c’est tant mieux
-  L’éclectisme de l’affiche. Même si on est pas fan de tous les styles, ça a le mérite de satisfaire tout le monde et c’est l’essence du festival

On a moins aimé

- Le peu de points d’eau. Sont peu ou pas indiqués
- La disparition du cashless qui engendre vite des attentes interminables
- Une rupture de bouteilles d’eau dimanche sur les grandes scènes

Conclusion

L’an dernier avait déjà frôlé la perfection, la tâche s’annonçait compliquée en changeant de lieu et en proposant une formule encore plus grande. Malgré un site immense et quelques soucis de fluidité liés à la disparition du Cashless, cette deuxième édition est une vraie réussite. En accueillant plus de 140.000 festivaliers en deux jours, le Lollapalooza s’installe encore plus parmi les grands festivals européens. Reste maintenant à s’installer durablement, toujours à Treptower Park on l’espère !

 

Un récit de Quentin Thomé
Photos de Jaufret Havez