On était à
L’Old Town Bicyclette, festival de metalleux dans le sous-sol de la Maroquinerie

A première vue, l’Old Town Bicyclette Festival, ou OTB Fest pour les intimes, n’a pas grand chose d’un festival traditionnel. Loin des grands espaces verts et champs boueux, ce festival de musique plutôt énervée se passe confiné entre les murs de la Maroquinerie à Paris. Mais l’OTB Fest garde une des qualités premières d’un festival, celle de faire découvrir des groupes. Et fait la part belle aux artistes français.  

Jour 1. 20h10, descente dans les sous-sols

Nous voilà dans le nord de Paris vers Ménilmontant dans la salle labelisée rock de la capitale, la Maroquinerie. Et pendant deux jours avec l'OTB, c'est métal. Les dernières notes de NESSERIA s’achèvent, les spectateurs se dispersent et se mettent à la quête d’un demi de bière fraîche et de bouchons d’oreilles gratuits. Ca nous apprendra à mieux gérer notre temps et à essayer d’arriver avant la fin du premier set. Une fois notre demi plutôt bon marché en main, on remonte donc patienter avant le prochain groupe sur la très agréable terrasse/restaurant de la Maroquinerie.  Le côté pratique, c’est que quand un groupe commence son set, on le sent vibrer jusque deux étages au-dessus.

20h30, le ton est donné

C’est avec cette odeur de vieille cuisine française dans les narines propre à la Maroquinerie qu’on redescend pour écouter Revok. Bénis soient les bouchons d’oreilles, parce que les quatre Français n’y vont pas par quatre chemins. Si leur son ne fait pas sautiller dans tous les sens la foule encore clairsemée, il fait clairement vibrer le diaphragme et met tout le monde d’accord sur le ton du festival. Le grand avantage de ce premier jour de l’OTB Fest, c’est que les sets ne durent qu’entre 30 et 45 minutes. Pas le temps de se lasser donc, avec des concerts juste assez longs pour permettre même aux plus novices de découvrir les groupes (sans saigner des deux oreilles au bout d’une soirée).

21h15, la claque Celeste

Celeste (photo), c’est la preuve qu’il n’en faut pas beaucoup pour avoir un jeu de scène de fifou. Des fumigènes, des lampes frontales rouges et quasi aucune lumière, et le tour est joué. Sur la scène enfoncée au fond de la Maroquinerie, les quatre Lyonnais disparaissent progressivement derrière un écran de fumée. C’est bien connu, les métalleux sont de grands timides. Les chansons sont efficaces, agressives juste ce qu’il faut, et leurs titres valent le détour. Mention spéciale à “En troupeau des louves en trompe l’œil des agneaux”. Retour à la surface après 45 minutes, où les fumigènes ont même envahi la terrasse.

22h15, KEN Mode clôture le show

Après trois groupes bien énervés, le public est prêt à headbanger devant les Canadiens de KEN Mode (photo). Enfin des mosh pits, enfin des cheveux qui tournent, enfin un avant-goût du Hellfest ! Ca s’agite dans tous les sens, devant la scène comme dessus. Les 45 minutes de show s’achèvent sur le chanteur qui remercie le public, prend son sac à dos et part tranquillement par la fosse. Il ne faudrait pas louper le dernier métro, tout de même.

Jour 2. 19h30, qui est partant pour un deuxième tour ?

Des cheveux longs ! On n’y croyait plus, on était désabusés, on ne voyait plus que des crânes rasés, parfois des dreads, mais pas de longs cheveux soyeux cachant soit un bassiste soit un guitariste un peu trop timide. C’est donc Valve (photo) qui nous rassure, avec la longue crinière de son bassiste. L’honneur est sauf. A part ça, c’est une bonne petite piqûre de rappel pour se remettre en jambes.

20h02, The Prestige console les déçus de Will Haven

Les spectateurs bougonnent toujours suite à l’annulation de Will Haven, trouvent le moyen d’en parler une phrase sur deux, mais se ramènent malgré tout devant The Prestige (photo). Un groupe un peu bourrin, un peu punk, un peu Linkin Park, un mélange étrange qui passe plutôt bien finalement. A noter que les slams, c’est has been, maintenant, il faut chanter et jouer dans la fosse.

21h04, Monarch! nous donne la chair de poule

Et pas vraiment dans le bon sens du terme. Un peu long, un peu lent, globalement flippant. Suite à l’annulation de Will Haven, certains sets se retrouvent allongés, ce qui réjouit les passionnés, un peu moins ceux qui sont là par hasard. Monarch!, ce sont donc des chansons qui peuvent durer une vingtaine de minutes, avec des cris, beaux mais effrayants. Pas vraiment le genre de groupe à écouter avant de dormir, mais assurément original. Le groupe se produira également au Hellfest le samedi 20 juin.

22h12, Year Of No Light, la renaissance

Moins bourrin que le reste, plus subtil, Year Of No Light est la respiration de la soirée. On peut enlever les bouchons d’oreilles et apprécier sereinement ce set un peu atmosphérique, rythmé malgré tout, qui permet de se reposer des sept concerts précédents. Une pause pour déguster tranquillement sa bière sans en mettre partout, en somme.

23h23, Oathbreaker, c'est reparti pour un tour

Oathbreaker (photo), concrètement, c’est le groupe qui te fait reconsidérer les affirmations de ta grand-mère sur “ces gens possédés qui font beaucoup de bruit”. Oui, ils restent cachés derrière leurs cheveux longs, oui, la chanteuse a une puissance de voix extraordinaire, oui, ses gestes rappellent un peu ce film d’horreur que tu as vu à 12 ans caché derrière le canapé. Mais ça dépote, ça te fait bouger dans tous les sens, et puis zut, c’est un festival de métal, quoi.

 

Côté concert 

La bête de scène
Celeste, qui a scotché tout le monde avec ses lampes frontales et son mur de fumée.

Côté festival 

On a aimé 
La bière à un prix plutôt abordable au bar (3,80€ le demi)
La terrasse de la Maroquinerie, idéale pour patienter entre deux concerts
Les bouchons d’oreilles gratuits au bar

On a moins aimé :
L’abus des fumigènes sur certains sets
L’ambiance un peu claustrophobique après plus d’une dizaine de concerts en intérieur

Conclusion

L’OTB Fest, c’est donc un festival sympa, sur deux jours. Le format “intérieur”, et même bien confiné en sous-sol peut déconcerter, mais la découverte et la bonne ambiance sont là. La salle de la Maroquinerie est chaleureuse, a des airs de vieux ring de boxe, et a une terrasse qui est décidément top entre deux concerts.