On était à
Les Paradis Artificiels 2022, un week-end 100% urbain

Cap sur Lille pour notre week-end prolongé ! Pour sa 14ᵉ édition, le festival Paradis Artificiels nous a mis la puce à l'oreille en faisant le choix de d'une prog' 100% hip-hop et urbaine et en déménageant dans les espaces extérieurs de la halle de glisse de Lille Sud. Au programme : figures du rap qu’on ne présente plus, découverte de nouveaux talents, street art, démos de skate et street food cochonne pour un week-end placé sous le signe du beat.  Spoiler alert : on n'a pas eu le temps de s'ennuyer.

Jour 1. Vendredi 03 juin, 19h20, pris dans le tourbillon de l’urbanisation

Le week-end ne démarre pas tout à fait sous le signe du chill de notre côté. Travaux sur les routes, bouchons à gogo, erreurs de sorties et rues bondées, rien ne nous est épargné et c’est résignées et soulagées que nous nous engouffrons dans le parking du centre commercial du Lillenium : bienvenue dans la métropole lilloise, où l’on constate très rapidement que la plupart des festivaliers ont eu la bonne idée de venir à pied ou en métro… petites banlieusardes naïves que nous sommes...

Nous arrivons sur le site de la halle de glisse et découvrons le skatepark extérieur entièrement pimpé à la sauce street art. Du simple graffiti au portrait hyper réaliste, on en prend plein les yeux en attendant de recevoir nos bracelets. Le site offre aux visiteurs une partie gratuite du festival comprenant l’espace skatepark, les stands des assos et la food court : de quoi satisfaire toutes les bourses.

19h40, embarquons à bord du vaisseau mère

SDM a terminé son passage sur la scène wheelie, nous suivons la foule d’ores et déjà agglutinée devant sa voisine, la scène Ollie, dans l’attente de Luv Resval qui est scandé jusqu’à son arrivée. Il commence à pleuvoir et le vent se lève, mais qu'importe, la plus grande des deux scènes est partiellement couverte.

Arrivée ponctuelle, nous embarquons à bord de l’étoile noire, vaisseau que les fans de la saga Star Wars connaissent bien. Du nom de son dernier album à la scénographie, c’est parti pour un voyage spatial avec notre jeune rappeur et sa team qui envoient du lourd dès les premiers mots balancés avec une ardeur et une énergie communicative. La majeure partie des festivaliers est estudiantine et connaît par cœur la plupart des sons envoyés. Ça saute les mains levées tout le long du concert dans une joyeuse ambiance enfumée par les odeurs de tabac et compagnie que nos voisins de foule enchaînent avec décontraction.

20h40, la pluie ou la bouffe ?

Quand Makala démarre son concert, notre cœur se met à balancer. La pluie commence à tomber plus sévèrement et l’on hésite à rester bien au sec sous le préau de la main stage en écoutant de loin ou bien à s’armer de courage comme d’autres qui entament une longue danse de la pluie. C’est l’option numéro 3 qui sera votée : allons plutôt casser la croûte !

Le food court est bien rempli, d’autres ont, semble-t-il, eu la même idée que nous. Le choix est alléchant : burgers classiques ou très terroir (vive le Maroilles !), plats chauds plus exotiques, gaufres ou encore hot-dogs. Nous jetons notre dévolu sur ces derniers ou du moins ce dernier… Organisation bancale, débordement ou coupure de courant faisant, nous attendons plus de 40 minutes pour avoir notre malheureux hot-dog et nous nous réconfortons avec deux délicieuses gaufres au chocolat pour patienter. Repas dans le désordre mais tout se mélange dans l’estomac après tout non ? 

21h50, Laylow sous l’orage

Un éclair zèbre le ciel non loin du site du festival et nous nous pressons, hot-dog sous le t-shirt pour rejoindre la tête d’affiche de la soirée sous une pluie dorénavant battante. Comme on dit chez nous, « The show must go on ». D’ailleurs, ce n’est pas le temps qui tourne qui semble décourager les festivaliers toujours aussi enjoués et c’est un Laylow (photo) en feu qui irradie le public et ramène le soleil et la chaleur dans nos cœurs. Sans aucun doute l’une des nouvelles figures du rap français, l’artiste enchante la foule qui reprend à l’unisson chacune de ses chansons lorsqu’elle ne se jette pas corps et âme dans un pogo endiablé.

Son morceau « spécial », issu d’un feat avec Nekfeu et Foushée, annonce l’apothéose d’un concert sans temps mort et les téléphones sont tous de sortie histoire d’immortaliser ce moment. L’énergie déployée par le rappeur aura même fait reculer l’orage qui nous permettra de rentrer sans avoir besoin de sécher sur la moquette comme des vieux chiens mouillés au coin du feu.

Jour 2. Samedi 4 juin, 13h50, changement d’ambiance

Nous voilà d’attaque pour ce second jour de festival, petite bière bien fraîche en main, grand soleil, le mood est bien différent d’hier et on ne va pas s’en plaindre ! Les gens remplissent progressivement l’espace et patientent devant les deux scènes qui doivent accueillir Jäde d’un côté et Ichon (photo) ensuite, sur la Main Stage.

Place tout d’abord à la jeune princesse du R&B qui, accompagnée d’une team 100 % féminine aux instrus, nous invite à travers son univers romantique et mélancolique, avec des sons essentiellement basés sur l’univers de l’amour et de ses aléas. Rien de vraiment nouveau en termes de textes, mais on se laisse emporter sur les rythmes d’inspirations afro, trap ou indie.

On enchaîne avec Ichon qui apparaît tel un sage, dégageant une réelle aura de paix intérieure. Si l’ambiance est bien festive voire énervée au centre du public, le chanteur incite surtout la jeunesse à s’aimer et à aller au bout de ses rêves « pour de vrai » (telle est sa devise).

16h00, un petit bout de STO et beaucoup de Lujipeka

Le Lillois STO (photo) démarre son show, mais nous décidons de faire un saut au skatepark et aux animations qui s’y passent. Nous déambulons parmi les stands des associations présentes et assistons à des initiations de graff ou encore de skate. Il y a également un stand abritant une mini-friperie pour les amateurs de bonnes affaires.

Nos jambes dégourdies, nous allons jouer des coudes histoire d’avoir une bonne place pour le concert de Lujipeka sur la grande scène et patientons en observant de loin, un brin frustrées, STO qui ambiance son public sans rien lâcher.

Notre patience est cependant récompensée lorsque le jeune breton entre en piste, sous une horde de cris. Une ambiance survoltée, entretenue par des titres phares de l’artiste comme « poupée russe », « pas à ma place » ou encore « pierre, feuille, papier, ciseaux », issu de l’époque de Columbine et l’envoi de t-shirt avec un canon à mersh qui nous laissera ravies devant tant d’énergie.

17h20, petite pause à l’ombre des rampes

On zappe le concert de Zamdane pour aller assister au micro ouvert organisé dans les gradins du skatepark. Posées près des rampes et profitant d’un peu d’ombre, on assiste au défilé de jeunes rappeurs du coin qui ont décidé de montrer aux proches et aux curieux ce qu’ils avaient dans le ventre.

Le ciel recommence à faire des siennes lorsqu’on se dirige vers la mainstage pour le concert de Ziak et alors qu’on s’installe confortablement dans l’herbe, un membre de l’organisation du festival annonce à tous un changement de programme du fait d’une alerte orange orage et pluie, contraignant le site à fermer à 21 h au lieu de 23 h. Le concert du rappeur originaire du 91 est écourté ainsi que tous les suivants, afin que le public puisse, malgré tout, écouter chacun des artistes du jour. Kikesa enchaîne donc sur la scène découverte et nous optons pour la pause repas avant que tout le monde ne s’y presse.

19h10, après la déception, place à la joie

L’avantage du jeune public, c’est que son sens de la fête reprend vite le dessus sur les bad news. C’est donc encore plus en folie qu’il court sous le préau de la grande scène pour accueillir le rappeur Josman qu’il semblait attendre avec impatience. Force est de reconnaître le talent et la plume de celui qui fut catégorisé « meilleur espoir du rap français » en 2017 et qui depuis gravit les échelons à force d’un travail et d’un sérieux remarquable.

Si la majorité des festivaliers décide de rester sur place pour attendre celui qui clôture cette 14ᵉ édition des Paradis Artificiels, on choisit d’aller nous remuer sur le flow dévastateur de la belle Mara (photo) et de ses danseuses au déhanché ravageur. Chorégraphies et textes sans équivoque, la Suisse ne laissera personne indifférent et nous arriverons difficilement à nous débarasser de l’air du fameux « foufoune police » en tête.

Il est 20h30 quand Zola enflamme la scène pour un dernier concert et c’est un public bien décidé à sauter jusqu’à l’épuisement qui l’assiste jusqu’au bout.

Conclusion

Le choix de cette édition tournée vers le rap et la culture urbaine aura forcément divisé les habitués des Paradis Artificiels mais assurément ravi les amateurs du style, notamment la nouvelle génération, joyeusement révoltée et très concernée par les problématiques de notre société actuelle. Nous y avons fait de belles découvertes et après 2 années d’absence, c’est une ambiance survoltée très communicative qui nous a porté le long de ce week-end.

Le bilan

Côté concerts

Le rappeur peace : Ichon

La tumultueuse féministe : Mara

Celui qu’on veut revoir : Lujipeka

Celui qu’on a pas fini d’entendre : Laylow

Côté festival

On a aimé :

- La partie gratuite avec animations et concerts
- Le cadre street bien sympa
- Les toilettes sèches surveillés et propres
- L’offre de drinks & foods dans le thème et assez diversifiée
- La safe zone et l’affichage bienveillant sur le site

On a moins aimé :

- Le parking du Lillenium payant si, comme nous, on ne s'était pas inscit au préalable
- L’impossibilité de camper sur place pour ceux qui le souhaitaient
- La longue attente du hot-dog et la pluie qui tombait sur les machines à granités générant des étincelles

Infos pratiques

Prix du festival : Pass 2 jours entre 60 et 70 € / Pass 1 jour entre 45 et 49 €
Prix d’une bière : 3 ou 4 € en 25 cl / 6 ou 7 € en 50 cl
Prix d’un rosé : 4 € pour 15 cl
Prix d’un soft : 2 à 4 € (eau, coca, thé glacé ou encore monster)
Prix de la nourriture : entre 12 et 15 € (plat simple ou avec supplément frites)

Transport : 15 min en métro depuis la gare Lille Flandres, parking de Lillenium gratuit sur inscription sinon comptez une vingtaine d’euros pour les 2 jours.

Récit Vanessa MERLIN // Photos Kelly MARMIN