On était à
Les Nuits secrètes : vivez l’osmose au bal masqué

Pour cette 17e édition des Nuits Secrètes, les campagnes d’Aulnoyes-Aymeries ont fait le plein. 45.000 festivaliers se sont laissé transporter au fil des secrets du festival : un record. Ambiance survoltée, convivialité à toute épreuve et programmation plus qu’alléchante, retour sur trois jours de succès.

Jour 1. 17h, à deux doigts de la perfection



À quelques minutes de l’arrivée, des panneaux nous montrent la voie à suivre vers les places de stationnement et nous sommes parmi les premiers festivaliers à nous garer sur le parking de paille mis à disposition alors que les agents secrets et autres bénévoles nous guident dès l’arrivée. Le camping cette année, ce sera sans nous. Contrairement à l’année dernière où nous décrivions un camping quasi vide, cette année il est bourré à craquer. Le sold-out nous a prises de court. Quelques petits changements sont à noter : le camping est littéralement à côté de l’entrée du festival, tout comme le parking. Aucune marche interminable avec sa tente sur le dos et des affaires qui tombent à chaque pas en prévision. Nous sommes encore plus déçues de ne pas pouvoir en profiter. Les Nuits Secrètes, c’est du bon boulot !

17h30, gare à la grenade  

Quel plaisir de retrouver les Nuits Secrètes. C’est devant la grande scène que nous nous arrêtons en premier lieu pour profiter du concert de Clara Luciani, plutôt intimiste puisque les festivaliers sont loin d’être encore arrivés. La chanteuse fait rapidement monter la température, pourtant déjà élevée alors qu’un pompier derrière les barrières arrose les festivaliers. Clara l’incite à continuer : “Le pompier vous sauve la vie, il peut lancer deux fois plus d’eau sur cette chanson !” Il faut bien cela pour contenir les festivaliers déjà surexcités. Derrière nous une festivalière tente de rouler une cigarette. Le pompier attend son feu vert pour relancer de l’eau. C’est ça aussi les Nuits Secrètes.

18h15, en rouge et noir, affrontons l’Eden !

Cette année l’Eden, nouvelle scène née en 2017, est toute de rouge vêtue. En plus d’être sympa à regarder, le vent y circule. Gaël Faye a pris le relais. “Buvez de l’eau sinon vous allez mourir. Ou de la bière c’est pareil !” lance le rappeur à la foule. Nous n’avions pas attendu ces conseils pour nous rendre sur les stands. Pour payer c’est au choix : app ou cashless sur une petite carte sympathique que nous garderons en souvenir. Comptez un euro de plus pour le support, mais vous connaissez la chanson. Sur le stand nous récupérons deux masques à l’effigie des Nuits secrètes. On est prêtes à passer incognito dans la foule, et deux cadettes (bière) dans les mains le parcours secret nous tend les bras.

19h01, mystère et boule de gomme

Juste à côté de l’Eden une pancarte nous indique le chemin à suivre vers les fameux parcours secrets. Derrière les grilles, des agents secrets nous fournissent bouteilles d’eau, pain d’épice et gaufres. Bracelets du parcours secret au poignet nous montons dans un bus en accordéon, décoré pour l’occasion. Deux yeux dessinés au plafond attirent notre attention. “Si vous le regardez trop longtemps vous finissez hypnotisées” nous lance un bénévole. Nous relevons le défi. L’idée de quitter un festival pour monter dans un bus sans savoir où nous allons relève du génie. Nous nous enfonçons dans la campagne et nous émettons toutes les hypothèses possibles. Un festivalier derrière nous propose un phare. Loupé. Nous descendons 20 minutes plus tard en pleine campagne.

19h25, la musique est dans le pré

Il faut marcher un peu pour découvrir une scène aménagée dans le champ d’Eclaibes avec pour seul décor un château, des champs et des vaches. Nous nous asseyons au plus proche des instruments sur deux coussins. Une fois installées le mystère est levé : Malik Djoudi et son ami arrivent sur scène. Sa voix cristalline et ses pas de danse nous fascinent pendant presque une heure. Le cadre intimiste de cette scène est incroyable. Malik parle aux enfants du premier rang entre deux chansons, les mouches nous rappellent que nous sommes en plein milieu d’un champ et même le chanteur manque d’en gober une. Avant de reprendre le bus les festivaliers discutent avec l’artiste.

20h45, comme un air de Woodstock

Sur le site du festival, la chaleur est toujours présente mais le soleil joue au timide derrière des nuages bien épais. L’orage nous guette mais les boum boum que nous entendons au loin ne viennent pas du tonnerre. Les Nuits Secrètes accueillent cette année une nouvelle scène : bienvenue à la Station Secrète ! Puis imaginez des hippies faire de l'électro et vous obtiendrez Irene Dresel. Tous les trois vêtus de blanc et de fleurs, ils nous font décoller du sol à coup d'électro énervée. Nouvelle scène, validée !

21h30, entrez dans la meute

Intriguées par le nom annoncé sur l’Eden nous rejoignons la meute. Derrière le nom du groupe Meute nous imaginons tout, mais pas ce qui nous attend. Sur scène, loin de l’image que nous nous faisons d’un orchestre classique, nous nous laissons emporter au son du titre You and me de Disclosure par une fanfare allemande. Quelques pogos commencent même à voir le jour. Et pour être honnêtes c’est la première fois que nous sautons sur un solo de xylophone.

Il est déjà temps de rejoindre Jain sur la grande scène. Nous sommes surprises de voir autant de monde. Difficile d’avancer dans les premiers rangs... Peu importe, même depuis le fond l’ambiance est au beau fixe. La jeune chanteuse nous fait voyager, le temps d’un son nous sommes à Cuba. Malheureusement, il est temps d’y aller pour nous... la route est longue quand on n’a pas eu de place au camping...

Jour 2. 20h30, Lomepal ouvre le bal

À notre arrivée le parking affiche complet. Pas de doute, les Nuits Secrètes battent un record, de même que les températures. Nous arrivons juste à temps pour Lomepal, ou plutôt Antoine : “maintenant je veux que tout le monde dans la rue m’appelle Antoine”. Le rappeur en profite pour faire une chanson de son prochain album, un nouveau son que beaucoup de festivaliers connaissent déjà bien et s’empressent de chanter avec l’artiste. Le public des Nuits Secrètes est tout aussi chaud que la veille. Ça fait plaisir.

21h30, décollage pour la planète Rone

C’est au tour de Rone de nous faire planer sur l’Eden. Un set envoûtant et un public survolté, telle est la recette de ce bon moment. Alors qu’il y a un petit blanc entre deux titres, un festivalier devant nous s’exclame : “il a dû se tromper de cassette”. Son amie le charrie, les festivaliers comblent en chantant “on est les champions” et c’est reparti ! Un autre compère sort une machine à bulles et nous fait planer, à gauche, un jeune homme improvise une chorégraphie que nous nous empressons de suivre et nous sommes loin d’être les seules. Nous nous applaudissons. Après tout, nous l’avons bien mérité après ce beau travail d’équipe.

00h, Vous avez dit éclipse ?

L’atterrissage est de courte durée puisque Alt-J a déjà commencé à jouer sur la grande scène. Nous n’avons qu’une envie; redécoller. Ils nous tendent les bras et nous dansons déjà au son de Fitzpleasure avant même d’arriver devant la scène. Aux Nuits Secrètes la fête est partout, mais les Nuits secrètes sont éprouvantes. Pas une minute de répit pour nos jambes. Sur la grande scène c’est au tour de Petit Biscuit, pour un nouveau concert envoûtant. Décidément le festival nous fait planer sans interruption en ce samedi. A défaut d’avoir pu voir l’éclipse la veille à cause des nuages, le jeune français arrive sur scène avec une éclipse en fond. Lui-même semble surpris du monde présent sur place. Il répète en boucle “c’est un truc de ouf”. Quand Sunset Lover retentit les festivaliers sortent leurs flashs à la demande du DJ. On croirait presque voir des étoiles. Gare au retour sur Terre !

Jour 3. 17h30, l’heure est au combat

Aucune attente du côté de la fouille mais toujours autant de monde. La faute à une programmation endiablée. Les festivaliers sont au rendez-vous pour cet ultime nuit.  Nous avons à peine le temps de passer au stand reprendre des forces que Bagarre commence son show sur la grande scène. Et quel show ! Les pogos vont bon train au son de leur musique complètement barrée. 

20h40, La pause s’impose

Nous profitons d’un break pour nous reposer dans l’herbe, derrière la grande scène et manger au son des paroles envoûtantes du groupe Feu! Chatterton. Le chanteur chauffe le public : “vous êtes prêts à faire l’amour les Nuits secrètes ?” De notre côté, nous sommes plutôt en train de ramasser des verres pour obtenir des bières gratuites. Pour 30 verres vides ramassés, c’est une 25cl pour les braves festivaliers. Pas loin de 90 verres plus tard, notre pile attire la foule. Beaucoup déposent leurs verres vides directement sur notre construction. Win !

22h30, hello les monkeys

Nous sommes loin d’imaginer ce qui nous attend. Shaka Ponk entre en scène. Nous fonçons dans les premiers rangs, le coeur de la foule et rapidement le chanteur y descend nous rejoindre. Il nous demande de tourner autour de lui et rapidement nos pieds ne touchent même plus le sol. Les pogos reprennent encore et encore. Shaka Ponk c’est surtout un spectacle. Mais comme le rappelle le chanteur “il y a (encore) plein d’artistes à voir!”

23h50, vous en voulez encore ?

En route pour l’Eden où Panda Dub a déjà commencé à jouer, l’heure est au bilan. Nous savons que la période post festival sera douloureuse physiquement mais ça en valait la peine et Panda Dub promet un concert plus calme. Enfin presque. Rapidement dans les premiers rangs nous ne pouvons pas contrôler nos mouvements. Le Dj nous annonce que “Ce sera la dernière” avant de dire “bon encore une” et ainsi de suite pendant de longues minutes. A croire que les artistes non plus n’ont plus envie de partir. C’est sur Vitalic que nous finirons ces Nuits Secrètes. Le retour à la normale s’annonce difficile...

Bilan 

Infos pratiques

Prix du pass trois jours : 70 euros
Pass camping : 15 euros
Prix d’une bière : 5 euros la pinte
Parcours secret : 8 euros

On a aimé

- La programmation affichée sur le chemin entre les deux scènes
- L’ambiance et le public survolté du début à la fin
- Les prix abordables sur le festival
- La nouvelle scène : la Station Secrète

On a moins aimé

- Absence d’écrans
- Le camping sold-out...

Conclusion

Pour cette 17e édition les Nuits Secrètes battent tous les records. La programmation variée et efficace a su attirer les festivaliers toujours plus nombreux, il y en avait pour tous les goûts et nous sommes passées par toutes les émotions au fil de ces trois jours. Nous retenons de grands moments d’osmose entre des artistes heureux de jouer aux Nuits Secrètes et un public survolté et bienveillant. Bref, on a encore vibré pendant trois jours.  

Récit et photos : Lorena Caniaux et Fanny Blin