On était à
Les Nuits Secrètes, un faux départ pour un dénouement heureux

Pour cette nouvelle édition, le festival les Nuits Secrètes attendait encore du beau monde. Sa programmation aux petits oignons a attiré 54.000 festivaliers, un record. Mais les quelques (grosses) galères d'organisation ont terni l'ambiance d'un festival qui a déjà pourtant relevé le défi haut la main. Retour sur un week-end riche en bonnes et en mauvaises surprises.

Jour 1. 17h00, l'entour-loupé(s)

Du haut de la butte qui sépare le parking de l’entrée du festival nous nous stoppons net. Des festivaliers s’arrêtent également. Leurs sacs en tombent : « c’est une blague ? » ; lâche l’un d’eux. On aurait bien voulu. Face à nous se dresse une queue interminable de festivaliers, de tentes et de glacières en tout genre. Certains grapillent quelques places. Enfin installées dans la queue un festivalier sort son programme et dit ironiquement : « alors, quel concert je suis en train de louper ? ». Nous entendons au loin Alpha Wann... puis vient le tour de L’Entourloop. De notre côté, c'est loupé pour le Parcours Secret de 17h pour lequel nous avions pris notre place à 8€, à savoir le seul auquel on aurait pu assister ce weekend. Un festivalier qui remonte la queue pour s’y installer chantonne : « avez-vous déjà vu une organisation aussi merdique ? ». Les festivaliers qui achètent leurs places le jour-même passent devant les festivaliers qui ont acheté leurs places il y a des semaines. Injustice ? Attendez la suite. 

19h24, camping de festival ou garderie ?

Deux heures d'attente plus tard (sans aucune exagération de notre part), nous sommes déjà usés et quelque peu énervés. Heureusement la queue au camping va vite grâce à une fouille très rapide des sacs. A notre droite, une pancarte « camping 3 jours », en face une deuxième pancarte indique « camping 1 jour ». Eh oui, nouveauté cette année les festivaliers ont la joie d'apprendre sur place, après parfois des heures d’attente, que deux campings existent. Les informations ne sont pas très claires. Qu'en est-il des festivaliers qui campent deux jours ? Chaque festivalier interrogé a une version différente. Personne ne sait vraiment ce qu’il en est. Nous avons comme l'impression d'être des enfants punis et séparés de nos camarades. 

20h16, et là, c'est bon, on peut y aller ?

Nous nous débarrassons de nos tentes pour rattraper le temps perdu. Nous reconnaissons au loin la fameuse scène de l'Eden, propre aux Nuits Secrètes. Salut c'est Cool fait déjà danser la foule qui arrive au compte-goutte. Une pinte de Cadette à 5 euros, un verre de vin blanc à 3,50 euros, la ch'ti à 6 euros, il y en a pour tous les goûts et il faut dire qu'après toutes ces péripéties, nous l’avons bien mérité. La bonne ambiance nous emporte, c’est l’effet des Nuits Secrètes. -M- débute sa première chanson et les festivaliers courent vers lui. Enfin... ceux qui ont réussi à entrer. Petite pensée pour une festivalière venue pour lui et qui n’a pas posé sa tente avant 23 heures ce jour-là, le tout après quatre heures de queue. Tu auras loupé des rifs de guitares endiablés et un chanteur en connexion avec son public. Et même un solo de guitare avec la langue...

23h05, à bon entendeur, salut !

Canicule oblige, les Nuits Secrètes ont mis en place des robinets d'eau potable. Pratique, quand on a pensé comme nous à ramener sa gourde. Nouveauté également : les seules toilettes se trouvent juste avant l'entrée du camping. La queue pour y aller est moins longue, il faut le dire. Perturbant au début, nous nous y faisons. Les food-trucks sont également tous du côté de l'Eden, mis à part un ou deux. Bonne idée ? Oui, c'est plus fluide. Les festivaliers qui font la queue ne sont pas gênés par ceux qui vont au concert et inversement. Nous avons tout à disposition ici, même le bar situé sous l'Eden permet d'avoir une belle vue du concert tout en attendant sa bière. Le tacos à 4 euros et le plat végétarien à 8 euros (camembert rôti et pommes de terre) nous rassasient. Nous repartons pour Bon Entendeur sur la grande scène. Les chants des supporters français retentissent dans la foule et ont un goût de coupe du monde. Nous sommes prêts à en découdre.

Jour 2. 09h30, réveil humide

Être bercé par le bruit de la pluie pendant la nuit, quel bonheur... sauf en tente. Et regarder la météo sur nos téléphones ne nous rassure en rien : la pluie s'invite aux Nuits Secrètes jusqu'à minuit. Coup dur quand on a vécu quatre jours de canicule intense la même semaine. Nous croisons notre voisine de campement. Les cheveux mouillés, elle a finalement opté pour la fameuse douche du festivalier au robinet. Eh oui, cette année la douche aux Nuits Secrètes coûte un euro. Symbolique, certes, mais nous n'étions pas au courant. D'après un festivalier qui en sortait « ça valait le coup, je renais ! » On y pensera ! A notre droite, des festivaliers rangent leur tente. Découragés par la pluie ? Non, ils doivent apporter leur tente à une amie qui a un pass camping un jour et qui n'est donc pas dans le même camping qu'eux. Et ils ne sont pas les seuls à user de ce stratagème pour ne pas laisser des amis en galère. Nous faisons la queue deux heures pour avoir des cafés. 1,50 euro de réconfort, nous voilà repartis.

15h02, bienvenue à la taverne Eden !

Nous décidons d'enfiler nos K-ways et de braver la météo. Arrivés sur le festival, le rouge de l'Eden nous appelle. Les festivaliers s'organisent. Les tables et bancs dans l'herbe qui devaient servir à profiter du soleil sont réquisitionnés sous le chapiteau. Nous passons le temps en jouant aux cartes autour d'une pinte et finalement nous n'avons pas besoin de plus (même si un rayon de soleil ne serait pas de refus..). Quelques courageux dansent sous la pluie vêtus de leurs K-ways. Les techniciens font des essais à côté de nos tympans à coup de musiques psychédéliques. C’est particulier. Nous mangeons des croque-monsieurs pour 6 euros. Nous glissons l’info à des festivalières assises à côté de nous et nous sommes vite rebaptisées les guides culinaires des Nuits secrètes. Il faut dire que nous en connaissons un rayon, si vous cherchez vous savez qui appeler !

19h21, vous reprendriez bien un peu d’amour… et de vin ? 

La pluie fait une petite pause. Nous sommes bercés par les textes et mélodies d’Odezenne. Quel plaisir de pouvoir enfin danser sans sa capuche vissée sur la tête ! Alors que le duo prône l’amour universel nous filons nous restaurer à l’Eden. C’est Flavien Berger qui s’y colle. « Nous ne sommes pas les Nuits secrètes, nous sommes plein d’entités, de vies différentes », lance-t-il à la foule. Sorti de son contexte on pourrait se demander dans quel trip se trouve l’artiste. Dans un bon délire également, la chanteuse de MO (photo) n’est pas à plaindre. Alors que nous ne nous y attendions pas elle apparaît sur la petite scène qui se trouve à côté de nous. Son verre terminé elle l’explose au sol. Ah, la vie d’artiste. 

00h25, même pas peur

A ma droite le géant de l'électro berlinoise, Paul Kalkbrenner. A ma gauche,  les deux DJs français de Contrefaçon. Les deux DJ's rameutent vite les derniers festivaliers indécis à coup d'électro énervée. Nous choisissons de découvrir Contrefacon à la Station secrète. Le cadre de celle-ci offre une proximité entre le public et les artistes. On oublie presque le festival et on se croirait en boite de nuit. « Paul Kalkbrenner joue en face, mais on l'entend pas ! » lance l'un d’eux. La sécurité est présente pour gérer les festivaliers surexcités devant ce set. L'un d'eux sort son laser lorsqu'un festivalier monte sur les épaules d'un autre pour lui faire signe de descendre. Nous avons le sentiment d'être privilégiées grâce au cadre intimiste de cette scène. Victoire de Contrefaçon. Vitalic enchaîne et nous tentons de retrouver nos esprits devant son set.

Jour 3. 10h00, le soleil renaît dans nos vies

C'est un dimanche plutôt tranquille qui s'annonce. Nous sommes réveillés par le comedy club de nos voisins. Il faut se lever pour apercevoir le jeune homme au micro. Les yeux sur son téléphone il enchaîne les « Toc toc toc ! ». Tous en chœur nous répondons « qui est là ? ». Nous aurions pu jouer à ce petit jeu des heures, même ses blagues les plus douteuses nous font rire. Nous passons une bonne partie de notre journée au camping qui se vide assez rapidement et ça, ça rapproche. A côté de nous, un groupe de troubadours dégaine une guitare et chante à tue-tête « ne partez pas ce soir » à leurs voisins de tentes qui rangent leurs affaires, déterminés. D'autres festivaliers tentent une pyramide humaine dans l'allée. Ils ont à peine le temps de la baptiser « la pyramide des copains » que celle-ci s'écroule. Soudain, une lumière surgit. Nous n'avions pas vu cela depuis un petit moment, mais oui c'est bien lui, le soleil ! Il n'y a définitivement qu'en festival où vous verrez une vingtaine de personne crier littéralement de joie et applaudir lorsqu’un rayon apparaît. 

21h10, on the road

Le soleil l’emporte finalement ! Quel bonheur de finir ce festival en délaissant les vêtements de pluie. On se sent plus léger. Nous finissons cette édition des Nuits secrètes devant le set onirique de Thylacine. Le DJ nous invite à bord de sa caravane le temps d’un concert. Le voyage est trop court à notre goût même si l’artiste ne semble pas vouloir s’arrêter. La foule en redemande. Il est temps de quitter les terres battues d’Aulnoye-Aymeries.  


Le bilan

Côté concert

La découverte scénique
Bon Entendeur, des musiques légères et des images de fond idylliques 

La siphonnée du bocal
MO, furtive, elle arrive derrière vous et éclate son verre de vin sans crier gare 

Côté festival

On a aimé

- L'ambiance toujours aussi conviviale : il fait définitivement bon vivre aux Nuits Secrètes.
- Une programmation qui n'a rien à envier aux autres festivals.
- La sortie du camping qui mène directement sur le site du festival : simple et sans détours.
- Un choix varié proposé aux festivaliers pour se nourrir, et à des prix abordables
- Le bar sous l'Eden, juste à côté de la scène
- La rapidité des bénévoles pour servir les festivaliers autant aux bars qu'aux stands de nourriture.

On a moins aimé :

- La file d'attente de deux heures pour récupérer son bracelet (et le café !) : définitivement pas assez de bénévoles pour gérer le flux important de festivaliers
- Un camping scindé en deux zones : on n'a toujours pas compris l'intérêt
- Le manque de communication de la part du festival
- Peut-on espérer des toilettes sèches et des éco-cup pour la prochaine édition ?
- Pas de lumière au camping : gare aux chutes en enjambant les tentes !

Conclusion

Manque de communication et mauvaise organisation : telles sont nos premières impressions de ces Nuits Secrètes 2019. Finalement, l'ambiance conviviale, la programmation et les moments de bonheur devant les concerts prennent un peu le dessus sur ce ressenti. Nous ne retiendrons que le meilleur car nous connaissons la force de ce festival. Une erreur de parcours peut arriver, on vous attend au tournant l'année prochaine les Nuits Secrètes !

Récit et photos : Lorena Caniaux