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Les Nuits Secrètes : A vos masques, prêts ? Partez !

Bienvenue dans le Nord et la petite ville d’Aulnoye-Aymeries pour découvrir la 14e édition des Nuits Secrètes. Le temps d’un week-end, vous y trouverez une grande scène gratuite, un Jardin de découvertes, et des Stations & Parcours Secrets bien mystérieux et alléchants. Suivez-nous, et ne vous perdez pas en chemin.

Jour 1. 16h02, débarquement dans le Nord

C’est parti pour trois jours de grand beau temps, de réveil dans la tente à 50°C, et de coups de soleil. Dès l'après-midi, les festivaliers commencent à investir doucement la ville, et s’installent sur les terrasses avec de bonnes bières belges. De notre côté, on s'attelle à réserver notre place de camping pour la modique somme de 20€ par personne pour les trois jours, dans le kiosque billetterie situé au centre-ville. C’est 5€ de plus qu’en pré-vente, et on avoue, on fait un peu la tronche. Après une folle queue et une fouille minuitieuse pour accéder au camping, on s’installe enfin sur le deuxième terrain. Rapidement, on fait amis-amis avec tous nos voisins et on décide de laisser Salut C’est Cool de côté pour profiter de ces nouvelles rencontres et partager l'apéro avec des gens des quatre coins de France et de Belgique. 

22h45, découverte de la grande scène

Après une bonne vingtaine de minutes de marche, on arrive au centre ville pour découvrir la Grande Scène, totalement publique et gratuite, fouille à l'entrée incluse. Décidément, à Aulnoy on prend ses précautions ! On arrive tout juste pour le concert de The Do (photo), la tête d’affiche de l’événement. Aucune fausse note pour la chanteuse déjà habituée des scènes de festivals, qui a l’air de plutôt convaincre un public très éclectique bien qu'il ne soit pas encore tout à fait ambiancé. On a nous-même du mal à être convaincu par la prestation, qui manque un peu d'émotion. S’en suit le live Jungle, qui sauvera l’ambiance de la morosité assurée avec groove entraînant et une pêche à revendre. Les mecs font danser la foule entière tout le long de leur prestation et laissent assurément une belle marque dans le ch'nord. On profite de l'extase générale pour faire notre pause repas de la soirée. Notre choix se porte sur le sweet hot-dog à 3,50€: cheddar fondu, compotée de concombres et des oignons frits, on y est retourné à trois reprises pendant le weekend. Addictif vous dites ? 

2h01, Oh de lali, la bonne aventure !

Tout semble passer très vite ce soir aux Nuits Secrètes et nous ne sommes pas encore rassasiées de notre soirée à la fin des lives sur la Grande Scène et dans le Jardin. C’est alors qu’on entreprend un long périple qui nous mène dans une dernière salle, couverte cette fois-ci, un peu planquée et moins prise d'assaut par les festivaliers : la Bonaventure. Ici, des artistes comme Salut C’est Cool ou Superpoze, qui joueront aussi en live pendant le weekend, se livrent à des DJ sets jusqu'au bout de la nuit et extenuent ce qui reste de festivaliers à faire jumper. Le trajet pour y accéder est long, mais on tient tout de même le coup, une heure et demie de plus, pour mieux retourner marcher dans le froid nordique à la recherche de la chaleur de nos duvets.

Jour 2. 16h30, un pogo dans la ville

Les gros concerts ne commençant que dans deux heures, on décide en cet après-midi ensoleillé, d'aller nous balader dans la ville histoire d’en découvrir les recoins qui nous seraient encore secrets. C'est ainsi qu'on tombre en plein centre ville sur un petit groupe de la région, Obsolète Radio (photo) qui encourage aux pogos de trottoir. Ici, la scène qui semblerait presque improvisée est à la même hauteur que le public et le guitariste s’en donne à cœur joie pour déborder dans une attitude de rockeur surexcité, le mec aurait mérité le Stade de France. Autre ambiance un peu plus loin où DDxie fait groover la Station Secrète à côte de la scène du Jardin, installé sur le toit d’un bus londonien à double étage. Au pied de cette scène pour le moins originale et colorée, les festivaliers profitent d’une plage aménagée où une dizaine de personnes dansent tandis que les autres chillent tranquillement les pieds dans le sable ou se laissent emporter dans les bras de Morphée, bien installés sur les quelques palettes mises à disposition.

17h12, le tracteur fou

Cette ambiance tropicale nous monte encore à la tête et on aurait presque oublié de vous parler du tracteur fou, dont les apparitions éclair ont ponctué notre weekend dans la ville. Pourtant, c’est pas l'originalité qui manquait et il nous a décidément surpris : cinq groupes, dont Chateau Brutal (photo) qu’on recroisera à plusieurs reprises pendant le festival, jouent sur une scène qui est tirée par un tracteur. Les gens marchent d’un pas rapide à côté de ce cortège pour suivre la fête et l’ambiance sur scène est électrique et rock’n’roll. De notre côté, on se sent quelque peu usées d'avoir marché toute la journée, on admire le spectacle de loin à chacun de ses passages.

17h45, We Don't Need No Education !

Sur la route vers la Grande Scène on croisera un groupe de rock bien inhabituel pour un festival : les musiciens qui le composent et qui font tout son charme ont 14 ans tout au plus (photo) ! Sous l’œil bienveillant de leurs parents, ces kids interprètent des reprises de grands classiques du rock, avec un début de set par Another Brick in the Wall de Pink Floyd... Pas sûr qu’ils comprennent encore la grandeur du chef d'oeuvre qu'ils réinterprètent sur ce bout de trottoir, mais le résultat est assez intéressant pour attirer de plus en plus de monde autour de cet étonnant quatuor. Longue vie à eux, et qui sait, peut-être que la Grande Scène les accueillera à leur tour un jour ? Sur cette dernière un peu plus loin, c’est au tour de Grand Morse (photo) de tenter d'envoûter les spectateurs. Les portes d’entrée s’ouvriront d’ailleurs en même temps que le début du concert, ce qui fera commencer le groupe devant un public inexistant. Un peu gênant pour eux mais aussi pour le public qui du coup doit se presser pour ne pas tout louper au concert. De ces musiciens on retiendra surtout cet aspect technique embêtant et une étonnante reprise de Walk On The Wild Side.

19h20, les cuivres du bonheur

Les neuf hollandais, membres de Jungle By Night (photo) montent sur la grande scène. Avec trois sections rythmiques, trois cuivres, deux guitares et un piano, ils arrivent à donner une pêche incroyable à tout le public avec une afro-beat revisitée et rafraichissante. Tout ça grâce à une formidable cohésion entre tous les membres du groupe, mais aussi grâce au plaisir qu’ils prennent en étant sur scène et incontestablement leur présence agréable pour les yeux. Si vous voyez où l'on veut en venir ... 

On s’éclipse entre deux concerts pour se refaire une santé. Aux abords de la Station Secrète à côté de la scène du Jardin, on retrouve notre stand favori de hot-dogs. Ce soir, on goûte les brochettes de chips faites-maison. La machine découpe la patate, qui est frie, puis saupoudrée d’arôme cheddar. Oui, on en bave encore. Et pour accompagner cela, on a la choix entre les différentes bières, avec plus plus ou moins de teneur en alcool pour un prix allant de 3 à 8€. On règle le tout avec la carte “Cash-Cache”. Achetée au début du festival pour 1€, on la recharge tout le long avec autant de crédit que l’on veut. Le concept bien installé dans nos festivals français depuis cette année est pratique, il nous évite de trop dépenser et nous permet d'avoir un budget fixe, qui reste rechargeable selon les envies. Il gère aussi notre folie de richesse illimitée lié au nombre de bières consommées...Vous connaissez, vous aussi ? 

21h45, la Scène du jardin est the place to be

On passe finalement la majorité de notre soirée du côté de la scène du Jardin en raison de sa belle programmation : on commence la soirée avec Jeanne Added, la belle surprise du soir. Le trio féminin de Reims enchaîne les dates cet été, et le public des Nuits Secrètes a le mérite de les baptiser de leur premier slam, grand étape dans la vie d'un artiste ! La chanteuse est ravie d’être là et nous le fait savoir à plusieurs reprises. On nage dans le bonheur et la satisfaction alors que la voix de la blonde platine aux cheveux en bataille nous donne littéralement des frissons. La Scène du Jardin se prête très bien à ce type de prestations, elle est intimiste et baigne dans une lumière tamisée, estivale et mystérieuse. Bon plan pour débuter une romance d'été, mais on n'est pas là pour ça. S’en suit Fauve, qu’on a déjà pas mal croisé, le charme opère devant un public clairement venu pour eux. Le groupe partage avec nous une osmose particulière et on saurait difficilement retranscrire ce moment si sincère. Retour à la réalité, Superpoze (photo) clôture la soirée. Le public de Fauve ne reste pas et ne se baladent plus que quelques courageux. L’ambiance est un peu morne, comme un retour de colonie de vacances. On ratera sans trop de regrets Asaf Avidan, qui d’après certains retours et bribes de conversations de centre-ville, était plutôt digne d’un somnifère.

01h30, after party sauce Quechua

Impossible d’être raisonnable et de ne pas profiter pleinement de ce qui fait toute l'ambiance d’un festival : le camping. On place d'ailleurs le camping des Nuits Secrètes dans notre top de l'année, même si 2015 n'est pas fini. L'ambiance est clairement à la fête, bien aidée par les sons des guitares et des diverses musiques qui raisonnent jusqu'au bout de la nuit. Le lieu est propice aux rencontres, on n'est pas dans le Nord pour rien, les locaux sont acceuillants ! Sans réelle fin, la soirée se terminera vers 8h sous les rayons de soleil qui nous éclairent déjà.

Jour 3. 12h11, réveil difficile

La nuit est glaciale, le reveil est lui plutôt brulant ! Le choc thermique est violent, les bières de la veille n'aidant pas à se remettre les idées en place, on tente de se remettre d'applomb en partant à la recherche d'un café. Mission très rapidement accomplie, un local tenu par des bénévoles distribue des petit-dejeuner pour 4€. On en profite d'ailleurs pour recharger nos téléphones, pendant qu'on profitera de l'ombre des arbres pour récuperer toute notre énegrie avant la suite. 

18h02, parcours secret n° 20

Les concerts « officiels » n’ont pas encore commencé mais il se trâme toujours quelque chose à Aulnoy-Aymeries pendant les Nuits Secrètes. Les festivaliers se groupillent encore aujourd'hui à la Station Secrète sous le soleil. Certains dansent sous la mix-tape de Château Brutal, la plupart se reposent à l’ombre du bus londonien. On y restera deux petites heures avant de nous rendre à un rendez-vous assez spécial. Sur le parking à côté de la Grande Scène nous attend l’un des bus magiques qui va nous emmener faire un des parcours secrets. Pour ne rien nous dévoiler de l'endroit où l'on se rend, les fenêtres du bus sont couvertes de papier alu. On se serre avec d'autres chanceux ayant réussi à obtenir un ticket pour un de ces parcours au fond du bus où la chaleur monte proportionnellement à l'excitation. Le temps d’une micro sieste pendant le parcours et nous voilà arrivés devant une église, sans avoir la moindre idée ou information supplémentaire sur ce qui adviendra de nous ici, dans ce bel endroit au fin fond du Nord. On pénètre avec fébrilité ce lieu saint pour y découvrir stupéfaits, Juliette Armanet (photo), une pianiste et chanteuse, qui nous offre un concert des plus émouvants. Sa voix angélique se prête parfaitement au décor et l'acoustique de l'endroit donne à la prestation un timbre très particulier. Le public est on ne peut plus attentif et calme, et chacun profite de cette accalmie et de la fraîcheur de l’église dans un silence religieux, les yeux pétillants d'admiration.

21h50, it's bluegrass time !

De retour de notre voyage dans les cieux, notre soirée du dimanche sera encore une fois dédiée principalement à la scène du Jardin. Et pour cause : The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band (photo) nous font l’honneur de leur présence. Ils ne feront cet été que quelques dates en France, alors les retrouver ici nous fait friser l’hystérie. Les fans du film Alabama Monroe comprendront, comme le reste du public qui ne l’aurait pas vu mais qui chante à tue-tête, jusqu’à les rappeler sur scène. Après avoir cassé nos cordes vocales, on traverse le Jardin en courant pour ne pas rater Acid Arab sur la Grande Scène, qui met une ambiance de feu, comme à son habitude, une valeur sûre.

00h00, planer pour mieux aller dormir

On reprend la course dans l’autre sens à la fin du set pour ne pas rater Girls In Hawaii (photo). Beaucoup plus rock en live qu’en album, on plane sur leur musique qui serait le combo parfait entre du rock progressif et du Nada Surf ressuscité, on ne pouvait espérer mieux pour ce dernier concert et on quitte l'enceinte des Nuits Secrètes les souvenirs plein la tête et encore quelques frissons dans la nuque. 

Le Bilan

Côté scène

La bonne découverte
Jeanne Added, on ne connaissait pas, maintenant on l’écoute.

Les retrouvailles
Fauve, parce qu’ils dégagent une vraie émotion et un vrai partage avec le public

A ne pas rater
The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band, ils ont su conquérir ce public avec brillo.

La déception
The Do, pas beaucoup de place à l'émotion dans un show millimétré

Côté festival

On a aimé :
Une grande scène gratuite, et des petites scènes qui permettent de s’ambiancer en début d’après-midi et entre deux changements de plateau.
La scène dans la ville où jouent des groupes locaux
Les bières locales et les food trucks
La carte cash-cache pour payer pendant le festival.
Le camping, et ceux qui le composaient : ambiance au top

On a moins aimé :
Un camping assez cher pour un festival (20€ par personne pour les 3 nuits)
Des distances élevées entre les différentes scènes, surtout pour la scène Bonaventure.
Aucun parking sécurisé proche du camping
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 Le manque de poubelles, partout. 
Les toilettes chimiques, donc affreusement sales. Heureusement des petites mains secrètes venaient régulièrement alimenter de papier et nettoyer toutes les horreurs.

Conclusion 

On n’aurait jamais voulu devoir dormir. Les Nuits Secrètes nous ont offert trois jours d'un festival au top, entre une programmation magnifiquement bien huilée et l’ambiance d'un camping qui a pour maître mot l’amour et la fête. Aulnoye-Aymeries et les Lillois venus en masse ne font que confirmer l’image de la terre accueillante et chaleureuse qu’est le Nord. Et ça, ce n'est un secret pour personne. 

 

Récit et photos : Juliette Ortiz et Cécile Nougier