On était à
Le Fool Moon Fest, 48h de festival sur la lune !

T'en as assez des concerts à la MJC de Flogny-la-Chapelle et tel Buzz l'éclair, tu rêves d'infini et d'au-delà en regardant les néons de la salle des fêtes ? Le Fool Moon Fest est fait pour toi ! Non content d'avoir colonisé les villes, les campagnes et les déserts, les festivaliers se lancent enfin à la conquête de l'espace ! Tous les Festivals s'est rendu sur place pour vous raconter le tout premier festival en apesanteur, donc en toute légèreté !

Jour 1. 14h, ça c'est de la navette !

Depuis le temps qu'on vous parle de "navette" pour vous emmener en festival, autant vous dire que pour une fois, il ne s’agît pas d'un minibus mais bien d'un engin qui ferait passer Bruce Willis pour un conducteur de tuk tuk !

Bon certes il faut déjà se rendre à Cap Canavéral pour prendre la-dite navette, mais pour s'offrir un week end à jumper sur la Lune, il faut s'en donner les moyens. À notre arrivée sur le tarmac de Floride, on commence déjà à avoir les fluides qui flanchent. Mais l’accueil à la station de décollage nous rassure : petit briefing tout en détente autour d'une sangria et on enfile déjà les combis. Autour de nous, ça prend des selfies à tout va et le stress fait place à l'excitation. On embarque dans la navette et le décollage nous rappelle que les fluides avaient bien l'intention de rester sur terre. On prie pour qu'il y ait un pressing sur place car on est censé passer 72 heures dans la combi...

20h30 heure terrestre, on est DANS LA PLACE !

Nan mais allô la Terre quoi ? Ici la Lune ! Après 20 heures de vol et contre quelques milliers d'euros, on est sur la Lune, prêt à profiter de chaque minute de ce festival cosmique et à se mettre une cuite extraterrestre. D'ailleurs, dès la sortie de la navette on a déjà l'impression d'avoir deux grammes, entre le manque d'oxygène et d'apesanteur ! Mais pas le temps de s'extasier, on se dirige vers le Lunar Camping ! Et oui même sur la Lune, on fait péter la deux secondes !  Et pour une fois, on ne fait pas l'impasse sur les sardines histoire ne pas se retrouver en train de planer dans l'espace tel un Snoop Dogg au réveil. Notre camp de base installé, on bondit vers le premier concert de la soirée qu'on entend déjà résonner au loin sur la Mum I'm On Da Moon Stage.

22H07, Heymoonshaker nous met en orbite

A notre arrivée devant le concert, on comprend très vite que ce festival ne ressemble à aucun autre : on trouve des centaines de festivonotes qui jumpent et bondissent littéralement dans les airs devant le groupe néo-zélandais Heymoonshaker qui, on le comprend, oscille entre fascination et émerveillement. Il faut reconnaître que la vue de la Terre en arrière-plan balayée de lasers qui se perdent dans l'espace, ça a quand même autrement de la gueule qu'un festival boueux avec vue sur chiottes et stands de frites en plein mois de juillet. Mais loin d'être simple spectateur, le duo fait le show, avec une mention spéciale pour le beat boxeur qui s'éclate dans son casque de cosmonaute recouvert de bave. A la fin du concert, on se dirige vers un des nombreux Cosmic Bar pour déguster une bière de l'espace, dont le prix se rapproche d’ailleurs plutôt d'une coupe de champagne en terrasse sur les Champs Elysées. En même temps on s'en fout, car ici, il n'y a vraiment pas besoin de l'alcool pour s'amuser (et pour une fois c'est vrai).

00h12, Le Space Cowboy gare son cheval sur la Lune

On imagine que les artistes n'ont pas dû être trop gourmands sur le cachet pour venir jouer sur la Lune. C'est probablement le cas de ce bon vieux Jamiroquai que l'on rejoint sur la deuxième scène du festival, The Dark Side Stage. L'ambiance monte encore d'un cran avec ses tubes interplanétaires comme Feel Good ou Cosmic Girl qui collent parfaitement avec le décor. La foule est en furie et on manque même de se faire percuter par un festivonote en slam qui doit se trouver aux environs de Jupiter à l'heure où l'on parle. C'est vrai que les slams sont interdits, et grâce à lui, on comprend mieux pourquoi ! Combinaison à frange et casque à coiffe indienne, il est paré à toutes occasions le Jami et son show est aussi réglé qu'aux Eurockéennes en 2013.

On sort de son live éreinté et avec une odeur de renard dépecé dans la combi mais on finira quand même la nuit devant le dernier concert avec les Canadiens de Half Moon Run dont l'ambiance mystique est parfaite pour finir cette première soirée en douceur. Et on a beau être, comme d'habitude, à l'autre bout du camping, le trajet retour est quand même largement plus fun sans gravité !

Jour 2. 09h33, Le rêve éveillé repart de plus belle

La vue de la Terre au réveil, c'est un bonheur dont on ne se lasse évidemment pas. L'odeur de la combi dès le matin, on aurait bien fait sans. En se dirigeant vers les stands du camping, on a vraiment de plus en plus de mal à dissocier le rêve de la réalité. Heureusement le prix des cafés et des croissants nous remet les pieds sur Terre...enfin sur la Lune ! On règle avec les quelques Moonlars qu'ils nous restent de la veille. Pour info et pour faire simple, 1 moonlars = 1 assurance vie. Ça pique mais l'avantage, c'est que tu te fais pas chier pour faire la conversion.

On profite longuement de ce petit déjeuner en terrasse lunaire à regarder un panorama d'un autre monde et à rencontrer des Cosmobretons qui décidément sont VRAIMENT partout. Ils nous racontent d'ailleurs qu'ils sont allés planter le drapeau breton à la place de celui d'Armstrong, histoire de montrer qu'en festival, c'est bien eux les patrons. Apesanteur ou pas, les effets d'un café matinal restent les mêmes et on se dirige donc vers les toilettes de l'espace. Et là encore, force est de constater que les similitudes avec leurs cousines terrestres sont nombreuses. Seules différences notables, elles sont pressurisées pour éviter un retour à l'envoyeur comique mais assez malsain. En tout cas l'odeur à l'intérieur reste la même, mais difficile de dire si c'est la combi ou les toilettes en réalité.

15h35, Le space Kebab supplément météorites

A force de s’émerveiller de la vue, on en aurait presque oublié qu'on est venu ici pour voir des concerts. Mais le groupe Walk The Moon, qui lance la dernière journée du festival, vient rappeler à la foule pourquoi elle est là, et l'ambiance repart de plus belle. Les Américains qui cette fois, n'en déplaise aux Russes, ont incontestablement posé le pied sur la Lune, chauffent la foule à blanc avant de laisser la place à Moon Holiday, dont les sonorités perçantes et les basses puissantes font trembler la poussière de l'astre blanc. Relation de cause à effet ou pas, ça nous ouvre l'appétit et on se dirige vers un stand qui nous fait de l’œil : Le Space Kebab. On commande un moon döner sauce cosmonaute avec des vrais bouts de météorites dedans. C'est gras et mauvais, comme un kebab normal en fait, mais ça te sauve la vie tout pareil après six pintes ! En tout cas ça nous redonne des forces et on est prêt à attaquer la dernière soirée qui s'annonce stratosphérique. De toute façon on est déjà tellement haut sur l'échelle du kiff qu'on ferait passer Baumgartner pour un mec qui plonge du bord de la piscine.

20h30, Empire Of The Sun, plus perché que la Lune

Groupe très attendu ce soir, les Australiens d'Empire of the Sun viennent illuminer la Dark Side Stage. Première surprise, les deux comparses n'ont pas de combinaisons ! Aucune prouesse technologique là-dedans, le duo à l'air tellement perché qu'il semble vivre dans l'espace depuis plusieurs années déjà. Côté scène, leur ambiance pop mystique hypnotise la foule et c'est bien le principal. Leur titre Walking on a Dream résonne d'ailleurs comme un hymne tout trouvé pour ce festival hors norme. 

A peine le temps de souffler à la sortie de leur concert que l'extraterrestre Skrillex nous attend sur la Mum I'm On Da Moon Stage. On l'avait déjà croisé sur son Spaceship Tour, et pour ne pas décevoir, c'est donc en vrai vaisseau spatial que le phénomène fait son entrée. Au vu de son engin, je crois qu'on vient de rejoindre Bruce Willis et les conducteurs de tuk tuk avec notre navette de vendeur de singles. En tous cas lui non plus n'a pas l'air trop chamboulé par l'environnement. On savait bien qu'entre sa coupe de cheveux et sa musique, il ne devait pas avoir tous les vaccins à jour mais là c'est sûr : ce mec a définitivement un pied-à-terre dans les parages. Comme à son habitude, il arrose la foule de basses torturées et on se croirait pris dans une tempête cosmique. A la fin de son live, on essaye tant bien que mal de se remettre les neurones en ordre pour le dernier live de la soirée.

00h50, Moby : un aller sans retour dans le cosmos

En se dirigeant vers la Dark Side Stage, on commence déjà à avoir la poitrine serrée dans nos combis... c'est bel et bien le dernier concert sur la Lune, mais quel concert ! Un Dj set de trois heures de l'artiste américain qui régale la foule de ses titres les plus connus et nous fait passer du jump aux larmes en quelques notes. Il aurait remixé du Michel Delpêche qu'on aurait quand même chialé de toutes façons. Si c'est un artiste sur Terre, il prend la dimension de demi dieu dans l'espace tellement ses mélodies collent parfaitement au décor et à l'ambiance qui règne pour ce dernier concert. On aimerait que ce moment ne finisse jamais, quitte à bouffer des météorites pour le reste de notre vie. Hélas il finit bel et bien par se terminer après trois heures de pur bonheur et sous les acclamations des festivonotes qui ont trouvé leur pilote vers le cosmos. Et même si il faut rentrer sur Terre on est prêt à suivre notre nouveau guide, quitte à s'installer dans une yourte au Mozambique et à manger des excréments de larves hallucinogènes en attendant la délivrance cosmique.

Côté Concerts

On a aimé:
Le beat box en combi de Heymoonshaker.
L'arrivée en vaisseau 16S de Skrillex.
Le voyage intersidéral du maître Moby.

Côté festival

On a aimé :
- C'est sur la lune !

On a moins aimé :
On vous a parlé de l'odeur dans les combis ?

Conclusion

Au retour sur Terre, après un trajet retour somme toute très semblable en terme d'odeur et de sommeil à un retour en bus de festival, on ne regarde définitivement plus la Lune de la même façon. Bien sûr au début on est triste et nostalgique de ce que l'on vient de vivre. Mais après avoir enlevé la combi, respiré de l'air sain et pris une douche, on finit par se dire qu’on n’est quand même pas trop mal ici-bas. Après quelques temps, on se demande même si on n’a pas juste rêvé de ce festival. Mais ça devait quand même être réel, sinon on aurait forcément rajouté des orgies...

 

Un faux récit de Vincent Maniey
Des vrais montages de David Beltramelli