Cette année, pour changer des huîtres et du foie gras de chez grand-mère le soir de noël, on a pris nos billets pour le Christmas Fest. Un festival organisé chaque année pour noël en Laponie dans la résidence personnelle du Père Noël. Car à défaut de livrer des cadeaux dans le monde entier, le papy organise un événement pour entretenir son énorme panse de bières et spiritueux en tout genre. Détruisons une fois pour tout le mythe : non seulement il ne livre pas de cadeaux, mais son haleine sent la 8-6 au micro-onde (comme vous aviez pu le remarquer le jour de cette fameuse photo dans la galerie commerciale du Leclerc Vierzon).
Jour 1- 16h00, Arrivée en renneault 16S
S’il faut à peine trois heures de vol pour rallier Paris à Helsinki, il nous aura fallu faire près de 16 heures de train depuis la capitale Finlandaise pour enfin arriver à Rovianemi, bourgade officielle du Père Noël. C'est donc avec les jambes lourdes et la soif d'un touareg berbère que l'on se dirige vers les navettes ralliant directement la gare au camping du festival. On découvre alors avec joie que les fameuses navettes en question sont en réalité des traîneaux attelés à des rennes fonçant à toute allure et slalomant à travers la forêt de sapin. La magie de Noël opère déjà et les engelures naissantes sur nos visages nous font vite oublier nos courbatures.
20h30, Des yourtes avec des vrais morceaux de bêtes dedans !
C'est vivifié et rafraîchi que l’on découvre avec émerveillement l'immense camping dans lequel on passera notre weekend. Température glaciale oblige, tous les festivaliers sont logés dans des yourtes situées à deux pas des scènes, pour éviter une session raquettes à chaque aller-retour. On dépose en vitesse nos backpacks sur nos lits en peau de visons fraîchement dépecés pour l'occasion et on file vers la Snowstage, scène principale du festival.
22h20, Lordie chauffe la glace
Fontes des glaces obligent, le festival organisé sur deux jours, les 24 et 25 décembre, n'a pas le temps de passer par la case échauffement. On est donc immédiatement lancés dans le froid de l'action avec les locaux Lordi, fameux groupe de métal finlandais vainqueur de l'eurovision en 2006. Les stars locales attaquent sur leur titre Hard Rock Hallelujah ce qui a le mérite d'enflammer la foule, à moins que ce ne soit la Mère Noël qui foute le feu au stand de merguez. Quoi qu'il en soit l’énergie sombre et puissante du groupe transporte tout le monde et les batailles de boules de neige remplacent les traditionnels pogos.
00h02, Chvrches pour la messe de minuit
On a tout juste le temps de prendre une pinte au prix glacial de 13 euros dans un des Icebar du site, où des lutins même pas nains vous servent des bières pour le moins rafraîchissantes, et l’on se dirige vers la Santa Scène où Chvrches est programmé pour la messe de minuit. C'est au milieu d'une foule compacte - qui joue évidemment plus la carte de l'unité que celle de l'ivresse pour contrer le froid - que l'on assiste au show pop du groupe mené par la voix cristalline de Lauren Mayberry. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la foule ne reste pas de glace devant la prestation proposée par le trio anglais !
01h45, David guetta fait parler la poudre
Mais pas question de se laisser endormir et de risquer l'hypothermie ! On quitte le concert avant la fin pour retourner sur une Snowstage presque pleine et déjà prête à accueillir le grand David Guetta, nouveau roi de la poudreuse depuis son set remarqué de Tommorrowland. Et ce soir encore, le DJ ne semble pas avoir sucé que des glaçons en backstage. Mais cela ne l'empêche pas de régaler la foule de ses titres mondialement connus. On a beau être plutôt frileux quant à sa musique, il faut admettre qu'il sait mettre l'ambiance ! C'est quand même le seul DJ à mixer les mains en l'air avec des moufles ! Après le show, il est déjà temps de rejoindre notre yourte après une première soirée plus chargée en émotion qu'en alcool au vue du tarifs des boissons, mais on a hâte d'être à demain pour continuer de déballer nos cadeaux !
Jour 2. Un superbe coucher de soleil...à 15h !
Dans cette région du globe, les journées sont courtes, donc si l’on veut voir le soleil, pas question de traîner au lit ! On décide de prendre un petit bain matinal dans les sources chaudes du site pour commencer la journée. Un vrai régal de dé-cuiter de la sorte et de pouvoir pisser dans l'eau en toute discrétion en tissant de nouvelles amitiés. Pour se rafraîchir après tous ces efforts, on passe par le stand Coca Cola qui comme à son habitude, est plutôt bien fourni en mères noël. Mais pour Noël la marque se doit de mettre le paquet sur la déco et l'animation, et on est à deux doigts de repeindre notre slip fourrure à la vue des deux énormes ours blancs qui se baladent dans le stand !
16h55, Collation au beurk de yak
On se remet de nos émotions en faisant une halte aux stands restauration. Là, on opte pour la spécialité locale, la tartine au beurre de yak, qui tient tellement au corps qu'elle doit également servir de mortier pour les habitations de la région. Pour faire passer ce pavé, on décide d'aller remuer nos culs gelés à la Snowstage où Ice Cube balance déjà ses premières rimes. Si le froid, la fatigue, et le beurre de yak nous ont un peu anesthésiés en ce début de soirée, on peut dire que Ice Cube est carrément cryogénisé. Malgré les démonstrations remarquées de tronçonnage de glace sur scène, on s’ennuie sévèrement devant celui que la foule surnomme désormais Ice Cube Zero (en référence au coca zéro). Heureusement, le papa noël de la drum and bass nous attend sur la Santa scène !
23h34 Andy Christmas déballe sa hotte !
A peine arrivé sur scène que le phénomène Andy C, rebaptisé Andy Christmas pour l'occasion, met les petits plats de noël dans les grands. La foule est chauffée à blanc et les plus téméraires se risquent même aux slam torses nus. Les plus robustes s’en sortiront avec une simple laryngo-trachéite. Au milieu d'un set survolté, Santa Claus en personne, qui avait jusqu'ici plus brillé par son absence, vient carrément jouer les MC sur scène ! Son flow imbibé est loin d'être ravageur mais le charisme du papy fait quand même son effet, bien aidé il est vrai par les canons à cadeaux qui arrose la foule en masse !
01h40, Un yeti dernier pour la route !
On ressort de ce concert éreinté et sans cadeaux mais prêt à finir le festival en beauté lors de la Yeti Party qui se joue sur la Snow stage. A notre arrivée, on comprend vite le concept : un Dj inconnu qui fait danser une foule déguisée en yeti, les fameux cadeaux qu’on n’a pas eu malgré une bataille acharnée, qui nous a bien fait comprendre comment les vikings avaient envahi l'Europe. A défaut de pouvoir laver cet affront on a au moins de la glace sous la main pour faire passer la douleur et on peut donc danser dans une ambiance de dingue jusqu'au petit matin ! Point d'orgue du festival, on aura même l'occasion de refaire une photo avec le père noël, ivre mort allongé sur le comptoir d'un Ice bar. Encore une preuve, s'il y en fallait une, que le plus célèbre papy du monde, à l'image de son festival, n'a vraiment pas froid aux yeux !
On a aimé :
- L'arrivée en traîneaux, ça a quand même plus de gueule qu'en minibus
- Les sources chaudes sur le site, c'est sale mais c'est bon
- Les sculptures collectives de « glace en pisse » vers les toilettes
On a moins aimé :
- L'odeur dans les yourtes, les visons devaient avoir roulé des pelles au père noel
- Les lèvres qui restent collées aux verres de bières (mais le beurre de yak sert également de labello)
- Les serveurs nains n'étaient pas de vrais nains.
Conclusion
Ambiance de feu malgré le froid, des illuminations à faire pâlir les Champs Élysées et un accueil à faire passer Disneyland pour un gîte Franc-comtois, pas de doute que ce festival va bien au-delà des clichés. Une expérience que tous les festivals recommande à toutes celles et ceux qui ne croient plus au Père Noël !
Un faux récit de Vincent Maniey