On était à
La Magnifique Society 2019 : Le Parc de Champagne en pleine effervescence !

En seulement 2 ans la Magnifique Society a su éveiller notre intérêt et devenir un passage obligé pour débuter notre tournée des festivals du Grand Est. Avec une programmation aussi séduisante il était hors de question de manquer cette 3ème édition, alors fini de buller ! Direction Reims pour venir fouler la pelouse du Parc de Champagne, véritable havre de paix et de sérénité, qui se transforme en dance-floor géant pendant ces 3 jours de la mi-juin.


Jour 1. 21h22, Bruxelles arrive

Les concerts ont déjà débuté lorsque nous arrivons à la cité champenoise ce jeudi soir, et après avoir mis 10 minutes pour garer notre bolide et rentrer sur le site, nous nous faufilons sans aucun problème devant la Mainifique, la scène principale du festival, autour de laquelle de grands pins se dressent et où Roméo Elvis joue actuellement. La hype autour des live du rappeur belge est justifiée, il se donne véritablement sur scène (photo), il y a parfois quelques approximations sur les textes de son nouvel album Chocolat mais le public relativement jeune, semble lui les connaître par cœur. On peut dire que l’ambiance est bonne mais pas aussi folle qu’elle pourrait être, à l’image du pogo durant la chanson éponyme, étrangement mou.


22h47, la touche rémoise

Après ce premier concert, direction les stands cashless. Cette année, la Magnifique Society a en effet, troqué sa monnaie contre ce système valable sur tous les stands, moins ludique mais plus pratique il faut d’admettre. Nous achetons et créditons notre carte avant d’aller nous abreuver sur l’un des bars du site, qui servent tous de la bière, du vin et bien évidemment cette célèbre boisson locale qu’est le champagne. Une bière à la main, nous écoutons l’électro perché de Jon Hopkins sur la scène Central Park, tout en jetant un œil sur la population autour de nous : Plus bobo chic que baba cool. Comme l’année dernière l’excentricité des festivaliers est contenu, mais pas de doute, nous sommes bien chez les rémois.


23h31, on déambul(l)e de Champagne

Nous passons rapidement devant Christine and The Queens et on en profite pour déambuler dans le Parc de Champagne, on admire les nombreux arbres, qui sont, à cette heure-ci, magnifiquement illuminés (photo). Sur notre chemin on aperçoit une machine à bulles installée près du bar à champagne, et où pas mal de festivaliers s’arrêtent pour prendre des photos, c’est vrai qu’au vu du contexte, l’idée est plutôt amusante. La décoration et la configuration du site n’ont pas trop changé par rapport à 2018, en revanche la troisième scène, renommée Club Trotter bénéficie désormais d’un espace plus vaste au fond du site. Juste en face on retrouve le Tokyo Space Odd, le lieu dédié aux bornes d’arcade, bien moins excentré que l’année dernière et l’endroit idéal pour faire une partie de Tetris ou de Mario avant un concert.


00h44, le retour de Vladimir

C’est avec un quart d’heure de retard que Vladimir Cauchemar vient conclure cette soirée sur la Central Park (photo). Presque un an pile après son premier passage à la Magnifique Society, où nous l’avions découvert, on peut dire que l’artiste au splendide crâne reluisant a pris du galon. En témoigne ses nombreuses collaborations avec Vald, 6ix9ine ou encore Roméo Elvis. Il était d’ailleurs venu faire un petit bain de foule lors du concert de ce dernier un peu plus tôt dans la soirée, ce qui n’avait pas manqué de faire réagir la foule, qui ici se lâche enfin pour s’abandonner aux rythmes endiablés du DJ damné, venu tout droit du royaume des enfers. On en ressort complètement rincés, d’avoir dansé pendant plus d’une heure mais aussi par la bière, qu’un festivalier a jeté dans le public. Quel gâchis !


Jour 2. 18h26, flâneries musicales

Toujours pas de camping pour cette 3ème édition, il faut donc se débrouiller pour se loger durant 3 jours si on n’est pas du coin. Hébergement chez des amis, hôtel ou AirBnb, de cette façon, il est évident que l’on aborde un festival différemment : moins fatigué et plus propre notamment. Un luxe auquel nous sommes peu habitués ! Peu après l’ouverture du site nous flânons tranquillement dans le Parc de Champagne, il y a peu de monde, l’ambiance est détendue et familiale (photo), c’est agréable on ne va pas se mentir. Par la suite, nous nous asseyons non loin de la scène Central Park, pour écouter Taichi Mukai, groupe de pop japonaise qui joue devant une majorité de festivaliers, qui sont comme nous, complètement avachis dans l’herbe à siroter leur bière.


19h18, halte au village Green Room

A La Magnifique Society il y a pas mal d’activités à faire entre deux concerts. Hormis les jeux vidéos, il y a La Petite Society, qui propose divers ateliers tels que la customisation de lunettes, l’élaboration de broches en bois ou encore la fameuse fabrication de couronnes de fleurs (qui par conséquent pullulent sur tout le festival).  Nous préférons cependant divaguer vers le village Green Room, une autre nouveauté de cette édition. Il s’agit en fait de quatre petites caravanes, dans lesquelles on peut trouver le stand merchandising du festival, un disquaire, un minuscule dance-floor où plusieurs DJ viennent mixer tout au long du week-end et surtout un karaoké (photo). C’est l’occasion pour nous de se servir de nos belles vocalises en chantant du NTM ou du Alliance Ethnik, on a tenté aussi The Real Slim Shady d’Eminem mais c’est très compliqué de suivre le débit, surtout sobre.


22h03, une bonne douche écossaise

Le blues créole de Delgres sur la scène Central Park, à défaut de nous captiver totalement, parvient à nous mettre en jambe avant le gros morceau rock de ce vendredi soir qu’est Franz Ferdinand. Les écossais jouent sur la Mainifique, ce n’est pas la première fois qu’on les voit en festoche mais le chanteur Alex Kapranos nous semble particulièrement en forme : énergique, souriant et faisant l’effort de baragouiner quelques mots de français pour communiquer avec son public, c’est toujours appréciable. Sa performance n’empêche malheureusement pas la pluie de tomber à la fin du concert (photo). A ce moment-là les arbres ainsi que les chapiteaux seront les meilleurs amis des festivaliers qui cherchent à se mettre à l’abri des gouttes.


23h11, après la pluie, du zef sur le parc

Près d’une heure plus tard c’est l’accalmie sur le Parc de Champagne mais une tempête est annoncée... Die Antwoord débarque en effet sur la Mainifique et s’apprête à tout ravager sur son passage (photo). C’est de loin le concert que l’on attend le plus du week-end, le style trash et freak du groupe, véritable ambassadeur du zef (mouvement de contre-culture sud-africaine consistant à sublimer le ringard) nous séduisant tout particulièrement. Et comme on l’espérait, ça tabasse sec ! Du beat brutal, une énorme prestation de Ninja et Yo-Landi Vi$$er et une mention spéciale aux zizis géants volants diffusés sur les écrans géants. Franchement on n’est pas déçus, le public est lui assez chaud, bien que les tentatives de slam ne durent hélas jamais plus de 10 secondes.


00h24, les enfants terribles de Columbine

Les festivaliers se montrent tout aussi réceptifs pour Columbine sur la scène Central Park (photo). On ne connaît pas vraiment le répertoire des rappeurs rennais contrairement au public, composé de beaucoup de jeunes filles si on croit les cris émanant de la foule, qui entonne les chansons du groupe à tue-tête, y compris le tube « Adieu Bientôt », dernier titre joué, ultra-efficace et parfait pour terminer ce concert et cette soirée. On repart donc plutôt enjoué mais une question nous brûle les lèvres : Pourquoi Foda C, l’un des chanteurs, garde t-il son sac à dos pendant les trois-quarts du concert ? Serait-ce parce qu’il y tient énormément et que de nombreux vols ont été signalés sur le festival ? On ne le saura jamais…


Jour 3. 17h31, Falafel, ail et fines herbes

Après un petit détour aux bornes d’arcade nous voici déjà devant notre premier concert du jour : Caballero & JeanJass. On ne peut pas dire que l’on soit de grands fans du duo à la base mais on est agréablement surpris par leur performance live sur la Mainifique (photo). Un véritable show théâtralisé, une ambiance de feu, une énergie et une bonne humeur communicative…tout cela confère un énorme capital sympathie aux deux rappeurs belges. Excellente mise en bouche donc avant le plat de résistance que l’on cherche sur les foodtrucks du site. L’offre est plus conséquente que l’année dernière avec l’apparition des falafels, tacos et frites belges mais les files d’attente reste longue, surtout aux stands de burgers. De notre côté, notre choix se porte sur une poutine et un wrap fallafel, tous deux délicieux, et servis assez rapidement.


20h14, Made in Asia

Il y a bien plus de monde au Parc de Champagne que les deux jours précédents, mais se balader sur le site reste un instant délectable, on y flâne et circule sans soucis. En plus, si on est fatigués ou agoraphobe, il est facile de se poser pour regarder un concert de loin, les scènes étant situées en pente. C’est d’ailleurs ce que l’on fait dans un premier temps pour Yonyon (photo). Si son nom prête à sourire, la DJ japonaise s’avère être plutôt douée, démarrant devant une foule quasi-nulle puis parvenant à attirer les festivaliers et remplir le devant de la scène Central Park au bout de quelques mix. A noter que la Magnifique Society programme un grand nombre d’artistes provenant du Japon mais aussi de Corée depuis cette année. C’est une spécificité qui nous permet de découvrir des artistes que l’on n’aurait probablement jamais écouté, ça mérite donc qu’on s’y attarde que l’on soit japonophile ou pas.


22h02, attention la Bagarre !

Dire que les festivaliers attendent Nekfeu avec impatience serait un doux euphémisme, le rappeur venant tout juste de sortir son nouvel album. Cependant on sait ce que vaut le Fennec sur scène et après quelques chansons on est plus tentés d’aller voir Bagarre qui joue en même temps sur la scène Club Trotter. Et quelle bonne idée nous avons eue ! C’est une belle petite claque que l’on se prend. Les membres sont possédés, changent d’instruments à tour de rôle, impossible de décrire précisément le style du groupe, on dirait l’enfant illégitime de Sexy Sushi (qu’on adore) et Fauve (qu’on aime moins mais bon). C’est survolté et enragé, tout le public est en transe (photo), Vladimir Cauchemar qui a coproduit un titre vient même faire un coucou sur scène, bref il y a tout ce qu’on aime !
 

23h32, nouvelle escale à Tokyo

Pas convaincus par la prestation stoïque de Sebastian, nous retournons sur la scène Club Trotter pour la fin du concert de Tigarah. Nous avons une nouvelle fois affaire à une artiste japonaise, la DJ et rappeuse affublée d'une combi jaune telle Black Mamba dans Kill Bill, secoue sa tignasse rose avec vigueur et électrise totalement la foule. Dans un français impeccable elle annonce que le dernier morceau est une collaboration avec Vladimir Cauchemar, qui est décidément partout, ce qui a don de mettre la foule en délire. Un moment court mais intense qui nous a donné soif, on ne retrouve malheureusement pas la Niwa, la bière aux arômes de thé et brassée exclusivement pour le festival, qui avait fait notre bonheur lors de l’édition précédente, on se contentera donc d’une simple Lagunitas IPA.


00h14, final interstellaire

C’est à Parov Stelar que revient la lourde tâche de clôturer la 3ème édition de la Magnifique Society. Rendez-vous donc devant la Mainifique, qui est bien moins bondée que lors du concert de Nekfeu, pour le grand final ! Le talent de l’autrichien et de ses musiciens n’est plus à prouver mais on attendait de voir ce que pouvait donner la nouvelle chanteuse Elena Karafizi qui a rejoint le Parov Stelar Band (photo) depuis peu. Elégante et incarnant parfaitement les sons electro-swing du groupe, c’est un sans faute et une nouvelle fois un show réussi. Dommage que le public manque parfois de vitalité, cela n’entache rien au spectacle mais ça reste perturbant. 1h15 plus tard le rideau tombe, comme les autres soirs les concerts finissent tôt, un brin frustrant pour nous qui aurait bien aimé continuer la fête un peu plus tard dans la nuit.

Le bilan


Côté concert

La belge touch
Roméo Elvis et Caballero & JeanJass, c’est pas dégueulasse !

Le squatteur de scène
Vladimir Cauchemar, à force de talent et de collaboration le mec se retrouve partout, y compris sur les scènes des autres et c’est pas pour nous déplaire

L’instant rock
Franz Ferdinand, avec un Alex Kapranos qui fait plaisir à voir, il est en pleine forme

Le freak show
Die Antwoord, la définition même du mot folie, on en veut encore

L’escale nippone
Yonyon et Tigarah, une invitation bienvenue au pays du soleil levant

La claque
Bagarre, ils arrivent à fond comme une baffe dans ta face !

Le final au plus près des étoiles
Parov Stelar, du bon électro-swing, idéal pour terminer le week-end !


Côté festival

On a aimé :

- Le Parc de Champagne, un cadre bucolique et charmant toujours aussi agréable à parcourir
- L’agencement du site et la proximité des scènes, dur de manquer un concert
- La programmation musicale de qualité, alliant grands noms et pépites venues d’Asie ou d’ailleurs, il y en a pour tous les goûts, en revanche toujours pas de reggae
-Les activités proposées par le Green Room Village, on se refait un karaoké quand vous voulez !
-Les nouveaux foodtrucks , gros coup de cœur sur les falafels
- Le Séoul & Tokyo Space Odd et ses jeux d’arcade mais…

On a moins aimé :

- C’est dommage de ne pas développer davantage l’aspect asiatique  à travers des expos, de la déco ou même des stands de nourriture, d’ailleurs où est passé le stand asiatique de l’année dernière ?
- Les toilettes chimiques parfois sales et mal éclairées voire sans papier ni savon
- L’absence de la Niwa, la seule bière brassée localement lors de la précédente édition, RIP
- Un peu plus de folie de la part du public rémois ne serait pas de refus ! Un camping à proximité pourrait peut-être changer la donne ?


Infos pratiques

Prix des boissons
La pinte de bière à 7€50

Prix de la nourriture
Burger, américain, hot-dog ou poutine à 8 euros, wrap falafel à 6 euros, entre 2 et 5 euros pour un cornet de frites

Prix du festival
Pass 3 jours : 89 euros, pas de camping donc compter l’hébergement en plus

Transports
1h45 de Paris, 2h de Metz et de Lille
Navette gratuite mise en place de la gare de Reims jusqu’au festival

Conclusion

La Magnifique Society persiste et signe en 2019 ! Le Parc de Champagne a accueilli comme l’année dernière près de 21 000 festivaliers sur 3 jours, le festival  poursuit sa lancée, s’améliore et est devenue une vraie bouffée d’air frais dans le paysage des festivals du Grand Est. S’il est vrai qu’on peut le trouver trop sage, il serait de mauvaise foi de dire qu’il ne possède pas une identité propre, en seulement 3 éditions c’est assez remarquable, et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on attend la quatrième pour voir ce que nous réservent les organisateurs.

Récit de Thomas Josselin et Fremy Fanny
Photos de Thomas Josselin