On était à
La Fête du Bruit a fait résonner le bourg de Saint-Nolff

Pour célébrer les dix ans d’existence de la Fête du Bruit de Landerneau, les organisateurs ont voulu créer l’événement dans le département voisin. Le festival a d’ailleurs attiré plus de monde qu’espéré : 45 000 festivaliers ont foulé la pelouse de Kerboulard, à Saint-Nolff, pour prendre part à la première édition de la Fête du Bruit. On vous raconte tout.

Jour 1. Vendredi 6 juillet. 16h40, entre foot et musique, il faut choisir

Nous débarquons au festival sans trop de mal, puisque c’est heure de match. Et pas n’importe lequel : la France joue contre l’Uruguay, en quart de finale de la Coupe du mond. Pendant que BRNS, groupe belge de folk rock, grattait sur scène, tous les écrans rediffusaient le match, alors que la performance des prochains groupes à les succéder sur scène ont eu la chance d’être diffusés. Mais il y a du monde, quand même, à mater le match, sur le site comme au camping, ou depuis les stands bénévoles. Selon la légende (provinciale), Macklemore aurait même regardé le match de foot France-Uruguay parmi le public, sur le ter-ter, tout en passant incognito. Après vérification sur les réseaux sociaux, les fans l’ont bel et bien mauvaise : «J’étais à 15m, quooooooi !». Le seum.

19h44, les Allemands sous la pluie

À peine quatre minutes que les allemands de Milky Chance sont sur scène, qu’on passe de 33 à 23 degrés. D’un coup, le ciel s’est ouvert pour larguer des trombes d’eau. Le public, précédemment étendu, las, a couru s’abriter sous les toiles des stands de restauration. Les autres, qui avaient de la chance, sont allés sous le chapiteau VIP. Certains avaient prévu le sac poubelle sauve-tout à enfiler. Approuvé par Christian Dior. Mais est resté un grand nombre d’admiratrices : celles du beau blond de guitariste, Antonio Greger, qui se trémoussait sensuellement sur de la pop folk bien rodée. Et là, la pluie était la bienvenue pour rafraîchir quelques ardeurs.

22h05, Macklemore se débarrasse de ses fruits dans le public

Macklemore sort d’une Mercedes noire aux vitres teintées, avant d’arriver, sans échauffement, et comme un prince sur la scène, applaudi par un public en délire. Au même instant, les comptoirs de rechargement pour les cartes et bracelets cashless se vident et on en profite pour recharger nos biens. La grosse ambiance au niveau des 15-24 ans, où les pogos se succédent, où les plus fans d’entre eux connaissent toutes les paroles sur le bout des lèvres. Au bar, on ne retrouve plus que des anciens, majoritairement très peu emballés par l’Américain qui a d’ailleurs ramené le panier de fruits de sa loge, offert par l’organisation, pour distribuer ananas et bananes à ses fans du premier rang. Il finit son show sans oublier son traditionnel coup de gueule envers Trump. La belle image du concert : lui, en fin de concert, vêtu de sa marinière noire-blanche secouant un géant drapeau bleu-blanc-rouge. Puis débarquent Shaka Ponk, à la tombée de la nuit. Devant, un petit pogo, derrière des gens sceptiques. Dont nous. On pensait que la maîtrise à la guitare de leur titre “I’m Picky” allait nous rapprocher d'eux. Nada. Le groupe aura fait le minimum ce soir, comparé à leurs performances scéniques sur leur avant-dernier album. En fin de soirée, Bootlegers United cloturent la soirée avec un DJ set aux couleurs du monde : Abba, Queen… funk, jazz et électro. Un peu too much par moments. La soirée aura amené 15 000 personnes à fréquenter le festival, et le lendemain, avec Indochine, s’annonce encore plus dense.

Jour 2. Samedi 7 juillet. 18h50, Damian Marley, la Jamaïque vivante

Si on ne savait pas qu’il était le fils de Bob Marley, c’est que soit il fallait s’acheter des lunettes, soit se récurer les oreilles. Parce qu’entre la voix divine reggae de Damian Marley, l’agitation par son ami du drapeau noir-jaune-vert (pendant tout le set il a fait ça, on ne sait toujours pas à l’heure qu’il est comment il a tenu) et la reprise de « Could You be Loved » de son père, avec le public qui fait les choeurs… Les rockeurs étaient rangés au placard, les rastas étaient de sortie. Le rythme dans la peau.

21h, on mange quand ?

On a voulu manger au stand tartiflette, mais on ne s'aventure pas davantage parce que le fromage a l’air de sécher à l’air libre... Du coup, rabattement sur un sandwich-baguette steak frites, un kebab sans salade, ni tomate et oignons, et une rougaille saucisse. Pour trois personnes, hein. En tout, pour obtenir un bout de pain et un peu de viande, nous avons attendu 45 minutes. Ce qui nous a fait louper le concert de FFF. Pour aller aux toilettes, ensuite, rebelote 30 minutes. Des fois, on aimerait être un mec, ou maitriser le pisse-debout. 

22h31, Indochine, enfin

Enfin,  parce qu’on voyait bien tous les trentenaires, cinquantenaires et plus si âgé, trépigner d’attente toute la soirée durant avec, sur le dos, leur tee-shirt de tournée d’Indochine. « Tournée complète» qu’il disait. Il en est allé ainsi de leur concert. Au programme : confettis et ballons géants envoyés dans le public, embrassades entre Nicola Sirkis et les fans au premier rang. C’est aussi la première fois, durant le festival, qu’on s’est fait marcher sur les pieds. 

02h15, au camping, les tentes tombent comme des mouches

Après le dernier concert de la soirée avec La Phaze, qui opérait son retour suite à sept années d’absence, et qui, malheureusement n’était pas aussi attendu que ça par la moitié des festivaliers qui ont pris la poudre d’escampette après Indochine, direction camping. Tout le monde s’est ramassé au moins une fois sur une tente (mais pas nous, on est des princesses), les tentes étant presque les unes sur les autres. Le camping est soit trop petit, soit il y a trop de gens bourrés au mètre carré… Et trop d’attente aux douches, au réveil. Une fille habitant à dix minutes à pieds du site du festival, nous avoue qu’elle allait prendre sa douche chez elle le matin, avec sept copains, alors qu’ils dormaient au camping.

Jour 3. Dimanche 8 juillet. 20h57, les anciens devant Simple Minds

La journée s’est ouverte avec Vanupié, suite à l’annulation tardive d’Action Bronson, blessé, qui a dû arrêter sa tournée française pendant trois semaines. Le chanteur de reggae aux dreads a plutôt bien accueilli les premiers festivaliers qui s’étaient réfugiés dans l’ombre de la rare végétation présente sur le site. Plus de trentenaires le dimanche, alors que vendredi et samedi, les moins de 20 ans s’étaient donné rendez-vous pour fêter l’obtention du bac. On s'approche de la scène, dans la fosse, pour écouter le concert, dans une ambiance bon enfant, de Simple Minds. Mais ça sent très fort le lisier, le festival étant installé sur un champ, avec la pluie du vendredi, mélangé à la chaleur, et les sautillements du public, la terre a été retournée, labourée, ligotééée (on aime Stupéflip). Odeur qui a d’ailleurs forcé plein de festivaliers à faire demi-tour. Dont nous.

23h, The Offspring, les trentenaires au cœur du pogo

Grosse d’ambiance pour le concert le plus attendu de la soirée et le concert le plus rock de la soirée, qui nous a rappelé les meilleurs tubes de The Offspring, du début des années 1990 à 2000. Au cœur du pogo, uniquement des mecs, 1m80, la trentaine. A  la fin du concert, on a mange des frites tout en photographiante des couples qui s’embrassent. D’ailleurs, que d’amour, ce jour-là ! Après tout, la journée internationale du baiser c’était vendredi 6. Pas trop en retard, du coup.

Le Bilan

Coté concerts

L’erreur de casting
Bootlegers United, pourquoi ils sont là déjà ?

L’instant chill
Milky Chance, après une bonne averse (la seule du week-end) alors qu’ils chillaient sur scène, les Allemands ont remercié, avec classe, ceux qui sont restés les écouter sous la pluie

Proche du public
Indochine, toujours au plus près de leurs fans

Le retour passé inaperçu
La Phaze, après sept ans d’absence, on n’est toujours pas en phase avec leur musique

Coté Festival

On a aimé :

- La programmation dans l’ensemble qui était assez cool
- Une ambiance de folie
- La bonne humeur des bénévoles, malgré la chaleur et le nombre de personnes à servir
- La rapide réaction du festival suite à l’annulation d’Action Bronson, le dimanche. Vanupié, c’était bien aussi
- Les jets d’eau dans le public, par une chaleur pareille, dieu merci ça soulage les coups de soleil

On a moins aimé :

- Les 40 minutes d’attente entre chaque concert, mais il n’y avait qu’une scène, alors c’est le jeu ma pauvre Lucette
- L’organisation, qui a parfois été mal gérée : une attente interminable pour manger, attente aussi pour les toilettes des festivaliers, pour les douches du camping…
- Les gendarmes qui étaient postés, le vendredi, à quelques encablures de l’entrée et du poste de fouille, qui ont opéré une pré-fouille et une vérification de la carte d’identité de chacun (!)

Infos pratiques

Prix de la bière
Pinte de Kro 5,50 €, 2,80 € le demi.

Prix de la nourriture
Rougail saucisse 7 €, kebab frites 7 €, hamburger frites 6 €.

Prix des billets
Pass 1 jour 46,80 €, 2 jours 84 €, 3 jours 115 €.

Transport
En voiture ou en bus (en provenance de Vannes ou Plescop, ligne 8). Pas de gare à Saint-Nolff. Une fois garé, des navettes Kicéo (compagnie de bus du pays de Vannes) font des dessertes régulières, environ toutes les 20 minutes, entre le parking des festivaliers et l’entrée du festival.

Conclusion

Les organisateurs ont eu la clairvoyance d’organiser cette première édition de la Fête du Bruit pile poil au bon moment de l’année : avant le week-end de la Fête nationale, pendant la Coupe du monde de football, et juste après les résultats du bac. Résultat, un brassage qui s’est opéré au niveau du public, entre un premier festival pour certains et de la nostalgie pour d’autres. Bref, un festival qui a misé sur un programme juste et familial.

Récit et photos : Lucile Moy et Caroline Guillaume