On était à
La Fête de l’Humanité au zénith de sa forme

L’historique Fête de l’Humanité fêtait ses 79 bougies cette année. Pour l’occasion, trois jours de soleil fraternel et de partage musical comme gastronomique avec le sourire aux lèvres, malgré des concerts un peu mous. On vous raconte notre week-end chez les rouges.

Jour 1, 13h34 Navette pour la fête

Cette année, la fête de l’Humanité commencera tôt pour nous et c’est tant mieux. En arrivant sur les coups de 14h, nous avons évité la foule, la panique, la navette bondée et les bouchons. La Fête retrouve la même forme que l’année dernière : deux grosses scènes, une multitude de petites, un salon du livre, plein d’espaces débats, et des stands des régions, départements et villes tenus par les militants du parti communiste. Le tout pour 21 euros. Les allées sont encore clairsemées mais déjà pas mal d’activité sur la fête.  Pour se mettre en jambe, un petit currywurst et une bière d’Outre-Rhin pour quelques euros. Le soleil brille, cela s’annonce plutôt bien !

17h34, Mojito pour tous !

S’il y a une star sur la fête, ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon mais bien le Mojito. Des centaines de versions différentes sont préparées à chaque coin d’allée et chaque stand posséde sa recette secrète. Le meilleur à partager se trouve, selon les connaisseurs, au stand de Rueil-Malmaison. Odeur de menthe fraîche pillée et jus de citron vert pigmentent ce premier Mojito qui sera loin d’être le dernier. Chapeau Havana sur la tête, on se dirige vers la grande scène pour l’ouverture des concerts. C’est les british de Temples et leurs coiffures “so années 80” - ou “so serpillière sur ma tête” - qui ouvrent le bal. Bien que leurs mélodies rock psyché soient parfaites pour dire aurevoir au soleil, le groupe est très mou et une certaine gêne dans leurs interactions avec le public n’arrange pas l’affaire. Heureusement, la soirée ne fait que commencer.

20h23, quand la grande scène reste statique

Pour la suite, un petit monument du reggae rejoint la scène, Alpha Blondy. Un concert que l’on attendait avec impatience, mais qui a du mal à nous faire bouger les jambes. Le public n’est pas encore très chaud, même si ses textes - comme avec Jérusalem - et son engagement touchent le public présent. Il valait s’en doute mieux rester assis en saupoudrant son concert de bouffées d’origan. Massive Attack ne sera pas plus emballant : une musique très technique qui convient mal à la grande scène de l’huma, même avec des visuels assez poussés. On aurait s’en doute dû aller rencontrer sur la scène Zeborck Yves Jamait, poète français à la voix cassée.

23h39, soirée coco-disco chez Boris

Manu Chao, Renaud et Jean Ferrat étaient le top 3 des musiques de la journée. Après minuit Gilbert Montagné et sa drôle de compagnie prennent le relais. Sur les stands, les enceintes ne sont pas toujours en très bonne forme, sans doute plus adaptées aux chants des manif’ mais c’est pas le sujet ici. On chante, on crie, on danse, et on s’amuse comme des enfants sur les tubes de toutes les époques. Il reste peu de stands encore ouvert, mais tous sont remplis de fête et de sourires. Pour la fin de soirée, les plus chanceux se feront inviter dans des stands fermés de l’extérieur mais toujours vivant à l’intérieur pour boire les dernières bières jusqu’au petit matin.

Jour 2. 10h34, tartines de confitures vs. tartines au foie gras

Le réveil n’est pas le plus facile ce matin après les festivités arrosées de la veille. Les “vieux” de la fête sont déjà tous au taquet pour préparer les petit dej’ de champion afin de requinquer les troupes, café et jus d’orange à l’appuie. Quand certains tartinent leur pain avec du beurre et de la confiture, d’autres sont déjà passés à la tartine apéro, comme au stand de Massy. Foie gras, jambon de pays ou saumon, accompagné d’un verre de Chinon ou d’un punch créole. Le ventre plein, c’est l’occasion d’aller faire un peu de sport. Enfin d’aller regarder les sportifs : mur d'escalade, initiation au volley ou au basket, l’Huma a créé cette année un petit espace sport où beaucoup d’enfants ont pu se divertir.

14h23, en avant la musique !

Pour ouvrir notre aprem’ musicale, on se pose du côté de la scène Jazz Hum’Ah! pour écouter Papanosh quelques minutes. Après être passé par le stand d‘Ivry-sur-Seine pour emporter une pizza cuite au feu de bois, on se pose dans l’herbe frémissante de la grande scène. La journée commence avec un groupe débordant d’énergie et de bonne humeur. Le trio Puggy ne manquent pas de nous emballer : il faut dire qu’ils sont doué les belges et ils font bouger les popotins de la foule en deux temps, trois mouvements. On approuve ! Les sourires continuent avec les Ogres de Barback qui fêtent leur 20 ans sur la scène de l’Huma. Un groupe taillé pour ce type d’ambiance, accordéon et violon en main, avec pour l’occas’ une dizaine de musiciens venus tout droit d’Afrique. Et pas besoin de chanter les rues de Panam’, le public s’en charge parfaitement.

16h12, des débats vers la gauche

Si vous voulez passer un week-end à seulement parler politique à l’Huma, aucun souci. On ne compte plus le nombre de débats et prises de paroles aux quatre coins de la fête. On parle avenir de la gauche, gouvernement de Valls, encadrement des loyers, guerre en Palestine ou lutte contre les discriminations. On en a écouter deux-trois de loin, mais on est pour le moment plus branchés sur les concerts. La douceur de la nigériane Ayo sera un moment plutôt sympa même si le son n’arrive pas vraiment à atteindre le haut de la butte où nous sommes posés.

18h12, de l’Yonne à l’Alsace en passant par la Palestine

Du côté du parc du Bourget, on s’évade plutôt facilement de la région parisienne. Pour l’apéro, on se balade entre les savoureux escargots du stand de l’Yonne (et son verre de Chardonnay) et les tartes flambées du stand Alsace (et son verre de Pinot gris). Tout cela à partager avec de nouveaux voisins de table avec qui les conversations se lancent à la pelle. Des petits groupes poussent la chansonnette dans tout les sens. On passe ensuite sur la fin du concert pour la paix en Palestine, avec les mots d’un Kerry James touchant, laissant un public complètement absorbé.

Il laisse la place à l’un des noms les plus attendus ce soir. Entre les (re)découvertes des Arts Martiens et des retours à l’école du micro d’argent, IAM dégagent bonne humeur et élégance urbaine. Tels des pionniers du hip-hop à la française, ils offrent une heure de pur plaisir à leurs fans et ne manquent pas de créativité dans leur mise en scène. Malheureusement le son n’est pas au rendez-vous une fois de plus. Compliqué de danser le MIA avec ferveur quand on n’entend pas les paroles mais heureusement, la foule s’en chargera.

22h20, les Scorpions entre légende et arthrite

L’Huma renoue avec la légende. Après Joan Baez, Patti Smith ou Deep Purple, on restait sur notre faim en 2013. Pour leur unique date en France, c’est Scorpions qui débarquent sur la grande scène. Flammes, étincelles et grosses guitares, on entre directement dans le vif. C’est sympa, bien rythmé, mais si les allemands ont les articulations qui grincent. Le son des instruments est un peu en dessous et les solos manquent d’explosivité. N’empêche, on rêvait de chanter tous ensemble I still loving youuuuuu. Pour un adieu, c’est pas si mal.

01h12, bar du camping en délire

Sur le retour de la grande scène, on se retrouve tout d’abord dans un stand tyoe Ibiza version Courneuve, où un DJ techno-house-clinquante a installé ses platines. L’électro fait de plus en plus sa place ici. Mais ce soir, on nous raconte qu’au camping la fête battra son plein toute la nuit. Nous voilà ravis ! Nous qui galérions depuis des années après 2 ou 3h à l’Huma... Réservé au détenteurs du pass camping, un chapiteau fait office de bar-club. Il est 2h et la fête n’est pas prête de s’arrêter. La playlist oscille entre Dragosta din Tei et David Guetta et autres chansons délires jusqu’une électro-dance à la mode. Les gens sont bourrés, des slams s’improvisent, et la bière coule. Ça fait plaisir de se dire que la fête n’est pas finie !

Jour 3. 10h45, les matinées culture de l’Huma

Encore une fois, on aura loupé les 10 km de l’Huma. Crotte de bique, pourtant on voulait les faire ! On se permet en guise de remplacement une matinée plus intellectuelle. Dans la Halle Nina Simone plusieurs expos éphémères se sont montées : le Chemin des Drames sur les poilus et la première guerre mondiale, l’INA et l’histoire de la télévision ou encore des affiches autour de Jaurès et Gaza. Tout autour se trouve un salon de livres très bien fourni. Des romans historiques, en passant par des pamphlets politiques et des bandes dessinées, on ne voit pas le temps passer alors qu’on feuillette les ouvrages sur les stands. Là aussi des débats et des “Cartes banches” données à des auteurs ou caricaturistes. Ça change un peu de l’ambiance Kro et merguez, et ça se complète pas mal !

13h12, le repas des gaulois

Après la culture, la nourriture. Mais avant de s’attabler il faut déjà choisir le stand qui propose la meilleure solution de déjeuner et à l’Huma, choisir c’est difficile. Fruits de mer atlantiques, raclettes du jura ou accras de morue guadeloupéennes ? On optera pour le menu de l’entrecôte périgourdine (et son vin de table à volonté, élément crucial dans notre prise de position gastronomique). L’ambiance est très chaleureuse et on partage plus d’une carafe d’eau avec les voisins. Ça chante et ça tape dans les mains de toute part, vive l’auberge de l’humanité !

17h45, Bernard comme chez lui

L’Huma sait toujours chouchouter son final en chanson française. Après Jacques Dutronc, Julien Clerc, Yannick Noah - et l’exception Debbouze l’année passée - un dinosaure prend le micro de ces lieux, le ténébreux Bernard Lavilliers. Pour son huitième passage sur la fête, excusez du peu. Des musicos au top, et un concert qui nous emmène du reggae de Kingston au tango de New York. Sans oublier les mains d’or des ouvriers de l’acier rouge des mines de l’est. Un voyage musical qui clôturera en beauté cette très belle fête éternelle qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

Côté concert

La classe “internationale”
Bernard Lavilliers, dinosaure musical de l’Humanité.

La découverte
Puggy, ces mecs qui te font chanter alors que tu ne connais pas leurs chansons

La déception
Alpha Blondy, qu’on attendait plus festif et entraînant.

Côté festival

On a aimé :

- Trois jours de soleil sans une seule goutte de pluie
- Un plaisir pour les papilles : on trouve tout ce qu’on veut pour manger à l’Huma
- Concerts, débats, expositions, chacun peut faire la fête qu’il a envie
- Le bar du camping, ambiance garantie de 2 à 6h du mat’
- Une fête abordable, 21 euros le pass 3 jours et 15 euros le camping.

On a moins aimé :

- Pas le temps de tout faire, voir et goûter. Il faudrait que cela dure plus longtemps!
- Manque de fête et de qualité sonore au niveau des concerts de la Grande Scène
- Programme payant à l’entrée et peu d’indications pour se repérer dans le festival

Conclusion

Même avec des concerts pas toujours au top, la Fête de l’Humanité reste une réussite. Qu’on cherche de la culture ou du sport, du débat politique ou de la découverte musicale, on est servi comme des princes du côté du parc du Bourget. Pas étonnant que cela soit le plus grand rassemblement festif de France, avec son demi-million de visiteurs. On ne pouvait pas rêver meilleur cocktail de rentrée !

 

Récit et photos : Anja Dimitrijevic, Kilian Roy et Morgan Canda