On était à
Fête de l’Huma, l’effervescence éternelle

A la mi-septembre, la Fête de l’Humanité prend possession de La Courneuve. Pour cette 83ème édition, la météo s’est montrée étonnamment clémente et ce sont trois beaux jours de foule et de fête qui se sont offerts à nous. Musicalement, la programmation est éclectique alternant entre anciennes icônes de la chanson française et jeune génération d’artistes en vogue mais le festival est surtout connu pour tout ce qui gravite autour : nourriture du monde, conférences à foisons, débats politiques, etc. Nous avons erré avec plaisir tout le week-end dans cette grande ville éphémère.

Vendredi 14 septembre. Jour 1. 18h30, calvaire au portail

La Fête de l'Humanité reste l’un des plus grands festivals de France et dès l’entrée, cela se ressent (photo). Dans la confusion générale, les files d’attente sont mélangées. Ça se bouscule devant les fouilles, chacun allant de son argument pour passer en priorité. Les bénévoles sont en retard, un journaliste a dix minutes pour attraper son interview et les campeurs se demandent bien pourquoi ils se sont trompés d’entrée. Le calvaire dure une heure et demi, mais finalement chacun patiente avec bonne humeur. Les scènes sont encore trop éloignées pour sentir la frustration.

21h05, lumineuse combine des éloignés

La nuit tombe sur le festival et Catherine Ringer a pris ses marques sur la grande scène. C’est une véritable marée humaine par là-bas. Les compagnons de fête se perdent rapidement dans l’obscurité. Stratégie classique, il faut convenir d’un point de repère efficace. Quoi de mieux alors que les deux grands manèges à proximité. Lumineux et musicaux, ils sont repérables de loin. Ici, c’est presque 200 000 personnes par jour et même bien organisés, nous passons beaucoup de temps à nous chercher vainement.

22h30, un tour du côté du PCF 49

La Fête de l'Huma, c’est plus de 450 stands. Et si les scènes attirent beaucoup de public, les exposants ne sont pas en reste. Par son odeur prenante de pizza maison, le stand PCF du Maine et Loire appâte les passants. L’attente est longue mais est vite pardonnée grâce aux deux gars qui tiennent les platines. Ils bousculent les tubes classiques de nos années passées en proposant des mash-up musicaux surprenants. On s’agite, on rigole et on danse, oubliant presque la raison initiale de notre arrêt ici.

00h24, déferlante balkanique

Avec près d’une heure de retard, Sylvester Staline et John Lenine débarquent sur la petite scène. Pas besoin d’échauffements, ils sont habitués des festivités communistes. La foule est immédiatement réceptive. Tout le monde s’attrape par l’épaule en danse en rythme. Ici on tourne jusqu’à perdre l’équilibre et s’écrouler sur les graviers dans un grand rire collectif. Les Soviet Suprem (photo) ensorcellent la foule avec leur discours doucement complotiste et plein d’humour.

3h30, java orientale à l’Humacumba

Après une longue attente, liée à de nombreux mouvements de foule, nous nous retrouvons enfin  sous la grande tente sombre de l’Humacumba. Le set d’Acid Arab (photo) démarre et le duo nous immerge presque instantanément, dans l’atmosphère d’une délicieuse chaleur arabique. Dehors, les festivaliers trainent sur des sièges en palettes. Certains se laissent même plonger dans la paresse de la sieste. Dans le noir, on perd vite la notion du temps, et c’est avec surprise que le matin nous tombe finalement dessus.

Samedi 15 septembre. Jour 2. 22h30, dégustation iodée.

Arrivée un peu tardive ce samedi soir, il fait déjà nuit sur le village de l’Huma. L’accès à la grande scène est embouteillé de partout. Il est presque impossible de circuler. Finalement, les petits stands sont de loin la meilleure option. La tente bretonne propose des dégustations d’huîtres et les trois oestréi-pirates responsables de la caisse, surenchérissent réciproquement sur les mérites de leurs produits. C’est donc avec l’appétit d’un glouton que nous avalons goulument les mollusques visqueux.

1h30, mouvements de foule et attente vaine.

Samedi nuit, nous renouvelons l’idée de la grande tente de la fête. La musique est chouette et berce doucement les esprits légèrement enivrés. Tout le monde se laisse aller à la danse mais soudainement la musique s’interrompt. Ce soir encore, de forts mouvements de foule perturbent la fête. Quelques rumeurs sombres venues de l’extérieur commencent à se répandre. L’attente se fait longue. Puis le verdict, la soirée est annulée. Il est trois heures et tout le monde se met en route vers la sortie, un peu dépité et contrarié.

Jour 3. Dimanche 16 septembre. 14h00, vieille époque et mini concert

Le dimanche après-midi est plus propice à la promenade. À gauche, des produits du terroir gersois jouxtent un bar aveyronnais, et on entend au loin un air vague de Brassens. On flâne un peu le nez en l’air, jusqu’à s’arrêter au hasard dans un stand. L’attention est happée par les sonorités qui s’y échappent. Un groupe d’une dizaine de musiciens (photo) prend place sur l’estrade. Trompettes frénétiques, robes à fleurs et voix suaves, on se retrouve plongé, d’une façon charmante, au cœur de l’insouciance d’Après-Guerre.

16h04, Chaleur et planteur

Les campeurs commencent déjà à plier bagage, et prendre le chemin du retour. Mais c’est encore l’heure du planteur au « Rhum à Michel ». Tout en bois, accolé à la petite scène, c’est le point de rencontre de ceux qui écoutent la musique d’une oreille distraite. On trouve ici une variété de spiritueux antillais. De quoi occuper ses dernières heures de festival, convenablement.

18h10, final technicolor

Collant lycra rouge, robe à pois blanc et rouge à lèvres sont de rigueur. Marcel et Son Orchestre débarque bruyamment et sans transition sur la petite scène. Pour ce dernier concert, les déguisements des artistes débordent de couleurs et de bizarreries. Un canot pneumatique s’élance ensuite dans la foule. Le public le dirige avec vivacité. Dans l’assemblée, une cigogne dandine, une ombrelle asiatique s’envole et tout le monde saute avec folie sur ses deux pieds. Nous voilà comme débarqués dans les bastringues rêvées d’un esprit un peu toqué.

Le bilan

Coté concert

La confirmation
Soviet Suprem ou l’art de te faire danser n’importe comment avec n’importe qui

La déception
Manu le Malin, qu’on attend encore de voir samedi soir à l’Hamacumba…

La franche-rigolade
Marcel et son Orchestre qui sont littéralement fous.

Côté festival

On a aimé 

- Indéniablement la nourriture. Quelle aubaine que d’avoir toute la gastronomie du globe regroupée dans un même périmètre.
- La diversité musicale des stands. Il y a de quoi satisfaire tous les goûts et les envies soudaines.
- Le prix du festival et des consommations sur place, qui sont toujours aussi doux pour un festival francilien.

On a moins aimé 

- Le monde pour entrer le premier soir sur le festival et cette organisation incertaine parfois.
- Le foule qui fait la queue aux encore trop peu nombreuses cabines de toilettes.
- Cette trop grande quantité d’humains qui se bousculent impatiemment dans les rues, jusqu’à faire venir plusieurs fois par jour les ambulanciers.

Infos Pratiques

Prix des boissons
- Le prix d’une pinte varie de 1 euro à 6 euros. Les stands éloignés des scènes étant les plus avantageux.
- La plupart des stands offre généreusement de l’eau.

Prix de la nourriture
- La crêpe sucrée est à 1€50, la barquette de frite à 3€, le plat de poulet colombo à 8€ et la grande pizza à 10€. 

Prix du festival
Possibilité d’acheter le pass trois jours qui va de 38euros à 45euros sur place.

Transport
A quasiment 30 minutes de la gare du Nord. Le soir des navettes sont mises en place pour rejoindre la Gare de l’Est.

Conclusion

Fidèle à elle-même, la fête de l’Humanité reste cette grande manifestation engagée, gourmande et musicale. On y passe certainement autant de temps à chercher son chemin qu’à se dandiner devant les scènes. Mais cela a sûrement le mérite de concentrer l’attention sur d’autres choses que les têtes d’affiches. Cette échelle immense de la foule massive est parfois insupportable. Mais tous les petits stands chaleureux et humains offrent vite une alternative nouvelle à la fête.

Un récit de Marie Doucet
Crédits photo : Ambroise De Courtivron