Au centre de la lointaine et charmante presqu’île de Crozon, sur la pointe centrale du Finistère, nous voilà embarqués dans l’aventure du festival du Bout du monde. Ce sont trois jours d’un dépaysement musical total qui s’offrent à nous, pour une magnifique expérience humaine, intense et ensoleillée. Une réussite à tous les niveaux.
Jour 1. 15h10, soleil et apéro
Après quelques heures de voiture, nous voilà dans la file qui nous ammène aux parkings du festival. La première belle surprise est de taille : on réalise que nous sommes garés à quelques centaines de mètres du festival, et on est loin d’être les seuls. Pour une fois, pas de chemin interminable à suer comme un salami enfiloché en plein soleil. On fera quand même vingt bonnes minutes d’attente avant la fouille - très light - à l’entrée du camping, sous une chaleur de plomb. Oui, il fait beau et chaud en Bretagne ! A peine le temps d’installer notre demeure au camping n°4 que des voisins vendéens viennent taper la discut' et partager quelques premières bières. On bronze, on se fait des copains, on boit des coups, c’est si bon d’être à Crozon.
19h02, le Bout du Monde n’est pas si loin
On se dirige vers l’entrée du festival. On met un peu de temps à comprendre que celle-ci se situe à seulement 3 minutes à pied de notre tente. Dans l’enceinte du site, le festival n’a pas lésiné sur la décoration : des algues lumineuses de part et d’autre de l’allée nous accueillent tandis qu’un immense panneau de lattes de bois se dresse face à nous, composé de baleines et autres animaux sous-marins, dans le thème 2015. Notre premier live sera sur la grande scène, dénommée scène Landouec, avec Asa (photo) et un public déjà bien chauffé par le soleil et la chanteuse. Une vraie boule d’énergie qui s’agite, danse, joue de la trompette et de la guitare. Un très bon premier moment, et ce sera loin d’être le dernier.
Mais il est temps pour nous de tester la bière du coin : pour les boissons, et seulement les boissons, il faut échanger ses euros contre des tickets en forme de timbres épais d’une valeur de 1,25 euros chacun. Au bar, la Kro et la Correff ambrée sont “dégustables” à 2 tickets, et de la 1664 blanche et Grim rouge pour trois. Pour les non-houblonistes, on a aussi du vin blanc, rouge et rosé et du cidre en pression.
20h24, et plutôt deux fois qu’une
Choix marqué du festival, les groupes des deux petites scènes ont le droit a deux passages dans la même journée. Parfait pour nous éviter de longs débats sur qui aller voir, ou reprendre une deuxième ration d’un artiste qui en valait le coup. C’est donc sans regrets qu’on se dirige vers le Chapiteau de Seb’ accueillant Jungle by Night (photo), pendant que Bongo Botrako joue sur la scène Kermarrec, à l’autre bout du festival. Ces neuf musiciens nous font danser sur ce funk aux accents d’afro-beat. On s’étonne de leur jeune âge et de leur nationalité néerlandaise. Leur présence et leur bonne humeur font plaisir à voir. On se permettra un petit rafraîchissement au stand de tomates avec un bucket de tomates cerises.
22h32, du H sous la pleine lune
On sèchera le concert d’Asaf Avidan, préférant déguster un sandwich chaud aux saucisses à l’algue avec ses frites et petits légumes du soleil, le tout dans du pain pour 6 euros. Le tout est fait par des traiteurs ou restaus locaux, comme énormément de stands présents. On sera alors rassasié pour vivre le concert de Songhoy Blues. Le groupe propose un subtil mélange entre salves blues bien péchues et musique traditionnelle malienne. Déroutant, entrainant, et seconde belle rencontre musicale sous ce chapiteau à l’ambiance ultra chaleureuse.
La nuit se fait froide : direction le bar à soupes à côté pour un petit mélange aux 7 légumes pour 2€. On sera réchauffé afin d’assister au show d’Arthur H (photo). Avec sa voix grave, enivrante et sensuelle, reconnaissable n’importe où, il nous conte ses histoires et ballades sous un ciel étoilé et une lune éblouissante.
00h20, un final à l’énergie
On se dirige vers la scène Kermarrec située à proximité de l’entrée du festival et à l’opposé de la grande scène. Une scène ouverte juxté de lattes en bois grimpantes, répondant à celle de l’entrée, et une régie son en cabane de bois. Ca change des éternnelles baches blanches. On y découvre le groupe espagnol Bongo Botrako entre reggae et ska, se rapprochant d’un Manu Chao. Ils débordent d’énergie sur scène, et foutent un joli bordel et une belle ambiance dans le public. A la fin du concert, toute la foule se dirige vers le dernier live pour accueillir Biga*Ranx (photo). Un public jeune est resté pour apprécier les talents du prolifique blanc reggaeman, au groove qui fera sauter tout le monde jusqu’à la fin de la partie.
Jour 2. 11h45, fanfare au petit-déj’
Notre sommeil fut de courte durée dû à un percussionniste sur poubelles en herbe. Avec trois grammes on se prend vite pour un musicien hors paire ! Direction le petit-déj du camping. Pain, croissant, pain au chocolat, thé, café sont disponibles, monnayables grâce aux tickets boissons ou aux euros. Mais ce n’est pas tout, pas de petit-dej sans crêpes en Bretagne ! Des bénévoles sont à l’oeuvre pour réaliser de merveilleuses crêpes à la farine de froment. Juste à côté une superette est installée, très organisée : ce lieu permet aux campeurs d’acheter tout le nécessaire à pique-nique et des sandwiches et salades préparées pour les plus flemmards. La plupart des acheteurs repartent avec des bières bien fraiches. Assis sur de grandes tablées, les festivaliers mangent au rythme d’une fanfare endiablée, la Grande Jaja (photo), pleine de bonne humeur.
12h30, et le Groupe Surprise est ...
Certains festivaliers se préparent pour aller à la mer, grâce à des navettes payantes mises en place. Pour nous ce sera déjeuner/apéro au camping, avec tout notre nécessaire amené sur place dès le premier jour. Nous sommes désormais au niveau campeur Patrick Chirac, on vous l’avoue. Depuis un mois, le festival avait annoncé un groupe surprise en guest du samedi. Après quelques indices, la rumeur enfle et se confirme : ce sera la Compagnie Créole ! Un groupe Facebook avec pas mal de soutien avait été créé pour leur venue au Bout du Monde. C’est désormais fait ! Petit à petit on entend chanter au quatre coins du camping les tubes du groupe, qui se répandent comme un feu de joie. Ca fait Rire les Oiseaux, Au Bal Masqué, le Douanier Rousseau … Ca promet.
15h42, vivre son festival comme on le veut
On débarque au festival pour le concert d’ouverture de ce samedi : Ester Rada. Cette magnifique israélienne d’origine éthiopienne mélange les genres et nous balade d’un continent à l’autre. Elle réalisera quelques belles reprises de Nina Simone, pour un live tout en finesse. Le concert, comme le festival, rassemble tous âges, et grâce à une volonté de ne pas exploser la jauge d’entrée, on peut vivre nos trois jours un peu comme on veut sans jamais se sentir opréssé. Dans son siège au loin, avec son bambin, avec ses potes, entre une sieste dans l’herbe et un jump pas trop loin du devant de la scène, chacun vit son festival dans une cohésion assez impressionnante.
La suite se fera avec Orchestra Mendoza sur la scène Kermarrec. D’une sorte de bandidas sortie d’une série B américaine, on se retrouvera face à des musiciens pleins d’originalité et de peps, sans oublier les chorégraphies endiablées du chanteur et la folie démonstrative du percussionniste à froufrous. La chaleur de l’Espagne a été vivement partagée.
19h02, House of the rising apéro
Les découvertes musicales s’enchainent pour un dépaysement à l’opposé des grosses machines pop et FM. On du côté du chapiteau de Seb’ pour découvrir Cheikh Lô (photo), ce sextagénaire sénégalais coiffé de dreadlooks. Situé entre l’affrofunk et le reggae, sa voix calme et sereine vient harmoniser le tout. Sur la grande scène, les emblématiques Eric Burdon & The Animals débarquent pour du rock à l’ancienne, qui a pris un coup de vieux. La proximité du camping nous autorise à rentrer prendre l’apéro sans perdre trop de temps, nombreux sont les campeurs à faire la même chose, ou restés s’enivrer jusqu’au dernier moment avant leur concert de la soirée. On entendra de loin House of the Rising Sun, le tube du groupe qui traversera les générations.
21h38, ce ne pouvait être que bon pour le moral
C’est enfin l’heure d’assister au grand concert du jour : la Compagnie Créole (photo). Cent cinquante festivaliers ont déjà eu l’occasion de les voir à l’occasion d’un concert en bateau de deux heures, avec collier de fleur et ti-punch. Il fallait jouer à un jeu sur les réseaux sociaux pour espérer y participer, sans trop de réussite pour nous. A peine le groupe sur scène que le public entre en transe : pour la première fois du festival la grande scène est blindée.
L’ambiance est folle, les paroles sont chantés en coeur par les festivaliers, et pas une chanson n’est laissée de côté. Toutes celles chantées au camping, C’est bon pour le moral”, “ba un moin ti bo” (et non “Donne moi un Thibault”, voyons) y passent. On est au coeur d’un grand n’importe quoi, dans une folie inter-générationelle assez rare.
23h05, une table à Madagascar
On continuera la soirée avec Lisa Simone, une toute autre ambiance, plus douce et séduisante. Mais le ventre crie famine : il sera très vite face à des choix draconiens, tout aussi apétissants les uns que les autres. Un stand de pâtes bio, des crêpes bien entendu, burgers et autres classiques … mais un festival du Bout du Monde ne pouvait être sans nourritures venues d’ailleurs. Stands malgaches, mexicains, sénégalais et antillais se partagent l’affaire. Dur, dur de faire son choix parmi tout ça, entre plats en sauce et entrée on optera pour une petite assiette de beignets au boeuf, poulet, et saint-jacques au stand de Madagascar. Pendant ce temps là Charlélie Couture a débuté son concert sur la grande scène avec ses chansons françaises rock, qu’on laissera aux fan des avions sans ailes.
01h16, l’esprit vaudou t’emportera
Nos derniers efforts seront jetés sur la scène Kermarrec où Vaudou Game (photo) s’affirme entre afrofunk et afrobeat, dans un savoureux moment à l’appel du vaudou des forces de la nature et du funk. Tout devant, on est absorbé par les cris de Peter Solo, leader de la bande, de petits blancs convertis au délire, dans un pantalon pattes d’eph jaune pétard tout droit sorti d’un épisode de Starsky et Hutch. Sur la grande scène, Fakear sera moins une découverte pour nous, mais son set colle parfaitement bien à l’ambiance du lieu.
En rentrant vers le camping, l’ambiance y est un peu plus tendue. L’accès qu’on prenait d’habitude est fermé, et on doit faire un tour de vingt minutes pour rejoindre notre un camp. Un bal d’ambulances, gyrophare bleue tournoyant, s’enchainera pendant une bonne heure. Des ambulances qu'on croisera beaucoup trop au cours du festival. On apprendra plus tard qu’une sale drogue aurait tourné au camping, envoyant un sacré nombre de jeunes au tapis. Cela n’empêche pas la majorité des campeurs motivés et responsables de continuer de faire la fête, en s’enivrant jusqu’à l’aube, avec la surprise d’un petit feu d’artifices des plus sympa.
Jour 3. 11h20, la plus belle pour aller danser
On se lève plus tôt qu’à notre habitude pour profiter d’un petit-déjeuner offert par les paysans du coin. Beaucoup de campeurs sont déjà présents, avec leurs tartines de beurre généreuse, venus déguster un verre de lait sortant à peine des pis d’une vache voisine. Mais le rendez-vous que tout le monde attendait était le concours de déguisement, qui permet au plus ingénieux de remporter une place pour l’année prochaine. Les paysans du coin juge, à la fois la qualité du déguisement et de la chorégraphie. Une cinquantaine de participants, seuls ou à plusieurs, s’enchainerant, faisant rires, chanter, et nous faisant passer un excellent moment. Blanche-Neige, Astérix, des autruches, des Schtroumpf, Bioman, des moutons, des princesses, sans oublier un nombre incroyable de personnages loufoques et débiles, le voilà le vrai bal masqué. Un dénommé “Météorite Sociale”, que vous pouvez apercevoir de dos en rose sur notre première photo pendant le concert d’Asa, sera le grand vainqueur, salué par une foule acquise à sa cause.
14h56, sorbet à l'Orange
Aucune goutte de pluie à l’horizon, c’est une chaleur lourde et caniculaire qui s’abat sur nous en ce dimanche au bout du monde. Les festivaliers se pressent en nombre pour déguster des glaces, aux couleurs et saveurs très locales, caramel beurre salé, Breizh Cola, crêpe … De son côté, Orange Blossom nous propose une musique orientale rock, beaucoup plus dynamique que sur leur album. La chanteuse Hend Ahmed vêtue d’un drapé rouge et noir, nous séduit par son sourire captivant et sa voix éclatante. Le violoniste et le guitaristes mettent l’ambiance et éveillent nos oreilles pour le premier concert du jour. Tout comme une famille pirate qui se balade dans les allées (photo)
Pas très loin de cette scène se trouve un grand chapiteau, La Lolotte. C’est une garderie pour accueillir les enfants, qui seront gérés par des bénévoles ayant le Bafa, afin de les divertir pendant que leurs parents profitent des concerts tranquillement. Une vraie bonne idée pour laisser les parents siroter des bières en toute quiétude. A côté s’est installé un stand proposant aux femmes des cartons pour faire pipi debout, et surtout des toilettes réservées aux femmes pour tester.
17h05, la boite à musique
L’un des talents qu’on ne voulait surtout pas rater s’appelle Faada Freddy (photo). On n'était par contre pas les seuls à avoir cette idée, et le chapiteau de Seb’ est sur-blindé. C’est un peu plus loin, assis sur l’herbe qu’on profitera du spectacle : cet homme-instrument, harmonisé avec cinq autres chanteurs est resplendissant et fait danser le public de très loin, entre soul et gospel. On laissera les derniers morceaux du concert en se disant qu’on ira le revoir plus près lors de son deuxième passage.
C’est l'heure du rafraichissement traditionnel, et on se prend une bière sous un énorme chapiteau, le plus grand bar de ces lieux, là où l’on vient également chercher de l’ombre. C’est une création originale du Bout du Monde qui se tient sur la grande scène, avec Michel Jonasz en tête, et Manu Katché à la batterie, un pianiste et un contrebassiste. Le public plus âgé est très attentif devant ce jam session, tout droit sorti des caves humides d’un club de Jazz. Ou d’une Boîte de Jazz, comme dirait Michel.
19h35, un cowboy au Far Ouest
John Butler Trio (photo) débarque sur scène, revêtu tel un cowboy, joue de son banjo. On a enfin le droit à quelques envolées de riff, et de longs solos. On retourne au camping pour un dernier apéro et hélas, ranger nos affaires. On revient à temps pour Selah Sue : mais on sera un peu déçu de son concert, sans trop d’ambiance. Une atmosphère très mélancolique, loin de son ragga fantastique, se satisfait de jouer sans fioritures ses titres connus de tous. On ne restera pas longtemps devant la grande scène, se disant que c’était la bonne occasion d’aller casser la croîte. Manque de pot, plus de pâte chèvre-courgette, seulement au jambon. L’heureux élu sera finalement le stand de patate, où l’on se partagera une grosse patate cuite au four badigeonnée d’une persillade avec son jambon grillé. Délicieux, mais pas assez pour nous caler. On teste alors à un stand mexicains des quesadilla un peu chères, mais plutot bonnes.
23h00, au rythme des corps
Nous voilà de retour au prêche gospel et vitaminant de Faada Freddy. Au coeur du chapiteau, on profitera beaucoup mieux d’une ambiance de partage incroyable, avec un passage de 10 minutes d’impro faisant participer le public. Magnifique. On l’aurait bien revu une troisième fois. C’est une tout autre ambiance qui nous attend sur la grande scène avec Massilia Sound System. C’est la dernière date de leur tournée, et les marseillais ont encore et toujours une energie débordante, faisant jumper le public sous leurs textes revendicatifs. En cadeau, tournée de pastis ! Grosse et bonne ambiance donc sur la grande scène pour le dernier soir. On ira faire un tour sur Dakhabrakha, des ukrainiennes en habit traditionnels avec les instruments locaux. Une étrange rencontre musicale qui n’aura pas le temps de nous séduire car nous devons déjà lever le camp partir. On finit de plier nos affaires au camping, pour rejoindre le chemin du retour. On croisera des navettes, circulant du festival aux villes des alentours. En chargeant la voiture on entend encore au loin Electro Deluxe faire vibrer une dernière fois la presqu’île, havre d’amour et fête.
Le Bilan
Côté concert
Le rayon de soleil
Faada Freddy, un talent et une humanité qui transpire comme jamais
La savoureuse potion
Songhoy Blues, transculturel et transcendant
Le bordel surprise
La Compagnie Créole, ca fait rire les mouettes et chanter les festivaliers
Le showman
Biga*Ranx et sa voix grave de gangster.
La puissance orientale
Orange Blossom et son rock inattendu
Le groove afrobeat
Jungle By Night, ca donne des fourmis dans les jambes
Les vieux loups des scènes
Massilia Sound System, ils ont fait soufflé le Mistral et l’Anis sur le bout de la Bretagne
Sans trop d'envie
Selah Sue, on aurait aimé la voir se déchainer plus
Côté festival
On a aimé :
- Un cadre en pleine nature, une déco recherchée et une identité à part entière
- La proximité du camping et du parking. Ca change la vie !
- Une programmation riche, variée et différente, tout comme la proposition culinaire.
- Pratiquement aucun smartphone levé pendant les concerts. M.E.R.C.I.
- Un festival où chacun peut vaguer comme il veut, sans trop de monde, avec de l’esapce
- La lolotte, pour garder les enfants et laisser les parents kiffer.
- L’ambiance transgénérationnel et la bonne entente de tout ce beau monde.
- La mise en place d’un urinoir au féminin, pour les pisseuses debout !
On a moins aimé :
- Le manque d’attention portée au tri au camping et dans le festival
- Les tickets à 1,25€. Après quelques bières on oublie rapidement ce qu’il y a après la virgule.
- 40 minutes de set pour les petites scènes, c’est court. Bon après, les groupes jouaient deux fois.
Conclusion
L’essence du mot festival n’est pas loin de la presqu’ïle de Crozon. Notre week-end fut d’une richesse incroyable, à la fois dans nos rencontres avec d’autres festivaliers que dans celles avec des artistes tous plus généreux les uns que les autres. C’est un endroit à part dans le paysage des festivals, et l’on comprend désormais pourquoi le Bout du Monde est sold-out deux mois avant de commencer.
Un récit de Victoria Le Guern et Morgan Canda
Photos de Morgan Canda