On était à
Clap your Hands, festival afterwork

Sortie de boulot, petite bière et c’est parti pour quelques jours au Café de la Danse. Nous avons passé quatre soirées au Clap Your Hands, au coeur du 11ème arrondissement de la capitale. Les nouveaux talents de la scène pop étaient à l’honneur, du 14 au 26 avril. On vous raconte.

1er jour. 19h45, une entrée du côté du bar

Perdue dans une petite ruelle près de Bastille, derrière les bars déserts d’un lundi soir, on s’avance vers le Café de la Danse. Une salle de spectacle au rez-de -chaussée, un bar au design industriel sur la mezzanine (photo), on est plus proche d’un loft bobo parisien que d’un cadre typique de festival. On opte pour une petite bière, le bar est plein et animé de quadragénaires . C’est d’en haut que l’on voit arrivé sur scène le jeune groupe Claire. Arrivent quatre mecs et une blonde d’1m90 au milieu, dans un éclairage minimaliste et lunaire. On s’embête un peu, les chansons sont trop répétitives, et la voix de la chanteuse n'arrive pas vraiment à nous convaincre. La chanteuse allemande appelle le public à se lever et danser, mais la fosse peine à se remplir. On préfère rester au bar et discuter.

21h15, la pop de Micky green nous excite

Elle était attendue. Heureusement, la sulfureuse Micky Green (photo) entre en scène. Elle livre une prestation pleine de sensualité, jouant les coquines dans sa veste en jean, sous les lumières roses du Café de la Danse. La salle est remplie, avec plus de 200 personnes dont une cinquantaine qui se remue devant la scène. Ça lui va si bien de chanter Daddy I Don't Wanna Get Married - premier single de son dernier album - en poussant des petits cris dont Marylin serait fière. Tout le monde se met à chanter sur Oh!, seule chanson que l’on connaissait d’ailleurs. On se croirait un peu à une soirée "Prom" américaine : c'est marrant, naïf, agréable, mais sans grand plus.

2ème jour. 19h32, des portraits d’artistes s’affichent au mur

Nous arrivons un peu tôt ce deuxième jour et en profitons pour découvrir l'expo photo de Matthieu Zazzo. On comprend que c’était l’inauguration la veille, d’où le fait que l’on ne retrouve malheureusement pas les assiettes de saucissons et fromages au bar. Des portraits en noir et blanc d'artistes comme Pete Doherty, Lana del Rey ou encore Lou Doillon couvrent les murs du couloir d'entrée. C'est le petit plus du Clap your Hands, une brève étincelle d'arts appliqués.

20h35, Une belle voix sans saveur

Dillon (photo) entame son set dans la fumée et le noir presque complet. On voit à peine son visage. Les rares faisceaux de lumière n'éclairent que partiellement son entrejambe au travers de sa robe noire et transparente. Elle se place derrière son synthé après quelques chansons, accompagné d’un DJ lui aussi dans la pénombre. Ça ressemble a du Coco Rosie sous Prozac. On retient sa voix, belle, rauque, mais la jeune fille ne communique à aucun moment avec son public. L'ambiance est froide, très froide. Quelques fans ardus, chantent à tue-tête du fin fond de leur siège. On aurait mieux fait de rester l’écouter chez nous.

3ème jour. 20h04,  La comédie romantique de Bent

Le très charismatique Bent Van Looy (photo) et sa mèche blonde rebelle style Tintin prennent la scène en première partie de ce troisième jour. Ses textes sont drôles, imaginatifs et pittoresques. Son sourire permanent et la configuration de la salle, avec le public assis par terre devant la scène, donnent une allure très cozy et familiale à ce concert. La musique de Bent, c'est un peu la BO d'une comédie romantique. Vous savez, quand le mec qui s'est fait larguer décide d'avancer dans la vie en marchant dans Central Park ? On l'adore ce mec-là.

21H10, de la dépression au rêve

La soirée se poursuit avec le tout petit et tout timide Chris Garneau (photo) et son air de poète emo triste. Fortement déconseillé aux dépressifs. Nous, on a tout de même réussi à s'évader dans son univers musical rêveur. Quand il s'adresse au public, on aurait juste envie qu'il continue à nous chanter des berceuses toute la nuit. Le DJ qui l'accompagne change un peu des DJ type des groupes electro-pop 2014 qui appuient sur un clavier à quatre touches en couleur. Ce mec-là chante, fait de la guitare, du synthé et mixe en même temps. Un vrai musicien.

4ème jour. 19h39, Clap your Hands change de visage

Il aura fallu courir à la sortie du bureau mais on arrive au Café de la Danse plus ou moins à l'heure et à temps pour le concert de Encore! (photo). Le public est bien plus jeune que les jours précédents, au vu du line-up on n'est pas forcément surpris. Sur scène, des garçons en polo blanc sont en train de groover. Ils kiffent ce qu'ils font et le retransmettent bien. On les observe du haut de la mezzanine en allant ponctuellement piquer quelques cacahuètes au curry au bar. C'est l'heure de l'apéro quand même ! Vingt minutes plus tard entre en scène Rich Auccoin. Dès le début, le canadien descend dans le public, ampoule en main, pour mobiliser la salle.  Au cours du concert qui suit, nous découvrons qu'il fait de la musique avec des vidéos, made in Internet, de chèvres qui gueulent et autres gamins qui font du vélo pour la première fois, et que ses concerts sont plus une performance théâtrale qu'autre chose. Il déploiera même un parachute dans la salle. Au final, on oubliera le chanteur et on plébiscitera le showman.

21H46, le waddafuck c’est cool

Après la pause clope dans la rue et le réapprovisionnement en houblon, le chaos peut commencer. Salut c'est cool (photo) sortent les huiles essentielles à l'ananas et entament un joyeux bordel avec leur titre Merci nature. Le jeu du soir est facile : pas de règles, si ce n’est que le public passe plus de temps sur la scène que dans la fosse, et inversement pour le groupe. Seul hic, l'orga n'a rien compris et fait descendre les gens toutes les trois minutes. On a le droit a une distribution de noix, pendant que le groupe nous parle de sa frustration de ne pas pouvoir jouer au foot et de leurs Révélations mystiques. Malgré les réclamations du groupe et de la foule, la régie refuse de monter le son et à 22h30 pétantes, ils coupent d'un coup et on se fait virer de la salle. Pas cool ça.

Côté concert :

La découverte.
Bent Van Looy, très vite entré dans son histoire.

La confirmation.
Salut c’est cool, le gros bordel sur scène ça paye.

La coquine.
Micky Green, aguicheuse et sensuelle chanteuse pop.

Côté festival :

On a aimé :

- Le saucisson en libre-service au comptoir à l'occasion de l'inauguration de l'expo. Apéro !
- Le tampon « Fumer tue » posé sur le poignet des tabagistes par le mec de la sécu.
- Une très belle salle ... qui reste néanmoins une salle de spectacle avant tout.
- Un festival à deux pas de chez toi, c’est chouette.

On a moins aimé :

- Pas un vrai festival, plutôt une suite de concerts.
- Des places qui coûtent assez cher pour la line-up proposée (20 à 25€ sur place/12 à 22 en prévente)
- Des pauses beaucoup trop longues entre les concerts.
- Le bar au dessus de la salle. C’est bien de regarder un concert d’en haut, mais moins bien d’entendre shaker le mojito en bas pendant un concert.
- Les videurs qui virent les gens de la scène pendant Salut C'est cool.

Conclusion

Le Clap Your Hands était fait pour se détendre après le boulot, et le pari est plutôt réussi. De la pop, du mystique et du n’importe quoi, la programmation n’avait cependant pas de réel fil conducteur. Il manque à coup sûr à ce rendez-vous la saveur festival. Vivement l’été.