On était à
Art Rock, une édition sauvagement pluvieuse

Saint-Brieuc, la Bretagne... La météo annonce 3 jours de pluie. Il en aurait fallu bien plus pour nous décourager. Retour sur 3 jours de folie où tout le monde s’est fondu avec plaisir dans l’état d’esprit Animal, thème officiel de la 36ème édition. du festival Art Rock.


Jour 1. 20h17, celle qui dit haut et fort ce que tous pensent tout bas

Une fois nos bracelets posés, nous suivons les petits panneaux fléchés en direction de la scène B afin d’assister au concert de Suzane (photo), dont la voix tranchée nous amène à la réflexion. Ces rythmiques électro nous rappellent vaguement certains sons de Stromae. On aime déjà avant d’arriver devant la scène. Il pleut mais la foule est là et frappe des mains : des jeunes, des moins jeunes, des couples, des familles, l’artiste entraîne chaque personne présente sur des textes engagés qui traitent de sujets que l’on connaît tous à savoir la flemme, le régime ou le harcèlement des femmes. Cette jeune prodige à la voix grave et nonchalante nous scotche jusqu’à la fin de son show.


21h20, Jazzy Bazz sert d’hors d’oeuvre à Kery James

Difficile avec cette programmation impressionnante d’être sur tous les fronts. En attendant d’aller voir la grande scène de plus près nous écoutons sur quelques sons le rappeur Jazzy Bazz toujours sur la scène B. La météo se dégrade encore un peu plus, il fait bien froid mais les jeunes présents dans le public pogotent pour se réchauffer et cela semble fonctionner. Peu friandes des bousculades, nous décidons d’aller sans plus tarder vers la grande scène et le bar pour acquérir de beaux gobelets à l'effigie du festival.

Sur le chemin, les basses résonnent et on reconnait le style du rap français old school. Pas de doutes, ça va envoyer du lourd ! Son slogan :Kery James rappe encore”. Il entre sur scène et pénètre directement dans le vif du sujet. En un son le public entier est rééchauffé, la qualité des baffes est exquise et c’est tout notre corps qui vibre à chaque rythme. Des rimes ciselées, des textes poignants et toujours directs sur le racisme, le combat perpétuel pour vivre dans l’égalité et la dénonciation du régime politique, américain notamment. 


22h30, le froid ça creuse

La pluie s’est calmée et le concert de rap terminé, nos ventres nous rappellent qu’il est temps de s'en occuper. Pour ce soir, ce sera un Américain (le sandwich, hein...) choppé près de la scène B, et englouti sous le chapiteau qui abrite “les Chanteurs du Métro”. L’ambiance y est conviviale, nous prenons beaucoup de plaisir à écouter la douce voix de Miu Queiroz, cette jeune femme d’origine franco-brésilienne qui excelle sur des chansons tantôt jazzy, tantôt soul.


23h42, The Good, The Bad and The Queen clotûre notre soirée en beauté

La grande scène est l’endroit idéal pour ce concert car la place est noire de monde. La nuit est tombée et le groupe The Good, The Bad and The Queen (photo) entonne des mélodies tantôt douces où le public semble hypnotisé et apaisé avant de remuer et sauter quand d’autres sons se font plus rock. Délicieuse découverte pour nous. Il est temps de rentrer à présent à notre tente fraîchement posée sur le terrain d’un particulier avec vue sur la baie de Saint-Brieuc…


Jour 2. 20h00, Charlie a ramené le soleil

C’est sur la grande scène que notre charmant dandy Charlie Winston (photo) fera son show et on dirait bien que tout Saint-Brieuc est présent. En plus... surprise, il fait beau ! Le chanteur à la voix irrésistible partage sa douceur et nous dévoile plusieurs chansons de son quatrième album, Square 1, mêlant folk, pop et touche africaine. Ses mélodies délicates nous plongent d’abord dans une douce mélancolie avant d’enchaîner sur un style plus vibrant nous donnant envie de danser. Il adresse quelques mots en français au public déjà conquis et termine son concert par son célèbre titre, « Like a Hobo », que nous chanterons en choeur avec lui.


21h20, en attendant la bière...

Il y a bien plus de monde qu’hier soir et l’attente est longue pour commander à boire, notamment. Dans la précipitation, un bénévole échange nos gobelets 2019 contre ceux d’une précédente édition! Stupeur et déception… Mais ce n'est pas inhabituel en festival. Pour le dîner ce soir, nous décidons d’expérimenter les mets alléchants du stand asiatique. Nems géants et brochettes de poulet furent vite avalés… Délicieux ! Nous voilà à demi-réconfortées, et en plus, Delgrès, le groupe de blues créole qui joue à ce moment-là nous plaît plutôt bien. Ca groove, ça rift, on se croirait en Louisiane, au fin fond des bayous avec un bon vieux rhum.


22h36, un moment rock à la Texas

SBRBS (photo), prononcé Suburbs, est un groupe empreint de références anglaises et américaines puissantes. La voix sensuelle de la chanteuse domine largement son acolyte qui l’accompagne également au chant mais qui se fait plus discret. Nous apprenons que deux des trois membres sont briochins d’origine et comprenons alors pourquoi le public présent est autant raccord sur les chansons. 

S'en suit une artiste qu’on ne présente plus pour notre dernier concert de ce samedi soir : Charlotte Gainsbourg sera plutôt douce panthère que tigresse pour cette édition « Animals ». L’espace de la grande scène est réellement bondé et nous prenons place sur le côté, découvrant ainsi qu’un grand écran est placé en arrière, face à une tribune, afin de permettre à quelques dizaines de personnes de rester assises pour assister au concert sur grand écran.


00h28, la jungle urbaine

Avant de rentrer, nous nous arrêtons un instant à côté de la scène B, car tout les murs de plusieurs bâtiments sont recouverts d’images projetées représentant une jungle verdoyante et luxuriante comme nous espérons qu’elle le sera longtemps encore. Des chaises, des bancs sont mis à disposition pour les festivaliers souhaitant se poser un peu avant de continuer les concerts enflammés. Relaxante parenthèse.


Jour 3. 19h30, Gringe on t’attend !

Le programme de ce soir s’annonce en effet super chargé. Histoire de ne pas en rater une miette, le ventre est déjà plein et la bouteille d’eau remplie dans nos sacs. Il recommence à pleuvoir, mais on est équipées, placées au premier rang et prêtes à en découdre. Le rappeur Gringe (photo) fait son entrée sur «Paradis Noir», tiré de son premier album solo, Enfant Lune. Ses textes mélancoliques, inspirés de sa propre vie, sauront conquérir la foule ainsi que ses nombreux échanges avec le public et les productions soignées et mises en valeur par DJ Pone.


22h45, en piste !

Angèle fait son entrée sur scène telle la nouvelle reine de la pop qu’elle est, tout en simplicité et naturel. La foule est en furie et ça se bouscule pour accéder aux premiers rangs. « Ta Reine », « Balance ton Quoi » ou encore « Jalousie » sont repris en choeur par un public ultra motivé, limite trop. Un concert très attendu donc que nous aurons plutôt passé à écouter sur la pointe des pieds qu’à savourer réellement.


00h15, une installation scénique digne des plus grands

Entre deux concerts il y a toujours 30 minutes de battement pour permettre à l’équipe d’installer la mise en scène demandée par l’artiste à venir. Quand on assiste à la préparation de celle de Lomepal (photo), on sait déjà que ça va envoyer du très très lourd pour cette fin de festival. La pluie s’intensifie comme l’excitation qui nous anime lorsque l’on compte les minutes qui nous séparent du dernier concert. Enfin le voilà, Antoine Valentinelli aka Lomepal. Il a tout pour plaire et il enflamme instantanément la piste et l’espace ultra chargé de monde. Son rap impertinent est toujours chargé d’une certaine émotion quand son second-degré ne prend pas le relais. Le jeune rappeur termine cette 36ème édition d'Art Rock torse nu et allongé sur la foule.

Le bilan


Côté concert

Nouveaux ajouts à notre playlist
Suzane et SBRBS, nos coups de coeur du festival.

Agréables retrouvailles
Charlie Winston, revenu se produire à Art Rock, il nous a donné l’impression d’être comme à la maison.

L’instant fan
Gringe et Lomepal, deux artistes qu’on attendait avec impatience et qui ont su nous combler du début à la fin.


Côté festival

On a aimé :

- L'offre gastronomique : entre frites belges, américains, kebabs, galettes à l’andouillette, plats asiatique, fars bretons ou encore menus vegan, il y en avait vraiment pour tous les goûts et toutes les bourses
- Le thème « Animals » et ses décorations colorées un peu partout dans les ruelles pavées du centre de Saint-Brieuc, des images projetées sur les murs de plusieurs bâtiments donnant une ambiance jungle, des expositions hélas manquées qui semblaient parfaitement dans le thème et des artistes déchaînés comme des fauves restés en cage trop longtemps.
- L’espace aménagé pour les fauteuils roulants en face de la grande scène histoire que tout le monde puisse profiter du spectacle.
- Les facilités de paiements : que ce soit en cashless ou via l'application Lyfpay, pas besoin d'avoir d'argent sur soi pour la plupart des bars et stands de street food à dispo.
- Les WC : l’une des premières choses que l’on cherchera en festival. Pour le coup, il y en avait près de chaque scène et espace et l’état même en fin de festival est resté correct.

On a moins aimé :

- Une blonde ou une bulle : moins de choix niveaux boissons ; quelques bières blondes basiques, des softs et du vin blanc.
- Les expositions payantes qui tombaent bien souvent en même temps que les gros concerts.
- Les festivaliers qui n'ont pas toujours les codes du savoir vivre...

Infos pratiques

Prix des boissons

3.5€ les 25cl de bière et 6.6€ la pinte.

Prix du festival

Forfait 3 jours : 80€

Transports 

En voiture : à 450 km de Paris, 200 km de Nantes et 100 km de Rennes.
La gare de Saint-Brieuc est à 5 minutes à pied du site du festival.

Conclusion

Un baptême bien mouillé comme le veut la tradition, une programmation aux petits-oignons pour nous ravir, Art Rock a été à la hauteur de nos attentes. Beaucoup de monde mais plusieurs espaces qui permettent de circuler aisément, un large choix concernant la nourriture afin d’éviter de trop longues files d’attentes et une variété de styles qui nous ont permis de jolies découvertes. A l'année pro ! 

Récit : Vanessa Merlin
Photos : Kelly Marmin