On était à
Un 15 août à Kingston

Sans sponsor ni subvention, le No Logo est un festival complètement indépendant. Avec un prix d’entrée à 15 euros la journée, le festival compte uniquement sur son public pour vivre. Première édition réussie, avec près de 20 000 festivaliers qui se sont précipités pour bouger sur les rythmes de la Jamaïque, avec notamment Alpha Blondy, Capleton, Féfé, Israel Vibration ou encore Julian Marley. Un festival pas comme les autres, voilà le ton donné à ces deux journées du 14 et 15 aout ! Nous avons eu la chance de nous y rendre pour le 15 aout et on vous raconte notre expérience.

Soleil et farniente au bord du Doubs

15h, nous arrivons dans la petite commune de Fraisans, dans le Jura. Les rues sont déjà bondées de festivaliers, les terrasses des bars pleines à craquer, les bureaux de tabac pris d’assaut et le seul et unique distributeur à billets du village ne suit plus la cadence ! L’heure est à la détente pour les festivaliers présents la veille. Au programme, partie de pétanque, baignade dans le Doubs et farniente à l’ombre pour les plus flemmards.

Le festival a, quant à lui, pris place sur le site des anciennes forges, haut lieu du patrimoine industriel Franc-Comtois réhabilité en espace culturel depuis peu. De loin on entend déjà les Mystical Faya qui achèvent leur set. L’entrée sur le site se fait très rapidement en ce début d’après-midi. 

Une marée verte jaune rouge

Quand nous arrivons devant la seule et unique scène du festival c’est Yaniss Odua qui entame les hostilités. Le public est peu nombreux mais les drapeaux vert jaune et rouge s’agitent déjà dans tous les sens. Les musiciens délivrent un dancehall antillais de bonne facture. Yaniss réussit avec brio à capter l’attention de tout le public avec ses messages d’espoir et de paix. A la fin de son set il lance un inévitable « Je veux savoir si y’a des Ganjamen dans la place ? » avant de jouer son morceau mythique La caraibe, reprit en cœur par toute la foule. 

On fait le bilan, calmement !?

On bat en retraite pour faire une pause à l’ombre avant d’attraper une insolation ! Il est 18h, le soleil tape encore très fort...Pause de courte durée car c’est au tour des Neg Marrons de monter sur scène. Casquettes, chaînes et lunettes de soleil, les deux acolytes déboulent en trombe et déchaînent les foules dès les premières notes. L’agitation du public déclenche même un énorme nuage de poussière ! « Est-ce que vous aimez le reggae music !? » lance Jacky Brown, l’un des deux chanteurs du groupe, avant de rendre un bel hommage à Bob Marley. Tous les titres de notre jeunesse y passent : C’est pas normal, Donne Toi Les Moyens, Leve-Toi Bats-Toi, Fiers d’être Neg Marrons, … A la fin du set Ben-j lance : « Hé les massiv' de Fraisans, vous êtes prêts  à faire le bilan, calmement ? » Le duo achève son set avec le fameux tube que tout le monde connaît bien et qui provoque un véritable raz de marée dans la foule ! On avale un bon mètre cube de poussière au passage ! Le live était court (moins d’une heure), trop court, on en redemande mais le timing est serré, il faut laisser place aux suivants.  

Retour aux sources

On se rue ensuite sur les fontaines à eau, parce que l’eau c’est la vie ! Entre temps c’est Max Roméo qui vient d’arriver avec War Ina babylon. Tous les classiques du reggae sont passés en revue. Le concert est rythmé même si le groupe est un peu statique, le public a l’air conquis. Le soleil se couche sur Fraisans, on peut enfin commencer à respirer ! On s’allonge dans l’herbe verdoyante ou plutôt ce qu’il en reste (un terrain sec et poussiéreux !). 

On profite de ce moment calme pour faire un tour du côté des stands. Au menu : produits locaux, délices des iles, spécialités libanaises, … de quoi satisfaire toutes les papilles ! On optera pour la copieuse poêlée comtoise. Ça fait le taf, on est rassasié pour au moins 3 jours ! 

On s’avance ensuite pour le concert de Julian Marley, fils (un de plus !) du légendaire  Bob Marley. On ressent bien l’héritage du père , en fermant les yeux on pourrait presque s’y méprendre. Son concert est l’occasion de découvrir ses propres compositions mais surtout de re-décrouvrir les classiques de son paternel. Un son reggae roots et une énergie teintée Marley qui a su ravir les plus grands fans !    

Les changements de plateau se font assez rapidement. On a même droit à un sound system reggae dub, les Rootikal Vibes, pour combler notre soif de basse pendant les transitions.

Petit tour sous le "chapiteau" du Babylon Circus 

Après un petit quart d'heure d'attente c'est Babylon Circus qui entame son set avec un morceau extrait du nouvel album Never stop qui sortira fin août. On a également droit à des morceaux tirés des anciens albums De la musique et du bruit, J'aurais bien voulu ou encore La caravane. Le groupe nous transporte dans un véritable voyage entre ska, rock, reggae, chanson française et musique des balkans ! Les deux potes délivrent une puissante énergie qui ne laisse pas le public indifférent : « Hé les fauves de Fraisans, on va faire un truc : plus vous chantez fort, plus on joue fort, ok !? ». Le set se clôture avec le célèbre morceau La cigarette reprise en cœur par toute la foule  « LaLaLaLa LaLaLaLai », un moment fort et riche en émotion.

Un final en compagnie du prophète

Le froid commence à s’installer sur le festival. Heureusement Capleton ne tarde pas à faire son entrée pour le final. Le prophète arrive sur scène 10-15 minutes après le début du concert (un chauffeur de salle a assuré les premiers morceaux) vêtu d’une tunique légendaire verte, violette et or. Malgré l’heure tardive, il embarque toute la foule avec ses titres phares comme That Day Will Come ou encore Jah Jah City. Tous les morceaux sont marqués par des pull up, trop de pull-up ! Mais c’est aussi ce qui fait la marque de fabrique … ! Le légendaire King of fire hurle entre chaque tune « more fire people, more fire ! ». Tous les briquets s’allument et la fosse s’illumine le temps d’un instant. Capleton est surexcité, il bouge de gauche à droite, saute dans tous les sens. On en prend plein les yeux et les oreilles ! Le roi du feu est un véritable showman en live !

On part juste avant la fin du concert, les jambes deviennent lourdes, les oreilles sifflent. On se dit qu'on aurait mieux fait de mettre nos boules Quies ! Hormis ce petit désagrément, on ressort du festival ébahis, des lumières plein les yeux et des « Jaaaaah » plein la tête !  

 

Côté concerts :

La Surprise :
Neg Marrons : Le duo mythique a produit une presta de qualité. Un retour 15 années en arrière qui sent bon la nostalgie. 

La Confirmation : 
Babylon Circus : un live puissant entre ska, rock et musique balkanique, sans fausse note.

La show qui assure :
Capleton : Le prophète est une vrai bête de scène et il ne laisse pas son public indifférent !

Côté festival :

On a aimé :

-    Le prix des places (25€ le pass 2 jours en pré-vente).
-    Une programmation pointue et de qualité pour les amateurs de musique jamaïcaine.
-    Un festival indépendant et sans sponsor !
-    Le cadre naturel plutôt idyllique.
-    Le sound system pendant les temps morts.
-    Un soleil jurassien qui n’avait rien à envier à celui de Kingston.
-    Les nombreux hommages rendu à l’icône du reggae music Bob Marley.

On a moins aimé :

-    Les files d'attentes et un espace un peu petit pour le nombre de personnes (l’organisation a visiblement été un peu débordée par les événements mais on ne peut leur en vouloir au vu du succès qu'a rencontré le festival !)
-    Un camping, lui aussi, petit pour le nombre de festivaliers (du coup on a vu fleurir des campings un peu partout dans le village).
-    Le concert trop court des Neg Marrons !

Conclusion

Fort de son image d'indépendant, le No Logo Festival a commencé sa route sur une belle lancée. Le pari était fou : un air de Jamaïque au fin fond de la campagne Jurassienne, mais il semble être réussi. Les festivaliers ont visiblement adopté le projet et le festival a fait sold out les deux soirées. En plus du projet, de la programmation, et du superbe site des Forges, les valeurs telles que la paix, l’amour et l’amitié ont métamorphosé les 19.000 festivaliers. C’est donc un avenir très prometteur qui se dessine pour le No Logo Festival et c’est tout ce qu’on lui souhaite.