On était à
La route du rock savoure son quart de siècle

Le Fort Saint Père, à quelques kilomètres de Saint Malo, accueillait La Route du Rock, pour une 25ème édition. Une programmation teintée rock subtil pour un festival au sol détrempé qui séchera au fil de la chaleur des coeurs et des corps des festivaliers. On vous raconte.  

Jour 1. 20h48 autant en emporte le vent

Arrivés aux alentours de 20h, il nous faut affronter les bouchons puis les éléments naturels afin de s’installer au camping, qui est un immense champs de boue. Une chose à savoir : en cas de fortes bourrasques, privilégiez vraiment la tente 2 secondes ! Notre double toit version tente igloo se fera un malin plaisir de ruiner nos nerfs. Inutile de préciser que pour garder les pieds au sec, les bottes ou les chaussures de randonnées sont de rigueur. On a quand même de la chance, la pluie s’est arrêtée vers 18h. On mange sur le pouce et on se dirige vers le site du festival, à 4 minutes à pied.

22h27, des glissades et de la douceur

Peu d’attente pour entrer. On arrive sur l’esplanade du fort, devenu une sorte d’étang boueux, mais loin des marécages des années précédentes. Merci les travaux ! Les deux scènes principales se font toujours face, séparées d’une grande régie son. Après un passage remarqué de Fuzz sur la scène du Fort, le groupe Algiers débarque sur la scène des Remparts, pour un son soul et groovy qui donne envie d’onduler légèrement son corps, sans pression aucune. C’est un bon début, qui met nos esprits dans l’ambiance sans s’énerver. Il n’y a pas trop de monde, on circule aisément, plutôt pratique lorsqu’il faut contourner les énormes flaques. 

23h02, obscure chaleur pour onde de bonheur

On enchaîne avec Timber Timbre (photo), venu des Etats-Unis pour présenter leur 3ème album. Magnifique surprise, le son est tantôt folk, tantôt blues, tandis que la voix grave et parfaitement maîtrisée du chanteur nous emporte. On écoute avec une mélancolie venue d’on ne sait où ses balades sur des lumières pourpres et opaques, totalement hypnotisantes. Un concert qui  donne envie d’écouter tous leurs albums à la maison. On remarque les agents de sécurité, nombreux mais agréables et souriants et surtout les bénévoles qui font un travail remarquable, entre nettoyage constant des espaces de vie et service efficace au bar. Que demander de plus?

00h32, la pause exotique

Pour résister au froid et à l’humidité, il faut bien manger. On se dirige donc vers un stand de spécialités thaï et on se régale avec une box de nouilles sautées aux légumes à 6€, tout en étant concentrés sur le passage de Girls Band et leur son punk. C’est du punkrock, ça saute, c’est efficace et on voit les premiers rangs s’agiter comme des diables, tout autant que le chanteur qui déploie une énergie scénique et sonore assez conséquente et entraînante. Il y a foule devant les scènes, mais ce vendredi soir est loin d’afficher complet.

01h23 plus c’est long, plus c’est bon.

On revient dans la foule, devant la scène du fort pour découvrir Ratatat (photo). Le duo est en forme et nous présente de l’électro pop sur un visuel en mode gif très animaliers et animé. Le concert durera une bonne heure et demi et la fatigue ne se fera pas sentir. On profite du show une bière à la main, réglée, comme dans beaucoup de festival, avec une carte "cashless", eux aussi sont passés au paiement dématérialisé. On regarde le dernier concert de loin : sur son gros astéroîde, Rone produit un son électro à la française enlevé et réjouissant. Une fin de soirée des plus sympathiques avant de rejoindre un camping à l’ambiance plutôt calme.

Jour 2. 11h08 réveil en douceur et douche chaude

Après une grasse matinée bien méritée sous un ciel nuageux mais pas décourageant, certains vont prendre une douche, d’autres vont papoter avec les voisins pour troquer des cafés contre des abricots. Des sanitaires en dur avec toilettes et douches sont installés pour le camping, l’eau chaude est de la partie. L’équipe d’entretien est efficace et fait ce qu’il faut pour garder les lieux relativement propre tout le long du weekend, c’est très appréciable.

16h02, soleil et chaleur à la rescousse

Nous prenons une des nombreuses navettes qui font l’aller-retour entre le festival et la ville de Saint-Malo, pour nous rendre sur la très jolie plage du Bon Secours pour assister aux DJ set de l’après midi. On peut écouter Flavien Berger et son électro sur des paroles assez perchées. On aime ou on déteste, force est de constater qu’on n’a pas l’occasion d’écouter ça tous les jours. La plage est occupée par des festivaliers comme des touristes, le set étant gratuit. On profite du beau temps et du cadre magnifique pour se baigner, siester et faire un peu de tourisme avant de rentrer au camp.

21h18, petit voyage dans le temps

On passe prendre des pulls à la tente avant d’arriver à l’entrée du festival. Il y a du monde mais le passage est fluide. Après Only Real, Kiasmos ou Hinds, c’est l’heure de Soft Moon, assez inspiré de la new wave anglaise des 80’s un peu dark. C’est loin d’être violent, mais c’est rythmé et ça nous berce. L’esplanade a un peu séché et de la paille a été ramenée pour éponger les surplus. Ca sent fort le bétail et la campagne. Le public est beaucoup plus dense que la veille, l’annulation tardive de la tournée de Bjork n’ayant pas refroidie les foules.

22h43, Foals et foules, un mélange alchimique

Spectres fait son apparition sur la scène des Remparts. Le groupe porte bien son nom : du rock classique, pas d’univers particulier, nous ne sommes pas vraiment transportés. Les remplaçants de dernière minute Foals en revanche enflamme la foule. Le groupe profitera de cette aubaine pour présenter leur nouvel album pour leur seule date française. Le son pop rock bien punchie plaît à une majorité et le chanteur s’offrira des petits passages en fosse pour la plus grande joie des premiers rangs. Le show est d’autant plus impressionnant que le groupe était privé de son bassiste, tombé malade juste avant la Route du Rock.

01h02, une transition malheureuse

On est sur notre petit nuage, et la descente va se faire sans parachute. Daniel Avery et sa techno pénible, on s’ennuie, on subit. La route du rock n’est sans doute pas le festival où l’on vient pour un live de techno… On décide alors de visiter un peu l’endroit, pour s'occuper. On passe devant le stand des labels, un peu caché dans un renfoncement, puis le stand merchandising qui ne nous passionnera pas plus que ça. Le samedi soir se termine avec Lindstrom (photo) sur une note plus sunshine est donc bien plus agréable à écouter. La fatigue et le froid nous fera partir à regret avant la fin du show, pour une nuit ponctuée de réveils frileux.

Jour 3. 15h24 confort basique, mais confort quand même.

On décide de rester sur le site du festival pour se reposer avant le dernier soir. On peut profiter d’une belle expo de Richard Bella dont les photos sont accrochées dans les arbres qui bordent l’allée qui mène au fort. On squatte aussi devant l’accueil du festival, situé entre les scènes et le camping, où l’on dispose d’un stand de nourriture et d’un DJ pour ceux qui veulent danser sans s’arrêter. Il y a également un stand Décathlon qui peut dépanner les festivaliers pas assez équipés, un espace avec PC pour organiser les retours en covoiturage ou dire bonjour à la famille sur les réseaux sociaux et de nombreuses multiprises en libre service pour recharger les portables. Sans oublier le traditionnel stand de prévention.

21h58, la scène British encore à l’honneur

Après un apéritif dînatoire un peu tardif, on rate Viet Cong et Father John Misty, on se dirige vers les scènes pour le dernier soir du festival. La densité de la foule est comparable à celle du vendredi soir,c'est donc très agréable à vivre. Savages (photo), un groupe de londoniennes charismatiques et branchées, nous propose un rock nerveux, très inspiré des sonorités et de l’univers de Placebo du début des années 2000. On est pas très loin de la scène et ça saute dans tous les sens, nous aussi.

23h32, Let’s go for a ride, Dan ?

On enchaîne en toute harmonie avec le groupe britannique Ride, davantage ambiancé daddy’s rock, un peu tradi mais qui reste doux et très agréable à écouter en concert. Arrive ensuite Dan Deacon (photo), un type assez foufou qui secoue le festival en ce dimanche soir. Une électro pop relevée et très colorée, avec une voix modifiée à la Daft Punk. C’est chaleureux, le chanteur parcourt la scène de long en large, parle, chante, hurle et réussit à intéragir avec la foule pourtant assez conséquente rassemblée devant la scène. C’est magique, on adhère.

01h42, une redescente un peu forcée

Après un concert vraiment fun et agité, on peut voir The Juan Maclean, pour une ambiance beaucoup plus posée et c’est bien dommage. Juste après un Dan Deacon qui faisait vibrer les foules, ce groupe bien calme résonne comme un son de variété un peu trop passe partout. Encore une transition peu chanceuse qui va nous convaincre de ne pas attendre le dernier groupe. On se dirige d’un pas sûr vers la sortie et notre dernière nuit en Bretagne.

Le Bilan

Côté scène

La valeur sûre
Foals, pas si évidemment il y a quelques semaines ...

La découverte
Dan Deacon, un fou génial.

L’excellente surprise
Timber Timbre, le talent troublant.

La mauvaise idée
Daniel Avery, pas dans le bon festival

Côté festival

On a aimé :
L’entretien béton des sanitaires qui restent à peu près propres et fonctionnels tout au long du festival.
L’espace de l’accueil
L’ambiance, merci les bretons, ne changez rien!
Foals qui remplace au pied levé Bjork. Bien joué !

On a moins aimé:
- Le prix des conso et des gobelets non consignés
Pas assez de groupes rock made in France
L’attente pour les navettes, si c’était raisonnable pour le vendredi et le samedi, attention aux campeurs du dimanche!

Conclusion

25 ans ça se fête ! Une édition pas évidente avec l’annulation de la principale tête d’affiche, mais rattrapée avec brio avec l’intervention de Foals. Les sourires et la bonne humeur des festivaliers comme des bénévoles nous ont fait passer un excellent et chaleureux weekend. Comme toujours, la Route fut boueuse, mais le Rock fut au rendez-vous.