On était à
Festival Chorus : un deuxième week-end à la Défense

Retour au festival Chorus pour un deuxième round très éclectique. Une première soirée au son hip-hop, une deuxième électro et une dernière plus rock, il y avait de quoi ravir nos oreilles entre les tours de la Défense.

Jour 1. 19h30, Des retrouvailles un peu gâchées

Ce soir, c'est soirée hip-hop, et ça commence avec l'étonnante Billie Brelock et sa voix qui rugit sur de puissantes bass. Une dégaine de première de la classe, un flow intelligent à l'humour pointilleux et recherché, un rap qui oscille entre le francais et l'espagnol … une belle découverte. Mais ce qui suit sous le Dôme ne sera pas du même genre. Quelqu'un a dû oublier de nous prévenir que celui qui pétait les plombs au Mcdo et qu'on appelait Disiz  (photo) avait aujourd'hui pris un dangereux virage vers le style "Booba". Des vers très limite, une attitude gangsta, on a le cœur en miettes … Heureusement, les Epic Rain sont là pour nous remonter le moral. Une sorte de featuring entre Tom Waits et Eminem, de belles personnalités qui livrent un spectacle urbano-burlesque sous une pluie de bulles de savon. On se sent comme si l'on faisait partie d'un conte de fées très particulier.

21h47, Le old-school comme on l'aime

Les (super) jeunes Bigflo & Oli sont les prochains à attraper le micro sous le Dôme. Et on est côté d’avoir repoussé notre pause bière. Des gamins qui pètent la forme, des paroles réfléchies et inventives, des textes qui touchent ... Voici la nouvelle fierté du rap français! Et en plus il font de la trompette et du scratch. On est amoureux. Nous décidons de sécher Empire Dust pour aller papoter avec des festivaliers qui s'amassent sur les marches entre les deux salles. L'ambiance est bonne enfant, on est en famille ici. Les mecs de la sécu tapent la discut' à d’autres pas franchement frais, les artistes accostent les gens qui se reposent ... C’est le calme avant l’émotion, avec le live de nos grands frères de toujours, IAM (photo). C’est un livre d’histoire du rap qui s’ouvre devant nous. On retrouve la bonne vieille école du micro d'argent qu'on a tous fréquenté et qui nous a tous vu grandir. Trop d'énergie sur scène mais aussi dans le public, le sol, prêt à craquer s'en souviendra longtemps.

00h27, des hollandais à la sauce US pour le dessert

Fin de concert, les gens grognent sur l'état des chiottes. D’expérience de festivaliers, on en dirait plutôt du bien! Arrive en scène le dernier nom de la soirée, Dope D.O.D. (photo) pour une version très US - mais au fond hollandaise - et plus violente que Joey Starr. Oui, c'est possible. C'est vrai qu'on a eu droit à un répertoire assez frenchy ce soir, le maillot des Chicago Bulls et des New Era à l'envers ne nous dérangeront pas. 

Jour 2. 19h42, Soirée boom boom !

Très peu de monde pour ce début de soirée électro. On débute les festivités sous notre chapiteau préféré du Magic Mirror. On savait déjà que Reims produisait ce qu'il y avait de mieux dans le registre de l'électro en France, confirmation avec ALB ! (photo) Ces mecs sont friands de grosses basses, mais il faut un peu s'accrocher à son estomac devant la scène. En une soirée, le public a bien changé : beaucoup plus de fleurs dans les cheveux, de barbes rousses et autres signes distinctifs du hipster parisien. Pendant qu'on les regarde passer, Zombie Zombie fait beaucoup de bruit sous le Dôme. Ce qui nous semble très répétitif au départ saura finalement nous apprivoiser. On sent doucement nos jambes se détendre et nos genoux fléchir au rythme de la techno expérimentale du duo. Dommage, c'est déjà fini et on reprend l'éternelle course entre les deux scènes pour se retrouver face au berlinois Thomas Azier qui va réussir à nous saouler très rapidement malgré sa superbe chemise pailletée de l'espace.

21h44, De la fumée, en veux tu en voilà !

Têtes d'affiche de la soirée, les Klaxons (photo) débutent leur set avec un problème technique. On ne leur en tiendra pas rigueur, ils sont si charmants quand ils s'en excusent. Et il n'y a pas que le son qui souffre d'une problème technique, la régie du Chorus est un peu (trop) à fond sur les fumigènes et les éclairages ne sont pas au top. Bien qu'on soit à fond sur le son (le sol du Dôme pourra à nouveau testifier), un peu de visuel ne nous aurait pas dérangé ! L'affiche de la soirée étant blindée comme il se doit un samedi soir, c'est d'abord au tour des Jabberwocky punchy, colorés et frais de prendre le micro avant de céder la place à Jackson and his Computerband (photo en dessous) sous le Dôme. Une scénographie magnifique composée d'instruments venus d'ailleurs qui scintillent dans le noir. On aurait l'impression de regarder un chimiste dans son labo, ou un beauf devant son barbeuc de merguez, la fumée étant toujours au premier rang. Le DJ communique très particulièrement avec son public, à base de sourires timides mais sincères et en brandissant une main de fer dans un gant de velours. Pourquoi pas.

00h05, Time to Dance

Après avoir finalement succombé à la part de pizza a 6€ pour reprendre des forces, direction le live de Baskerville. Un peu le même délire que Jabberwocky mais avec une touche disco kitsch. Enfin, peu avant les coups de 1h du matin, c'est The Shoes (photo) qui entament un Dj Set vibrant, simple mais étonnant, avec une énième version de Happy qui va décidément finir sur la même étagère que Get Lucky. Le public lycéen autour de nous s'est visiblement sifflé quelques verres entre les concerts, ça ne saute plus vraiment en rythme. Ils kiffent et on est plus nombreux que samedi dernier. Le son chavirent entre Vice City avant d'exploser en Gesaffelstein pour aller jusqu'à Gas Pedal. Et le tout se marie à la perfection ! Un seul truc à dire, vive la ville de Reims !

 

Jour 3. 20h30, ouverture canadienne en douceur

Et dès le début c’est l’envie de voir la grande star de la soirée qui nous pousse à aller vers la grande scène, avec le canadien Karim Ouellet (photo). Un artiste folk à la Tété, friand des interactivités avec le public. Même si au final ça casse plus le rythme du set qu’autre chose. Le québécois arrive à garder son public entre deux petites anecdotes sur son pays. D’ailleurs si son nom ne rappelait pas grand-chose à la majorité, venu surtout pour le concert de M, son titre l’Amour a raisonné dans les esprits avec cette sensation de déjà-vu d’un titre entendu et réentendu à la radio. Bon, pas sûr qu’on retournera à ces concerts mais en tout cas on aura enfin mis un visage sur son tube, c’est déjà ça.

21h10, Afrobeat au Magic Mirror

Bien placé pour M, la curiosité nous pousse vers la scène du Magic Mirror. Elle a bien fait de nous mener jusque-là pour découvrir Jungle By Night (photo). Les neuf membres de ce groupe hollandais rebondissent sur des rythmes entre funk et afrobeat. Une belle énergie et cette sensation d’être en plein jam sur des titres à rallonge qu’on aimerait ne jamais entendre finir. A cette bonne vibe se rajoutent des « duels » en face à face, trompette vs trombone. Pas de chant mais une instru tellement cohérente qu’une section voix n’est pas nécessaire. Les possibilités sonores semblent infinies, mais l’heure tourne. On aurait aimé passé la nuit avec Jungle By Night mais l’envie de revoir le show de M version 2014 nous fait décoller. En tout cas, on réécoutera Jungle By Night avec plaisir mais là le temps presse.

21h45, Nous aussi on t’M

Un type avec six pintes se faufilent. On se prépare. La salle est plein à craquer. Like a boss - M - (photo) arrive sous les applaudissements : costume rouge à paillettes, lunettes en forme de M sur les yeux, le chanteur brille tant par sa présence que par son set. Bien enchaîné, malgré quelques longueurs. Un début avec Iles de son dernier album, puis des tubes sui font danser, chanter, bouger les doigts sur le Mojo ou chanter en choeur sur Je dis aime. Cet été on l’avait vu ramener toute une chorale d’enfant sur scène. Ce soir, c’est simplement le petit Arthur qui chante le refrain de La Seine sur scène. On n’oublie pas les solos de ses deux acolytes batteurs et guitariste, et la venue sur scène d’un accordéoniste et d’un danseur tribale. Le final se fait avec les “Mojo boys” devant un public conquis depuis longtemps.

Côté concerts

La claque.
Big Flo & Oli, si jeunes et déjà si bouillonnants.

Les découvertes.
Sarah W Papsun et ALB, des talents qui ont de l’avenir.

La confirmation.

Skip the Use, un live sans faute.

Les indétrônables.
IAM, les grands frères du rap toujours présents.

La déception.
Disiz, qui représente trop ce qu’on n’aime pas dans le rap français.

La meilleure ambiance.
Salut c’est cool, des mecs qui donnent de l’amour sur scène.
 

Côté festival

On a aimé :

- Le cadre : un festival entouré de grandes tours éclairés, on n’en fait pas tous les jours.
- Les salles de concert. Notre cœur balance mais le chapiteau en bois du Magic Mirror nous a vraiment épaté !
- Les verres à anse super pratiques. Une innovation très appréciable !
- Le vidéomaton amusant et simple d’utilisation, nous permet de changer d’air entre deux concerts.
- Le staff adorable !

On a moins aimé :

- Le prix de la bière, aussi cher que dans les clubs parisiens.
- L’obsession de la ponctualité. On aurait aimé que certains concerts durent un peu plus longtemps.
- Un manque de temps pour souffler, et se siffler la précieuse bière

Conclusion

Un melting-pot de belles découvertes musicales à un prix totalement abordable et dans un cadre totalement inédit. Un festival sans prétention mais à l’ambiance festive, adapté à tous les âges et tous les goûts musicaux. Une belle programmation gratuite l’après-midi qui convainc facilement les Parisiens à se déplacer dans les Hauts-de-Seine. Bref, un beau prétexte pour passer un (ou deux!) week-end musical de qualité. Si seulement les consommations étaient moins chères on y aurait passé nos journées entières !  

Photos de Disiz, IAM et Dope D.O.D. : Olivier Ravoire (CG92)
Photos de -M-, Jungle by night et Karim Ouellet : Willy Labre (CG92)