On était à
Des dreads aux sourires, l'ensorcellant Au fil du Son

Derrière l’église de la petite ville de Civray, sur les bords de la Charente, on croise tous les étés une étrange tribu de dreadeux en sarouel pieds nus. Cette année, ils n’ont pas manqué à l’appel du festival Au Fil Du Son. Nous avons partagé deux jours avec des festivaliers dignes des meilleurs.

Jour 1. 19h40, après la pluie, l’apéro !

Arrivée à Civray juste après qu’une immense pluie s’y soit abattue. Mais nous n’échapperons pas aux mares de boue qu’elle laissera traîner derrière elle tout le weekend. Arrivé sur l’entrée du festival, on est bloqué par la sécu selon laquelle il n’y aurait plus de place au camping. Après de fastidieux débats avec eux, ils nous laissent passer et on constate qu’il y a encore largement la place pour se garer. Mais pas le temps de pester, l’apéro est déjà entamé sur le camping du festival qui regorge de bonne humeur et de partage (photo). On s’y sent tellement bien qu’on oubliera totalement de regarder l’heure.

22h30, tout vient à point à qui sait attendre

Après une petite trotte de 15 minutes pour accéder du camping au festival, nous faisons face à un problème d’organisation de taille. Une queue de 45min (photo) avant de pouvoir entrer dans l’enceinte du festival. A l’entrée ça se bouscule et ça se fâche un peu mais les festivaliers ici ne sont pas stressés et la bonne humeur accompagnera toute l’attente. Quand nous arrivons enfin devant la petite scène, c’est As de Trèfle, qui ont déjà débuté leur set depuis un moment, qui nous accueillent. Un moment de Fest­Noz­En-Charente, rock acoustique sur scène et lampions dans les arbres, qui lance bien pour nous cette 11ème édition.

23h25, de belles rencontres et de succulentes frites

Toute cette attente nous aura donné bien faim et nous nous dirigeons vers les stands de réapprovisionnement en contournant les nombreuses flaques et mares boueuses qui tentent en vain de nous barrer le chemin. Les vivres s’achètent au moyen de tickets mais pas trop de problèmes de ce côté­ là, ça va très vite autant en espèces que par carte bleue. Nous optons ce soir pour l’option burger et grande barquette de frites à 5€, un prix qui les rendra encore meilleurs. Nous allons nous poser sur un des petits murets à proximité où nous rencontrons Julien, métalleux geek pépiniériste de la région qui nous donnera du rêve et quelques gorgées dans son pichet de bière. Nous manquons ainsi une partie des concerts, mais pas grave.

00h32, peace and origan

Nous voici enfin devant la grande scène, on se faufile entre une forêt de dreads pour voir le concert du très attendu reggaeman Alborosie (photo). Les gens, toujours aussi chaleureux, mettent tout de suite une bonne ambiance. Le peace and love et partout et les sourires ne se décrochent plus des lèvres. Quelques bâtonnets d’origan circulent à gauche et à droite dans cette foule pleine d’amour sous une ambiance estivale reggae et cocotiers. On se prend nous­ mêmes très rapidement au jeu du ‘bouyaka bouyaka !’ bien qu’on ne soit pas des petits « raggamuffins » à la base.

01h17, didjeridoo pas trop pour nous

On se dirige ensuite vers la buvette avec d’autres assoiffés. C’est un peu la bagarre et la bousculade étant donné qu’on y a tous pensé en même temps, mais pour nous adoucir une bonne pinte à 4€ nous fera bien plaisir, sachant que la barmaid nous offrira la deuxième. Quand on vous disait qu’ici c’était le bonheur ... Sur la petite scène débute le concert de Hilight Tribe (photo). Nous nous attendions déjà un truc bizarre mais à ce point­ là ... On n’est décidément pas assez Babylon Animals et le didjeridoo qui grouille sur fond de beat type « soirée disco chez Boris » c’est un peu trop pour nos oreilles. De toute façon Mr. Oizo a été annulé et c’est Missill qui le remplacera finalement ce soir. Nous ne sommes pas convaincus et nous finissons donc tranquillement notre bière en parlant avec des festivaliers errants avant de rejoindre le camping où l’after se poursuivera jusqu’à 9h du matin sur le camping camion.

Jour 2. 16h30, la rédemption dans l’eau

La nuit a été sauvage et après un bon petit déjeuner homemade au camping nous allons nous prélasser le reste de l’après­-midi sur les bords ombragés de la Charente. Certains campeurs ont trouvé refuge sous les arbres les pieds dans l’eau (photo), d’autres jouent au ballon sur la pelouse. De notre côté on opte surtout pour la sieste, il faut qu’on soit en forme ce soir. La programmation nous met l’eau à la bouche !

20h30, legaliza legaliza

Nous ne voulons rien louper ce soir et nous arrivons pour la fin du live de Mother of Two avant de rejoindre rapidement la grande scène pour avoir de bonnes places pour le concert que nous attendions avec impatience : Ska­P (photo)! Une prestation très dynamique et remplie d’émotions. Dans le public ça slamme à balle, ça jumpe dans tous les sens et au bout d’une demi­-heure on est trempé comme tous les participants du Tour de France réunis. Le groupe de ska punk n’a pas vieilli d’une ride et on est fier de connaître encore tous les tubes (et de réviser notre espagnol accessoirement). Un grand moment d’émotion lorsqu’ils dédient une chanson à la Palestine avant de repartir une énième fois sur le refrain de El Vals del Obrero. L’échauffement est d’envergure et annonce une bien belle soirée.

23h45, fouées forever

On ne sent plus nos pattes, on est trempé mais on est aux anges. C’est l’heure d’aller reprendre des forces du côté du fameux stand de « fouées » qui nous a suivi sur tous les festivals poitevins cet été et ce n’est pas pour nous déplaire. La queue est importante, ça y est, tout le monde connaît le bon plan du pain chaud fourré. On manque de louper le début du concert prochain mais on arrache notre petite boule de chèvre frais pile à temps et nous affrontons les flaques de boue tels des candidats des Jeux Sans Frontières pour accéder à la grande scène.

00h03, la moustache ça vous gagne

La programmation est encore bien en retard ce soir et Deluxe (photo) ne font que commencer leur live initialement prévu à 23h25. Heureusement ce groupe ne déçoit jamais et le public de Civray non plus. C’est une alchimie parfaite entre moustachus et dreadeux. La funk, le hip­hop, la dubstep, plus rien ne nous arrête et on chante à tue­tête les tubes que nous avons déjà bien révisé cet été. Une mention spéciale à leur photographe barbu qui fait des stunts entre la scène et le pit photo, ça aussi c’est du spectacle !

01h15, l’apéro était visiblement rude

On n’a pas le temps de souffler ce soir, c’est la course pour rejoindre la petite scène en courant pour ne rien louper du live des désormais incontournables Salut C’est Cool (photo). Une programmation un peu surprenante pour ce festival qui se voulait principalement reggae, ska, folk et funk. Mais au final pourquoi pas ! Sauf que programmés à cette heure tardive, les jeunots ont visiblement pris quelques verres de trop en backstage et c’est à un live un peu décousu et décevant qu’on assistera ce soir ­là. Le public reste tout de même au rendez­vous, on ne s’arrête pas en si bon chemin, et même si on ne comprend pas tout au concept de la soirée « sacs poubelle » de ce soir, un bon vieux « Merci Nature d’être là » sera scandé à pleins poumons. Après tant de sport, nous n’aurons plus la force pour Superdiscount 3 et leur Etienne de Crécy national, et nous nous rabattrons une fois de plus sur l’after au camping qui ne cesse jamais.

Côté concert

L’indémodable
Ska­P, une prestation explosive et touchante !

La confirmation
Deluxe, la moustache leur va si bien !

La découverte
Alborosie, certes on découvre ça un peu tard mais on n’est pas déçu !

La déception
Salut C’est Cool, mollo sur le Ricard !

Côté festival

On a aimé :

- Le public qu’on aimerait revoir à tous les festivals
- Pas de portables (ou très très peu) en l’air pendant les concerts. Eh ! Que vois­-je ? La scène !
- Des prix très abordables et des stands bouffe succulents
- Un camping à la super ambiance, même dans la boue, même sous la pluie

On a moins aimé :

- L’organisation à l’entrée du camping et celle du festival. C’est lent et mal informé.
- Le retard sur la programmation, on ne sait plus où on en est.
- Le remplacement de dernière minute de Mr Oizo par Missil.

Conclusion

Un festival pépouze à souhait, plein de bonheur, d’amour, de dreads, d'origan et de sourires (tu m’étonnes...). Pas forcément la programmation qu’on aurait mis dans notre top 10 des festivals 2014 au départ mais finalement un résultat bien au­-delà des espérances. Au Fil Du Son, merci, nous reviendrons. Il nous reste un an pour laisser pousser la moustache et les dreads

Récit et photos : Kilian Roy et Anja Dimitrijevic