On était à
Cinq soirs au festival des Inrocks

En ce début novembre se tenait le festival des Inrocks. L’endroit idéal pour se confronter à une sélection pointue de jeunes promesses musicales. Après cinq soirées, on vous ramène quelques noms qui vous tiendront chaud pour l’hiver.

Soirée 1, 21h10 : Keaton Henson curé d’un soir

C’est dans un lieu sacré que s’ouvre ce festival. A l’Eglise Saint-Eustache, au cœur de Paris. Et pas avec n’importe qui : Keaton Henson. La salle se remplit de quadras, et le concert commence dans un silence presque absolu. Le violoncelliste est d’abord seul sur scène. Puis s’installe le barbu tant attendu. L’anglais est adulé par les médias depuis la sortie de son premier album Birthdays. Sa voix est douce, timide, parfois frêle. Elle résonne et prend contrôle de l’enceinte. Du Jeff Buckey tout craché. L’eau bénite n’était pas trop corsée, ça nous permet de commencer tranquille la semaine. 

Soirée 2, 20h25 : Rocky sauce rock’n saoul

Direction le prestigieux Olympia pour ce deuxième soir. On loupe HollySiz, et on tombe sur les pétillants membres de Rocky (photo). Ils sont quatre sur scène. Une musique électro-pop avec une « crooneuse » comme tête d’affiche. Ca a de la gueule. On dirait une sorte de disco des temps modernes. Le groupe originaire de Lille chauffe et communique avec le public. Fin du concert, et malgré la pinte à 8€, nos jambes trépignent d’impatience.

21h35 : Major Lazer retourne l’Olympia

On était prévenu. Cabaret vert, Rock en Seine, Pukkelpop, ils nous avaient déjà balancé du lourd. Le sol se soulève dès qu’ils mettent le pied sur scène. Lance-fumée, sifflets, confettis, danseuses sexy, tout l’univers Major Lazer est en place. Même si le son a du mal a suivre dans les basses, on kiffe. Les classiques sont là, avec Walshy Fire comme chauffeur de salle. Derrière les platines, Diplo (photo) et Jillionaire s’amusent, s’évadant des titres entendus en boucle à la radio. Rap, reggae, jungle, dubstep, ils mettent à sac l’Olympia. Pour un plaisir non dissimulé. 

Soirée 3, 19h22: Une soirée commencée trop tôt

Le premier concert de We are the Match était à 18h20. Beaucoup trop tôt pour un samedi à notre goût. On arrive à la Cigale pour le deuxième groupe de la soirée : Lucius (photo), trois garçons et deux filles de Brooklyn. Les deux chanteuses jouent le mimétisme : mêmes robes, mêmes yeux de biche et coupes sixties. Leurs voix se mêlent en harmonie sur des morceaux pop entraînants. 

20h02, London Grammar, un pur moment de beauté

Puis s’est au tour des trois jeunes de London Grammar. Beaucoup de gens sont venus pour eux ce soir. Ils montent sur scène, d’abord assez timides avec leurs visages poupins. C’est leur premier vrai concert à Paris. Hanna, la chanteuse subjugue par sa beauté et sa voix singulière.  Après quelques titres ils blaguent avec le public et s’essayent au français mais restent très sages. 

21h05, Un final entre la Hollande et Memphis

Des gros soucis de micros viennent perturber le début du show de Jacco Gardner.

Fier sous son chapeau de ranger, le Hollandais ne se laisse pas démonter. Il continue son show mais nous a laissé au bord du chemin. On passe au bar de la Cigale en attendant la tête d’affiche de la soirée: la sublime Valérie June. Vers 22 heures, Les rideaux rouges s’ouvrent sur cette artiste de Memphis, Tennesse venue nous chanter son blues . La princesse des bayous, diadème dans les dreadlocks, nous conquit avec son timbre éraillé et ses chansons d’amour au banjo.

Soirée 3 (bis). 20h10, le son millimétré de Sohn 

Un peu plus tard et deux pas à côté commençait la soirée à la Boule Noire. Une petite salle parisienne réputée pour sa prog’.  Sohn (photo) ouvre le bal : de l’électro très recherché avec une voix proche du chanteur de Radiohead. Le londonien, sorte de chef d’orchestre électrique entre clavier et guitare, est accompagné d’un autre guitariste et d’un DJ. Les arrangements s’enchainent au millimètre, et l’ambiance monte au fil de la nuit. 

22h24, la Boule Noire s’emporte dans la mélancolie

Après un verre de Sancerre, le vin étiqueté « Inrocks », Depford Goth (photo) prend la suite. Seul derrière un clavier, yeux fatigués, il murmure dans son micro. On n’entre pas vraiment dans son monde trop mélancolique. Le public l’applaudit pourtant très chaleureusement. La suite se fait avec Arthur Béatrice : une belle voix pour du rock très anesthésiant. On écoute de loin pour une soirée sur laquelle on aura plus écouté que dansé. 

Soirée 4. 19h03, la soirée entre filles peut commencer

Lorsqu’on arrive Mo est déjà en sueur. Elle saute, grimpe et se jette dans la foule. En danois MO désigne une très jeune fille, un peu naïve qui n’a pas encore découvert le monde. Pas vraiment ce qu’on se dit quand on voit cette artiste déjantée. On adore sa pop nordique. Le groupe Christine and the Queens (photo) prend la relève. Cette petite rousse, auteur et compositeur, s’est entourée de deux beaux danseurs pour créer un vrai spectacle. Son style est unique: un mélange improbable entre Camille et Beyonce. Elle est très drôle et a la bonne idée de ne jamais se prendre au sérieux. 

20h37, A la Cigale : This is how we do it 

Aluna George, c’est le duo formé par la chanteuse Aluna Francis et le musicien George Reid. Leur rnb remixé à l’électro londonien emplissait nos oreilles depuis cet été. Mais après les deux boules d’énergie précédentes, la prestation d’Aluna ne nous chamboule pas. Perchée sur ses hauts talons, la belle se déhanche sensuellement mais manque un peu d’engagement. Le public lui est chaud. La reprise This is how we do it  enflamme la Cigale.

22h05, Un retour au calme trop calme 

Le calme revient très vite avec Laura Mvula. Elle nous avait enchanté à Rock en Seine. Elle nous déçoit ce soir. Où est passé la conquérante, la séductrice ? Sa voix est toujours aussi puissante mais son esprit semble ailleurs. Elle nous refait One Love, repris en choeur par le public. Beaucoup sont déjà partis. On décide de suivre le mouvement et terminer notre soirée aux alentours dans les bars de Pigalle.

Côté concerts :

Les bêtes de scène:
Major Lazer, ils ont foutu le bordel à l’Olympia.

La découverte:
Rocky, des lillois surprenants entre électro et voix de crooneuse.

La déception:
Laura Mvula, pas autant en forme qu’à Rock en Seine. 

Côté festival :

On a aimé :

- Des dates dans 5 villes de France.
- Les meilleures salles (Olympia, Cigale, Boule Noire) de Paris pour accueillir les concerts.
- Des directs diffusés sur le site internet presque tous les soirs.
- Des prix corrects sauf pour Major Lazer (40€ la place)

On a moins aimé :

- Pas de pass pour assister à tout le festival.
- Pas grand chose à manger dans les salles.
- On n’a pas pu voir Foals, Gesaffelstein, Kitsuné Maison, Suede …

Conclusion

Difficile de juger d’une globalité sur cinq soirs. On a passé de bons moments, même si l’esprit festival n’était pas présent. Ce n’était pas non plus le but des Inrocks, surtout là pour inviter le meilleur de leur scène coup de cœur électro-rock non commerciale. Un pari pour le coup réussi. 

Récit et photos : Céline Martel et Morgan Canda