On était à
3 jours sur le paquebot Rock en Seine

Ce week-end, nous étions 118 000, réunis dans le parc de Saint-Cloud pour apprécier l’affiche exceptionnelle de cette onzième édition de Rock en Seine. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’en être et ceux dont la mémoire flanche un peu, l’équipe de Tous les Festivals vous raconte ces 3 jours à Saint-Cloud.

Vendredi après-midi, le thermomètre affiche presque 30 degrés. Assis à l’ombre on savoure nos glaces, nos bières fraiches et la délicieuse pop du groupe Belle and Sebastian. On flâne dans les allées du Domaine National de Saint-Cloud à la découverte de notre terrain de jeux pour les trois prochains jours. Un festival rock dans ce grand jardin avec ses sculptures classiques et ses fontaines, ça nous plait tout de suite. Pour les égarés : ici c’est Paris. Alors forcément, il faut remiser son costume loufoque au placard. Un Power Ranger bleu a dû se sentir bien seul aujourd’hui. Les festivalières ont sorti leurs plus belles tenues. C’est un véritable défilé de looks très pointus. 

Franz Ferdinand lance les hostilités

Plus le temps de traîner, on se rue vers la Grande Scène où va débuter le show le plus attendu de ce vendredi : Franz Ferdinand. C’est la première grosse tête d’affiche de Rock en Seine. On les attendait, ils ne nous ont pas déçu. Le quatuor écossais ouvre le bal sur leur tube « Lucky », qui fait immédiatement danser la foule. On a droit à quelques morceaux du nouvel album avant même sa sortie prévue le lundi suivant. Le chanteur et leader, Alex Kapranos déborde d’énergie. Il a même l’élégance de s’adresser à son public en français s’il vous plait. Tout le monde chante sur le refrain addictif de « Take me out ». Le groupe quitte la scène après un final à couper le souffle autour de la batterie de Paul Thomson, sous un tonnerre d'applaudissements, mérités !

Changement de scène et changement d’univers avec le concert de Kendrick Lamar. Le protégé de Dr Dre, venu avec ses musiciens nous a prouvé qu’il était définitivement une des relèves du rap US. Son tube « Please don’t kill my vibe » repris par le public a donné à Rock en Seine un air de côte ouest ! Une coupure son en plein milieu du show a failli tout gâcher et le rappeur quitte la scène sous les sifflets du public. Pourtant spécialiste de l’egotrip, il garde son calme et son sourire et revient quelques minutes plus tard : « Y’all hear me now ? ». Un retour en force avec « The Recipe », une vraie bombe, qui a su relancer l’ambiance.

A 23h, il fait nuit noire dans le parc de Saint-Cloud. Sur l’écran de la Grande Scène, des lettres géantes apparaissent : Guten Tag .Un bonjour un peu tardif  mais surtout le titre du dernier album de Paul Kalkbrenner. Le Dj berlinois sait faire monter la pression avant de laisser exploser ses beats redoutables. On termine cette journée épuisés mais heureux.

Laura Mvula, la belle découverte du festival


Laura Mvula à Rock en Seine - Crédits: Céline Martel

Samedi, on arrive pour l’heure de la sieste. On s’installe sur la pelouse de la petite scène Pression Live où le concert de Laura Mvula va bientôt commencer. Laura qui ? Il faut prononcer « mmm-voula » nous explique la chanteuse après sa première chanson. Il ne nous en a pas fallu plus pour être charmés par sa voix de velours et ses mélodies pop-soul si sophistiquées. Crâne rasé et hauts talons, guerrière et élégante, la jeune femme de 26 ans a un charisme fou. Et comme si ça ne suffisait pas, elle est accompagnée sur scène par des instruments classiques : une harpe, un violoncelle, un violon…pour nous interpréter les titres de son premier album « Sing to the Moon ». Elle ose même une reprise de « One love » de Bob Marley et tout le public la suit. On espère très vite la revoir.

Le temps de sortir de cette belle bulle soul, on loupe la prestation de la Femme sur la scène Cascade. Mais tout le monde ne parle plus que de la prestation de Sasha, le guitariste qui a littéralement surfé sur la foule au son du tube « Sur la planche ». C’est ensuite au tour de Patrice de faire bouger les festivaliers. Casquette vissée sur la tête, il saute dans tous les sens, et son énergie est vite contagieuse. Patrice fait chanter les festivaliers. Gros raté. Alors il donne une belle leçon de « yaourt » à la foule. Nous, on applaudit l’humour et la modestie.


Patrice à Rock en Seine - Crédits: Céline Martel

Après ce plein de bonne humeur, l’atmosphère change. Une foule immense se masse devant la Grande Scène pour Nine Inch Nails. Normal, c’est leur unique date en France. N’étant pas des grands fans de rock industriel, on en profite pour aller se restaurer à l’espace food trucks. Au passage, trois étoiles pour les Rocky burgers du camion Le Réfectoire. De loin, on voit que le groupe de Trent Reznor offre un vrai spectacle pyrotechnique à ses fans grâce à des écrans géants mouvants et des jeux de lumières impressionnants.

Avec l’arrivée de Vitalic sur la scène Cascade, c’est au tour des jeunes bourrins alcoolisés de prendre le pouvoir. Ca pogote beaucoup au centre, sur du gros son electro. La technique imparable du DJ français pour retourner la pelouse de Saint-Cloud : beaucoup de basses, quelques mélodies. C’est réussi.

Fauve vs Phoenix, le dilemme du samedi soir

Et puis enfin, aux onze coups de onze heures, ils sont apparus. Nos chers versaillais de Phoenix. Ils avaient fiers allure en débarquant dans leur voiturette de golf. Après cette arrivée théâtrale, ils enchaînent les tubes mythiques et les morceaux du nouvel album. Le chanteur Thomas Mars saute dans la foule dès le troisième titre. Ces têtes d’affiches assurent une performance à la hauteur de leurs passages aux Eurockéennes et aux Vieilles Charrues. On est complètement captivés lorsque le moment du déchirement tant redouté arrive. 23h30 : le concert de Fauve va bientôt commencer. On en veut toujours aux organisateurs...

Tout bien réfléchi, on ne peut pas faire l’impasse sur nos chouchous. On traverse tout le parc en courant et on n’est pas déçus. « Merci d’être venus, vous auriez pu rester au concert de Phoenix » lance Quentin, le chanteur. « C’est un peu mystique pour nous ce soir parce que c’est notre dernier concert. La semaine prochaine, on entre en studio pour enregistrer un nouvel album ». Dire qu’on aurait pu manquer ça ! Comme à leur habitude, les membres de Fauve jouent dans la pénombre tandis que leurs différents clips sont projetés sur le fond de la scène comme sur un écran de cinéma. Cette large place faite à la vidéo nous fait tout de suite plonger dans leur univers. Le phrasé de Quentin est impressionnant. Il déverse sa poésie avec rage et urgence. Et pour conclure ce samedi soir : « Nique sa mère le Blizzard et nique sa mère la pluie ».

Une fois le show terminé, beaucoup de festivaliers veulent rentrer chez eux. Sauf qu’on est samedi soir dans notre belle capitale. Le métro roule toujours mais toutes les bouches autour du festival sont complètement saturées. Les rares taxis sont pris d’assaut et les bus très insufffisants. Une vraie galère ! On finit tous trempés.

Stromae en invité surprise

Au réveil,  toujours cette sale pluie de mois de novembre. Quoi de plus déprimant qu’un dimanche de fin de vacances pluvieux. Le parc de Saint-Cloud n’est plus qu’un vaste champ de boue. Que nos chaussures reposent en paix. L’ambiance est maussade jusqu’à ce que Mac Miller entre en scène. Le jeune rappeur débarque avec un joyeux « Yellow Submarine » a cappella, repris par une armée d’ados surexités. Son rap survolté réchauffe nos corps et nos oreilles.


Mac Miller à Rock en Seine - Crédits: Céline Martel

Place ensuite au groupe anglais Is Tropical. Avec un nom pareil ils devraient pouvoir compenser le manque de soleil. Il y a quelques mois, ils ont déjà donné très chaud à beaucoup de jeunes fans avec leur clip « Dancing anymore » censuré sur Youtube. Les trois garçons proposent un rock avec beaucoup de synthés et provoquent dans l’assistance une irrésistible envie de bouger les hanches.


Is Tropical à Rock en Seine - Crédits: Céline Martel

On observe de loin la prestation des lillois de Skip the Use sur la scène Cascade. Mat Bastard, le chanteur a toujours autant la forme. Après un petit chamboulement de programme c’est à Major Lazor. Le DJ a prévu un show bling-bling avec danseuses et confettis. La fête bat son plein quand une silhouette gracile fait son apparition. Stromae nous fait la bonne surprise de venir interpréter son dernier hit « Papaoutai ». Ca crie, ça chante, ça tweete, dans un moment d’hystérie collective. Après toutes ces émotions, on va se détendre devant le trio de Chvrches. Leur pop planante invite à prendre un dernier verre. Pour conclure le weekend les fans de System of a Down venus en masse n'ont pas été déçus, et ont simplement transformé le festival en immense pogo au rythme de "B.Y.O.B" ou "Chop Suey", titres phares du groupe arménien ! Ca y est, un des derniers grands festivals français de l’été est terminé. Ca sent la fin des vacances.

Côté concerts :

La claque : 
Mac Miller, ce jeune rappeur d'à peine 20 ans a sauvé notre dimanche après-midi avec son énergie.

La surprise :
Major Lazor qui invite Stromae pour une soirée de clôture mémorable.

La découverte :
Laura Mvula et sa belle voix soul. On veut la revoir très vite dans un concert plus intimiste.

La confirmation :
Fauve qui confirme tout le bien qu'on a pu entendre sur leur prestation live.

Le show à l'américaine :
Nine Inch Nails qui n'a pas déçu les fans !

Côté festival

On a aimé :

- Les food trucks et les stands de cuisine du monde. On s'est régalé.
- Les shows qui s'enchaînent. Pas le temps de s'ennuyer. 
- Beaucoup de concerts sont de vrais son et lumière. Les yeux et les oreilles sont ravis.

On a moins aimé :

- Des soirées qui finissent tôt. Passé une heure tout le monde au lit !
- Aucun service spécial de navettes. Grosse galère pour rentrer chez soi le samedi soir.

La conclusion

Malgré le mauvais temps du week-end, l’ambiance de Rock en Seine n’a pas sombré. On a fait une belle croisière entre des univers très différents. La programmation éclectique a séduit un large public. Les records de fréquentation sont explosés. On n’hésitera pas une seconde à embarquer de nouveau l’an prochain.

Un récit de Céline Martel