Né à l'occasion des 30 ans du festival Les Escales de Saint-Nazaire, le projet Globe Trotter est de retour cette année, pour notre plus grand plaisir, avec 10 artistes exceptionnels qui nous viennent des quatre coins du globe, en plus de la programmation plus généraliste du festival. Et qui de mieux placé pour les présenter que Jérôme Gaboriau, responsable de la direction artistique de l'événement ?
« Le festival Les Escales se tient sur le port de la ville de Saint Nazaire, et plus précisément sur une île reliée à la ville par trois ponts : le Petit Maroc. Depuis sa création le festival a toujours été axé sur une thématique géographique, notamment des villes où il y a une dynamique musicale particulière, comme Sao Paulo par exemple en 2019.
Il y a deux ans, pendant le confinement, j’ai pu échanger avec différents festivals étrangers et on a constaté qu'on était tous au même point, isolés et immobilisés, et que la situation était d’autant plus dramatique pour les artistes que nous accompagnions. Alors on s’est dit qu’on pourrait construire quelque chose ensemble, avancer main dans la main sur la valorisation des artistes de nos territoires. J’ai contacté 8 festivals qui ont accepté de créer ce club informel de festivals qui œuvrent pour valoriser les scènes émergentes. Ainsi est né le projet Globe Trotter !
Chacun de ces festivals est engagé, dans le respect de l’environnement par exemple mais aussi le respect de l’être humain, et cela fait entièrement partie de notre ADN aux Escales de Saint-Nazaire ! Donc en parallèle de la co-construction de nos programmations respectives, on organise des temps d’échange pour s’inspirer de ce qu’on peut faire sur nos territoires et s’entraider pour faciliter les tournées des artistes. Certains festivals ont par exemple pu découvrir chez nous le concert-vidéo du groupe nantais Samifati, un projet entre techno mélodique, percussions ancestrales, boîtes à rythmes et synthétiseurs analogiques, l’année dernière, et ils vont les inviter sur leur festival. En 2024, ils devraient jouer en Australie par exemple !
De la même manière, les artistes peuvent profiter des Escales pour greffer d’autres dates en Europe en bénéficiant de nos conseils et de notre accompagnement. L’année dernière, sur les 10 artistes de la prog, il y en a 6 qui ont signé avec des productions françaises ou européennes ! Et évidémment, il y a la belle histoire de l’artiste australienne Steph Strings, qu’on a accueilli en 2022 et qui a fait naître une véritable histoire d’amour avec le public nazairien qui est venu la voir en nombre sur le festival. À la suite de ça, elle a booké avec une agence anglaise mais aussi Caramba en France et elle est revenue pour une tournée au mois de mai. On a fait sold-out dans notre salle de concert, Le Vip !
Si une grande partie des fidèles du festival viennent désormais pour cette partie-là, pour les artistes internationaux, « inconnus »., d'autres seront attirés par les têtes d’affiche de la programmation générale et repartiront avec des découvertes plein les oreilles : cette année, ils viendront voir Gazo et ils repartiront avec The Boondocks, un super groupe de rock estonien, comme coup de cœur ! J'en suis sûr !
Cette année on compte 9 festivals partenaires, dont 5 nouveaux. On avait très envie d’inviter des artistes asiatiques alors on a monté deux nouveaux partenariats. Le premier avec un événement en Corée du Sud qui s’appelle « Peace Train Festival ». Il a lieu à la frontière de la Corée du Nord et la Corée du Sud, dans une zone démilitarisée. L'organisation du festival est à l’avant-garde de la scène électronique et de la scène des musiques actuelles coréennes. Grâce à eux, on a la chance de recevoir cette année le groupe Sangjaru, un trio de musiques coréenne contemporaine qu’ils appellent Gipsy Jazz, vraiment typique, et Closet Yi, DJ et productrice de Seoul, qui est l’une des figures majeures de la scène électronique coréenne.
L’autre festival asiatique avec qui on s'est associé cette année est le festival thaïlandais Maho Rasop, le premier festival de musique indépendante de Bangkok, qui nous envoie un trio de rock alternatif/trip-hop Kiki, l’un des groupes les plus prometteurs de sa génération en Asie du sud-est.
Je suis également en contact avec le festival Palestine Music Expo, qui est malheureusement contraint d’annuler son édition cette année, mais qui nous permet d’avoir un super groupe de musique électronique, Zenobia, qui combine des mélodies pop arabes, des rythmes dabke palestiniens/syriens, des synthés et des rythmes puissants.
A ne pas manquer non plus, Jéssica Caitano & Radiola Serra Alta, groupe originaire d’Amazonie, qui fait du rap avec cette particularité très rythmique. On sent vraiment les racines de leur culture dans les sons ! Et la chanteuse, Jessica, a un flow qui amène à la transe, vraiment !
Cette année, le Liban sera à l’honneur également avec le groupe Postcards : un groupe de shoegaze/dream pop et post-punk, qui est en quelque sorte leadeur de toute une nouvelle génération, qui a montré le chemin à suivre. Leur démarche peut être résumée à « comment on peut lutter par la musique, s’en sortir individuellement, mai aussi montrer le chemin au collectif ? ».
On avait initié depuis l’année dernière un partenariat avec un festival en Ouganda, le Nyege Nyege Festival, grâce à qui cette année on accueille une artiste ghanéenne et nigériane qui s’appelle Adomaa, et dont ça va être la première scène européenne. C’est un concert très attendu parce qu’elle a déjà été mise en avant dans de nombreux médias internationaux sans avoir eu l’occasion de faire de lives pour autant.
Et enfin, on va recevoir Teen Jesus and the Jean Teasers qui est un peu mon coup de cœur de l’année, un jeune groupe de rock 100% féminin australien de Canberra, découvert grâce au festival NYE on the Hill.
Saint Nazaire est une ville portuaire, et le nom « Les Escales » représente aussi un temps de pause vers d’autres cultures. C’est une aventure musicale en quelque sorte. Cette Escale se travaille tout au long de l’année par le biais des actions culturelles qu’on met en place avec l’ensemble des écoles primaires de la ville. Plus de 5000 enfants travaillent depuis janvier sur les différentes destinations en créant des œuvres qui vont être exposées sur le festival. Et chaque année on invite un.e graffeur pour réaliser un gigantesque mural dans la ville. Cette semaine on accueille deux artistes estoniennes, en partenariat avec le festival estonien Võnge Festival, et qui réalisent une fresque sur le port. On organise également des concerts dans 10 lieux de la ville, les jours qui précédent le festival. Ça s’appelle le Warm-Up et ça permet au nazairiens de découvrir ces artistes internationaux en avant-première et gratuitement, dans les bars de la ville ! »
Crédit photo : Danzanta Aleksadra
