Zoom sur
Festival BetizFest : 20 ans en 5 souvenirs... totalement punk !

Depuis 2003, dans la petite ville de Cambrai, dans le Nord, printemps rime avec pogos grâce au BetizFest. A l'occasion de ses 20 ans, on a échangé avec Yannick Prangère, graphiste et bénévole du festival depuis ses débuts, et on a évoqué 5 moments qui ont marqué l’histoire de l'événement.

Tu me vois, tu ne me vois plus

« La première édition, en 2003, on l’a faite au Centre Eclipse, qui n’est pas une salle spécialement dédiée aux concerts. Notre tête d’affiche c’était L’Esprit du Clan, et on était super fiers de les faire jouer. On avait tout installé, tout était nickel, le concert démarre devant 500 personnes, tout se passe bien et puis la pression monte et… on voit le chanteur disparaitre à travers la scène. Il était bel et bien passé à travers la scène ! On se dit "C’est bon, c’est flingué, le mec ne va jamais remonter sur scène, le concert s’arrête là". On n’a pas eu le temps de s’inquiéter trop longtemps, il a attrapé le plateau de scène, il l’a soulevé à bout de bras et il a dit "allez les gars, on continue !". Donc on a démonté un panneau de porte et on a été le visser sur scène. Le groupe était très content du côté DIY et ils ont continué comme ça jusqu’au bout du concert avec un super set. Le mieux c’est que le groupe est revenu par la suite. Même que leur bassiste de l’époque, Clément, revient cette année avec Hangman’s Chair ! »

Le punk, c’est du propre 

« La cinquième édition, notre pote Fab, qui nous faisait toujours remonter des groupes, était parti en formation en Bretagne. Il nous a dit qu’il y avait trouvé un groupe, Les Ramoneurs de Menhirs, qu’il avait vu jouer. Il faut se dire qu’à l’époque ils avaient aucun skeud. On décide de le suivre quand même. Le concert se fait, et à la fin Fab vient nous voir en nous disant "En fait j’avais rien calculé, mais il faut les héberger les mecs ! Guillaume tu prends les Ramoneurs de Menhirs chez toi et toi Yannick tu prends Chester et sa bande. » On parle là de Chester, l’illustre dessinateur de la scène punk, qui faisait une fresque en live sur le site. Moi je dis à Guillaume "Bon courage mon gars, tu vas faire la fête toute la nuit !". Le lendemain matin, je suis sorti de chez moi avec Chester et toute sa bande, leurs crêtes de 40cm sur la tête, les perfectos complétement défoncés, la dégaine de fous furieux avec leurs sapes fluo. Et pile au moment où on descend, évidemment, mes voisins partaient à l’église, à la messe… T’imagines le truc dans une petite ville comme Cambrai ! En arrivant chez Guillaume, je lui demande comment ça s’est passé, et il me dit « il y a Loran [ndlr : guitariste et chanteur des Ramoneurs de Menhirs] qui termine de faire ma vaisselle et y’a un autre zicos qui passe l’aspiro. ». Je me suis dit, putain, nous on s’est couché à 6h du mat’, c’était le bazar, et toi tu me dis que vous avez bien dormi et en plus ils ont fait le ménage chez toi ! »

Petit festival voulait devenir grand

Crédit photo : Kalimba

« La semaine dernière, au Centre Eclipse, on a fait l’inauguration de l’exposition de Kalimba, le photographe qui nous suit depuis plus de 10 ans. Et il se trouve que le Maire de Cambrai était présent, ce qui était pour nous une belle surprise. Comme il est toujours super décontracté, il a pris la parole pour expliquer qu’il y a 15 ans, quand on l’a rencontré pour lui demander un nouveau lieu pour continuer à faire du bruit, et qu’il nous a confié le Palais des Grottes, il n’y croyait pas du tout. Il pensait que la logistique était tellement complexe u’après cette édition-là on allait arrêter. Ce qu’il faut savoir c’est que le Palais des Grottes est une salle qui a accueilli Black Sabbath, Leonard Cohen, Von Halen, Téléphone… Un lieu énorme, assez mythique pour les environs, en plein centre-ville. Il a avoué qu’il n’avait pas réussi son coup puisque ça fait 15 ans qu’on exploite le Palais des Grottes, et qu’on s’en sort pas trop mal. Il nous a toujours renouvelé sa confiance et ça c’est super sympa ! »

Des crash-tests de haute voltige

Crédit photo : Kalimba

« Ca reste un grand kif de se dire que qu’on est en capacité de ramener les groupes qu’on a toujours rêvé, comme Sick of it All qu’on est allé voir un peu partout, Parabellum… Dans les groupes qui nous ont vraiment plu, on a retenu Lofofora, parce que quand les a fait venir pour la 6e édition, dans un chapiteau à l’écart de la ville, les mecs étaient clairement dubitatifs, ils pensaient que ça n'allait pas marcher. Et sans doute qu’on était un peu à l’arrache mais le souvenir, au final, c’est qu’à 18h, quand je suis monté sur les barrières à l’entrée j’ai dû dire aux gens "Désolé, mais c’est sold-out de chez sold-out !". Les gars nous dit qu’ils avaient eu des petites craintes parce qu’on était un tout petit festival, qu’ils ne nous connaissaient pas, mais ils étaient ravis de jouer sous un chapiteau archi-complet. 

Dans le même genre, comme dans l’asso on s’intéresse à de nombreux de styles musicaux, l’un de nos gros kifs ça a été de faire jouer le groupe de hip-hop La Rumeur. Ce soir-là, sur le line-up, le groupe avant eux faisait surement du thrash et le groupe après du punk hardcore. Je les ai vu débouler, quand ils ont vu l’affiche, ils m’ont pris à part et ils m’ont dit "Tu te fous de nous, c’est quoi ce traquenard ? On va se faire incendier !". Je les ai rassuré en leur expliquant qu’on connaissait notre public, qu’il y avait une vraie ouverture d’esprit et qu’il était totalement capable de passer d’un groupe au son totalement saturé à ce qu’ils proposaient. Et au final, je pense qu’il n’y a pas eu 15 secondes de leur concert sans que le public soit aux anges de les voir sur scène. Et dès qu’ils sont descendus ils ont admis qu’on avait bien fait de les faire jouer là ! »

Un festival ultra-local et ultra-accessible

Illustration de BAC dans le journal L'Observateur du Cambrésis en 2013

« Le festival est assez particulier parce qu’on est une structure associative, 100% bénévole. Personne ne "bosse" là-dessus. On se réunit tous en dehors de nos heures de boulot, à différents moments de l’année pour préparer tout ça. On garde tous des tonnes de souvenirs entre potes, depuis 20 ans, qui font l’esprit du festoche et qui font son côté ‘punk’ dans le sens ‘on le fait nous-mêmes’. Ce côté débrouille, au final, on l’a gardé pendant 20 ans et sur les éditions actuelles, on tient à conserver la main sur tout. C'est aussi ça qui nous permet de garder le tarif le plus bas possible, pour être accessible au plus grand nombre. Le tarif reste 25€ la journée et 45€ les deux jours pour un festival complet, avec des groupes comme Igorrr, Satanic Surfers, Les Sheriff… Dernièrement, on s’est inscrit au Pass Culture, et on a des festivaliers qui ont acheté leur place avec ce dispositif. C’est marrant de se dire qu’on va croiser des gens de 18 ans qui n’étaient pas nés quand on a créé le festoche ! »

Le BetizFest se tiendra les 14 et 15 avril 2023, au Palais des Grottes de Cambrai, dans le Nord. Le pass deux jours est en prévente à 45€.  

Crédit photos : Kalimba

Artistes confirmés

Vendredi 14 avril

Satanic Surfers, Les Sheriff, Les Wampas, Grade 2, Bare Teeth 

Samedi 15 avril 

Igorrr, Crisix, Celeste, Pogo Car Crash Control, Hangman's Chair, Insanity Alert, Junon, Dust Bolt