On était à
V and B Fest' 2019, la bière coule à flot en Mayenne

Pour la toute première fois, la célèbre enseigne V and B lance son festival au cœur de la Mayenne, dans la petite commune de Craon. Avec une programmation de haute volée et un évènement sold-out plusieurs mois avant la date, les attentes étaient très hautes. Et les festivaliers ne s’y sont pas trompés puisqu’ils étaient plus de 20 000 à profiter de ce week-end riche en émotions. On vous raconte ces deux jours ensoleillés entre bonnes bières, musique et soleil. 

Jour 1. 16h30, Craon nous voilà ! 

On arrive en fin d’après-midi sur le site de l’hippodrome de Craon, derrière lequel a été aménagé le festival. Armés de nos tentes, nos bières et tout l’attirail du festivalier exemplaire, on arrive au camping alors que la foule est encore très clairsemée. Première surprise : il faut échanger son pass contre un bracelet avant même de pénétrer dans le camping, et on doit donc faire demi-tour comme de nombreux autres pour se rendre à l’entrée des concerts afin de récupérer notre précieux sésame. Bracelet au poignet, on peut enfin rejoindre le camping où, après une légère fouille, on découvre un grand terrain herbeux sur lequel sont déjà installés les premiers campements. Le soleil est au zénith et le thermomètre affiche 27 degrés, alors forcément le manque d’ombre se fait rapidement sentir sur ce champ découvert, mais l’apéritif nous fait rapidement oublier ce petit inconvénient : nous voilà lancés dans la frénésie du festival et l’excitation de découvrir les premiers concerts. 

 

20h53, back to the 90’s 

Alors que le soleil commence à tomber, on décide de quitter le camping pour pénétrer dans l’enceinte même du festival. Sur la centaine de mètres qui nous sépare de l’accès aux scènes, on croise de nombreuses personnes, la mine renfrognée, qui font le chemin inverse. On apprendra plus tard que d’importants bouchons et une file interminable pour récupérer son bracelet ont condamné de nombreux festivaliers à rater les premiers concerts. Heureusement pour nous qui avions anticipé l’évènement, la fouille est rapide et on se retrouve rapidement happés vers la scène principale quand résonnent les premières notes de l’Ecole du Micro d’Argent. IAM, le mythique groupe de rap français, propose un show survolté en reprenant leurs plus grands classiques, avant de conclure sur l’hymne “Demain c’est loin” repris en coeur par leurs fans. Plus de 20 ans de carrière et pas une ride. 

22h10, la relève est assurée 

C’est le choc des générations quand la tête d’affiche du festival s’apprête à débarquer sur la grande scène juste après. Les quarantenaires ont laissé leur place à un public plus familial et on croise même dans les premiers rangs des mères ou des pères accompagnés d’enfants venus à leur tout premier festival pour applaudir leurs idoles. Et pour cause, ce sont les deux frères BigFlo et Oli qui succèdent à IAM. Le rap brut et incisif des marseillais est effacé par l’énergie débordante des toulousains qui jouent devant un public conquis d’avance. Même si on est loin d’être fans de leur musique, on s’incline devant la communion qu’ils parviennent à instaurer avec leur public. A chaque titre, ce sont près de 15 000 personnes qui sautent, chantent et même reprennent les chorégraphies des frangins, visiblement heureux d’être là. On a même le droit à un invité spécial en la présence de Wawad, du groupe Berywan, qui vient leur prêter main forte en donnant une démonstration de beatbox. 

23h54, déambulation au milieu du jardin d’Eden

En quittant la scène pricipale pour rejoindre la scène secondaire, on profite pour déambuler un peu dans l’enceinte du festival. Et on est tout simplement subjugués par la beauté du lieu : en levant les yeux au ciel, on perçoit des banderoles et des guirlandes tendues entre de grandes structures en bois flanquées “V&B Fest”, tandis qu’au sol, des tonneaux en bois et des décorations en palettes donnent une ambiance champêtre et raffinée à l’ensemble.

23h58, on a deux jours pour goûter 24 bières

156 mètres de bar ont été aménagés tout autour du festival : bar à saucisson, bar à fromages, bar à chips… Il y en a pour tous les goûts. Quant aux boissons, on attendait le V&B au tournant et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on n’est pas déçus : pas moins de 24 sortes de bières sont proposées à l’affiche. Non, non, vous ne rêvez pas, ce n’est pas l’apéro qui nous a joué des tours et fait voir les chiffres en double : il y avait bien de la blonde, de la blanche, de la brune, du local, de l’international, bref pour tous les goûts. De mémoire de festivalier on n’avait encore jamais vu ça ! 

00h22, enfin des grosses basses ! 

La distance entre les deux scènes nous empêche de profiter pleinement des concerts : à peine le show de BigFlo et Oli terminé que Popof débute son set sur la deuxième scène, à l’autre bout du site. Il nous faut donc un bon quart d’heure pour traverser tout le festival et rejoindre la techno du DJ français, percutante et incisive. Ce sera malheureusement le seul moment original et puissant d’une programmation grand public et très ouverte à tous qui manque un peu de “son qui tabasse”. A droite et à gauche on entend des festivaliers se plaindre de l’attente aux différents bars : la foule se fait en effet très compacte à cette heure et certains doivent attendre de longues minutes pour se faire servir. 

1h32, Synapson et dodo 

Il est bientôt 1h du matin quand Synapson prend place sur scène pour le closing de ce vendredi. Les deux Français sont en live pour cette date de leur tournée et accompagnés de différents chanteurs pour interpréter leurs tubes. C’est sympathique mais peut-être un peu faible pour clôturer la soirée : on aurait préféré continuer les festivités lancées par Popof plutôt que de voir l’ambiance redescendre d’un cran. On décroche et on rentre au campement, les jambes fatiguées mais les étoiles plein les yeux après cette première journée réussie. 

Jour 2. 10h22, c’est pas l’heure de dormir ! 

Le réveil est difficile en ce deuxième jour de festival, mais ce n’est pas une excuse pour nous pour rester au camping : on se motive pour se rendre juste à côté au village du V&B Fest. Cet espace de près d’un hectare est à la fois ouvert aux festivaliers et au grand public et offre de manière libre et gratuite l’opportunité de se détendre entre deux concerts. Comme sur le site du festival, la scénographie a été soignée avec des décorations en bois qui donnent une vraie convivialité à l’endroit. On est séduits par cet endroit chaleureux et familial qui sent bon la simplicité et la quiétude. 

11h30, qui veut pédaler pour faire un smoothie ? 

Au coeur du village, de nombreux artisans locaux ont été invités pour faire découvrir leurs produits et mettre en avant le terroir mayennais. On prend donc goût à déguster fromage et bières pour nous remettre d’aplomb. On croise également un barbier, des démonstrations artistiques, des dizaines de jeux en bois, un terrain de molkky, et même une “smoocyclette”, une drôle de machine où l’on peut faire du vélo pour préparer son smoothie ! Pour couronner le tout, une dizaine de food-trucks tous plus originaux les uns que les autres nous font saliver en proposant des produits délicieux à des prix très corrects. On optera pour une fouée chèvre-miel bio avant de retrouver nos âmes d’enfant et de jouer au mikado ou au morpion. 

00h10, le showman entre en scène 

En début de soirée, les concerts reprennent de plus belle avec notamment Collectif 13, suivis par Boulevard des Airs sur la grande scène. On a beau l’avoir vu dans tous les festivals de France, lorsque Roméo Elvis débarque, on sait que l’on va assister à un grand spectacle. Le rappeur belge est à Craon pour la dernière date de sa tournée et, même blessé à la main, il parvient à faire le show et à réveiller la bête de scène en lui. C’est la première fois pour nous que l’on assiste à l'un de ses concerts depuis la sortie de son album “Chocolat” et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a mis le paquet sur la scénographie, notamment avec une interprétation phénoménale du titre “Parano”. Entre pogos, blagues avec le public et chansons calmes, il fait même monter sur scène un enfant pour chanter avec lui son tube “Soleil”. Un moment que le jeune Timothée n’est sûrement pas prêt d’oublier ! 

1h24, on passe du meilleur au pire 

Sur la seconde scène, c’est un autre habitué des festivals qui fait son entrée : Vladimir Cauchemar. Armé de son masque et de ses platines, l’énigmatique personnage retourne tout sur son passage avec son mix de rap, d’électro et de flûte à bec dont il a le secret. Alors que Martin Solveig devait assurer le closing du festival avant d’annuler sa venue quelques semaines avant, c’est finalement le duo français Ofenbach qui a la lourde tâche de le remplacer et de conclure le week-end. Mauvaise pioche pour le festival : même si les deux compères font décoller l’ambiance avec leurs jets de confettis et leur pyrotechnie, on reste sur notre faim face à ce spectacle sans originalité ni saveur qui mélange rock et électro avec mauvais goût. Deuxième soir et deuxième closing électro un peu décevant pour le V&B Fest, qui nous fait rentrer au campement avec une petite pointe d’amertume face à l'impressionnante qualité du reste du festival.  

Le bilan 

Côté concerts

Le passage de flambeau 
L’enchaînement IAM et BigFlo & Oli, Marseille vs Toulouse, années 90 vs années 2010, écriture vs énergie... mais une même passion pour le rap 

La bête de scène 
Roméo Elvis, un showman pour une prestation phénoménale 

La déception 
Ofenbach, un show boîte de nuit sans grande saveur 

L’énigme 
Vladimir Cauchemar, un DJ avec un masque de squelette qui mixe de la flûte à bec... et nous fait kiffer ça. 

Côté festival 

On a aimé : 

une organisation extrêmement bien ficelée pour une première édition
- un camping agréable, avec des sanitaires propres et un tri des déchets constant
- une équipe de bénévoles souriante et de bonne humeur, sur le camping comme dans le festival
- un énorme choix de vins et de bières pour tous les goûts
- le village du festival, un lieu de repos et de loisirs qui fait du bien entre les concerts
- la mise en avant de l’artisanat local avec des produits mayennais délicieux

On a moins aimé : 

- les temps d’attente parfois longs pour récupérer son bracelet ou arriver sur le site
- la distance entre les deux scènes qui nous force à rater le début des concerts
- la qualité du son un peu décevante sur la grande scène 

Infos pratiques

Prix du festival

59€ le pass 2 jours, 38€ la soirée 

Prix des boissons : 

- les pinte de bière de 6 à 10 € (+ 1€ de consigne)
- les verres de vin de 4 à 5€

Prix de la nourriture : 

- 8€ le hamburger, 4€ la fouée, 5€ le saucisson 

Conclusion

Pour cette première édition, on ne peut que s’incliner devant la qualité d’organisation proposée par le V&B Fest. Evidemment, tout n’est pas parfait et certains regretteront sans doute d’avoir raté plusieurs concerts en raison de temps d’attente parfois trop longs le vendredi. Mais les organisateurs ont placé la barre haute quant à la qualité des services, la programmation gargantuesque, le choix des produits, la dimension artisanale ou encore les décorations du site. Rares sont les festivals qui, dès leur premier essai, parviennent à s’installer dans les cours des grands. Le V&B l’a fait haut la main. Le rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine ! 

Récit et photos : Maxime Thué