On était à
Sziget Festival 2019, le Woodstock des temps modernes

Embarquez sur une île nichée au milieu du Danube, en plein cœur de Budapest pour une semaine de fête que vous n’êtes pas prêts d’oublier. Retour sur la 27ème édition du festival européen le plus colorée, un de ceux à faire au moins une fois dans sa vie.

Jour 1. Mercredi 07 août. 13h20, île de la Liberté nous voilà !

Fraîchement débarquées sur l’île d'Obuda, au coeur de Budapest, nous entamons une marche en file indienne jusqu’à l’entrée du festival. Il fait chaud, une bonne trentaine de degrés et pas de point d’ombre alors autant vous dire que prendre un gros sac de 12 kilos sans roulettes à la place d’une valise n’est pas l’idée du siècle… Le chemin est bien indiqué jusqu’au bungalow qui nous attend pour récupérer nos bracelets dotés du système cashless. On en profite pour choper au passage des passeports du Sziget, véritable mine d’information sur le festival, la programmation, les activités, le plan de l’île etc. Nous sommes en transe et assoiffées mais réellement impatientes de partir en exploration.

14h10, on prend nos quartiers à l’Apéro Camping

Pour dormir sur l'île d'Obuda, ce n’est pas le choix qui manque. Seul, en couple ou en groupe, le Sziget propose plusieurs campings pour faire surveiller ses affaires ou simplement retrouver plus facilement sa tente après une longue nuit de fête et de beuverie. Pour l’achat d’un pass 3, 5 ou 7 jours, on a le droit de camper sur toutes les zones libres de l’île sans payer de supplément. Pour notre première expérience au Sziget, nous avons choisi l’Apéro camping, tenu par des Français, histoire d’être comme à la maison ! L’endroit est chaleureux, on peut y danser avec des DJ qui mixent jusqu’à l’aube, boire du pastis, manger des croissants tout chauds et même des crêpes bretonnes ! On peut y faire charger nos téléphones, il y a le wifi, un coin pour chiller (ou décuver si la tente est trop loin…), des douches chaudes la plupart du temps et des toilettes en dur. Bref, un petit luxe somme toute. 

23h00, vous avez-dit nombreux ?

Une fois la tente installée et le gosier réhydraté, nous faisons un premier tour de l’île, ébahies par le nombre impressionnant de stands de nourriture et de boissons, les différents quartiers à thème et la foule d’activités proposées que nous prendrons plaisir à tester au long de la semaine. Cette première journée se terminera en apothéose avec les concerts de la talentueuse Jain, suivi du trop cute Ed Sheeran sur la Main Stage, scène qui réunira plus de 75 000 personnes ce soir et nous fera prendre part à notre première marée humaine, le meilleur moyen de perdre un ami ou un enfant en chemin si l’envie vous prenait... A la fois fatiguées du voyage et de toutes les émotions des « premières fois », nous nous endormirons sans mal avec les basses des diverses scènes qui nous entourent, ravies de nous être enfin débarrassées de cette couche de sueur qu’on trainait depuis ce midi avec une douche bien chaude.

Jour 2. Jeudi 08 août. 14h00, les français font leur cirque

Ce matin, nous partons au cirque pour assister à un spectacle d’acrobaties réalisé par 3 Français, intitulé le Cirque Inextrémiste (photo). Cela nous permet de valider un tampon sur notre passeport du Sziget. Nous trouvons ce concept fort sympathique car il nous incite à participer à autre chose qu’aux concerts et découvrir chaque fois des lieux uniques. Le reste de la journée sera bien rythmé : petites courses à l’épicerie sur le festival, halte à l’Art Zone où l’on gagne un deuxième tampon et pouvons alors chiller dans des filets, peindre, sculpter ou encore adopter une plante si le cœur nous en dit. Dans ce grand espace situé à côté de la scène techno, le « Colosseum », on se détend, on s’ouvre à la nature, on renoue avec les matières premières, on écoute le bruit du vent, on fait une pause tout simplement.

21h00, ils vécurent heureux…au moins jusqu’à la fin du festival

C’est le britannique Richard Ashcroft qui enflamme la Main stage lorsque nous déambulons dans les artères adjacentes en quête de notre dîner : plats hongrois, italiens, américains, grecs, végétariens, on trouvera toujours notre bonheur et si les prix restent communs à ceux exercés sur tous les festivals, le service est quant à lui très généreux ! C’est même impressionnant de voir la taille des burgers et des parts de pizzas ici (salivation à son maximum…). C’est donc le ventre bien rempli que nous allons tenez-vous bien… Nous marier. Eh oui, Sziget ou Vegas, c’est du pareil au même finalement car à la Love Chapel, on peut s’unir pour la nuit ou pour la vie ! On choisit sa bague, on signe un contrat, on embrasse la mariée ou le marié et le tour est joué ! Bien que cette micro cérémonie soit purement symbolique, les divers couples que nous voyons se succéder ressortent émus et les yeux débordant d’amour.

Jour 3. Vendredi 09 août. 14h30, une Marseillaise contre un tampon

Aujourd’hui c’est le show de Martin Garrix qui est très attendu sur la Main Stage et dès la première heure certains se bousculent déjà pour avoir les meilleures places sous un soleil de plomb. Heureusement, deux vaporisateurs géants rafraichissent tant bien que mal l’atmosphère. Si les premiers rangs ne nous tentent pas, on a moult autres manières de passer le temps ici au Sziget : l’espace arts de la scène et danses par exemple, propose chaque jour des démonstrations d’artistes souvent solo évoluant sur une scène extérieure proche du public qui peut s’installer dans l’herbe le temps de la représentation. En prime, un volontaire du festival vous fait gagner un coup de tampon en échange d’une chanson ou d’une petite chorégraphie : on a joué le jeu en chantant la Marseillaise. Cocorico !

21h30, gare au trop plein d’émotions

Le soleil s’incline lentement quand nous descendons de la grande roue, où nous avons pu admirer la Main Stage se remplir rapidement pour la soirée. Nous faisons un crochet par la scène YouTube, juste à côté afin de nous poser sur d’énormes coussins le temps que nos téléphones rechargent. Sur cette scène on peut également se prendre pour l’extravagante Miley Cyrus le temps d’une chanson grâce à une énorme boule grise suspendue par une chaîne est installée à l’étage et une volontaire vous passe la musique de votre choix (bien souvent "Wrecking Ball" évidemment) et vous la jouez en mode shooting photo durant 1 minute. Succès garanti !
Enfin, burrito et burger à la main, nous prenons place dans la foule pour le show de Martin Garrix (photo) qui mettra littéralement le feu au public. Des sons qui ambiancent tout le monde, de la fumée, des lasers et des feux d’artifices rythmeront parfaitement le spectacle. On en prend plein les oreilles mais aussi plein les yeux ! Encore abasourdies par l’énorme prestation du dj, nous quittons la grande place pour regarder le show des Commandos Percu, un groupe de Français pyro-musiciens qui depuis 20 ans parcoure le monde et illumine le ciel avec ses rythmes tantôt tribaux, tantôt métalliques qui se termine également en beau feu d’artifice.

Jour 4. Samedi 10 août. 12h14, c’est l’amour à la plage... aou tcha tcha tcha

36°C, maillots de bains, seau de Mojito, nous voilà en route pour la plage tout au bout de l’île. On se dépêche car on n’est pas les seuls à avoir eu cette idée et on tient à pouvoir faire trempette dans le petit bout du Danube auquel les festivaliers ont accès durant le festival. Le fleuve étant une grande zone de passage pour les bateaux il est interdit de s’y baigner. Nous avons donc des grillages qui délimitent la zone à ne pas dépasser et une patrouille de la Police fluviale qui surveille régulièrement. Le Wow Hungary Sziget Beach est un endroit qui donne vraiment envie de buller. On peut squatter dans des hamacs ou des dômes en bois pour faire la sieste, louer une chicha, jouer aux cartes ou danser si on a l’énergie.  Les gens sont heureux, souriants et pleins de tresses et de paillettes grâce aux divers stands qui jonchent l’avenue jusqu’à la dite plage où il est possible pour peu cher de se transformer en véritable petite sirène ou en palmier au choix.

18h45, le droit d’être heureux comme on veut

De retour sur la main stage pour la fin du concert endiablé de la belle Mura Masa, l’américain Drew Dollaz nous offre quelques chorégraphies toute en contorsion en parallèle d’un discours sur les droits de l’Homme. A cette occasion ce sont des centaines de drapeaux à messages qui sont distribués au public afin de les lever avec fierté en musique pour clamer haut et fort que tout être humain doit pouvoir vivre de la même manière, avec les mêmes droits : celui de vivre comme il le souhaite, celui d’aimer qui il veut et celui de croire en ce qu’il a envie également. Les milliers de szitoyens présents crient, acclament et soutiennent ces messages à renfort de sifflements et d’applaudissements. C’est un public déchainé qui accueillera le très attendu Macklemore et nous serons aux premières loges pour assister à un concert démentiel, chargé d’énergie et d’espoir.

Jour 5. Dimanche 11 août. 11h30, la cruisin boat party !

Cet après-midi nous quittons l’île pour continuer la fête mais sur le fleuve. Tous les jours de la semaine, une croisière est organisée et un dj différent vient mettre l’ambiance sur le bateau. Ce sera DJ Karott aujourd’hui et il saura très bien surchauffer la piste déjà bien brulante et remplie de la centaine de personnes venue tester la fête autrement. Bouteille de rosé à la main, nous avons le choix entre le toit du bateau où la fête bat son plein, le premier étage où plusieurs poufs et chaises sont à disposition pour profiter de la vue ou alors la salle intérieure du rez-de-chaussée, plus fraîche, avec également un coin chill, un bar, une cantine et quelques consoles si vous voulez affronter votre voisin à FIFA. L’après-midi passe très vite, nous dévoilant quelques superbes ponts qui caractérisent Budapest ainsi que son célèbre parlement devant lequel nous passerons avant de rejoindre l’île.

20h35, Morphée nous a attrapées

On pensait se poser 5 minutes dans la tente en revenant de la croisière… on a finalement dormi 2h et c’est donc seulement la fin du concert de Years & Years que nous arrivons sur le site, mais le jeune homme semble avoir conquis le public très nombreux sur la Main Stage. La nuit tombe quand nous revenons prendre une meilleure place dans la foule pour chanter et rapper sur les musiques du très tatoué Post Malone. Rockstar, Better Now ou encore Sunflower, les tubes seront chantés par des milliers de personnes transcendés par le flow sans accroc du rappeur. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons quelques instants au Global Village, où est situé un feu de camp géant où pas mal de monde aime se réunir guitare à la main le soir accompagné par les mélodies de groupes jouant sous une tonnelle juste à côté. Ce soir, c’est le groupe BIM qui entonne des airs vaudou puis traditionnels du Bénin d’où ils sont originaires.

Jour 6. Lundi 12 août. 11h23, l’écologie au Sziget

Nous n’en avons pas encore parlé mais il faut savoir que le Sziget met un point d’honneur à sensibiliser la population sur l’importance de prendre soin de notre planète déjà trop abimée. Sa seule erreur sera d’avoir laissé trop de bières en canettes au lieu de les servir en pression. S’il y a des gobelets, ce sont des éco-cup réutilisables et il n’y a pas de pailles en plastique. De même, si vous souhaitez joindre l’utile à l’agréable, le Green Sziget Center propose de vous offrir un petit cadeau en échange d’un sac poubelle rempli de déchets. Tous les jours, il y a des ateliers pour apprendre à réduire son empreinte carbone, construire son propre chargeur solaire, utiliser des matériaux recyclables ou encore se sensibiliser aux conséquences de la surconsommation. Enfin, lorsque vous quitterez le festival, ne jetez pas vos tentes et matelas gonflables mais faites-en don à une association qui se fera un plaisir de les offrir à des personnes dans le besoin.

15h00, allons flâner en ville

L’île d’Obuda est située en plein cœur de la capitale hongroise et grâce à l’achat d’un Citypass, les transports en commun sont accessibles en illimité. Nous avons choisi d’emprunter une navette fluviale puis un tram jusqu’aux bains Szechenyi car avec le pass nous bénéficions également d’un accès gratuit dans l’un des nombreux termes de la capitale. Les bains Szechenyi font partie des plus prisés et il faut parfois être rapide pour avoir une place assise sur les bords des piscines bondées, allant jusqu’à 40°C. Il y a des bains de diverses profondeurs mais l’idée des termes à Budapest est avant tout de profiter de l’eau de source riche en minéraux plutôt que de nager.
Après cette expérience typique nous reprenons un tram pour aller cette fois sur l’autre rive et nous sommes arrêtées au bastion des pêcheurs, une promenade qui borde le château de Buda et offre l’un des meilleurs points de vue sur toute la ville et le fleuve. La promenade est accessible gratuitement, seul l’accès au bastion supérieur nécessite de payer 3€ pour prendre encore un peu plus de hauteur mais ce n’est pas franchement nécessaire.

Jour 7. Mardi 13 août. 09h40, la tempête guette  

La fin du festival approche et il semblerait que Mère Nature nous fasse signe de remballer. Le vent souffle et l’équipe organisatrice diffuse sans arrêt par mégaphone un message pour appeler à la prudence. C’est donc sous la grisaille que l’on nettoie le camp et allons donner nos affaires à la consigne du camping pour ne pas s’en encombrer toute la journée. Les mines fatiguées des festivaliers prouvent que la semaine a été intense et c’est dans une humeur badine que nous arpentons les allées de l’île pour un dernier tour. La Main Stage a perdu toute sa verdure avec le piétinement des milliers de festivaliers… Un petit arrêt sur l’un des stands marchandising histoire de rentrer avec un beau souvenir, quelques parties de dés et de fléchettes à l’espace Game XS pour un dernier tampon. On espère que le soleil reviendra d’ici la fin de la journée mais la fraîcheur est tout de même bien appréciée, nous qui avons davantage senti le poney que le savon toute cette semaine…

18h00, l’énergie de cent hommes dans une paire

Ce sera notre dernier concert mais pas des moindres. L’intrépide duo de 21 Pilots (photo) nous fera frissonner durant presque 2 heures. D’abord sans interaction avec son public et camouflés sous plusieurs couches de vêtements de pluie, les deux jeunes hommes se dévoilent au fil des sons, pour le plus grand plaisir de leur groupies totalement en transe dès que l’un d’entre eux se jette dans le public pour chanter. Vient ensuite le tour du batteur d’interpréter quelques rythmes avec une batterie légère juchée sur une planche et soutenue par le public. Enfin, le chanteur décidera en plein concert d’aller se percher à plusieurs mètres du sol, en haut de la cellule son pour reprendre un refrain sous les yeux totalement scotchés de la foule en délire. Il est temps à présent d’errer sur l’île en quête d’un gros coussin où patienter en attendant l’heure de la navette qui nous ramènera à l’aéroport.

Le bilan

Côté concerts

La palme du son et lumière
Martin Garrix et son concert électro house du tonnerre

Le plus mignon
Ed Sheeran, un talent et un cœur gros comme ça

Le concert cardio
Macklemore et ses sons où l’on a fait que hurler et sauter

Les irrésistibles
21 Pilots, cocktail d’acrobaties, de torses en sueur et de rythmes ciselés

Côté festival

On a aimé :

- L’immense choix de nourriture et boissons et la générosité des portions servies
- Le grand nombre de WC sur toute l’île dont plusieurs avec des lavabos et chasse d’eau
- La programmation plus que variée et les multiples scènes permettant de satisfaire tout le monde
- Le travail de toute l’équipe organisatrice pour rafraîchir les festivaliers quand il faisait beaucoup trop chaud
- Le large choix d’activités auxquelles on pouvait participer (sport, art, ateliers, jeux…)
- L’état d’esprit du festival tout simplement (amour pour tous, sensibilisation écologique)

On a moins aimé :

- La poussière qui transformait nos narines en bétonnière
- Les WC portables qui n’ont pas été changés sur la semaine (ça fait beaucoup de popo…)
- Le peu de choix de bières de qualités
- Le léger bordel pour trouver le lieu de ramassage de la navette en fin de festival

Infos pratiques

Prix des boissons :
- Bière en 50 cl : 1.80€ sans alcool et 2.60€ avec
- Soft : 1.40€ à 1.60€ la bouteille ou l’éco-cup de 50 cl.
Palinka : 3.70€ à 4.40€ les 4cl selon la sorte.

Prix de la nourriture :
- Smoothie : 5.80€ les 50cl.
- Part de pizza : 3.30€
- Croissant : 2€
- Burger et burrito : entre 5 et 6 €

Prix du festival :

- Pass 7 jours : 339€
- Pass 5 jours : 299€
- Ticket à la journée : 75 à 89 €
- Dormir dans son camping car : 289€ en plus du pass
- Dormir dans un camping à thême : 95€ par personne en plus du pass

Transports :

- Aéroport de Budapest à 45 min en transports en commun du festival
- Navette fluviale toute l’après-midi jusque 2h pour rejoindre ou venir de la ville

Conclusion

Avec près de 500000 visiteurs annoncés, le Sziget a su combler toutes nos attentes en tant que festivalières. Un cadre unique ; la nature et le fleuve à nos pieds, une programmation gargantuesque avec des artistes venus comme les festivaliers du monde entier. Le nombre de bars et food truck a permis à la foule de ne jamais attendre trop longtemps pour se sustenter et les multiples activités proposées ont rendu l’expérience encore plus palpitante et unique. Le paradis a un nom : L’île de la liberté !

Récit par Vanessa Merlin Photos par Kelly Marmin