On était à
Papillons De Nuit 2022, anniversaire pluvieux, anniversaire heureux !

Après deux années blanches, nous avons eu la joie de retrouver Papillons De Nuit au fin fond de la campagne normande. Pour cette édition, le festival, qui fête ses 20 ans, a mis les bouchées doubles afin de nous proposer une expérience encore plus intense et un anniversaire grandiose... On vous emmène ?


Vendredi 3 juin. 19h37, un accueil pluvieux, mais avec le sourire

Nous y sommes enfin ! La longue file de voitures, les bénévoles qui nous accueillent tout sourire malgré la pluie qui commence à tomber, et les centaines de festivaliers qui marchent vers le camping, bière à la main et tente sur le dos... La saison des festivals est bien lancée, et on a déjà hâte de s’ambiancer sous le crachin normand prévu tout le week-end. Depuis le parking, on suit la masse qui part s’installer au camping. Au loin, on entend résonner les premières notes du concert de Rag’n’Bone Man. On monte notre tente à toute vitesse, on décapsule une bière qui traîne dans la glacière et on traverse rapidement le village de Saint-Laurent-de-Cuves pour rejoindre le festival. La pose des bracelets prend un peu de temps, mais on prend notre mal en patience : après des mois sans festivals, on peut attendre quelques minutes de plus ! On arrive juste à temps pour la fin du concert du britannique à la voix d’or, qui entonne son plus gros hit, “Human”. La foule est conquise, et nous très heureux d’avoir pu assister à ce moment de communion entre le public et l’artiste.

21h27, “il pleut, viens on sort !”

Sur la scène Thécia, c’est au tour des rappeurs de 47Ter de mettre le feu. La moyenne d’âge s’est largement abaissée dans le public, qui semble connaître tout le répertoire du groupe. (voir photo) On est moins touchés par les morceaux du trio mais ça ne nous empêchera pas de reprendre en choeur “Côte Ouest”, un morceau ensoleillé qui correspond parfaitement avec le retour des éclaircies dans le ciel normand. On quitte le concert un peu plus tôt pour rejoindre le public déjà nombreux qui s’amasse devant la scène Erebia pour accueillir le prochain artiste. Son nom est déjà affiché en grosses lettres sur les écrans : Macklemore, connu pour ses shows à l’américaine, est très attendu par le public normand. Il débarque sur scène avec quelques minutes de retard qu’il nous fera vite oublier. Entouré de ses danseurs qui proposent un spectacle millimétré, IL enchaîne les hits et nous fait sauter, danser et chanter. Entre chaque chanson, il rappelle à quel point il est heureux de retrouver son public après plusieurs mois sans concerts. nous ne sommes pas les seuls à qui les festivals ont manqué. Le concert se finit en beauté avec le morceau “Glorious” et son refrain entêtant, repris en choeur par tout le public.

00h34, feu d’artifice et rafales de BPM

Les lumières s’éteignent sur P2N. Alors que les premières notes du cultissime “Heavy Cross” commencent à résonner, le ciel s’illumine d’un premier feu d’artifice, puis d’un second. Au total, le festival nous offrira une dizaine de minutes de spectacle pyrotechnique pour célébrer cette édition-anniversaire. Après s’être remis de nos émotions, on craque pour une barquette de 12 chichis à 6€, qu’on déguste devant le concert de Victor Solf sur la petite scène du festival. Accompagné par son groupe de musiciens, il joue ses compositions soul aux accents pop à un public qui semble le découvrir. La scène principale du festival va bientôt accueillir Vladimir Cauchemar pour clôturer la première soirée en beauté. Le mystérieux producteur débarque pour un gros set entre trap et grosse electro. Le public part en pogos dans la fosse qui s’est transformée en véritable gadoue-party. Le DJ a de l’énergie à revendre et remixe les morceaux cultes du rap game actuel, de Kaaris à Freeze Corleone en passant par Vald et PNL. On sort de ce show survolté complètement rincé. Direction camping, dernière bière et duvet !

Samedi 4 juin. 12h13, qui aura le plus beau mulet ?

On engloutit un petit dej et on prend une rapide douche à l’eau froide avant de partir à la découverte des nouvelles activités qui font bouger le camping. Parmi elles, un énorme toboggan aquatique mais surtout le Village Electrique, une mini-fête foraine joliment décorée, que nous avions déjà aperçu au Dox’Art en 2019. Devant l’entrée, c’est le maire de ce village qui nous accueille et nous présente les diverses activités. Au programme, des jeux, un karaoké et même un ring de combat transformé en dancefloor. Et aujourd’hui, c’est jour de compétition ! Pour ses 20 ans, P2N accueille le championnat de Normandie de la coupe mulet. De nombreux festivaliers sont passé chez le coiffeur pour tenter de remporter ce trophée bien kitsch. 

16h37, les extraterrestres sont là

Le duo Cactus et Mammuth accompagne les festivaliers jusqu’à l’entrée de P2N avec leur chariot musical et leurs compositions électro perchées, qui nous rappellent un peu les morceaux de Salut C’est Cool. Dans la queue, les fêtards qui patientent avant l’ouverture s’ambiancent et reprennent les paroles du groupe : “Les extraterrestres sont là !”. Un bon moyen de faire passer le temps avant de passer les portes de l’événement. En arrivant sur le site, on se dirige vers la scène Erebia, où se produit Laeti. La rappeuse et star de la série Validé présente les titres de son premier album “Un jour avec, un jour sans”. On a du mal à accrocher avec sa musique, même si l’actrice déborde d’énergie. On préfère aller descendre une pinte de Jupiler à 5€80, et une pinte de Triple Karmeliet à 7€. Problème : il manque quelques centimes sur notre bracelet. Heureusement, on tombe sur une bénévole super gentille, qui nous paiera le montant manquant. Une preuve de la générosité normande ! Après avoir trinqué, on s’assoit pour déguster cette bière et observer de loin le concert de Claire Laffut.

18h15, rock is not dead

Tandis qu’on apprend les diverses annulations dans les autres festivals par les collègues pour causes d’intempéries, le temps se gâte au dessus du site de P2N, et le ciel ne présage rien de bon. Au même moment, les britanniques de Royal Blood prennent place sur la scène Vulcain. Un premier éclat de guitare, un éclair qui traverse le ciel : la couleur est annoncée, le concert sera électrique. Le groupe enchaîne les gros morceaux sans temps mort, malgré les trombes d’eau qui commencent à s’abattre sur le festival. Mais comme la pluie ne fait pas peur aux Normands, le public reste bien en place. Sur la scène Thécia. Suzane est attendue par une foule venue en nombre devant les barrières (photo) et la chanteuse est en forme ! Pour la première date de sa tournée des festivals, elle a préparé une setlist spéciale, entre morceaux de son premier album “Toï Toï” et exclu de son prochain projet à venir. On a même le droit à sa collaboration avec Grand Corps Malade, qui l’accompagne sur l’écran de sa scénographie. Le soleil revient, le public danse, reprend les paroles et se permet même un petit pogo en fin de concert. Les fans auront même le droit à leur photo-souvenir, la chanteuse étant venue les saluer au niveau de la barrière après le show.

21h15, on voudrait qu’elle soit notre reine ce soir

Au coin bouffe, on ne sait plus où donner de la tête. Entre le bar à boudins et le stand de tripes, la gastronomie normande est bien représentée. On préfère se diriger vers des valeurs sûres avec un jambon-beurre et un sandwich saucisse, à respectivement 3 et 4€, accompagnés d’une barquette de frites à 4€, puis direction la scène Vulcain pour le concert le plus attendu de la soirée. La reine de la pop Angèle s’apprête à monter sur scène, et le parc du festival est déjà blindé. Dans le public, des gens de tout âge venus spécialement pour l’occasion ont attendu cet instant toute la journée. Pendant une heure et quart, la chanteuse reprend les titres de ses deux albums Brol et Nonante-Cinq devant une foule qui connaît chaque morceau à la lettre. Une scénographie impeccable et des chorégraphies millimétrées viennent ajouter encore plus de punch à un spectacle qui nous aura fait chanter de la première à la dernière minute. Pour finir cette soirée, on prend la direction de la petite scène du festival, pour une dernière claque de rock. Sur scène, les rouennais de MNNQNS, toujours aussi énergiques, délivrent un show survolté entre gros riffs et amplis saturés. On appréciera même la petite pique à Kyo en fin de show : “Comme dirait le meilleur groupe de France, c’est notre dernière danse”. C’est sur cette dernière danse qu’on décide de rejoindre les copains au camping pour un after qui durera jusqu’au petit matin.

Dimanche 4 juin. 13h37, un Doli et c’est reparti

On est réveillé par le bruit de la pluie sur la toile de tente avec, en prime, un sacré mal de crâne. Au camping, tout le monde semble avoir du mal à se remettre de la beuverie de la veille. Au village de Saint-Laurent-de-Cuves, la scène Odézia s’est installée juste à côté du bar “Le Papillon”. On y casse la croûte devant le concert de Nobody’s Cult avant de partir découvrir les activités proposées par le festival. Parmi elles, un saut à l’élastique en réalité virtuelle mais surtout le Camion Scratch, une asso locale venue apprendre les joies du deejaying et du hip-hop aux festivaliers. Et justement, l’artiste qui prend place sur la scène Thécia fait partie des nouveaux espoirs du rap. TESSÆ, seulement 20 ans, figure déjà parmi les rappeuses importantes et elle compte bien le montrer à P2N. La jeune chanteuse enchaîne des gros titres trap devant un public peu nombreux mais déjà chauffé à blanc. Pour son dernier morceau, c’est toute la foule qui reprend en choeur le gimmick “BANG BANG”, tiré de Bling, son plus gros succès. 

17h25, “Il commence bien cet apéro les amis !”

Malgré le ciel gris qui règne au-dessus de P2N, Julien Doré a bien décidé que la fête aurait quand même lieu. Costume rose moulant, scénographie haute en couleur, la grisaille normande n’a qu’à bien se tenir. Le chanteur inaugure ce concert aux allures de best-of de sa carrière, enchaînant les titres les plus emblématiques de sa discographie. La réal vidéo du concert est aussi bien léchée. La régie s’amuse notamment avec un fond vert mis en place sur la scène. Le chanteur sait faire monter la température, et arrive même à nous faire oublier le sale temps qui essaye de jouer les trouble-fêtes. Les derniers rayons de soleil seront apportés par le concert de Fatoumata Diawara (photo). Accompagnée de ses musiciens, la chanteuse malienne ensoleille le festival. On se laisse rapidement embarquer pour ce voyage musical. 

20h17, on a mis notre casquette à l’envers

Devant la main stage du festival, il est l'heure d'entamer l’un des concerts les plus attendus du week-end. Dutronc & Dutronc, le père et le fils, montent sur scène pour reprendre les plus gros hits de leurs carrières respectives. La scénographie, une reconstitution de bar, colle parfaitement à l’univers des deux chanteurs. Malgré quelques faiblesses côté voix pour Jacques, on se laisse rapidement avoir par les nombreux succès de la famille. Les premières notes de la dernière chanson résonnent lorsque le désoiffeur, aka le Uber de l’alcool, passe à côté de nous. Son t-shirt “Je soulève plus de bières que d’haltères” nous a aussi donné envie de nous mettre au sport avec une pinte de Jupiler, au même prix qu’aux bars du festival, pour travailler notre lever de coude. Dans la foule, on aperçoit déjà des gens venus pour le prochain concert. L’indice pour les repérer : les casquettes Wati-B, mises sur le côté comme à la fin des années 2000. C’est bien la Sexion d’Assaut qui sontattendus sur scène, 10 ans après la sortie de leur dernier album. On a grandi avec eux, et on est surexcité de brailler les morceaux avec lesquels on a découvert le rap. Les tubes s’enchaînent pour notre plus grand plaisir, retraçant leurs nombreux albums et revenant aussi sur les succès solo de ses membres. C’est sur un rappel d’anthologie, avec les morceaux “Désolé” et “Avant qu’elle parte” que le groupe parisien dit au revoir aux P2N, après un concert qui restera gravé dans nos mémoires. Notre seul regret : un public trop mou et pas assez réceptif aux interactions avec les six rappeurs. Pour finir le festival en beauté, les membres de l’asso montent sur scène afin de remercier le public d’être toujours plus nombreux, et surtout souffler les bougies d’un énorme gâteau célébrant les 20 ans du festival. 

Le bilan

Côté concerts

Le groupe qui te fait retomber en enfance
Sexion d'Assaut, qui nous replonge dans nos premières années rap

Le showman qui met tout le monde d'accord
Julien Doré, et ses déhanchés à faire tourner les têtes

Le rock parfait pour headbanger
MNNQNS, une énergie folle et des gros riffs percutant

Côté festival 

On a aimé : 

- L'esprit familial du festival
- Les prix accessibles des consommations (nourriture, bières...)
- La pluie qui nous a rafraichit, mais qui ne nous a pas gâché le week-end. 
- L'organisation (très peu d'attente et une bonne gestion des stands)

On a moins aimé :

- L'ambiance parfois un peu molle
- La programmation trop "radio-compatible"
- Le manque de réseau sur le site du festival (difficile de retrouver les copains après s'être perdus dans un pogo) 

Infos pratiques 

Prix des boissons : à partir de 3 euros le demi de bière / 5,80 euros pour la pinte. Comptez aussi 5€ pour goûter l'un des cocktails du festival

Prix de la nourriture : Jambon-beurre : 3€, Sandwich Saucisse 4€, barquette de frites 4€. 

Prix du festival : 45€ la journée / 135€ le pass 3 jours

Conclusion :

P2N a sorti le grand jeu pour fêter ses 20 ans : une nouvelle scénographie, des feux d’artifice chaque soir, de nouvelles activités sur le camping… Les festivaliers avaient de quoi faire pour passer un weekend de folie au coeur de la campagne normande. Même la pluie aura été plutôt clémente, et aura permis le maintien du festival dans son intégralité. Malgré une programmation dont on n’attendait pas énormément, on aura quand même été surpris par certains concerts et on se sera bien égosillé sur les autres. Après cette édition-anniversaire et 20 ans de festivals, Papillons De Nuits devra désormais relever le défi de faire encore mieux, tout en gardant sa profonde identité normande.

Récit et photos : Laura Hue et Ailvin Tourtelier