On était à
Les Vieilles Charrues 2019, démasquées

Carnaval, nom masculin : période de fête pendant laquelle une foule sort déguisée et se retrouve pour chanter et danser. Les Vieilles Charrues ont bien trouvées leur thème. De retour d’un voyage en été Indien l’an passé, la 28e édition du plus grand festival de France à fait virevolter nos masques et costumes. Récit de 3 jours d’une parade faramineuse.

Jour 1. 16h35, arrivée en fanfare 

Pas l’ombre d’un embouteillage ni ralentissement sur la route plus que fluide vers le paradis, nous nous surprenons à être parvenus au parking aussi rapidement. Chargés des tables, tentes, sacs et provisions, nos bras en compote et corps déjà suant arrivent à la fouille que l’on passera trop rapidement pour pouvoir nous reposer. 

Nos jolis bracelets aux poignets, on court vers Grall, la “petite” scène pour assister au concert de notre chouchou, Di#se (photo), découvert lors de la tournée du Label Charrues, dispositif d’accompagnement visant à faire émerger les jeunes talents bretons. “Il y a un an j’ai arrêté l’école, aujourd’hui je suis aux Vieilles Charrues” : le talent n’a pas d’âge et à tout juste 17 ans, le jeune Quimpérois est déjà acclamé par la foule. L’avenir lui sera monstrueux. Emu, heureux, énergique, Di#se et le public sont aux anges. 


18h23, Queen Aya

Alors que nous sommes compressés les uns aux autres, peinant à lever les bras, débarque sur scène, dans sa robe moulante orange fluo, la déesse de nos soirées : Aya Nakamura (photo). Conquis par la chanteuse bien avant sa prestation, le public est en délire total. Connues et reprises par coeur, les paroles de « Djadja », « Copines » ou « Pookie » font trembler nos tympans. Fossé générationnel, nombreux sont les enfants et parents jouant des coudes pour s’échapper du piège refermé sur eux par un public compacté. Et puis bon, ok, on avoue, on a twerké.
 

21h08, un carnaval fabuleux 

Sans devoir attendre, c’est sandwich, salade bio et kebab entre les mains, que l’on reprend des forces après avoir dépensé beaucoup trop d’énergie en ce premier jour. Un moment plus au calme pour nous, pendant que résonnent sur la plaine de Kerampuilh les chansons de Boulevard des Airs. Le show vacillant et élégant de Tears for Fears nous accompagnera lors d’un tour du site où nous levons le nez de notre festin, admirant des décors somptueux. Signature des Charrues, le festival à fait un effort considérable d’habillage du site : structures grandioses, visuels fascinants projetés sur les arbres et la pelouse, nos yeux se régalent dans cette parenthèse enchantée.
 

23h48, montagnes russes

Glenmor et ses dimensions démesurées nous ouvre ses bras pour accueillir le papy du Rock’N’Roll, Iggy Pop (photo). Cinquième passage à Carhaix pour l’artiste torse nu, courant d’un bout à l’autre de la scène devant une marée de ponchos s’agitant sous un crachin breton. Un concert puissant que nous quittons pour Etienne de Crécy et la scène Grall. Des panneaux de led tournants encerclent l’artiste et qui offre au public un spectacle visuellement mirobolant, teinté de musiques chimériques. De Crécy en live, une représentation jouissive. Nous redescendons vite de notre fantastique nuage, percuté par un numéro fébrile de Moha La Squale. Chansons trop longtemps coupées et cris infructueux, le chanteur installera un joyeux bordel dans la foule, mettant les agents de sécurité à rude épreuve. 


Jour 2. 15h53, fainéantise addict

Requinqués d’un petit-déjeuner digne des rois, plateau avec chocolat chaud, viennoiserie, fruits, nous sommes séduits par le village camping et ses nombreux stands à jeux et cadeaux à gagner. Un terrain de volley occupe les festivaliers les plus courageux en attendant le début des concerts. Direction le Park du Château où l’on grimpe sur les lettres colorées géantes de #CHARRUES, Instragam oblige, au son du Carnavalo Boom Bus, sorte de tour de DJ's réaménagée, aux ornements spectaculaires. Tyrolienne, grande roue, stands de jeux, bars, restauration, jardin des chefs et boutik, le lieu est un cadre de vie flegmatique où la nonchalance des festivaliers est de mise. 


17h01, sagesse sensationnelle

Les deux danseurs de Vendredi sur Mer ont plongé notre esprit dans un bain de tendresse, aux mouvements élancés et dardants. Seul spectacle captivant nos yeux, malgré une voix singulière, la présence scénique de la chanteuse s’est échouée sur Grall. Public clairsemé néanmoins piaffant, le récital nous conquiert. Changement de style éclatant avec un show puissant de Georgio sur Kerouac (photo). L’artiste nous pétrifie par sa maturité. Sphère magistrale, la foule est vaincue par un triomphe romanesque. Georgio, petit génie des grandes scènes. 


19h47, black is back

10 ans après la sortie de « I Gotta Feeling », les Black Eyes Peas sont attendus par plus de 70 000 personnes sur la scène Glenmor. Leurs tubes n’ont pas pris une ride et ce concert, on s’en souviendra longtemps ! Un show démentiel devant une foule frénétique. Le groupe, fringues fluo et lunettes noires, sait y faire. La plaine de Kerampuilh à tremblé en Bretagne malgré la lourde absence de l’égérie du groupe, Fergie. Une ferveur indiscutable par des membres cultes, un spectacle époustouflant. Visiblement heureux d’être là, Will I Am relancera même, après un rappel brûlant, « Pump It » malgré l’extinction des écrans géants ! 


00h21, I Guetta Feeling

Le live de Chloé sur Grall nous aura un peu refroidi, avec de l’électro trop répétitive et désoeuvrée, malgré une belle prestation scénique. Il faut dire qu'on est impatient d’être de retour devant Glenmor pour vivre le come back de David Guetta (photo), quatre ans après son dernier passage aux Charrues. Le patron est venu, a fait le boulot et on s’en est pris plein la tronche. Bouclé la veille à Ibiza, le showman nous dévoile ses nouveaux sons, dans un cadre enflammant qui le caractérise. Un concert grandiose, ponctué d’effets pyrotechniques foudroyants et de jeux de lumière explosifs.  


Jour 3. 18h52, palpitant

Après Grall l’année dernière, Lomepal (photo) débarque en force sur la grande scène. Dramaturgie nourrie de mélancolie, poésie étoffée d’une ardeur authentique, l’artiste se joue de ses histoires d’une véracité communautaire. Dans un décor amorphe, une émotion singulière s’empare des spectateurs, conquis par un spectacle véhément. Un vent planant poussé par l’art de Parcels nous conduit vers une soirée en apothéose. 


21h46, lâchez Chris

Le ventre creux, une longue attente et une cruelle pénurie de produits nous feront jouer au jeu de “courir sans faire tomber une seule frite du sandwich” pour arriver quelques secondes avant le début du concert de Christine and the Queens (photo). On se faufile néanmoins facilement parmi nos aînés, la plupart des jeunes étant entassés devant PLK sur Grall. Michael Jackson, sort de ce corps : chaussures, pantalon et soutien-gorge noir auquel se noue une chemise rouge, la mystérieuse chanteuse et ses danseurs nous fait chavirer à coups de danses exaltées et embrasées. Le charme opère, Chris n’a plus à démontrer de son talent, excelle dans son art, offrant au public un spectacle prestigieux. Christine, The Queen. 


23h57, un Petit Biscuit pour un grand talent

Le mix mix de musiques dans une atmosphère chill et élégante de Petit Biscuit (photo) est vite fracassé par l'arrivée surprise des frères toulousains Bigflo & Oli sur le son « Demain », pour première réunion des artistes sur scène. Un instant déchaîné, de quoi mettre d'aplomb le public avant l’arrivée de Martin Garrix sur Glenmor. Une clôture de festival gargantuesque, que nous quittons précipitamment afin d’éviter d’interminables bouchons à la sortie des parkings. Derniers regards vers les magnifiques décors, des bisous en l’air. On est exténués, sales, transpirants, mais on ne se pose pas la question, les Charrues, à l’année prochaine !


Le bilan


Côté concerts 

La révélation
Di#se, la jeunesse à du talent à revendre

Le flop
Moha La Squale, en pitre de soirée 

Les valeurs sûres 
Black Eyed Peas, on ne s’en remet que difficilement

La confirmation
Trop commercial pour certains, David Guetta à livré un show hors-normes

Le coup de foudre
Christine and the Queens, drôle, émouvante, enchantée, artiste accomplie
 

Côté festival 

On a aimé :

- Le décor de l’ensemble du festival, de jour comme de nuit
- L’ouverture d’une plateforme PSH devant la scène Kerouac, il était temps
- L’étendue de la proposition du merchandising à l'effigie du festival, considérable
- L'agrandissement de la scène Kerouac, soeur jumelle de Glenmor cette année, offrant un confort visuel pour les festivaliers et un terrain de jeu spacieux pour les artistes

On a moins aimé : 

- Toujours trop peu de douches, conséquence d’une file d’attente interminable (#TeamLingettes)
- Un stand de petit-déjeuner dépassé par des festivaliers affamés le matin
- Le manque de cendriers de poche ou un dispositif “A voté” sur le festival


Infos pratiques

Prix de la nourriture :
Sandwich jambon-beurre : 3.50 €
Frites : 4 €
Glace à l’italienne : 3 €

Prix des boissons :
Breizh Cola, Orangina, Schweppes (25cl) : 1.50 €
Kronenbourg (25cl) : 2.70 € / Pinte : 5.30 €
Skoll (25cl) : 3.20 € / Pinte : 6.30 €

Prix du festival :
Billet jour : 44 €
Pass 4 jours : 176 €

Conclusion

Les Vieilles Charrues, c’est le QG des Bretons. Une zone de liberté exceptionnelle, un lieu féérique indescriptible. Une programmation qui ne peut pas plaire à tout le monde, c’est le jeu ! Un joyeux carnaval dont ont profité des festivaliers toujours en soif de nouveautés et d’inédit. Un pari à nouveau réussi, à vivre et à revivre autant que possible ! 

Récit et photos : Maxime Riou