On était à
Les Primeurs de Massy : la force de l’audace

Direction l’Essonne pour les Primeurs de Massy, un festival en salle dédié à des artistes qui viennent de sortir leur premier album. Quelques noms connus comme Deluxe ou Juveniles pour cette 7ème édition au centre Paul B, mais beaucoup d’inconnus au tableau. De belles découvertes en perspective.

1ère soirée. 20h25, Premières ballades à Massy

Sortie du boulot. Une heure de transport en commun plus tard, on arrive et le premier concert a déjà débuté. La petite salle de 200 personnes est pleine. Pas mal de jeunes, de couples et quelques vieux loubards de la musique. La belle voix profonde d’Anouk Aïta (photo) ouvre le bal. Un début en douceur avec des ballades françaises entre guitare et violoncelle. 

21h42, Le tableau musical de Mesparrow.

On change de salle pour le deuxième artiste. Cette fois, tout le monde est debout. Seule sur scène, la jeune Mesparrow (photo) compte pour trois. Un piano d’un côté, une boite à rythmes de l’autre, elle jongle avec sa voix et ses boucles enregistrées en live. La chanteuse qui a étudié aux Beaux-Arts nous offre une véritable performance. La scène est son tableau, recouverte de longs rideaux blancs et bariolées de fils lumineux. Le public est captivé.

22h09, Un vrai dîner de festivalier

L’espace central du Paul B se remplit entre deux concerts. Un lieu très convivial où l’on retrouve une vraie ambiance de festival. Il y a la queue au stand de crêpes, la spécialité à l’année du lieu. Entre 2 et 4€ la crêpe servit avec un beau sourire, ça fera nos trois prochains dîners. Le bar propose une bière brassée localement. Rassasiés, on peut écouter le concert de Riff Cohen (photo) Cette artiste israélienne nous raconte sa vision de notre capitale sur son titre « A Paris » qui va rester dans nos têtes tout le weekend.

23h02, La claque beat box blues 

La suite se passe presque de commentaires. Heymoonshaker (photo) : une vraie découverte pour nous. Un guitariste de talent à la voix rock et roque accompagné par son acolyte beat boxer survolté, carrément en apnée avec son micro. Un blues qui pulse et déride la salle entière. Difficile d’enchaîner après une telle claque musicale: Bombay Show Pig doit assurer. Une fille à la batterie, un mec à la grat’, un rock électro classique mais efficace. Fin de soirée vers 1h, pas mal pour un mercredi soir d’automne.

2ème soirée. 21h10, Concentré d’Afrique au réveil

On arrive un peu à l’ouest. Pas facile en semaine d’être dans la peau d’un festivalier. Family Africa (photo) a la délicate mission de nous réchauffer. La chanteuse a sorti les lunettes de soleil. Les percussionnistes donnent un son tropical aux titres funk. La reprise de « I want to see you dancing », version psychédélique, rencontre peu de succès. La salle est attentive mais loin d’être folle. 

21h47, Trip-hop oriental un peu trop psyché

Après un petit tour par notre crêpier favori, on se dirige vers le deuxième concert. Pieds nus, cheveux lâchés, vêtue d’un simple soutien-gorge et d’un pantalon en cuir, Yasmine Hamdam (photo) séduit au premier coup d’œil. Mais difficile d’entrer dans son univers musicale, fait de doux trip-hop et d’orient. Un style très original pour un délire auquel nous n’accrochons pas vraiment.

22h25, Welcome to the Republic of Kadebostany

On nous invite à rejoindre une nouvelle république musicale avec le groupe Kadebostany (photo) De l’électro, du hip-hop, des airs balkaniques, le programme est séduisant. Tous sont dans leur uniforme avec brassard de leur pays imaginaire sur le bras. La chanteuse quitte vite son rôle de petit soldat pour se lancer dans un ragga endiablé. Le claviste-président mène parfaitement ses troupes, saxophoniste et tromboniste. On est chahuté dans un monde inconnu qu’on ne veut plus quitter.

23h11, Artistes et public ne font qu’un

Le concert à peine terminé que le groupe se poste dans le hall à la rencontre de son nouveau public. Les gens ont le sourire, prennent des photos, et achètent même des Cd’s. Chaque artiste du festival passera par cette case. On avait d’ailleurs retrouvé la veille les deux gars d’Heymoonshaker fumant avec quelques festivaliers à l’entrée. La proximité est le maître mot de ce festival. Pour le final, on décide à contre cœur d’aller attraper le dernier RER et de louper nos chouchous de BRNS, rencontré en interview quelques heures plus tôt. 

3ème soirée, 21h35, Rivière Noire pour nuits colorées 

Troisième soirée à Massy. Cette fois, on vient avec pleins d’amis à qui on a vendu les charmes du festival et les derniers billets de la soirée. On loupe le premier concert pour s’être frotté aux moustaches de Deluxe en interview. Notre soirée commence avec Rivières noire (photo), un trio world music entre Rio et Bamako. Des ballades en portugais, avec de fortes résonances musicales maliennes. Atmosphère planante garanti. 

22h05, Hip-hop féminin pure souche

Batteur et saxophoniste casquette sur la tête, le hip-hop reprend ses droits à Massy. Un hiphop instrumental qui évoque le mythique groupe the Roots. La belle Akua Naru (photo) joue avec ses musiciens et va chercher un par un les spectateurs. Tous en redemandent après les 40 minutes de show réglementaire. Mais les règles du festival font qu'il faut laisser la place aux autres. Dommage car cette jeune américaine à l'énergie débordante  avait encore beaucoup à donner. 

22h52, Quand le blues illumine le hip-hop

C’est au tour de Scarecrow (photo) de nous surprendre. Ce groupe crée l'alchimie entre le blues et le hiphop. Antibiotik, caché sous sa capuche scratch et rappe des textes habiles, Slim Paul, le grand fin au chapeau de feutre, s'exprime avec sa guitare et sa voix de bluesman. Résultat  : un style unique pour exprimer des blessures de l'âme universelles. Du jamais vu pour nous. On veut les revoir très vite sur scène.

23h55, Moustaches velues et culotte dorée 

On avait hâte de retrouver les cuivres et les moustaches de Deluxe (photo) sur scène. Ils ont été notre révélation du dernier Solidays. Avec la chanteuse Lilly aux commandes, la petite salle tremble aux sons des trompettes et claviers des têtes d’affiche du festival. L’electro-swing défoule les corps et les esprits. Tous les musiciens n’en finissent plus de sauter dans tous les sens jusqu'à en être trempés. Un vrai bonheur d’être avec eux. 

On ne pouvait malheureusement pas revenir pour le quatrième jour mais pas de doute que JuvenilesBirth of Joy ou JC Satan ont terminé en beauté cette 7ème édition des Primeurs de Massy.

Côté concert

La confirmation: 
Deluxe. Leur électro-swing est sans doute l’un des meilleurs live de l’année.

Les bêtes de scène:
Heymoonshaker. Un blues rock mixé à du beat box décoiffant, les deux anglais ont retourné le festival.

La découverte:
Kadebostany. Leur République imaginaire nous a fait découvrir un son originale et détonnant. 

Le coup de coeur: 
Scarecrow. Un blues rap français, frais et inédit qui mériterait d’être porté sur le devant des scènes. 

Côté festival

On a aimé :

- La proximité avec les artistes dans des petites salles bien agréables comme après lors des dédicasses.
- La programmation avec au moins une grosse claque musicale par soir.
- Un prix abordable : 18€ la soirée et des tarifs dégressifs : 32€ pour deux soirées, 52€ les quatre. 
- Un vrai festival d’automne

On a moins aimé : 

- Pas de navettes pour aller au festival depuis Paris
- Pas de choix dans les bières  (il fallait bien trouver quelques défauts).

Conclusion

On s’attendait à une suite de bons concerts, on s’est retrouvé devant un vrai festival. Le public était présent, avec des salles presque toujours pleines, remplis par toutes les générations. Les découvertes n’ont pas manqué, la diversité des styles était là les trois soirs, et la possibilité d’échanger avec les artistes après les shows ajoutait une sorte d’osmose positive au tout. 

https://geo.yahoo.com/t/;_ylt=Ah7crq02RJVtbCVREDTYlw1vGFM6Récit et photos : Céline Martel et Morgan Canda