On était à
Les Francos Gourmandes, festival des sens

Plaisir des yeux, des oreilles et des papilles : voilà ce que nous promettait la deuxième édition des Francos Gourmandes, festival au concept inédit où se mêlent musique et gastronomie en un seul et même lieu. Le pari est réussi cette année encore, avec plus de 20 000 spectateurs, et ce malgré l’apparition surprise de la pluie…

C’est plein de curiosité que nous nous sommes rendus samedi soir à Tournus, non pas à l’égard de la prog qui annonçait des valeurs sures destinées à un large public, mais plutôt pour l’aspect gastronomique de l’événement, une approche nouvelle dans le paysage des festivals français. C’est probablement une des clés du succès des Francos Gourmandes, preuve que l’originalité paye dans ce milieu.

Côté concerts

A notre arrivée, Yves Jamait entame ses derniers morceaux devant un public convaincu. Le dijonnais, qui avait déjà participé à la première édition, a été programmé à la hâte, en lieu et place de Jacques Higelin, contraint d’annuler son concert pour des raisons médicales. Jamait n’a pas manqué de montrer sa joie de revenir sur la scène des Francos Gourmandes et le public le lui a bien rendu. Dès la fin du concert, la foule bascule sur la scène 2 pour assister au show de Fills Monkey, duo de batteries comique qui se présente un peu comme l’ovni de la programmation. Les deux compères (respectivement batteur de No One Is Innocent et de JMPZ) impressionnent par leur technicité et leur vivacité, et le public (constitué essentiellement de parapluies !) se prend au jeu jusqu’à participer allègrement.

Changement de scène une nouvelle fois, et place au concert de Jimmy Cliff, point d’orgue de la soirée. En mélangeant habilement ses plus grands succès avec les titres un poil plus roots de son dernier album, le jamaïcain a su maintenir en haleine un public tenace sous une pluie battante. Du haut de ses 65 ans, Jimmy Cliff affiche une vitalité hors du commun et se veut fidèle à sa réputation de showman. Après un passage par l’espace partenaires pour essorer nos vestes, nous nous lançons sur la scène 2 pour le concert de Saule.  Surfant sur la vague de son duo avec Charlie Winston, le belge distille une pop mêlée de chanson qui a su ravir un public d’initiés. On ne va pas vous mentir, la pluie a eu raison de nous avant le concert de Tryo. De toute façon, on aura bien l’occasion de les croiser dans l’été puisqu’ils jouissent cette année du titre de plus gros squatteurs de festivals selon Sourdoreille.

Paroles de festivaliers, Keny Arkana  a déchainé les foules le vendredi soir, avec un show survolté et rageur, tandis que Wax Taylor a transporté le public avec son "Dusty Rainbow from the dark ",  pimenté çà et là par l’apparition de plusieurs MCs de renom.  Le dimanche, placé sous le signe de la chanson française, a réuni un public familial et enthousiaste devant les concerts de Sanseverino, Tété et Zaz.

Côté gastronomie

Entre deux concerts, nous pénétrons, tant bien que mal, dans l’allée des chefs, un chapiteau bondé (en partie par des gens cherchant à s’abriter) où s’alignent, sur un immense plan de travail, les équipes de 9 chefs étoilés venus des 4 coins de France. La première image est encourageante : les couleurs et les odeurs se mélangent dans des créations plus originales les unes que les autres, et on ne sait plus où donner de la tête (ou plutôt de la bouche).

La machine est bien huilée et les assiettes partent à vitesse grand V, parfois même avant qu’on ait le temps de faire une photo ! Mais ce qui nous frappe surtout, c’est l’accessibilité des équipes qui cuisinent. Malgré la cadence impressionnante, tous affichent un large sourire et ne manquent pas une occasion de discuter ou de plaisanter. Au-delà de la démocratisation de la gastronomie (pour 13 euros vous pouvez déguster un plat de haute voltige), le festival s’affirme comme un vrai point de rencontre entre chefs et festivaliers, dans une ambiance détendue où les barrières sociales s’évaporent littéralement.

Nous saluons tout particulièrement la générosité du chef Jérôme Bigot qui, après quelques minutes de discussion, nous a offert la dégustation de son plat : une joue de cochon avec son jus vert, ail des ours et fleurs de ciboulette. Christophe Michalak, parrain du festival, proposait quant à lui, en plus de son plat, un menu nomade composé d’un sandwich hytérik (pain viennois, crème de wasabi, saumon mariné et salade hystérik) et d’un dessert (mousse Milky Way ou framboisier crème de pistache) qui nous ont réellement mis l’eau à la bouche.

Le seul bémol, s’il faut en trouver un, c’est le tarif des consommations. Si les repas sont largement accessibles étant donné la qualité des plats proposés, la bière affiche un tarif plutôt prohibitif de 3,5€ auxquels s’ajoute 1€ de consigne. De quoi nous couper l’envie de passer trop de temps au bar ! Ceci dit le festival ne fait que suivre une tendance générale de hausse des consos sur tous types d’événements…

Un pari audacieux et de belles perspectives pour l’avenir

Lancées l’an dernier seulement, les Francos Gourmandes semblent déjà en passe de devenir un évènement incontournable dans le Grand Est et même au niveau national. Il faut dire que la cuisine a la cote dans les médias (la couverture est d’ailleurs assez impressionnante pour une seconde édition) et que l’organisation a su proposer un événement à la hauteur. Le site est particulièrement bien agencé, les concerts s’enchainent sans temps mort et sans retard, les repas sont brillants et servis rapidement. En résumé, le petit festival tournugeois a tout d’un grand et mérite bien quelques étoiles !