On était à
Les Ardentes 2022 : entre gros concerts et showcases en demi-teinte

Les Ardentes étaient de retour à Liège, en Belgique, après deux ans d'annulation pour cause de pandémie et depuis 2019, le festival s'est orienté vers les musiques urbaines avec une grosse programmation dédiée au rap. L'occasion parfaite pour nous d'aller découvrir le mythique festival belge. On a fouillé dans nos souvenirs d'été pour vous raconter nos quatre jours de turn-up avec la crème du rap.

Jour 1. Jeudi 7 juillet. 14h40, bienvenue à Liège !

On arrive tôt en Belgique car après deux annulations pour cause de pandémie, on est franchement impatients de découvrir le nouveau temple du rap et des musiques urbaines. Cette année, la crème du hip-hop francophone mais aussi international s'est donnée rendez-vous à Liège, sur le nouveau site du festival, moins urbain et surtout plus grand qu'avant. On n'est pas les seuls à être enthousiastes : la queue est déjà bien remplie en ce début de journée. On loupe donc le concert de Green Montana qu'on entend de loin pendant qu'on passe à la pose des bracelets puis on part manger un bout et boire une bière en observant le concert de Niro de loin (voir photo). On n'est pas fans du rappeur, mais force est de constater qu'il a de l'énergie à revendre et malgré les quelques gouttes de pluie (les seules de ce week-end belge !), le public est nombreux à bouger la tête devant la scène Big Eye.

17h14, des pogos, en veux-tu ? En voilà !

La journée vient à peine de débuter et on se rend déjà compte que les choix de concerts vont être compliqués. Avec ses cinq scènes, le festival accueille beaucoup de noms qui nous intéressent et qui jouent parfois au même moment. On décide donc de se balader entre les scènes pour le reste de l'après-midi. On passe notamment une tête pour voir le show de Leto, qui ressemble plus à un showcase en boîte qu'à un concert de festival : le rappeur ne chante pas la moitié du concert, il y a trop de playback...

On préfère aller voir Larry (voir photo) pour nos premiers pogos du week-end. Et on fait le bon choix, le Strasbourgeois est en feu et le chapiteau du Hood se transforme rapidement en gros bordel et en turn-up géant. On sort de là trempés de sueur et de bière, généreusement renversée dans les circle pits.

21h07, on ne sait déjà plus où donner de la tête

On profite ensuite du concert d'Ichon pour reprendre nos esprits et chiller. Le rappeur joue sur la Konbini Forcing Club, une scène dédiée aux rookies et aux nouvelles pépites de la scène rap francophone. Le membre du collectif "Bon Gamin" est venu à Liège accompagné de ses good vibes et  de ses morceaux groovy, et a même ramené le beau temps qui fait son retour dans le ciel belge pour cette jolie parenthèse musicale.

Mais à peine le temps de souffler qu'à l'autre bout du festival, une des têtes d'affiches du jour s'apprête déjà à monter sur scène. La scène Big Eye est déjà pleine à craquer pour l'arrivée d'SCH. Un accueil mérité pour le Marseillais qui découpe et lâche une prestation parfaitement maîtrisée, malgré les problèmes rencontrés pendant le concert : la sécurité n'avait pas prévu un tel engouement et une barrière du crash a même lâché, obligeant le rappeur à écourter son show d'une dizaine de minutes. On passe le reste de la soirée à vagabonder entre les concerts de Anderson .Paak (photo), de Ziak et de Sexion d'Assaut et à descendre des pintes de Jupiler, la bière phare de tout bon festival belge qui (ne) se respecte (pas), avant de se diriger vers la sortie. Malheureusement pour nous, le festival n'ayant pas prévu suffisamment de places pour l'ensemble du public sur son camping et n'ayant pas pensé à réserver à l'avance, c'est dans notre voiture gatée au parking du Decathon qu'on reprendra nos forces pour le lendemain. Le seum belge...

Jour 2. Vendredi 8 juillet. 13h30, ambiance romantique sous le soleil liégeois

Après une nuit peu confortable, réveillés tôt par le bruit, une toilette à base de lingettes et de déodorant s'impose. On a à peine le temps de se mettre quelque chose dans l'estomac qu'on reprend déjà la route pour le site des concerts. Car aux Ardentes, si les concerts se terminent tôt (aux alentours de 1h du matin), ils commencent également tôt, avec les premiers concerts dès 13h30.

Et aujourd'hui, c'est Tsew The Kid qui ouvre le festival (voir photo). Le rappeur/lover nous emmène dans son univers romantique et lumineux, idéal pour commencer la journée assis dans l'herbe à profiter du soleil. Dans un tout autre registre, beaucoup plus sombre, Frenetik lui entame le pas sur la scène Phoenix pour un concert débordant d'énergie. On décide aussi d'y assister de loin, histoire de garder de l'énergie pour le reste de la journée.

Pour la suite, on fera comme la veille : vagabonder entre les différentes scènes tout en découvrant le site. On passe notamment une tête à la gaming zone, qui  propose plusieurs stands dédiés aux jeux-vidéos. Rétrogaming, réalité virtuelle, découverte des métiers du jeux vidéo... De notre côté, on préfère se poser sur une borne d'arcade et se la mettre à Street Fighter II entre deux concerts.

18h31, on se sent mieux le ventre plein

Cette partie nous a ouvert l'appétit ! Heureusement le festival propose une grosse sélection de stands de nourriture. Un choix allant des classiques pizzas et burger frites à des spécialités du monde ou des stands dédiés aux végés et aux vegans. Notre choix se porte sur Pit's Deli, un stand spécialisé dans la street-food américaine, et on se délecte d'un sandwich au pastrami et d'un autre au pulled pork à respectivement 9 et 7€. (voir photo) On est prêt pour le prochain turn-up de la soirée, et on sait déjà qu'il va être intensif.

Sur la main stage, c'est un habitué des festivals qui est attendu : PLK est en Belgique et compte bien foutre le feu. Comme à son habitude, le rappeur propose un concert survolté mélangeant hits et morceaux plus anciens de sa discographie, en rappant tous ses textes sans laisser de place aux playbacks. Comme SCH la veille, PLK est forcé de mettre en pause son concert car le public est trop déchaîné. Un petit incident qui ne coupe heureusement pas le rythme du concert qui s'achève en beauté avec tout le public qui reprend en cœur Petrouchka. PLK est un monstre sur scène, et il le prouve une nouvelle fois aux Ardentes.

20h52, des têtes d'affiche dans tous les sens

En ce début de soirée, le festival nous pose un nouveau dilemme : choisir entre le roi de la mélo belge Hamza, le duo le plus énervé de Sevran Kaaris x Kalash Criminel et la maîtrise de la rime du membre de l'Entourage Deen Burbigo. Après avoir passé une tête sur les deux premiers concerts, on décide de se poser devant la Konbini Forcing Club pour découvrir ce dernier sur scène : ça rappe fort, sans auto tune ni playback et si le public est moins dense que sur les main stages, principalement composé de connaisseurs qui backent tous les couplets. Le MC ramène même ses potes Ratu$ et Eff Gee en guests pour quelques morceaux en commun.

De l'autre côté du festival, la plaine de la scène Phoenix est déjà bondée car elle va bientôt recevoir deux des plus grosses têtes d'affiche du rap francophone et international. On se dépêche donc de se frayer un chemin à travers la foule pour assister au concert d'un rappeur qui est à la maison. Pendant 1h30, Damso joue ses morceaux seul sur scène, sans grosse scénographie, tout le contraire de Tyler The Creator qui lui succède sur la main stage et a ramené une colline verdoyante et un écran géant qui lui sert d'arrière-plan évolutif. (voir photo) Un décor impressionnant à l'image de sa performance de haut vol, qui nous laisse des étoiles dans les yeux pour finir la soirée en beauté.

Jour 3. Samedi 9 juillet. 14h00, entre mélancolie et good vibes

On a déjà marché près de 50.000 pas en deux jours de festival, et on ne compte pas s'arrêter sur une si bonne lancée. En plus, on a encore une grosse affiche qui nous attend à commencer par Edge, un rappeur parisien qui monte. On a adoré son dernier projet "Offshore", et malgré le début de journée (il est seulement 14 heures), il arrive à nous embarquer dans son univers vaporeux, nocturne et mélancolique.

Tiakola est là pour rapporter de la joie et du soleil dans notre journée. Programmé à une heure idéale et avec du beau temps, le petit prince de la mélo nous fait danser et offre un bain de good vibes aux festivaliers qui s'ambiancent, sourires aux lèvres, il nous manque juste une petite bière pour que tout soit parfait. Direction le bar Jupiler, aperçu plus tôt dans le week-end. Ce qu'on avait pas vu par contre, c'est le dancefloor caché juste derrière et ambiancé par plusieurs DJs. Les autres festivaliers semblent avoir eu l'info plus tôt que nous puisqu'ils sont déjà plusieurs à danser au son des remix de rap U.S. proposé par le DJ du jour, survolté (photo).

21h05, la soirée des annulations et des déceptions

C'est en jetant un œil à l'appli du festival, très bien faite et parfaite pour s'organiser, qu'on se rend compte que la soirée ne sera pas celle qu'on avait prévu : les rappeurs Roddy Ricch et CKay ont été contraints d'annuler leur venue à Liège. Le rappeur Maes remplace le second, mais ces deux annulations viennent tout de même modifier la timetable de la soirée. Ninho monte donc sur la scène Phoenix plus tôt que prévu mais le concert ressemble plus à un showcase qu'à un show à la hauteur de l'artiste.

On n'était pas non plus tout à fait prêts pour la déception qui allait suivre. On a beau adorer la musique de PNL, connaitre leur réputation sur la ponctualité et sur les prestations en festival mais on ne s'attendait toujours pas à une telle aberration. Après près d'une heure d'attente et un public qui commence à huer le duo, il décide enfin de monter sur scène (voir photo). Après seulement 35 minutes d'un concert en demi-teinte, sur une heure et demi prévue au départ, les deux frères jouent un dernier morceau avant de s'excuser et de quitter la scène devant un public désemparé face à cette situation surréaliste.

Jour 4. Dimanche 10 juillet. 16h35, un dimanche sous le signe des rookies et de la nouvelle scène

C'est déjà notre dernier réveil sur le parking du Décathlon de Rocourt, et on est assez tristes à l'idée de le quitter malgré le mal de dos qui s'installe à force de dormir sur des sièges de voiture. Pour cette dernière journée, on va passer pas mal de temps du côté de la scène Forcing Club qui accueille nos pépites favorites de la nouvelle scène française. Mais juste avant, on passe une tête au concours de basket organisé sur le Wallifornia Stadium par Give Me Five. (voir photo).

On enchaîne ensuite les concerts avec Sheldon, membre de la 75ème Session et Bu$hi, du collectif Lyonzon mais surtout avec notre coup de cœur de l'après-midi : So La Lune, qui explose tout sur son passage en ce moment, est aux Ardentes pour un rare concert qui s'annonce déjà mémorable. L'autotune est parfaitement maîtrisée et le public aussi enthousiaste que nous reprend les refrains criards et entrainants du rappeur parisien qui se place définitivement comme une des nouvelles pointures du rap underground.

21h30, BOUNCE !

Sur la scène Big Eye, Freeze Corleone nous fait le plaisir de ramener Alpha Wann et tout le 667, son collectif, avant de laisser la place à un rappeur très connu des fans du genre. La superstar ASAP Rocky est venue retourner la campagne liégeoise avec un show à l'américaine, alors que le soleil se couche (photo). Et on sort de la foule en étant encore plus hypés pour le dernier concert du soir.

On sent à l'effervescence autour de nous qu'il est en train de se passer quelque chose avec l'artiste attendu sur la Forcing Club. Le nouveau temple belge du rap a bien ramené les plus grosses pépites du hip-hop francophone et le concert de La Fève est le point d'orgue de cette programmation. Dans le public, ça se bouscule et ça reprend les paroles de l'artiste avant même l'arrivée du rappeur. Pendant une heure, il reprend les morceaux de sa dernière tape "ERRR" devant un public bouillant et à la limite de l'hystérie, qui se lance dans les derniers pogos de son weekend. Oui, La Fève est définitivement l'une des révélations de cette année 2022 pour les fans de rap, et tout le monde a du mal à redescendre les pieds sur terre à la fin du show. Pourtant, il est déjà temps de quitter le festival et de se dire à l'année prochaine !

Le bilan

Côté concerts

La révélation de la new-gen

La Fève, future tête d'affiche et déjà une aura impressionnante sur scène

La valeur sûre

PLK, chacun de ses concerts est parfaitement ficelé et apporte sa dose de turn-up

Le rap sans fioritures

Deen Burbigo, un des meilleurs rimeurs français qui le prouve aussi sur scène

La honte du festival

PNL, c'est affligeant de se moquer autant de son public

La dose de good vibes

Tiakola, et sa musique ensoleillé à faire déhancher n'importe quel bassin

Côté festival

On a aimé

- La qualité de la programmation. C'est simple, tout le rap francophone et international était réuni à Liège le temps d'un week-end.
- La diversité niveau gastronomie. Peu importe le régime alimentaire ou les goûts, tout le monde peut trouver un repas adapté à ses envies et à son portefeuille.
- Le Konbini Forcing Club. Les meilleurs rookies du game rassemblés sur une scène à taille humaine avec une jolie scéno'.
- Les activités. Entre la zone gaming, les contests de baskets ou même les concours de freestyles, le festival ne laisse aucun temps mort et on trouve toujours un moyen de s'occuper !

On a moins aimé :

- Les retards et les annulations. Beaucoup d'artistes ont été annulés au dernier moment, ou ont vu leurs prestations écourtées à cause de leurs retards.
- L'ambiance showcase de certains concerts. Des performances décevantes, sans âme et remplies de playbacks.
- Le manque de place au camping.
- Le manque de vie sur le parking du Décathlon... Du coup.

Infos pratiques

Prix des billets : Ticket à la journée : 80€ / Pass 4 jours : 187€ (+ camping : 217€)
Prix des boissons : Bière 25cl (Jupiler, Hooegarden Rosée) : 3€ / Softs 25cl : 3€ / Eau : 1,50€
Prix de la nourriture : Barquette de frites : 3€ / Part de pizza : 5€ / Burger seul : 11€ /Tacos : 7€ / Sandwich Pastrami : 11€

Conclusion

Les Ardentes réussissent leur pari de transformer leur festival en temple européen du rap, avec une programmation de choix mêlant grosses têtes d'affiches et fers de lances des nouvelles scènes du genre. Avec le nouveau site, le festival montre clairement sa volonté de s'agrandir et de rajeunir son public. Malgré quelques concerts décevants, on a quand même passé un super week-end en Belgique et on a pu voir la plupart de nos artistes préférés réunis dans le même festival. S'il continue à s'inscrire dans cette lignée, on est sûr de revenir y faire un tour en 2023. On vous croise là-bas ?

Récit et photos : Ailvin Tourtelier et Paul Charoy