On était à
Calumet de la paix au Tomahawk festival

C’était à Querrien, dans les profondeurs insondables du Finistère. Nous voilà dans l’atmosphère particulière du Tomahawk festival, sa taille humaine et son Collectif Tomahawk, qui remue ciel et Terre en Bretagne pour une culture riche et accessible pour tous. Une mission totalement remplie pendant trois jours : on vous raconte.

Jour 1. 18h12, découverte de l’endroit

Obé !” “Pano !” “Obéééé !” “Panooooo !” Il semble que ces temps-ci, on ne peut pas partir en festival sans se prendre pour Jamel ou Depardieu dans Astérix et Obélix mission Cléôpatre. Fort heureusement, ici, l’excès de zèle culturel ne rime pas avec l’abus de potion magique décuplant les forces, la soif et les pupilles. En effet, la plupart des autochtones avec qui nous avons le loisir de palabrer ne se jette  point dans la marmite comme Obélix, et préfère la traditionnelle Bière Blonde de Luxe - qui n’a bien souvent que le luxe de nous faire dépenser moins d’argent - et l’éternelle planche à palets.

19h10, campement au carré

L’atmosphère du camping, assez calme en ce début de soirée, est propice à la conversation ; entre festivaliers de tous âges, on se pose boire l’apéritif avec un petit groupe, puis un autre, puis un autre, puis un autre. On ne voit pas passer le temps, mais après tout, on vient ici pour l’oublier. S’extirper du camping et de sa convivialité est assez fastidieux, les gens sont vraiment chouettes

21h45, traversée du camping et arrivée sur le site

Traverser le camping : une minute trente. Traverser la petite route entre le camping et le coeur du festival : quatre secondes. Contribuer financièrement au festival et se faire tamponner : environ deux minutes. Il nous a donc fallu environ trois minutes trente-quatre de trajet entre la glacière et le bar. On avoue que c’est très pratique. A peine entrés dans le site, le soin apporté à la décoration et à l’environnement nous frappe, comme l’amas de vieilles horloges savamment agencées qu’on peut observer près de l’entrée. Des horloges qui bien sûr se sont toutes arrêtées sur une heure différente.

21h50, repérage avant d’aller guincher

Plus loin, nous tombons en amour d’un vieux bateau en bois retapé dans l’esthétique Steampunk à la sauce finistérienne, avec son et vidéo projetée sur la totalité du navire. Après avoir un peu grommelé parce qu’on marche sur du gravier et pas sur de l’herbe, nous nous rendons à l’évidence : le béton et la caillasse sont bien mieux adaptés à l’esprit du festival. Et durant ce petit bout de chemin, pourtant assez près des concerts, on s’entend parler sans élever la voix, les festivaliers sont souriants, assez calmes et les conversations vont bon train sans turbulences.

22h05, on commence à s’enjailler

Nous hésitons d’abord entre nous nourrir et aller écouter de la musique. On choisit finalement avec nos oreilles plutôt qu’avec nos ventres, et nous voilà donc partis écouter le “Rock Jazz Bipolaire” des Nantais de Spiel. Un moment envoûtant, qui entre mélodies tantôt mélancoliques tantôt légères et envolées bruitistes et distordues, est parfait pour nous attirer doucement dans ses filets. S’ensuit le premier morceau de Corbeaux, un groupe de Post-Rock rennais ; ça a l’air de tataner, mais c’est à ce moment-là que la faim s’impose plus clairement à nous, et nous décidons d’y remédier.

L’Iroquois, ici, ce n’est pas une coiffure de chef Indien ! C’est le fer de la lance, le nerf de la guerre, le carreau de la chemise de bûcheron québécois ! Bref, c’est un quart de baguette avec plein de petits légumes dont des oignons du cru longuement mijotés et surtout : du porc. Beaucoup. C’est juste impossible de le manger debout, tant les morceaux tentent de se jeter par terre. Les végétariens ne sont pas non plus en reste, avec un plat cuisiné avec amour garanti sans animaux, et rien ne coûte plus de trois euros. Le repas plus quelques semaines de sommeil en retard nous tue complètement : le choix est difficile, mais nous préférons aller faire une vraie nuit plutôt qu’assister aux concerts de Valse Noot et d’Enemy of the Enemy.

Jour 2. 15h, le réveil des champions

Après une petite marche de quelques minutes pour nous prendre un café au troquet de Querrien, bu en se marrant des blagues bien vaseuses des habitués qui eux étaient au vin blanc depuis quelques heures, on se bouge au marché ! Une grande partie de la force de ce festival repose sur la possibilité d’y acheter une “cigar box guitar” ainsi que bien d’autres articles fabriqués à la main par les nombreux artisans que compte le marché, ou bien d’aller se faire masser les pieds par une réflexologue, ou simplement d’aller se poser dans un des canapés du Chill-out écouter des playlists entre électro détente et techno posée. D’ailleurs, on apprécie le dôme géodésique et la tonnelle pour nous abriter quand la bruine sévit.

18h23, au calme : le bar

La décoration du bar est vraiment excellente ; une sorte de squat anarchiste en plein air et familial, décoré à la mode Steampunk et à l’ambiance conviviale et paisible. La bière coûte deux euros le verre, trois avec la consigne ; on demande ce qu’ils ont comme bière ambrée, et on a le plaisir de retrouver notre favorite, la “Zora la Rousse” de la Brasserie de Launay. Si, à notre grand dam, elle ne voyage pas tellement à l’extérieur de la Bretagne, elle aura au moins voyagé des Côtes-d’Armor vers le Finistère. Egalement, une mention spéciale pour la “Couille de Loup”, fierté locale qui nous a plutôt agréablement flatté le palais.

19h02, le point culture

C’est avec plaisir qu’on fait connaissance avec deux bénévoles, ce qui nous donne un peu l’occasion de parler d’une chose toute simple : la qualité de vie au Tomahawk Festival. Passer un moment ici, c’est quelque chose qu’on voudrait faire plus qu’une fois par an. Ce petit festival - 6000 entrées cette année - concilie musique, arts de rue et artisanat sans chercher autre chose que créer un moment vraiment unique, et à nous en faire profiter à prix libre. On assiste à un numéro de magie drolatique de la bienheureuse Famille Bouffard, et nous voilà parés pour les concerts.

20h33, le moment one-man band

El Maout, après un warm-up certes ludique mais un peu long où il nous explique en détail le fonctionnement de ses machines, nous dévoile un set à base de beatbox, auquel il superpose instruments électroniques, percussions et rap en anglais pour un moment qui manque peut-être un peu d’assise technique - beats pas parfaitement calés, chant un peu faux par moments - mais absolument pas d’une chaleureuse sincérité. Le cocktail est plutôt prometteur.

21h41, on a failli suer

Le bar est bien pensé : on peut commander de l’extérieur et de l’intérieur, et on est rapidement servis. Pendant qu’on remplit nos verres, ça se déchaîne sur la scène : c’est au tour de Buddy d’envoyer la sauce. Lemmy Kilmister, vieux bougre, si tu nous entend, viens un jour voir ce groupe avant de crever, et pars l’esprit tranquille : avec eux, on guinche sévère. Après une petite pause, on enchaîne avec The Electro Canouche Orchestra, sans vraiment se laisser entraîner. Suite à Buddy, on est resté sur notre faim de rock pur sang. Du coup on trace sur le camping faire griller le lard, les chipos et le camembert, et on décède quelques heures plus tard.

Le Bilan

Côté concert

Les apôtres du Rock’n’Roll
Buddy, Rien à ajouter. Clairement.

L’élégance
Spiel, du velours de dissonance.

Côté festival

On a aimé :
L’atmosphère unique du festival
L’entrée à prix libre
La diversité des performances et activités
L’Iroquois à 3 euros et la bière à 2

Conclusion 

Après trois éditions réussies, cette année le Collectif Tomahawk tape non pas fort, mais juste. Lancé par des musiciens souhaitant proposer un évènement qui “permette la rencontre”, quelques années plus tard les voilà à la tête d’une des plus chouettes kermesses du Grand Ouest. Et encore, nous n’avons même pas écrit la moitié de ce qu’il aurait fallu écrire, entre les ballades en calèche, les ateliers de jonglerie, de tir à l’arc, de slam… C’est fou comme il peut s’en passer des choses, en trois jours. On reviendra.