On était à
Le Bon Air 2022, aussi chaleureux que le soleil de Marseille

Imaginé par le producteur marseillais Bi-Pole, le festival Le Bon Air se tenait le week-end prolongé du 3 au 5 juin 2022. De jour tout comme de nuit, la programmation mettait en avant différentes approches de la musique électronique, et invitait de grosses têtes d’affiche comme Boy Harsher et Anetha, tout comme des artistes locaux et émergents à l’image du groupe Fulu et le Métaphore Collectif. Dans un lieu impressionnant, avec de la bonne bière, du beau monde, du soleil à gogo, et une scénographie travaillée, on vous raconte notre expérience au festival Le Bon Air. 

Jour 1. Vendredi 3 juin. 00h15, la fête bat son plein

Au départ de Lyon, c’est en covoiturage que nous avons décidé de nous rendre à Marseille pour ce week-end de 3 jours. Nous ne sommes pas les seules à vouloir rejoindre la cité phocéenne et son soleil tapant, et nous prenons plus de temps que prévu pour arriver à Marseille retardant notre arrivée sur les terres du festival. 

On est impressionnées par le lieu qui accueille les festivités cette année, La Friche la Belle de Mai. Cette ancienne usine, aujourd’hui tiers lieu, est connue par tous les habitants de la ville, car sur ses 45 000 m2, elle regroupe une fabrique d’art et de culture avec pas moins de 70 structures résidentes, 5 salles de spectacles et de concerts, des jardins partagés, une aire de jeu et de sport et surtout ce qui nous intéresse, un toit terrasse de 8 000 m2 et 2 400 m2 d’espaces d’exposition, où la fête battra son plein. . 

Depuis la fouille, on entend déjà la musique qui tape fort, mais dès qu’on passe le point sécurité, on est prises de court. On se retrouve dans un large couloir décoré de street art avec des visages et des lasers projetant des cercles sur les murs. Il y a aussi un espace extérieur qui donne sur des escaliers, et on voit du monde l’emprunter, on décide donc de suivre la foule... 

00h45, Folamour full amour

Au premier étage, on tombe directement sur la scène principale du festival, La Centrale, avec ses propres toilettes (très propres d’ailleurs pour un festival), et un espace extérieur avec des transats pour prendre l’air car dans la salle, au milieu de la foule, il fait chaud ! C’est Folamour qui ambiance, entouré par des écrans penchés tantôt vers le bas tantôt sur le “dos”, et de lasers qui créent des vagues sur les murs. Le DJ marseillais joue sa nouvelle formule “Power to the PPL” toujours aussi groovy et house, mais avec plus d’arrangements que d’habitude. Sur les écrans, on a évidement droit à des dessins de bob (photo) en référence au style de l’artiste. Quand les beats montent pour faire un drop, on entend même des danseurs endiablés hurler “Folamouuuuuur, je t’aiiiiiiime !”. On est pour notre part subjuguées par le dispositif de scéno, visible depuis l'ensemble du dancefloor et validé à 1000%. 

1h30, une pause s’impose 

A notre arrivée, on avait repéré un coin chill en retrait. A l’intérieur, le bruit est estompé. On se pose dans des transats et on observe sur un écran des photos défiler des éditions précédentes du Bon Air. La salle à côté est noire de monde. On réussit tant bien que mal à se faufiler entre les gens pour apercevoir Molécule (photo) debout, en face d'une machine, avec de la musique qui joue en fond. Confuses dans un premier temps, on est happées par la scène et on commence à se dandiner un peu. Ce n'est qu'après son concert qu'on comprendra le fonctionnement du dispositif : l'artiste contrôle la machine par le biais de son casque, produisant ainsi le son par... sa pensée ! C'est le nouveau concept, appellé "Brain Performance Mix", qu'il propose cette année. Ça a le mérite d'être novateur !

Jour 2. Samedi 4 juin. 19h15, la fête à ciel ouvert

Dans le cadre de la programmation jour, les festivités investissaient le toit terrasse de la Friche la Belle de Mai. Une scène est posée au fond et il y a du monde qui danse en face des DJ de passage à cette heure là, Danilo Plessow et Mr Scruff. On y trouve également de nombreux stands : une jeune femme vient de se faire tatouer à l’épaule au stand tattoo. Elle est toute contente d'ajouter celui-ci à sa collection, et elle nous explique que tous ses tatouages avaient été faits en festival. Saurez-vous faire plus fana de festivals que ça ? Il y a aussi un coin fripes, un stand de sensibilisation, et des représentant.e.s de l’incubateur parisien La Ruche qui ouvre un nouveau bureau à Marseille, à la Friche La Belle de Mai justement. De beaux moments d'échange qu'on retient. 

20h30, le temps file à la vitesse de l’éclair 

C’est le soleil qui se couche qui nous ramène à la réalité. C’est l’heure de se prendre une bière ! Le service au bar est rapide, et c’est à peine 5 minutes plus tard qu’on se joint au festivalier.e.s sur le dance floor pour se déhancher sur les titres de Nicola Cruz (photo). Les productions sont good vibes, le genre se prête bien au cadre. On aperçoit de nombreuses personnes habillées en chemises d’été, et les lunettes de soleil tout comme les casquettes sont de sortie. On est bien dans le Sud ! Le temps ici aussi file, et c’est à 22h00 pile que le son s’arrête et que tout ce petit monde se dirige vers la sortie, pour que le programme nuit se mette en place dans les espaces en-dessous.

22h30, lumières et mélodies 

Les bass commencent à se faire entendre au premier niveau de la Friche La Belle de Mai. On se dirige directement vers la scène La Zone, pour découvrir Phatt (photo). Pour lancer les festivités, il n’y va pas de main morte. Il envoie tellement du lourd qu’on se demande comment est-ce que c'est possible qu’il joue aussi tôt sur le festival. 

23h15, pour chaque scène, son ambiance et son public 

Au fond de l’espace ouvert dans lequel se trouve une zone chill et un bar, il y a un petit chemin qui mène vers les 2 scènes qu’on n’avait pas encore checké la veille. La scène La Commune est régie par le Métaphore Collectif, et l’esthétique mise en avant est la techno. On est immédiatement immergées dans une nouvelle ambiance. C’est le jeune marseillais Shlagga (photo) qui est aux manettes, et il nous propose un début de set qui mélange de la breakbeat avec des sonorités presque hallucinogènes. Il y a des lumières qui partent du plafond, renvoyant une forte lumière blanche. L’ambiance se rapproche bien de celle d’une rave party, et on est surprises de voir que les festivalier.e.s qui fréquentent cette salle sont généralement plus jeunes que tous ceux qu’on avaient pu croiser jusqu’alors. Découverte d'une toute autre soirée en quelques foulées !

00h00, un moment, deux moments de déception 

A minuit, c’est Nems-b (photo) qui joue sur la scène principale du festival. Il était sensé faire un b2b avec Laura BCR, mais cette dernière avait été annoncée absente pour cause de manque transport... On a l’impression que Nems-B n’est pas très à l’aise, et le public le ressent, parce que nombreux sont ceux à être là, à attendre sans bouger. Le set nous rend un peu moues, mais dès qu’on voit Floating Points se pointer sur scène, on est vite requinquées…pour être déçues une deuxième fois. On ne sait pas si c’est le son mal réglé, la fatigue ou la chaleur, mais on n’arrive pas à accrocher au set qu'on trouve un peu lent au décollage. Pourtant c'est un artiste qu’on voulait voir à tout prix...

1h15, quand Fulu rime avec full room

Après une tentative d’accès à la scène secrète tenue par le collectif Les Soeurs Malsaines, qui s'est résumée à l'échec tant la file d'entrée était longue, on se pose dans la safe zone pour profiter un peu du calme. Les bénévoles nous abordent immédiatement et l’un d’eux n’hésite pas à nous conseiller de renter en taxi et nous file les bons plans. Fatiguées on se dirige vers la sortie, et c'est sur le chemin qu'on croise le groupe ambulant Fulu ! Le rythme est rapide, le public du soir a l’air aligné sur l'avis de celui de la journée qui avait eu droit aussi à une démonstration sur le toit terrasse (photo). Les gens s’attroupent autour du groupe et lachent leurs plus beaux pas de danse. C’est à la fin de ce concert, toujours aussi impressionnant de par l’énergie qui y est mise et la maîtrise de leurs instruments, qu’on rentre, la fatigue oubliée et le sourire aux lèvres. 

Jour 3. Dimanche 5 juin. 19h30, le soleil est parmi nous 

Le soleil et la grosse chaleur sont avec nous aujourd’hui. De retour sur la scène du toit terrasse, on s’enjaille sur la prestation de Pablo Bozzi (photo), qu’on apprécie du tout début jusque’à la toute fin, jusqu’à être presque déçues qu'il soit terminé. Il envoie de la disco funk et des sons hyper groovy et ensoleillés, en symbiose parfaite avec le cadre. L’ambiance est détendue, les gens sourient et on garde instinctivement chacun un peu d’espace entre nous pour ne pas avoir trop chaud. Pas besoin de scénographie et d’artifices pour cette scène puisqu'au loin, on aperçoit le soleil qui se couche, et les couleurs qu’ils renvoient sont douces. On a comme l’impression d’être au début de nos vacances,...

On attend avec impatience le groupe qui suit : Boy Harscher (photo) ! On est aux premières loges pour ce concert, et quand on voit le duo anglais monter sur scène, on sent l’excitation monter dans la foule. Du début jusqu’à la fin, on est sur le cul. Le duo nous subjugue. Rock, grunge, metal, les influences sont multiples. La chanteuse danse et son énergie est communicante. Elle lance des cris par ci par là et on voit bien qu’elle s’éclate. D’ailleurs on entend dire dans la foule  “Wow la claque !”, "Quelle bande de filous !”, et à la fin du concert qui passe à la vitesse de l’éclair “Mais, c’est déjà la fin ? Nooooon !”. 

23h45, rien ne peut concurrencer la prog jour 

Après avoir tout donné, direction la halle à manger et son offre 100% locale (sauf le couscous, of course). On prend un couscous végétarien pour 8€ et un autre au poisson au même prix. Le service ferme à minuit, et on est assez surprises, car la proposition pour le reste de la soirée se résumera à... un sandwich au jambon et au fromage. Du côté de La Centrale, qui est la seule scène ouverte ce soir, Glitter 55 et Lisa Laurent sont présentent leur projet Musahara (photo). Les sonorités sont orientales, et sur les visuels projetés à l’arrière, on comprend qu’il s’agit d’un projet engagé. Deux performeurs dansent sur la table à côté de la DJ. S’ensuit le set de Robert Hood, qui prend du temps à décoller sur les débuts mais envoie et tape fort quand il met les pieds dans le plat. De la lumière jaune se répand dans toute la salle et on a comme l’impression que le soleil est de retour parmi nous ! 

Le train du lendemain est aux aurores pour nous, et à 2h, on s'avise à rentrer. Mais qui c’est qu’on croise encore sur notre chemin ? Les fameux Fulu ! Tout comme hier, ils ont une énergie de fou, on est directement entrainées et enchantées par la musique et on s’autorise même quelques pas mains à mains avec des festivalier.e.s. Une belle façon de cloturer ce beau week-end...  

Le Bilan 

Côté festival 

On aimé 

- La bienveillance des bénévoles
- La présence d’une salle chill et safe calme
- Le travail sur la scénographie qui faisait toute la différence
- L’affichage de la charte de respect du festival partout dans l’enceinte de celui-ci, on ne peut pas dire qu’on n’étaient pas au courant ! 

On a moins aimé 

- Le coin restauration dont le service ferme à minuit, donc à peine après que les festivités de nuit aient commencé
- Le son mal réglé sur la scène La Centrale
- L’accès quasi impossible à la Scène Secrète
- Le prix des consommations qu'on trouve trop chères pour un événement sur Marseille
- La fouille un peu légère à l’entrée, bien qu'à notre connaissance, il n’y a pas eu d’accidents malencontrueux sur le festival

Côté concerts 

Celui qui a évolué 

Folamour, on t’aimait pour tes mélodies funk, et on t’aime pour tes gros drops 

Le groupe le plus subjuguant 

Boy Harsher, une voix impressionnante et des arrangements intrigants 

Le groupe le plus motivé et novateur 

Fulu, sans eux, les couloirs et nos coeurs auraient été moins comblés

Celui qui n’était pas à la hauteur

Nems-B, une faute de parcours, mais on sait de quoi est-ce que tu es fait ! 

Infos pratiques 

Prix des boissons : pinte de bière, 8€ / vodka pomme, 8€ 

Prix de la nourriture : Couscous vergé, 8€ / Croque jambon, 7€ / Tortilla scarmoza fumé, 10€

Prix du festival : 41€ pour le forfait 2 jours / 67€ pour les 3 nuits

Conclusion : 

Sur les 3 jours du festival, l’ambiance était différente entre le jour et la nuit, mais le public tout aussi chaud ! Tantôt sous le soleil de Marseille, tantôt sous le feu des projecteurs, les artistes étaient là pour ambiancer la capitale, même si certains n’étaient pas trop à la hauteur de ce que le public attendait. Le festival mettant un point d’honneur sur sa scénographie, le pari de ce côté-là était relevé haut la main : jeux de lasers, mappings et néons, le numérique était au service de l’art ce week-end, et les couleurs au coeur des prestations des artistes. L’ensemble du festival était cohérent avec la démarche des organisateurs du Bon Air, et une attention particulière portée sur l’intégration de tout le monde dans l'enceinte du festival grâce à la charte du festival et à la disponibilité des bénévoles. See you next year Massilia !

Photos : Floriane Daures (sauf photos 2 et 3)