On était à
Jardin du Michel 2021, une récolte tardive mais inoubliable

Le Jardin du Michel, on le connaît bien, on a quelques éditions au compteur. Mais celui-ci a une saveur toute particulière :  d’abord, c'est les retrouvailles avec ce festival, où l'on n'avait pas mis les pieds depuis juin 2017, et puis c’est le premier festival que l’on fait dans le “monde d'après“. Nous sommes particulièrement excités à l’idée de passer 3 jours de fête à Toul, et ce, même si la jauge de cette 16ème édition est limitée et que la date est décalée au premier week-end de septembre, rien ne nous arrêtera !

Jour 1. Vendredi 3 septembre. 21h02, retour sur les terres du Michel

Petit mémo : ne jamais acheter une place à un revendeur non-officiel. Il y a de grandes chances de se faire pigeonner. Ca a été le cas de l'une d'entre nous. Fort heureusement, l'organisation du festival, très bienveillante, a pris le temps de résoudre le problème. C’est ainsi qu’après moult péripéties nous pouvons enfin nous poser sur le camping. Nous sommes en retard sur notre programme, donc on s’installe fissa, on se boit une petite 8-6, ce délicieux nectar étant le principal sponsor des éditions précédente, pour se mettre dans le bain et direction le site du Jardin du Michel. Sur place la première chose qui nous frappe c’est l’apparition d’un stand de bières artisanales à l’entrée du festival. Purée, ils l’ont fait ! Quel bonheur pour nous et notre gosier, nos yeux et nos papilles en pétillent d’avance.

22h47, emportés par la foule

On a pratiquement loupé tout le concert de Last Train, alors hors de question de manquer celui de Naâman devant la « grande » Scène du Michel, d’autant plus que nous avons une grande fan parmi nous. On se laisse emporter instantanément par les “good vibes” qu'on observe tout autour de nous : tous ces gens souriants, insouciants, parfois trop collants, mais là aussi on prend un certain plaisir masochiste à frôler des corps. Il y a quelques mois on aurait sans doute payé cher ne serait-ce que pour sentir des aisselles de festivaliers. Se retrouver dans une telle foule, même avec une jauge limitée, nous fait un bien fou, et finalement, sans même connaître particulièrement le répertoire de l’artiste, nous passons notre premier grand moment du week-end.

00h11, une bulle de paradis

Notre euphorie n'étant pas prête de redescendre, nous arpentons les buvettes du festival, en commençant évidemment par celle vendant de la bière artisanale. Grand choix parmi les brasseries du coin : la Blonde Bio de la Chaouette, la Grô IPA, la Triple Cheval, l'Ambrée Coin-Coin ou encore la Blanche Montapic, il y en a pour tous les goûts. En revanche, les amateurs de 8-6 (oui il y en a) seront déçus. Depuis notre passage en 2017, le JDM a basculé sur un contrat avec Heineken, et les autres buvettes tenues par les bénévoles servent désormais les boissons du groupe hollandais. Sur le dernier concert de ce vendredi, Dirtyphonics, nous sommes partagés. Notre binôme n'ayant pas la même sensibilité face à la dubstep envoyée par le duo. Nous préférons donc partir du site, bien vide à cette heure-ci, contrairement à nous, qui sommes remplis de souvenirs (et de bière).

Jour 2. Samedi 4 septembre. 9h08, réveil sur un camping rikiki

Réveillés assez tôt par le mégaphone du voisin (ça faisait bien longtemps qu'on n'en avait pas entendu un mais on ne sait pas encore à l’heure actuelle si ça nous avait vraiment manqué), nous nous dirigeons vers la petite buvette du camping pour prendre un café. Il y a un peu d’attente pour le précieux sésame, il faut que la machine se remette en route. On parle ici aussi bien de la cafetière que de l’organisation des bénévoles. C’est l'occasion de taper la discut' avec eux, et à ce propos on peut entendre un membre de l’orga déclarer : “Excusez-nous pour le retard mais ça fait deux ans qu'on n'avait pas fait la fête ensemble, alors on en a profité hier”. Le café servi, on se pose à l'ombre des grosses rotondes, sur une grande table de brasserie. On a connu pire comme camping, même si on déplore sa taille très réduite, contexte sanitaire oblige.

15h34, quand on déboule à Toul 

Au vu du manque d’activités sur le camping, nous partons faire un tour en ville. Nous croisons des festivaliers se rafraîchissant dans la rivière sur notre chemin qui mène vers un bar du centre-ville. Ici, on va profiter de quelques boissons fraîches, de la clim’ et du rechargement de nos batteries de téléphone. Car il faut savoir qu’il n y a aucun stand de rechargement sur le site du festival ou du camping. Pas très pratique pour montrer notre beau QR Code, nécessaire pour y entrer. On est de retour au JDM pour le premier groupe de ce samedi : Seluj & Léon X Shoka, un groupe de hip-hop d’Epinal composé de deux MCs et d’un beatmaker. Le public est particulièrement réceptif à leurs textes, et au fur et à mesure des morceaux, de plus en plus de curieux viennent rejoindre la foule, au départ clairsemée, pour les écouter.

19h44, les rappeurs lorrains envoient le pâté

Le samedi s'annonce complet au niveau de la billetterie et ça se ressent au niveau des festivaliers, plus nombreux que la veille et, plus jeunes aussi. Cela peut s'expliquer par la programmation orientée rap/electro ce soir. Entrée en scène de Bobine de cuivre, l’artiste que l’on avait découvert il y a 2 ans lors de notre dernier festival au Watts A Bar, et a pris beaucoup d’assurance depuis. Son show “electrapp” a pris de l’ampleur : c’est totalement fou, ça pogote, ça slame... On sent que ça lui tenait vraiment à coeur de jouer ici, pour la première fois au JDM. Etant originaire de Nancy, il vient pratiquement jouer à la maison. Tout comme Kikesa, programmé juste après, dont la  prestation conclue en apothéose cette session de hip-hop lorrain. Le rappeur a pris du galon, ses morceaux sont variés, son jeu de scène plus maîtrisé, il a clairement taillé ces morceaux pour le live et on a le droit à un spectacle très généreux, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Comme il le dit lui-même, c'est “le concert de sa vie”.

00H59, les patates fusent ! 

Après avoir chanté les tubes de 47 Ter à l’unisson, il est grand temps de nous nourrir. Là aussi un effort a été fait sur les stands : on peut goûter des pâtés lorrains, de la viande locale, des burgers et frites maisons, des croques-monsieurs et même des sandwiches à la tartiflette. C’est ce dernier qui obtient nos faveurs, même si on est déçu qu’il soit composé de pain industriel et de pommes de terre sous-vide. En revanche, la patate que l'un de nous se prend en plein figure après le repas, est elle, bien locale. En effet, un festivalier dans un état second déambule en frappant ceux qu’il croise sur son chemin. Pas de chance il a fallu que ça tombe sur nous. Passage obligé par le centre de secours, qui nous fait malheureusement manquer le concert de Demi Portion. Heureusement French Fuse, déjà-vus lors de notre dernière venue au JDM, parviennent à nous remonter le moral, grâce à leur électro atypique, mixant jingle, extraits de films, pub et d’autres bruits du quotidien. On se couche donc avec la satisfaction d’avoir passé une excellente journée mais aussi avec un mal de crâne, qui n’est, pour une fois, pas dû à la bière !

Jour 3. Dimanche 5 septembre. 17h36, va chercher bonheur, va, va, va

Dernier jour de festival , le lever est un peu rude. On regarde les gens remballer leurs affaires et nos voisins tentent la fameuse technique du jeté de tente... avec leur camarade à l'intérieur. En vain. Le concerné demeurant endormi et imperturbable. En se baladant, on se fait payer croissants et bières par des festivaliers. Dans l’ensemble la gentillesse des personnes rencontrées compensent largement la débilité d'autres donneurs de patates. Quelques heures plus tard, sur le festival, nous pouvons voir défiler la Batucada Del Sol, une vingtaine de musiciens pratiquant des percussions traditionnelles et des danses brésiliennes. Les enfants et les parents semblent conquis, le bonheur tient à peu de chose parfois. 

18h13, il y a des cigales dans la fourmilière du Jardin du Michel

Une atmosphère propice à la détente en ce dernier jour ensoleillé car comme dans beaucoup de festivals, le dimanche, c’est la famille d’abord ! L’ambiance est radicalement différente : les petits courent partout sous les machines à bulles, les parents courent après eux pour ne pas qu’ils trébuchent et les grands-parents assistent à tout cela de loin. Quelques punks parviennent néanmoins à glisser leur crête entre les têtes blondes et les cheveux gris mais on sent que l'esprit du jour est vraiment bon enfant. Le concert de la Rue Kétanou a la même saveur : un public nombreux, familial, populaire, dansant, chantant, et… lançant dans les airs des capotes gonflées, en se les passant d'un côté à l'autre de la scène. L'image nous fait sourire, tout comme la présence des bénévoles, invités sur scène pendant le concert du groupe, et bien sûr la venue du fameux Michel recevant des applaudissements amplement mérités. 

21h07, bienvenue au Corner

La fin du week-end commence à se faire sentir… on en a plein les jambes. Malgré tout, nous trouvonsla force d'aller s'ambiancer avec DJ Prosper au Corner, nouvelle scène qui vient remplacer l'ancienne Scène d'Eau, et qui permet aux artistes de mixer du son pendant 30 minutes entre deux concerts. On a pu voir notamment DJ Zebra, Zeleke ou d'autres artistes en collaboration avec la Zintrie, une association lorraine promouvant les musiques électroniques. Tryo, la tête d'affiche de cette 16ème édition, réussira comme à son habitude à séduire tout ce public inter-générationnel avec des hymnes engagés, des nouvelles, des anciennes chansons et évidemment beaucoup d'humour. En soit, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, Tryo on connaît bien, mais c'est tellement réconfortant de finir là-dessus. 

Le bilan

Côté concerts

Le moment suspendu :
Naâman, les bonnes vibrations du reggaeman nous ont amené loin

Le trio lorrain : 
Seluj & Léon x Choka, Bobine de Cuivre, Kikesa, la découverte, la confirmation et la consécration du rap lorrain

Le lot de consolation :
French Fuse, les 2 djs nous font (presque) oublier notre fin de soirée difficile

Les valeurs sûres :
Tryo, parce que c’est toujours agréable de se réfugier dans ce que l’on connaît

Côté festival

On a aimé :

- Le stand de bières locales et celui de pâtés lorrains, depuis le temps qu’on en rêvait !
- L’attente aux stands et sur le festival, plutôt rapide. La jauge limitée a du bon parfois...
- Le Corner pour s’ambiancer entre deux concerts
- La programmation 100% française, de grande qualité, idéale pour une reprise
- Les bénévoles souriants et l’équipe du JDM toujours bienveillante
- Le site du festival, entouré d’eau, ombragé, avec la Cathédrale de Toul en fond…

On a moins aimé :

- Même s’il est plus “pratique”, le fait que le site soit tout en longueur et “urbain” nous rend toujours nostalgique de Bulligny
- Les toilettes, loin d’être dans un état irréprochable, pas toujours de savon ou de gel à proximité, surtout au camping
- La qualité aléatoire des repas proposés par certains food-trucks, et le prix parfois excessif
- Le festivalier livreur de patate du samedi soir
- Le manque de stand de recharge de téléphone, sur site et sur le camping

Infos pratiques

- Prix des boissons 5,50€ la pinte de bière artisanale, 7€ la pinte de Lagunitas IPA

- Prix de la nourriture : 3€ le pâté lorrain, 4€ le sandwich chipolata, 7,50€ le sandwich tartiflette, 14€ le burger-frites,

- Prix du festival : pass 3 jours à 65€, 70€ avec camping, pass 1 jour à 32€ en prévente, 37€ sur place, gratuit pour les moins de 12 ans

- Transports : Toul est au centre de la région Grand Est, à : 30 minutes de Nancy, 1h de Metz, 1h d’Épinal, 1h40 de Châlons-en-Champagne, 2h de Strasbourg, 3h30 de Paris. La gare SNCF se situe à 20 minutes à pied du site du festival. La gare routière se situe à 10 minutes à pied du site du festival.

Conclusion 

Le Jardin du Michel et nous, c’est une véritable histoire d’amour, débutée il y a presque 10 ans. On a vu l’évolution, le changement de site, on a dansé, on a chanté, on a ri, on s’est parfois lassé, on s’est même perdu de vue à un moment et puis... la pandémie est arrivée, et nous avons tous été attristé de voir le monde de la culture à l’arrêt. Les festivals nous ont manqué, le JDM nous a manqué ! Et même si on ne pourra jamais satisfaire tout le monde, on ne peut que reconnaître l’envie et le cœur qui émanent de toute l’organisation, ça fait partie de l’ADN du JDM et les 11 000 festivaliers ne s’y sont pas trompés. Nous avons été ravis de vivre dans une parenthèse enchantée le temps d’un week-end ! Merci à Michel et à tous les bénévoles, on se voit en 2022 !

Un récit de Josselin Thomas et Fanny Frémy
Photos de Josselin Thomas