On était à
Iode Summer Vibes 2020, une bouffée d’oxygène derrière les masques

Pour le Iode Music Festival, 2020 devait être l’année de la consécration. Et l’équipe avait de grandes ambitions : passage sur deux jours, mise-en-place d’un camping, têtes d’affiche de grande envergure… Malheureusement, la crise du covid-19 est passée par là et a fait voler en éclats une édition qui s’annonçait dantesque. Pas de quoi décourager les organisateurs qui ont su imaginer une version XS dans le respect des mesures sanitaires. Une lueur d’espoir au coeur d’un été où la très grande majorité des évènements musicaux ont dû être annulés. Alors, maintenir un grand événement en cette période : pari réussi ou idée irresponsable ?

Samedi 8 août. 18h53, le gel hydroalcoolique remplace les bières

A l’heure où les vacanciers profitent de leurs derniers instants sur les plages de l’île, on se dirige pour notre part vers le centre-ville de Noirmoutier afin d’assister à cette troisième édition du Iode Music Festival. Une édition évidemment un peu spéciale, où les foulards extravagants des festivaliers sont remplacés par les masques et où les pogos devront se faire à distance. Dès l’entrée, le ton est donné : c’est gel hydroalcoolique pour tout le monde et masque obligatoire. Au loin, on entend les messages de prévention qui résonnent façon Big Brother : "Merci à tous de garder votre masque de la régie à la scène". C’est donc à cela que ressembleront les festivals qui nous attendent pour les mois à venir ? Forcément, l’ambiance est un peu étrange, on s'observe tous et puis rapidement on ne boude pas notre plaisir de retrouver la musique et l'un des seuls festivals de l’été, alors on fonce vers la scène. 

19h12, distanciation physique mais plaisir partagé

C’est Jabberwocky qui prend les commandes de la scène Iode pour échauffer les esprits. Un seul des trois DJs est présent mais cela suffit pour faire décoller l’ambiance avec une house ensoleillée qui colle à merveille au cadre et à la météo. On en profite pour faire un tour du propriétaire car pour cette édition XS, la configuration du site a été entièrement revue avec un sens de circulation spécifique et de grands espaces libres pour permettre la distanciation sociale. D’ailleurs, la jauge d’affluence a été limitée à 1500 personnes avec une billetterie en ligne uniquement. Autre nouveauté, le festival a mis le paquet sur la scénographie. Fini le petit terrain caillouteux sans aucune décoration, cette année des dizaines de bouées gonflables ont été suspendues dans les airs au-dessus de l’aire de pique-nique. C’est simple mais bien pensé et le résultat est à la hauteur : l'Iode a voulu jouer à fond la carte de l’esprit marin et on est contents de voir un si petit festival avec déjà une vraie identité. 

20h30, cocorico la France a de sacrés talents

Cette année encore, le festival a fait le pari de proposer une affiche 100% française en invitant la crème de la musique électronique francophone. C’est donc tout naturellement Myd qui prend les platines pour un set groovy à souhait. Avec sa fameuse moustache et son look incroyable, le lillois envoie les bonnes vibes dont tout le monde a besoin en cette période. Juste derrière, le soleil se couche sur les marais de Noirmoutier et offre un paysage magnifique tandis que retentissent les notes de son hit “Sun”, comme un symbole. Bière à la main, les festivaliers se lâchent et on sent une vraie communion entre l’artiste, le public et les bénévoles, tous heureux d’être là. 

21h02, scène intimiste et burger local

De l’autre côté du grand bar central, une deuxième petite scène, le “Camion Madeleine”, a été érigée pour mettre en avant des talents locaux qui distillent leur house tout au long de la soirée. On y croisera notamment l’équipe du festival de musiques éléctroniques Paco Tyson qui a été contraint d’annuler son édition 2020. Juste devant, une petite terrasse avec des canapés permet au public de se poser entre deux concerts et de profiter du son plus intimiste de cette scène. Plusieurs food-trucks ont été installés autour et proposent notamment galettes et burgers, dont un délicieux burger local avec sa tomme de Vendée pour 9 euros. A l'Iode, on privilégie les artisans et les produits made in 85 et on adore ça.

21h20, l'ambiance se soulève (les masques aussi)

Un artiste Ed Banger peut en cacher un autre : après Myd, c’est un deuxième talent du prestigieux label de French Touch qui débarque sur la scène Iode. De “Missing You” à “Don’t Wanna Dance”, Boston Bun a une pléiade de tubes à nous proposer et il délivre clairement l’un des meilleurs sets de la soirée. L’ambiance devient survoltée et le public reprend en coeur certains hits, oubliant parfois les gestes barrières et baissant le masque pour chanter. Les bénévoles sont vigilants et n’hésitent pas à interpeller un à un chaque festivalier rappelant l'importance de bien laisser le précieux tissu en place. Avec le sourire, les festivaliers s’exécutent et semblent comprendre : on a déjà de la chance qu’un festival comme ça voit le jour, alors autant jouer le jeu et permettre à d’autres événements de ce genre d’exister en toute sécurité dans le futur. Et puis de toute façon, même sous son masque, on peut chanter à pleins poumons “Tainted Love” de Soft Cell ! 

21h50, la tête d'affiche débarque sur scène

On sent l’excitation monter d’un cran quand la tête d’affiche du festival s’apprête à débarquer. Un nouveau message de prévention retentit, suppliant les festivaliers de garder leur masque, sous peine que l’artiste quitte la scène. Quelques heures auparavant en effet, The Avener avait publié sur ses réseaux un post indiquant qu’il n’hésiterait pas à stopper son show s'il voyait un masque enlevé, lui qui avait fait polémique lors de son récent concert à Nice. Le public semble avoir appris la leçon et peut profiter en toute sécurité du spectacle de la superstar. Après un départ tonitruant, le set s’essoufle un peu et même si tout le monde semble content d’entendre du Queen ou du Vladimir Cauchemar, on aurait aimé écouter un set un peu plus house et personnel…  

00h24, le grand n'importe quoi arrive

Pour clôturer l’affiche, l’Iode a fait le pari de donner carte blanche à Bellecour. On s’attendait à un joyeux bordel et on n’a pas été déçu : les deux étoiles montantes de la bass-house française invitent leurs amis Koos, Gaba et Aazar pour un final tonitruant où la bass et la trap déclenchent une fougue survoltée chez les festivaliers.

1h55, c'était pas censé s'arrêter à 1h50 ?

Une véritable symbiose se voit chez les cinq artistes qui prennent un plaisir fou à jouer pour la première fois depuis le confinement, n’hésitant pas à faire des back-to-back, à balancer des morceaux inédits, à remixer “Les démons de minuit” et même à pousser la fin de leur set un plus tard que prévu dans la nuit. Devant la scène, les bénévoles sont présents, le sourire aux lèvres, comme soulagés et heureux d’avoir réussi le pari d’organiser cet évènement au coeur de la tourmente. Le drapeau vendéen flotte au milieu du public, les artistes prennent leur pied, le staff fait retomber la pression : l’image est belle et conclut à merveille la soirée. 

Le bilan

Côté concerts

Le grand n’importe quoi : 
Quand on donne carte blanche à Bellecour, on sait forcément que ça va mal finir

La French Touch : 
Boston Bun, un set groovy au soleil couchant

Les bonnes vibes :
Jabberwocky, l'ambiance parfaite pour lancer un festival

Côté festival

On a aimé :

- une programmation 100% frenchy qui met en valeur notre scène électronique
- une dimension éco-responsable toujours très présente avec toilettes sèches et produits issus de l’artisanat local
- des organisateurs motivés et des bénévoles aux petits soins pour leur public, toujours avec le sourire et de la bienveillance
- le courage et l’envie de s’être battus pour proposer un festival malgré le contexte sanitaire, en multipliant les consignes de sécurité 
- une scénographie simple mais efficace qui apporte de la couleur et une vraie identité
- le plaisir communicatif de la plupart des artistes et festivaliers, soulagés et heureux de retrouver un festival

On a moins aimé : 

- un public qui ne respecte pas toujours le port du masque, dommage que les bénévoles doivent les rappeler à l’ordre…
- un peu moins de diversité dans les genres musicaux, avec une surenchère de house music 

Infos pratiques

Prix des consommations
Prix de la bière : 3,5€ + gobelet consigné 
Prix du burgers : 9€

Prix du festival
22€ la soirée

Transports
En voiture à 1h40 de Nantes

Conclusion

On était inquiet. Inquiet d'assister à un rassemblement mal organisé, de faire la une des journaux sur l'irresponsabilité des jeunes, de voir des gestes barrières non-respectés. On est maintenant rassurés : le Iode Summer Vibes est la preuve vivante qu'on peut organiser un festival en sécurité durant cette période. Malgré cette édition de taille réduite, le festival de Noirmoutier a déjà tout d'un grand avec une programmation de qualité, une organisation quasi-irreprochable et une ambiance géniale. Même la scénographie et les décors, longtemps absents, ont fait leur apparition pour rendre le lieu absolument magnifique. A voir le sourire et la bonne humeur des artistes et des festivaliers à l'idée de retrouver les festivals, on espère que cette édition sera un élan pour lancer d'autres événements de cette façon.

Récit et photos : Maxime Thué