On était à
Iode Music Festival 2019, l'île de Noirmoutier tape du pied

L’Iode Music Festival revient en 2019 avec de nouvelles ambitions. L’évènement, qui nous était apparu comme une petite fête locale l’an dernier, s’est aujourd’hui transformé en véritable festival : nouveau nom, nouvelle scène, une programmation plus éclectique avec deux fois plus d’artistes… Et une belle récompense, puisque 2500 festivaliers ont participé à ce nouveau rendez-vous. On vous raconte notre soirée, entre chaleur, bières locales et grosses basses sur l’île de Noirmoutier.

Samedi 10 août, 19h56, découverte de l’Iode Festival 2.0

A l’heure où les vacanciers profitent de leurs derniers instants sur les plages de l’île, on se dirige pour notre part vers le centre-ville de Noirmoutier pour la seconde édition du Iode Festival, devenu cette année le "Iode Music Festival" (IMF). On passe les fouilles sans encombres et on ne tarde pas à découvrir l’impressionnante métamorphose qu’a subi le lieu par rapport à l’an dernier. A l’endroit où se tenait en 2018 une simple scène devant quelques food trucks, on découvre aujourd’hui un vaste chapiteau faisant office de scène secondaire. Cette année, le nombre d’artistes a été multiplié par deux et une seconde stage, la “Luzéronde”, a été ajoutée à la scène principale pour l’occasion.  Nos bracelets attachés autour du poignet, on passe à l’espace banque pour remplir notre cashless et rapidement la musique nous happe vers la scène principale. 

20h29, l’ambiance monte d’un cran

Sur la grande scène, c’est Alex Van Diel qui se charge d’ouvrir les hostilités devant une foule encore clairsemée. Dans un souci de mettre en valeur les talents locaux, le festival a invité le DJ nantais pour mettre en jambe les festivaliers et on sent doucement l’ambiance décoller. On en profite pour faire le tour du propriétaire et voir les autres modifications du site : toute l’entrée du festival a été revue, avec l’espace restauration qui donne désormais sur de grandes tables où l’on peut manger et se reposer entre deux concerts. Des toilettes sèches et un point d’eau potable ont été installés à proximité. Il fait beau, le public a le sourire et les basses grondent : tout semble réuni pour que le festival se déroule sous les meilleurs hospices.

21h40, l’électro, ça rend heureux

C’est au tour de Pfel de prendre les platines sur la grande scène. L'un des membres de C2C se présente aujourd’hui en solo devant le public noirmoutrin (oui, oui, on a du vocabulaire !) pour jouer quelques classiques du groupe mais aussi et surtout proposer un set éclectique mêlant hip-hop, électro et rock. On sent déjà que l’affluence est plus importante que l’an dernier, pourtant on ne se sent jamais oppressé et on recroise souvent les mêmes têtes que lors de la première édition : le public est majoritairement jeune et local, mais toujours de bonne humeur. 

22h10, le patron entre en scène

Alors que l’édition précédente proposait une programmation électronique grand public et très accessible, le festival a décidé cette année de s’ouvrir à de nouveaux genres en offrant notamment ses premiers artistes techno et house. Et quel plaisir de voir jouer Joris Delacroix en tête d’affiche ! Le français est en live pour cette date et nous gratifie de plusieurs titres de son dernier album “Night Visions". Les bénévoles sentent que l’ambiance monte d’un cran et ils en profitent pour arroser les premiers rangs avec leurs pistolets à eau, pendant que le drapeau vendéen flotte au dessus du public au moment où résonnent les notes du tube “Air France” devant le soleil couchant. 

23h05, on mange local, on boit local !

La faim commence à se faire sentir. On laisse de côté quelques instants la musique pour faire un bond à l’espace restauration. Deux bars, trois food-trucks et un bar à huîtres ont été mis à la disposition des festivaliers. C’est assez peu, alors une petite queue se met en place mais nous sommes tout de même servis en moins de quinze minutes. Des galettes et des plats végétariens sont proposés, mais notre choix se porte pour la formule burger-frites à 10 euros, avec un excellent burger chèvre-miel. Pour accompagner le tout, on se sert quelques verres de N’O’, la bière brassée sur l’île. C’est la seule bière proposée à la carte, mais au moins elle confirme la dimension éco-responsable du festival qui souhaite privilégier les circuits courts et les productions locales.

00h00, c’est parti pour le grand n’importe quoi 

On a beau les avoir vu dans tous les festivals de France, quand Salut C’est Cool débarquent, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. Cette fois, le groupe le plus imprévisible du monde a décidé d’amener avec lui de véritables poubelles sur scène et passe près de 2h à tout retourner sur son passage. Le quatuor enchaîne ses plus grands tubes, joue des nouveaux morceaux de son album fraîchement sorti, et entraîne la foule dans un délire monstrueux. On en voit certains quitter la foule l’air un peu dépité devant ce spectacle complètement déjanté, pendant que les plus jeunes restent sur place à pogotter en chantant “C’est un sacré bout de bois” ou “Nous sommes des fleurs”. Comme d’habitude c’est du grand n’importe quoi. Comme d’habitude on adore.

00h20, les basses grondent sous le chapiteau

La scène Luzeronde, sous chapiteau, est résolument orientée bass music et c’est un vrai bonheur de voir ce genre musical en live, malheureusement trop peu mis en valeur dans les festivals de l’Hexagone. Pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent dans notre pays, comme le prouvent le duo Godamn ou le jeune Dustycloud qui s’enchaînent pendant la prestation de Salut c’est Cool. Tout le monde est sur la scène principale et nous ne sommes que quelques dizaines à vibrer sous les basses, mais c’est un régal. Les festivaliers présents semblent tous être des connaisseurs du genre, et les barrières du premier rang sont à deux doigts de s’écrouler à chaque drop. Dommage que la qualité du son soit largement inférieure à celle de la mainstage. 

1h15, un final en beauté 

Le festival touche à sa fin et sur la scène principale c’est Comah qui se charge d’assurer le closing. Le changement de setup après Salut C’est Cool prend un peu de temps, et la foule se disperse : beaucoup commencent à quitter le festival, d’autres vont profiter du set trap surpuissant de Bellorum sous le chapiteau. Comah finit enfin par arriver mais il n’y a plus grand monde pour l’applaudir. C’est dommage car le jeune toulousain propose un set de qualité dans lequel il mêle des discours de cinéma français à son style minimal progressive. Rincés par les pogos, il est temps pour nous de laisser l’Iode et de rentrer après cette soirée riche en émotions, impressionnés et réjouis qu’un si petit festival soit capable de réaliser de si grandes choses. 

Bilan

Côté concerts : 

Bass Power : 
Godamn et Dustycloud ont tout détruit sur leur passage 

On ne s’en lasse toujours pas : 
Salut c’est Cool, et leur capacité à se renouveller à chaque live

Propre et efficace : 
Joris Delacroix, un set millimétré et plein d’émotions

Côté festival :

On a aimé

une programmation électronique de plus en plus pointue et éclectique, avec des artistes “bass music” rarement vus en festival et une mise en valeur des talents français
- une dimension éco-responsable toujours très présente, avec ecocups, toilettes sèches et produits issus de l’artisanat local
- des organisateurs motivés et des bénévoles aux petits soins pour leur public, toujours avec le sourire
- un son absolument parfait sur la grande scène
- de très grosses améliorations par rapport à la première édition, avec une seconde scène, des points d’eau potable, un espace pour se reposer…
- des tarifs qui n’ont pas augmenté malgré le changement de dimension du festival

On a moins aimé : 

des horaires toujours trop courts, on aimerait que ça dure toute la nuit...Et pourquoi pas plusieurs jours ? 
- le manque de décoration sur le lieu du festival
- un nombre de food-trucks un peu trop juste pour le nombre de festivaliers présents
- la deuxième scène qui, malgré une programmation géniale, souffre d’un son médiocre qui a parfois tendance à être couvert par celui de la grande scène

Infos pratiques :

Prix des consommations
- Prix de la bière : 3,5€ + gobelet consigné 
- Prix du burgers-frites : 10€

Prix du festival
- 33€ la soirée

Transports
- En voiture à 1h40 de Nantes

Conclusion

Miami a son UMF (Ultra Music Festival), Port-Barcarès son EMF (Electrobeach Music Festival), les Pays-Bas leur AMF (Amsterdam Music Festival)... Et Noirmoutier a maintenant son IMF. Evidemment, la comparaison porte à sourire car on est encore très loin d’atteindre le standing de ces grands festivals de musique électronique, mais l’Iode affiche clairement ses ambitions et cette seconde édition est sans contestation une réussite. L’objectif d’accueillir 2000 personnes pour cette deuxième année a été atteint et même dépassé, sûrement grâce à une programmation alléchante et une organisation presque sans faille. On a hâte de voir évoluer ce tout petit festival qui, on l’espère, fera un jour parti des grands.

Récit et photos : Maxime Thué