On était à
Iode Festival, électro et chaleur à Noirmoutier

En 2018, cinq jeunes originaires de Noirmoutier se sont lancés un pari fou : organiser sur une soirée un festival de musiques électroniques à quelques pas des plages de l’île. Leur ambition est vite affichée : “On veut créer un univers comme à Tomorrowland”. On vous raconte cette première édition.

Samedi 4 août. 17h45, on a vraiment perdu l’Atlantide

Fin d’après-midi à Noirmoutier : le thermomètre affiche les 30 degrés, et beaucoup profitent encore des plages de l’île pour bronzer. Pas question pour nous de se dorer la pilule, on prend la direction du centre-ville pour cette première édition du Iode Festival. Après avoir passé les guichets d’entrée sans encombre, on pénètre dans l’enceinte du festival et on est un peu surpris de ce qui nous y attend. La presse avait annoncé “une scénographie grandiose sur le thème de l’Atlantide avec une pieuvre de 5 mètres de haut” mais on a beau chercher, on ne voit rien de tout cela… Devant nous se dresse simplement un petit terrain caillouteux autour duquel ont été érigés des chapiteaux faisant office de food-trucks et de bars. On se demande presque si on ne s’est pas trompé d’adresse. Peu importe, sur la scène le DJ nantais Androma se charge d’ouvrir le festival et distille sa deep-house avec brio : il fait beau, il fait chaud, la musique sent bon l’été et on a hâte de vraiment commencer les hostilités.  

18h25, allô il y a quelqu’un ?

C’est autour du Kid de s’avancer sur la scène avec son casque et son cartable sur le dos. On est un peu surpris de voir ce jeune DJ méconnu prendre le contrôle des platines, et on a du mal à en croire nos oreilles quand il commence à jouer le générique de Pokémon… On a envie de faire demi-tour mais pourtant il parvient à réveiller un peu les foules avec un set orienté trap/bass music qu’on aurait bien vu en fin de soirée. Une bonne surprise et une bonne entrée en matière. On en profite pour aller recharger notre bracelet cashless au stand prévu à cet effet. Belle initiative pour une première édition d’un si petit festival d’avoir pris la peine de mettre en place une option de paiement dématérialisée ! Même si l’horaire y est certainement pour quelque chose, on est surpris de voir une foule si clairsemée et on pourrait presque compter tous les festivaliers présents…

19h40, c’est bon, local et pas cher !

Pendant que Boris Way mixe, on décide de partir à la découverte du festival. On y découvre notamment trois food-trucks, un bar et un stand de vente de tee-shirts à l’effigie du festival réalisé en collaboration avec une entreprise locale. On apprécie énormément le caractère éco-responsable qu’a voulu prendre le festival : les verres sont consignés, les toilettes sont sèches, un parking à vélo a été mis à disposition…Même au bar, il n’y a qu’une sorte de bière proposée, la N’O, mais au moins elle est locale, brassée et embouteillée sur l’île, et à un tarif plutôt attractif (3€ le verre), en plus d’être particulièrement bonne ! C’est tout l’artisanat de l’île qui semble avoir été utilisé pour faire vivre cette édition et mettre en avant Noirmoutier. Chapeau ! 

20h02, bataille d’eau et ambiance d’île paradisiaque

A 20h, place à Watermät sur la scène. Son set deep-house colle parfaitement à l’ambiance et la foule se fait (enfin) plus compacte quand résonnent les premières notes de son tube Bullit. Il ne manque que les cocotiers pour se croire sur une île paradisiaque. La chaleur ne tombe pas et, canicule oblige, les bénévoles du festival débarquent devant la scène armés de pistolets à eau et prennent un malin plaisir à arroser les premiers rangs. L’ambiance est bon enfant, et le public, majoritairement très jeune, semble finalement lancer la machine du festival.

21h32, les boom-boom entendus et ré-entendus

Alors que la nuit commence à tomber, la tête d’affiche de la soirée, Ko:yu, débarque. Si le DJ turque était assez connu il y a quelques années à l’explosion de l’EDM, il a aujourd’hui presque disparu des radars et on est assez surpris de le voir tout en haut de la programmation aujourd’hui. C’est d’ailleurs l’une de ses rares dates en festivals cette année. Et son set ne va pas nous convaincre plus que ça : il se contente d’enchaîner les drops électro que l’on a déjà entendu mille fois en club ou en festival, sans vraiment apporter une touche personnelle. Dommage.

22h00, on passe aux choses sérieuses

Le soleil a presque disparu et l’ambiance monte d’un cran : c’est le moment qu’a choisi le festival pour sortir l’artillerie lourde. Finis les sets qui sentent bon l’été et l’apéro, place aux pogos et aux barrières qui tremblent. “Veuillez patienter, la boucherie Romera va prochainement ouvrir ses portes” résonne hors des enceintes avant que le boucher en personne, Tony Romera, apparaisse.  Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas venu là pour blaguer. En jouant une grande partie de ses productions, que ce soit en solo ou en duo avec Bellecour, son set 100% bass music aux accents trap et dubstep va mettre la foule K.O. Le système son du festival est absolument parfait et on a même droit à un show pyrotechnique avec lance-flammes, jets de confettis et petits feux d’artifice. La claque de la soirée.

23h10, rien n’a été laissé au Aazar

C’est Aazar, l’un des rois de la trap à la française, qui a la lourde tâche d’assurer le closing du festival. Pas facile de succéder à un tel spectacle mais le DJ/producteur parisien s’en sort à merveille en reprenant les mêmes ingrédients : des basses et de la puissance. Et le public lui répond présent en enchaînant les pogos sur ses titres majeurs, de Booty Time à Pop Dat. En clin d’oeil à son précédent acolyte, il joue même Da Vinci, sa récente et explosive collaboration avec Tony Romera. Malheureusement, aucun revêtement particulier n’a été prévu devant la scène et la poussière se fait très présente à cause du sol caillouteux.

00h25, c’était pas censé s’arrêter à minuit ?

Alors que tout le monde pense que le spectacle est fini, Aazar ne semble apparemment pas d’humeur à rendre les platines. Il invite même ses compères Tony Romera et Le Kid pour un back-to-back à 6 mains d’anthologie. Avec le sourire et dans la bonne humeur, ils semblent prendre du bon temps en assommant la foule à coups de Gesaffelstein, Brodinski ou autre Rezz pour un final en apothéose. Comme si toute la pression de la logistique était retombée, certains organisateurs du festival se prennent au jeu et viennent haranguer la foule du premier rang en plus de se lancer dans une nouvelle bataille d’eau. Aazar prend le micro pour rendre hommage à cette première édition, les organisateurs ont la banane, le drapeau vendéen flotte au-dessus de la foule : l’instant fait plaisir à voir.

Le bilan

Côté concerts

La boucherie
Tony Romera, avec sa bass music il n’a pas fait pas dans la dentelle

Le chef 
Aazar, décidément roi de la trap

La surprise 
Aazar b2b Tony Romera b2b Le Kid, du monde derrière les platines pour un final dantesque !

La deep-house qui sent bon les vacances
Watermät, sa musique est un voyage

Le set “Je fais de la musique de boîte de nuit qu’on entend partout” 
Ko:Yu, trop de boom-boom tue le boom-boom

Côté festival 

On a aimé 

- Une envie d’insuffler un vent de fraîcheur à Noirmoutier grâce à de jeunes organisateurs motivés
- Une programmation électro, certes grand public, mais avec des noms trap, deep house et bass music intéressants, quasiment 100% frenchy en plus !
- Un festival qui se veut “eco-friendly” avec une valorisation des produits locaux : bière made in Noirmoutier, toilettes sèches, verres consignés, parkings à vélo…
- Un système son et un spectacle pyrotechnique de grande qualité
- Un dispositif de sécurité très efficace : impossible de se sentir en danger
- Des bénévoles et des organisateurs toujours avec le sourire et heureux d’être là
- Des DJ-set explosifs qui ont clairement contribué à la réussite du festival

On a moins aimé   

- 16h30-Minuit, c’est un peu court pour un festival, non ?
- Quelques bizarreries dans la programmation avec des artistes parfois méconnus ou un peu oubliés
- Un tarif un peu élevé pour voir seulement 7 artistes
- Un espace très petit et sans aucune décoration qui, de l’extérieur, laisse plus penser à un petit événement de quartier qu’à un vrai festival de musique
- Le manque de points d’eau, surtout par 35 degrés…
- Le manque de signalisation pour trouver le festival : si on n’est pas originaire de Noirmoutier, on peut vite tourner en rond !

Infos pratiques

Prix des boissons
Le verre de bière locale à 3€ (+ 1€ de consigne)

Prix de la nourriture 
Galettes à 3,5€, hamburger/frites à 8€

Prix du festival 
33€ la soirée

Transports 
En voiture à 1h40 de Nantes

Conclusion 

Même si on a parfois eu plus l’impression d’assister à une petite fête locale qu’à un véritable festival, on est satisfaits de cette première édition, au cours de laquelle 1500 personnes ont participé. Tout n’est pas parfait et l’ambition de créer un Mini-Tomorrowland semble encore loin, mais c’est un plaisir de voir une jeune équipe organiser un tel évènement avec une programmation au standing déjà bien élevé et une dimension éco-responsable. En espérant voir une seconde édition, avec des décors, des artistes plus variés...et une foule plus nombreuse. En tout cas le rendez-vous est pris pour 2019 !