On était à
I Love Techno, la soirée belge de l’amour

I Love Techno, festival phare de la culture techno en Belgique, fêtait cette année sa 19e édition avec un line-up qui valait plus qu’un simple détour. Cette année, l’unique soirée du festival a rassemblé 26 000 personnes dans le Flander Expo de Gent. Au programme, de la Jupiler, Paul Kalkbrenner et des lives d’enfer.

Jour 1, 21h50 Welkom in Gent!

Pour se rendre à Gent, rien de plus simple. Un train au départ de la Gare du Midi de Bruxelles puis une navette jusqu'à la Flanders Expo, les deux remplis d'une chouette bande de joyeux lurons qui prennent l'apéro en chanson et s'échauffent pour la soirée qui débute. L'entrée se passe assez rapidement et une fois nos moumoutes déposées aux vestiaires, on entre dans l'immense hall central où on fait le plein de tickets boisson et nourriture pour la suite de soirée. Premier arrêt ce soir, la Black Room où le plus jeune DJ de la soirée Happa (photo) mixe dans l'obscurité totale de la scène. Il a à peine 16 ans et à un an près, il n'aurait pas pu faire partie du line-up, mais ce soir sa musique et son énergie nous démontrent que les organisateurs ne se sont pas trompés sur leur choix et la salle est d'ailleurs déjà bondée.

23h05, Les anglais débarquent

Le plus compliqué, ce soir, ce sera de faire des choix : entre la fin de live d'Underworld, le set de Vitalic et le B2B de David Avery et Erol Alkan, le débat est rude. Nos verres de Jupiler à la main, c'est finalement vers la Yellow Room qu'on se dirige pour voir le back to back des deux DJ anglais jusqu'au bout des platines. La salle n'est qu'à moitié remplie et ce n'est pas plus mal. Un peu de place et d'oxygène sur le dancefloor ne sont pas de refus à ce festival où on est habitués à se serrer les coudes transpirants. Avery et Alkan (photo), qui ont déjà l'habitude d'accoupler leurs univers musicaux, livrent une excellente prestation. Seul hic, l'immensité des salles cette année prend le dessus sur la luminosité mise sur les artistes. Nous voyons donc à peine scintiller la chevelure rousse d'Avery derrière les platines et nous nous laissons emporter par le sens de l'ouïe.

00h27, Le (trois) quart d’heure House

Il faut se dépêcher si on ne veut pas louper le live le plus court de la soirée dans la Green Room. En effet, Duke Dumont (photo) n'a que 45 minutes sur scène ce soir à notre grande surprise. Pourtant, c'est pas le répertoire qui manque ici ! Heureusement, il a tout prévu et il envoie du lourd dès les premières minutes. On n'avait pas l'habitude de fréquenter les scènes house à I Love Techno et c'est une belle surprise pour nous d'autant plus que Dumont a prévu des visuels qui font voyager aux sons de ses tubes que le public chante en chœur.

1h10, L’appel de Berlin dans la Blue Room

Un mec est en train de se rouler par terre à l'entrée de la Yellow Room, effets secondaires d'une overdose de bonne musique très certainement. Dans la salle, c'est Gesaffelstein et Brodinski qui livrent un B2B costaud. Le dancefloor est maintenant plein à craquer mais on regrette des pauses trop récurrentes dans le set. De toute manière on n'a pas une seconde de répit à cette heure-ci à I Love Techno. Tant de bons noms, tellement peu de temps. Mais s'il y en a bien un qu'on ne peut pas rater, c'est notre tonton de Berlin, Paul Kalkbrenner (photo), dans la Blue Room. Comme d'habitude, on a le droit à 1h15 de pur rêve constant. Cette scène, la meilleure ce soir, lui va comme un gant et le public de I Love Techno lui donne tout l'amour dont un artiste pourrait rêver en festival. C'est à un réel opéra électronique qu'on assiste pendant les 10 minutes de Sky and Sand alors que tout le monde s'enlace autour de nous. A faire et à refaire.

2h45, Vessie’s calling

Pendant ce temps là, Boys Noize avait pris les commandes de la Yellow Room avec un Dj Set peu entrainant mais au goût du public au vu du nombre de mains en l’air et du remplissage de la salle (photo). Ayant fait le plein d’émotions nous allons toutes les perdre en faisant un tour du côté des toilettes, encore et toujours payantes en Belgique. Désenchantement devant ces WC immergés et bouchés et une queue à ne plus en voir la fin. Manque de pot, en Belgique la bière est bonne et ce ne sera donc pas notre dernière virée. On s’autocongratule instantanément d’avoir acheté le bracelet à 2,50€ qui nous permet d’accéder aux toilettes toute la nuit mais c’est souvent les yeux fermés.

3h30, La fricadelle de la déception

Après ce beau parcours de concerts, il est temps de se mettre quelque chose sous la dent. Cette année le Food Court a perdu de son charme car il a été installé dans la Chill Out Zone prévue initialement pour se reposer et qui cette année n’offre plus aux festivaliers la marée de canapés tous plus confortables les uns que les autres pour se poser après les pogos. La barquette de frites à 5€, pas trop pour nous, on s’essaye à la fricadelle. Ou du moins ce qu’ils ont osé nommer ainsi. A savoir une mini saucisse panée avec deux gouttes de mayonnaise et un paquet de sel. Une offense en Belgique.

4h04, La tempète après le calme

Après un passage au bar d’eau pour essayer d’enlever le gout de cette damnée fricadelle, on se dirige découvrir le set de Jeff Mills. Le pionnier de la techno officie à la Red Room. Le show des lumières est impressionnant à l’inverse de la musique, malheureusement. Des sons un peu trop calmes à notre goût pour l’heure. On quitte les lieux pour le B2B de Audion et Tiga (photo) dans la Yellow Room. L’ambiance change du tout au tout. Au revoir le plane et bonjour la violence. Audion B2B Tiga ont tout donné et nous aussi. On a clairement éclaté le peu d’énergie qu’il nous restait après la fricadelle, mais il est encore un peu tôt pour ILT. Une petite blonde et c’est reparti !

5h32, Le bar de l’amitié

Nous traversons une dernière fois la (pseudo) Chill Out Zone qui sert de passage pour accéder à la Blue Room et dont le trafic ferait rougir le périph’ parisien. Nous voulons écouler nos derniers tickets boissons pour éviter de rentrer les poches pleines comme chaque année mais visiblement tout le monde a eu la même idée. Il nous faudra pas moins de 20 minutes pour accéder au Graal. Mais ce n’est pas assez pour frustrer le public de I Love Techno et nous faisons de belles et improbables connaissances les unes plus internationales que les autres dans la queue : Madrid, Italie, Etats-Unis… Voici donc la plus belle illustration de la portée internationale de ce festival qui n’a plus rien à prouver au monde (et la techno non plus!).

5h49, Retour à Berlin Est

Après avoir récupéré notre dernier breuvage de la nuit, on plonge directement dans la foule et ni une ni deux, le DJ allemand Len Faki nous fait taper du pied. Rythmé par sa techno typiquement berlinoise, on se laisse entrainer sans voir l’heure passer. Il est déjà 6h15 et on se décide de rentrer un peu avant la fermeture pour éviter la cohue. Le départ suppose la traditionnelle et emblématique photo prise sous la banderole I Love Techno à la sortie du festival,  puis une bonne grosse sieste dans le train qui  nous ramène vers Bruxelles, bien plus calme qu’à l’allée.

Côté concert

La découverte
B2B Audion & Tiga, les mecs qui te lèvent à 5h du mat’

La confirmation
Paul Kalkbrenner, c’est toujours une partie de plaisir de le retrouver.

La déception
Jeff Mills, on a (encore) loupé la distribution de pilules à l’entrée

La surprise
Duke Dumont, on retrouve un amour presque oublié pour la house

Côté festival

On a aimé :

- Les salles agrandies = fini les bousculades
- Une belle qualité sonore dans chaque room pour ne rien louper du spectacle
- Des consommations à tarif tout à fait acceptable, 2,5€ le demi de Jupiler. 
- Une application pour smartphones toujours au top !

On a moins aimé :

- La disparition d’un vrai espace Chill Out au profit d’une immense halle de passage froide
- Des toilettes payantes mais on ne sait pas bien pourquoi...
- Moins d’activités gratuites qui nous occupaient jadis pendant les pauses
- L’utilisation ehontée de plastique pour les gobelets et un manque dramatique de poubelles

Conclusion

I Love Techno revient aux sources de sa création avec une programmation bien plus techno qu’il y a quelques années. Les orgas ont bien pris note des soucis des éditions précédentes en agrandissant les salles et en améliorant le son. Toute l’expérience est bien plus agréable et fluide. Nous regrettons un peu le manque d’activités proposées en off et les moelleux canapés du Chill Out dont l’absence s’est fait ressentir par nos petits pieds mais nous louons cet événement annuel qui vaut toujours de plus en plus le détour par la merveilleuse Belgique. A tantôt !

Récit et photos : Anja Dimitrijevic, Kilian Roy et Yolène Joly