On était à
Festival Beauregard 2019, une anthologie musicale vivante

Beauregard, c’est la fête à la vie, la fête de la musique, de toutes les musiques. C’est pour cela qu’on l’aime, John. Au Château de Beauregard, il nous reçoit en grande pompe, il a le sens de la fête, il sait nous surprendre. Cette année encore, plus de 108 000 festivaliers sont attendus sur quatre jours.


Jour 1. Jeudi 4 juillet. 18h50, premier instantané du site

En arrivant au Château de Beauregard, on est surpris par l’affluence des festivaliers. Les organisateurs ont cette année fait le pari de proposer quatre jours complets de festival et de toute évidence, c’est un succès. Gringe et son sur la scène Beauregard. Caennais d’adoption, partenaire d’Orelsan et des Casseurs Flowters, arbore le maillot du Stade Malherbe. Il kiffe ses retrouvailles ici avec le public de Beauregard et le kiff est partagé.


19h45, au-delà des arbres, l’univers de la scène John

On traverse une large allée arborée. Des fanions multicolores surfent sur la canopée. L’atmosphère est féérique. À droite et à gauche, on découvre les stands de l’offre nourriture et boissons, littéralement gargantuesque. Pizzas, curry, wraps, Buddha bowls, hot dogs au camembert et même baos sont à l’affiche. Au fond de cet espace de 9500m² se situe la scène John. Le groupe parisien, Therapie Taxi, avec sa pop dansante et ses textes sans filtres, est la bande son parfaite pour un dîner sur l’herbe avec au menu une excellente Buddha box végé.


20h45, Angèle ou la jeunesse à la folie

C’est sous les cris stridents de ses fans qu’Angèle débarque sur la scène Beauregard. Fusil à pompe gonflable doré sous le bras, queue de cheval haute au vent, une vraie James Bond girl. Artiste unificatrice de la soirée, elle déploie une joie de vivre rafraichissante et contagieuse. Ses textes loin d’être qu’insouciants parlent des vrais sujets brûlants de notre société avec beaucoup d’humour. « Balance ton quoi » est repris par toute l’assistance, sans surprises. Elle donne une leçon de folie douce revitalisante.


22h55, le sol tremble sous nos pieds

Limp Bizkit apparaît, la soirée bascule dans une autre dimension. Quasi-exclu de Beauregard, le groupe américain de pimp-rock profite de la sortie d’un nouvel album pour venir soulever le public du festival. Après le traditionnel et délirant pogo, à 23h15 le chanteur demande au public de chanter l’hymne national : la Marseillaise résonne au château, clin d’oeil ou pied de nez à la Fête Nationale Américaine ? Who knows. Ces icônes ont fait le job. Le public a tout donné.


0h00, la Belle au bois Beauregard s’est réveillée

Come-back dix ans jour pour après son premier concert à Beauregard pour Gossip. Le trio offre la primeur à Beauregard de sa reformation. Beth Ditto n’a rien perdu de sa verve punk-chic. C’est avec grand plaisir qu’on retrouve le trio avec leur énergie fantasque intacte : c’est à croire qu’on s’était tous endormis dix ans au bois de Beauregard.


Jour 2. Vendredi 5 juillet. 20h45, le before de Bernard

On se glisse parmi les festivaliers qui s’installent scène Beauregard. L’ambiance est bon enfant. Pique-nique champêtre, sourires, souvenirs partagés de leurs précédents concerts, un public intergénérationnel se réunit comme lors d’un grand repas de famille. L’heure pour nous de grignoter une purée d’aubergines et ses nachos.


21h30, nostalgie quand tu nous tiens

C’est à l’ancienne que Bernard Lavilliers et ses musiciens débutent leur concert avec une magnifique version de « Kingston » de plus de 15 minutes. On est dans le mood. Vont suivre des titres poétiques et intimistes comme « On the Road Again », voire visionnaires comme « Etat des Lieux ». Bernard Lavilliers a toujours milité et ce titre de 2004 fait froid dans le dos tant il est prophétique. Sa musique métissée, ses textes engagés ont jalonné la vie de son public et en font un artiste tant apprécié. On a tous en nous quelque chose de Bernard.


22h15, ados accros

Difficile de se rapprocher de la scène John. Lomepal y est attendu. Son très jeune public est en surexcitation totale, impatient de voir en live celui qui est le dernier chouchou en date du rap français. Son flow à la langueur unique, ses mélodies désinhibantes touchent en plein coeur la jeunesse qui se cherche. Tels les poètes maudits, avant lui, Lomepal excelle à exprimer le caractère universel de ses tourments et états d’âme.


23h40, Beauregard n’a qu’à bien se tenir

Joey Starr l’annonce d’entrée de jeu : le hip hop les a frappés de plein fouet en 1983 à 17 ans, depuis ils n’en sont jamais revenus. À cinquante ans passés, rien n’a changé pour leur dernière tournée. Suprême NTM déchire. Il fait le show. Effets lumières bluffants, son canon, textes toujours aussi contemporains. Suprême NTM c’est depuis trente ans le porte voix des violences et inégalités de notre société. Son public le sait. Son public le vénère. Son public est à l’unisson.


Jour 3. Samedi 6 juillet, 15h20, ouverture avec Beach Youth

On est arrivés tôt pour découvrir les nouveautés du site et les animations. On s’attarde un moment devant le scène Beauregard. Le groupe caennais Beach Youth ouvre la journée avec son indie pop rafraîchissante et estivale. Il fait 24°C degrés, cela sent bon les vacances d’été. C’est léger et optimiste. Voilà de la feel good music made in Normandie.


15h45, les goodies de Beauregard

Joakim Barbier offrent aux festivaliers une coupe de barbe, un bar à tresse et un atelier paillettes. On trouve aussi le Happy combi photobooth pour la photo souvenir mais aussi des attractions comme la grande roue et les stands partenaires qui rivalisent d’imagination pour faire plaisir aux festivaliers. Cette année, un espace kids voit le jour. C’est la cage aux fauves. Au programme, cirque, parcours ludique, réalité virtuelle, maquillage etc… C’est gratuit.


16h10, le jour où on a vu Clara en vrai

Quelle merveilleuse ambiance devant la scène John. Le public transgénérationnel, qui attend, est à l’image de Clara Luciani, généreux et lumineux. On a vraiment le sentiment qu’on va partager un beau moment ensemble.C’est le collectif qui va tout sublimer. Clara Luciani irradie sur scène, son sourire est jubilatoire. On reprend avec elle tous ses tubes. On découvre ses quatre musiciens qui balancent un son top. On est ému quand elle chante « La Grenade » car on sait, qu’il va falloir se quitter.


18h05, une leçon de lâcher prise

Flavien Berger peut être déroutant. Cet ovni de la musique électronique vous invite dans un voyage intersidéral. Arrangements électroniques improbables, textes en français basiques, attitude pleine d’autodérision, Flavien vous emmène. Lâchez prise et le charme opère. Honnêtement, ce n’était pas gagné. Quarante cinq minutes plus tard "Brutalisme" emporte les festivaliers dans une dimension parallèle.


20h15, rap belge trouve son public

On prend un coup de vieux. Public jeune qui adule son icône. Quand leur héros entre en scène, certains ne sont pas loin de la syncope. Roméo Elvis a tout pour plaire. Son flow inimitable fait chavirer. Son arrivée sur scène à bicyclette signe son autodérision et est probablement un clin d’oeil au départ du Tour de France qui a eu lieu le même à Bruxelles. Il enchaîne ses tubes, invite le public à participer. C’est chaud devant la scène John. Pour un finish délirant avec le rappeur qui marche carrément sur son public. Le public est galvanisé.

Le bilan


Côté concerts

La folie douce
Angèle, le parfait équilibre entre légèreté et une conscience existentielle sur rythmes léchés de la pop electro   

La sensation
Suprême NTM, une dernière tournée qui confirme que le groupe fait toujours partie des poids lourds du rap français

La divine
Clara Luciani, la chanson française avec un grand C 

L’extraterrestre
Flavien Berger, expérience sensorielle inédite
 

Côté festival

On a aimé

- Les points d’eau répartis sur le site
- Les urinoirs pour festivalières de MadamePee
- Les cendriers de poche eco-friendly en carton recyclable

On a moins aimé

- Le temps d’attente aux diverses files d’attente, probablement la rançon du succès
- Visibilité médiocre de la scène John car elle est en contrebas


Infos pratiques

Prix des pass :
Pass 4 jours : 145€, Pass 1 jour : 49€

Prix de la bière :
7€ la pinte

Prix du vin :
3,20€ le verre

Prix du champagne :
7€ la flûte

Prix de la nourriture :
4€ l’entrée, 7 à 10€ le plat

Transports
Bus Twisto : de Caen à Hérouville Saint-Clair
Navettes gratuites : d’Hérouville Saint-Clair à Beauregard
Train : Gare SNCF de Caen
Voiture : accès par la A13 et A4. Parking public gratuit à 1,9kms à pieds du festival
Vélo : accès balisé à partir de Caen, Colombelles et Ouistreham. Parking vélo le long du canal

Conclusion

Beauregard confirme cette année qu’il fait partie du top douze des festivals français. On aime y revenir, parce qu’on sait qu’il fait la part belle à tous les genres de musique. Cette année en plus, il a su habilement marier la nouvelle vague d’artistes qui a émergé en 2018 avec les icônes des trente dernières années. Ce grand-écart délibéré a eu pour résultat de ravir le public et de sublimer les artistes.

Récit et photos : Armelle Kastriotis