On était à
Eurockéennes caniculaires pour festivaliers au zénith

La presqu’île de Malsaucy accueillait ce week end la 27 ème édition des Eurockeènnes de Belfort. Et malgré la canicule, le festival a une nouvelle fois battu des records d’affluence avec près de 102000 festivaliers et 15 000 campeurs.  On vous raconte nos trois jours entre coups de coeur et coups de soleil.

Jour 1. 13h07: Les bracelets sont arrivés!

On s’attendait à un week end très chaud sur Belfort, et ce n’est rien d’autre que la canicule qui s’y installa. Près de 40 degrés déjà en descendant des voitures sur le parking. Autant dire que le trajet les bras chargés jusqu’au camping n’est pas vraiment glamour. Mais heureusement le graal tant attendu aux Eurockéènnes est bel et bien là: les bracelets. On attend du coup un peu plus longtemps à l’entrée que les autres années mais les fouilles raisonnables permettent de vite réguler les flux et de laisser tout le monde s’installer. Cette fois encore, il y a peu de restrictions sur le camping, et des campeurs ont même ramené leur baignoire !  

19h49, Royal Blood prend les commandes de l’enfer

Après une bonne session de chemins de fer aussi mythique qu'épuisante, on arrive sur le festival pour découvrir le groupe africain King Ayisoba. Les rythmes afro-folk font encore monter la température mais deviennent vite monotones. On se dirige ensuite vers Royal Blood (photo) pour essayer de garder notre sang froid, mais difficile de ne pas fondre devant la performance proposée par le duo anglais qui assomme la foule de beats lourds et puissants avec une basse qui tape au moins aussi fort que le soleil. A voir absolument !

21h35, Ben Harper comme à la maison

On reste en température mais cette fois sur la plage avec la fin du set de Georgio. Puis vient le groupe Montpelliérain Set et Match, l’ambiance est festive et bonne enfant, voilà le rap français qu’on aime. La chaleur commence seulement à baisser quand Ben Harper (photo), accompagné de the Innocent Criminals commence son live sur la grande scène. Déjà aperçu aux Eurockéennes de 2008, il faut reconnaitre que l’artiste n’a rien perdu de sa superbe avec un live toujours aussi chaleureux et convivial. Le public est conquis et reprend en coeur les titres les plus connus dont une reprise reggae de With My Own Two Hands. Seul bémol, un léger manque de puissance sonore, comme cela a été parfois le cas sur la grande scène.

00h15, Finish électronique

Sevrés de bonnes ondes et de sourires, on décide d’aller chercher un peu de violence auprès des français de Cotton Claw, et on a eu ce que l’on voulait. Le quatuor de producteurs dégomme tout ce qui bouge et la foule est survoltée. Pour rester dans l’ambiance électronique, on se dirige vers la plage pour Todd Terje & The Olsens (photo) qui propose un vrai live techno Norvégienne aux sonorités K2000. Le cadre et la prestation collent à merveille, on danse comme des petits fous. C’est finalement devant Boris Bejcha et la grande scène que l’on termine cette première soirée avec un set désormais connu mais toujours aussi efficace. Retour au camping avec des festivaliers déjà rouges de plaisir.

Jour 2. 12h40. Camping’s Burning

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le thermomètre grimpe encore ce samedi et ce n’est autre que la chaleur qui nous servira de réveil, et souvent très tôt ! Les festivaliers rivalisent donc d’ingéniosité pour se rafraîchir, s’arroser et transformer leur campement en véritable oasis dans le désert. Le camping propose lui de nombreux points d’eau et des douches qui ont été repensés pour accueillir davantage de monde. On trouve également des brumisateurs plus ou moins efficaces à certains endroits et de braves mamans poules qui s’occupent de distribuer de la crème solaire et des chapeaux gratuitement. Bref on a chaud, mais on est bien !

19h00, Au pied de mon arbre

Les trajets vers le festival nous épuisent avec la chaleur et on se jette sous les premiers arbres à peine arrivés pour suivre les deux soeurs d’Ibeyi sur les écrans. On reprend des forces dans les hamacs installés sur le site et l’énergie proposée par le groupe nous remet à flot pour aller voir Seasick steve sur la grande scène. Le show proposé par l’Américain est un régal d’ambiance blues qui colle parfaitement à l’heure de l’apéro. Les sonorités country accompagnent notre première bière fraîche de la journée.

20h30, les pieds dans le sable, les yeux dans l’eau...

L’avantage de la canicule, c’est qu’il fait beau. Et avec le cadre exceptionnel de la presqu’île, on savoure vraiment les paysages et les ambiances différentes. Après une séance country blues sur la grande scène, on s’offre à la suite une session hip hop les pieds dans le sable avec I love Makkonen sur la plage. On savoure tellement que l’on en oublie d’aller prendre place pour Christine and the Queens qui a attiré énormément de monde à la Greenroom, au plus grand désarroi de ceux qui, comme nous, n’avaient pas anticipé.

23h15, Major fait le chaud

On s’est fait surprendre pour Christine and the Queens, mais on est placé  pour voir Major Lazer qui avait, selon les dires, retourné la plage il y a deux ans. Et bien rebelotte cette année avec un show encore plus impressionnant sur la grande scène. L’énergie déployée par Diplo et sa bande est énorme et millimétrée. Les festivaliers sautent littéralement dans tous les sens. On apprécie le show mais restons perplexe de la sonorité « fun radio » du dernier album.

01h35, Les chemicals sans alchimie

Après avoir savouré un riz-tai poulet bien trop gros pour un temps de canicule,  on choisit les Chemical Brothers (photo) au lieu de Rone pour achever notre soirée. Et même si les gros titre tels que Hey Boy Hey Girl sont là,  les anglais invisibles dans la pénombre avec leurs jeux de lumière ne nous retournent pas vraiment. Les transitions sont souvent trop longues, le show devient plutôt pépère et est affaibli avec un manque de puissance sonore préjudiciable. Qu’à cela ne tienne, on rentre quand même avec le sourire et la fraîcheur enfin tombée.

Jour 3. 18h30, Bières et Brésil

Pour le dernier jour, on se décide enfin à prendre une navette pour se rendre au festival. On arrive donc moins fatigué, mais on va tout de même aller goûter les bières spéciales au bar du nouvel espace chill-out « mini golf » (photo) créé cette année. Si on y trouve plusieurs sortes de bières, on regrette de ne pas trouver de bières locales et artisanales. L’espace lui est agréable et est apprécié des festivaliers, sa présence manquait, voilà chose faite. On se place ensuite devant le concert de Batida, un artiste angolais qui parvient à faire danser une foule carbonisée grâce à ses rythmes kuduro dynamiques et chaleureux. Puis on rejoint la grande scène pour l’un des gros noms de la journée, Damian Marley

19h05, un junior loin de papa

Artiste reggae très attendu des festivaliers, Damian Marley (photo) n’a tout simplement pas été à la hauteur. Arrivé avec 20 minutes de retard sans s’excuser auprès du public, l’artiste ne réussit pas à envoûter une foule certes fatiguée mais pourtant tout acquise à sa cause. Même les reprises des titres de son père sont molles et sans éclats.

20h15, Zef side pour le coucher de soleil

Pour ne pas massacrer davantage la légende, on part voir Run The Jewels sur la plage. Le duo de rappeur américain propose un set maîtrisé et prenant qui plaît à un public plus mature pour ce dernier jour de festival. La suite se fait avec certainement l’un des groupes les plus attendus aux eurocks cette année, le duo sud africains de Die antwoord (photo) prend place sur la grande scène au moment où la météo tourne à l’orage. Signe indicateur ou pas, les deux extraterrestres en ont profité pour retourner la foule avec un show impressionnant à la fois de professionnalisme et d’énergie. Les festivaliers se régalent des changements de tenues, des danses et bien évidemment des titres joués par les deux compères qui ne s’arrêtent jamais de bondir. On ressort complètement exténué mais épaté par la prestation scénique de ces deux là qu’on veut revoir au plus vite.

23h30, George Abitbol n’a qu’à bien se tenir

Pour conclure cette 27ème édition, les programmateurs avaient opté pour Sting (photo). On doit admettre qu’on était pas persuadé du résultat, et dieu sait qu’on a eu tort. Non seulement l’artiste fait preuve d’un charisme et d’une présence sur scène assez bluffante mais loin de se reposer sur sa seule image, l’Anglais joue ses plus gros succès comme de nouvelles productions avec talent et une voix incomparable. Il a même arrêté la pluie. Le public ne se fait pas prier pour chanter et jeter ses dernières forces dans un live sincère et fédérateur.

1h10, This is the end

On finira notre festival à regarder le feu d’artifice au-dessous d’immenses créatures volantes sur la plage, tout en profitant d’une rare fraîcheur venue pour éteindre les braises d’une édition 2015 enflammée.

Le Bilan

Coté scène

La merveille
Sting, BRAVO

L’explosion
Die antwoord avec la mifa en happy end

La bonne surprise
Cotton Claw, c’est propre et c’est du live

La valeur sûre
Major Lazer, attention toutefois au partenariat Fun Radio les gars

La confirmation
Ibeyi, c’est doux et beau

Le rock qui tache
Royal Blood, comment ils font juste à deux?

La déception
Damian Marley, ça ne ferait pas plaisir à papa

Coté festival     

On a aimé :
le bracelet souvenir, il était temps ! merci
les points d’eau à foison 
le nouvel espace chill out et les hamacs
les multiples stands de nourriture, même si la fondue n’a sans doute pas beaucoup trouvé de succès
le camping toujours aussi libre
les temps d’attentes très courts

On a moins aimé :
Le manque de bières artisanales au chill-out.
L’emplacement du bar à bières spéciales: trop loin de la grande scène.
Les camions Quicks , qui n’ont peut être pas leur place ici.
Les brumisateurs inefficaces et sans caillebotis créant des marécages de boue
- Le thème “motard” quasi inexistant dans la déco du site
La secret place tellement secrète qu’on ne l’a pas trouvé

Conclusion

On avait déjà fait les Eurocks dans la gadoue, il fallait bien les faire en pleine canicule. Et bien qu’un climat tempéré reste l’idéal pour n’importe quel festival, force est de constater que les Eurockéennes traversent les intempéries comme les années sans jamais faiblir. Et preuve en sera encore faite en 2016.