On était à
Chien à Plumes 2019, un festival fidèle à lui-même

Chaque année, le premier week-end d’août, on peut entendre le Chien à Plumes aboyer dans les contrées haut-marnaises, et ça fait 23 éditions que ça dure ! Véritable événement pour beaucoup de jeunes du département, ce festival est un grand incontournable également pour nous, originaires du coin, et il a une place de choix au sein de notre marathon estival. C’est parti donc pour 3 jours de concerts, de soleil et de franches rigolades ! 


Jour 1. 17h33, au-delà de la niche haut-marnaise

Arrivés sans encombres sur les terres du sud haut-marnais, nous rejoignons très facilement nos amis établis au camping depuis le début d'après-midi. Sur notre chemin on aperçoit pas mal de visages familiers. Il faut dire que quand on est originaires du coin, il est difficile de passer à côté du Chien à Plumes, qui est une véritable institution dans le paysage musical local. On y croise forcément beaucoup de festivaliers venus d'ici mais aussi de Bourgogne et de Franche-Comté (photo), deux régions quasiment limitrophes au festival. Il n’est donc jamais étonnant de revoir une vieille connaissance, celle-là même qui vous invite à boire un verre après les concerts et que vous ne retrouverez jamais…


20h14, un festival qui a du chien

Resté sur le campement à siroter quelques bières (encore) fraîches, nous pouvons entendre au loin le groupe de rap l’Or du Commun. C’est d’ailleurs une des particularités que l’on apprécie le plus du festival : la proximité de ce site à taille humaine. Si bien, que quand on décide de se bouger pour voir la fin de Trois Cafés Gourmands nous sommes devant la scène Ernest, la plus grande, en dix minutes chrono. Nous arrivons à temps pour le final du groupe et on chantonne “A nos souvenirs” avec un certain plaisir non dissimulé. Notre bonne humeur est prolongée à la vue des déguisements et T-shirts loufoques (photo) dont sont affublés de nombreux festivaliers. Pas de doute nous sommes bien au Chien à Plumes.


22h12, le Chien à Plumes à l’heure espagnole 

La grosse tête d’affiche de ce soir c’est Ska-P, de nombreuses personnes sont venues exprès pour les voir. Devant la Scène Ernest c’est blindé depuis un moment mais le groupe ne se manifeste pas et nous n’avons droit à aucune annonce de la part du festival (hormis sur Facebook mais ça on ne le verra que 2 jours après). Après plus d’une heure d’attente, les espagnols débarquent enfin avec le chanteur Pulpul en fauteuil roulant et la jambe dans le plâtre (photo)...est-ce la raison de leur arrivée tardive ? On n'aura pas vraiment d’explication mais qu’importe puisque le show est plus qu’assuré, le public reprenant en coeur les hymnes révolutionnaires et punk des madrilènes. Ca nous rappelle nos années lycées ça ne nous rajeunit pas.


00h56, la Choue vainqueur par K-O

Après avoir admiré un splendide feu d’artifice, nous déambulons sur le site pendant un long moment avant de nous poser dans l’herbe, complètement vannés (photo). On ne sait pas si c’est la chaleur ou l’abus de Choue Triple (une des bières brassées à quelques kilomètres de là) qui nous a mis K-O mais on décide de faire l’impasse sur le dernier concert, celui de O’Sisters sur la scène Pompon, pour retourner au campement. C’est le moment où notre binôme se sépare, l’un part dans les bras de Morphée tandis que l’autre va faire la fête sous le chapiteau du camping, le “Chienpito” pour danser jusqu’au bout de la nuit... enfin jusqu'aux environs de 4 h, l’heure où la musique s’arrêtera brutalement.


Jour 2. 9h12, réveil difficile

Si la chaleur est moins insoutenable que l’année dernière, nous sommes toutefois réveillés assez tôt. Notre tente "Black and Fresh" ne fait pas de miracle. Étant dans un état plus que vaseux, nous décidons de nous rendre au chapiteau, qui ouvre de nouveau à 10h, pour s’offrir un petit kawa. Un des bénévoles nous indique un petit délai de 15 minutes avant d’obtenir notre précieux sésame, puis de 30 minutes...finalement après 45 minutes, on abandonne l’idée de se réveiller avec un café, on se console en se disant que finalement on est bien mieux à l’ombre, à regarder les festivaliers jouer aux divers jeux de société mis à disposition (photo) qu’en plein cagnard.


 16h34, The Yokel envoie le pâté (lorrain) !

Après nous être livrés aux douceurs du farniente sur la plage du lac à quelques minutes à pieds du festival, nous avons l’occasion de voir The Yokel sur la scène Ponpon dès l'ouverture des portes. Avec leur rock’n’folk joué à la guitare, à la contrebasse, au violon, à la trompette et au banjo on pourrait croire à un groupe venu tout droit de Louisiane... sauf qu’ils sont lorrains. Les festivaliers venus plutôt nombreux (photo) malgré l’horaire et le climat très chaud, semblent conquis par le style et l’énergie débordante des messins. Mention spéciale à la jeune chanteuse, véritable pile électrique ! 


18h46, changement de Ring’

Le festival possédant très peu de zones ombragées, nous retournons sur le camping pour nous désaltérer avec les copains. Alors oui on manque Caballero & Jeanjass sur la grande scène mais en même temps c’est programmé beaucoup trop tôt pour nous. Et puis on sait qu’on les reverra, ils sont parmi les grands squatteurs des festivals de cet été. Après cette enivrante parenthèse, nous gambadons gaiement en observant quelques changements par rapport à la dernière édition. Il y a notamment un nouvel agencement de la Scène Lupin mais aussi le déplacement du Ring’O’Star, la scène ouverte du Chien à Plumes, qui s’installe désormais auprès du Bar à Vin (photo) ce qui permet de se réconforter, en buvant un petit ballon si jamais nos oreilles venaient à saigner.


20h17, où est le Langres ? 

Un festival ça creuse ! Direction les food-trucks qui se situent tous aux alentours de la scène Ponpon. Excepté celui d’escargots qui fait partie des rares nouveautés avec celui des burgers bourguignons qui remplace le stand de poutines de l’année dernière, l’offre gastronomique est “classique”, à défaut d’être incroyable. On déplore ainsi la (quasi) absence de spécialités culinaires de la région. Quand on sait que la ville de Langres, qui donne son nom au célèbre (et délicieux) fromage, est à 10 minutes, c’est rageant ! A défaut de manger local, on se rabat sur l’Africa Miam et ses fameux poulets mafé, agaous et ragoûts téba qui proposent un véritable voyage gustatif (photo).


23h16, comme une poussière dans l’oeil

Le site est vraiment très sec ce soir, on le voit aux grandes traînées poussiéreuses que laissent les gens derrière eux. On s'en rend d’autant plus compte au concert d'Ibrahim Maalouf et du Haïdouti Orkestar sur la scène Ernest, lorsque que le trompettiste demande à la foule de faire une gigantesque farandole pour le final. On distingue à peine les silhouettes des festivaliers dans cette “fumée” de saletés. Et ça n’est pas vraiment mieux sur la Scène Ponpon où jouent les deux frangin(e)s de A-Vox. L’ambiance est électrique, le groupe d’electro-rock possède un style bien vénère, il y a des pogos et des slams partout (photo) et on se prend à la fois une bonne claque musicale et une bonne dose de poussière dans la tronche. On aurait mieux fait d’imiter certains festivaliers en mettant un foulard sur le visage, ça protège et en plus ça fait gangsta !


Jour 3. 06h02, les joies de l’after

Après les bonnes prestations de Hocus Pocus et de Salesales, nous sommes au taquet et on compte bien faire la fête jusqu’au petit matin. On file tous au Chienpito, où l’after est animé par les DJ du collectif L’Enfant Sauvage, qui officient aussi sur la scène Lupin durant la journée. La soirée est sympathique mais décolle vraiment pour nous quand ils nous balancent “Freed from desire” et “I like to move it move it”...soit 10 minutes avant la fin. On se console en discutant, en riant et buvant de la Suze avec les copains... jusqu’à ce que le soleil se lève sur un camping presque totalement endormi mais où quelques irréductibles festivaliers veillent encore (photo)


11h18, retour au lac

La nuit est courte, mais paradoxalement on est de bien meilleur poil que samedi matin. C’est donc motivés et détendus que l’on retourne à la plage comme de nombreux festivaliers venus goûter aux joies du repos sous les arbres (photo) et à la fraîcheur du lac (attention cependant à la puce de canard qui fait des ravages sur les petites peaux sensibles). Dès 16 heures, nous nous rendons sur le festival, curieux de voir ce que donne Co&Jane. Et il y a du monde posté devant la scène Ponpon. Il faut dire que ce sont des enfants du pays, pas mal de familles et de proches donc, sont venus les encourager. Pour notre part, nous ne sommes pas réellement convaincus par leur répertoire, constitué essentiellement de reprises, mais on trouve ça plutôt intéressant que le Chien à Plumes mettent en avant les groupes locaux.


16h39, un après-midi de chien

Le temps et notre gosier sont secs, il fait encore très chaud on se dirige donc naturellement vers le bar à Mines pour déguster une bonne bière locale. Enfin on ne sait pas si on doit l’appeler comme ça, puisque l’écriteau au dessus du chapiteau n’existe plus. Nous étanchons notre soif avec une Dervoise Blanche, idéale par cette chaleur, il faut dire que le choix de bières est restreint ce dimanche : la Der Blonde, la Choue Triple, la Margoulette ou encore la Louisette ont été victimes de leur succès ! Rien de grave ceci-dit, on poursuit notre route vers la scène Lupin, réaménagée en coin détente et qui se transforme en dancefloor géant, une fois que les DJ du collectif l’Enfant Sauvage envoient du son entre deux concerts de la scène Ernest (photo).


17h16, on aimerait jeter un slam

Une discussion avec des festivaliers alsaciens et une balade plus tard et c’est le concert de Grand Corps Malade (photo) qui débute. Le célèbre slameur, le plus connu de France, possède une aura bienveillante, est toujours aussi doué avec les mots, et c’est avec clameur, littéralement en transe, que le public récite et chante, ses magnifiques textes qui guérissent de tous les maux. C’était bon, mais le concert se termine, pour nous malheureusement c’est déjà la fin du festival. Nous ne faisons pas grise mine pour autant car en repartant on se dit que ce week-end, franchement c’était de la balle.


Le bilan


Côté concert

Les retardataires
Ska-P, ils ont fait le show même si le chanteur avait une jambe dans le plâtre, donc on leur pardonne

Les lorrains du Bayou
The Yokel, du rock’n’folk bienvenu et une chanteuse survoltée

Les frangin(e)s vénères
A-Vox, de l’electro-rock violent comme on aime, on s’est prit une belle baffe !

Les ambianceuses du samedi soir
SaleSales, du son bien propre comme il faut

Le poète
Grand Corps Malade, qui manie la langue française comme personne


Côté festival

On a aimé

- La proximité de tout : parking, camping, lac et festival
- Le choix de bières locales, conséquent
- Le site très aéré, on ne se marche pas dessus
- L’ambiance toujours aussi bonne entre les festivaliers
- Le coin détente/dancefloor totalement repensé de la scène Lupin
- Le lac de Villegusien, idéal pour se détendre ou se baigner...

On a moins aimé 

- ... mais gare aux puces de canard dans le lac, nos peaux s’en souviennent encore !
- Concernant les coins d’ombres, des efforts faits sur le camping mais pas trop sur le site
- Les horaires de programmation, quasiment jamais respectés
- Le festival pourrait pousser un peu plus le côté éco-responsable, en valorisant les produits locaux, le tri, en proposant des écocups consignés ou encore des toilettes sèches


Infos pratiques

Prix des boissons
Le demi de bière : 4 euros la bière spéciale, 3 euros la Jeanlain, 2 euros le soft

Prix de la nourriture
Kebab, Tacos, Poulet Mafé ou Burger entre 7 euros 50 et 9 euros et entre 3 et 4 euros la barquette de frites

Prix du festival
Pass 3 jours : 72 euros en prévente, 77 euros sur place, Pass 1 jour : 33 euros, 37 sur place

Camping gratuit

Transport
40 min de Dijon, 1h45 de Nancy, 3h de Paris
Gare la plus proche : Langres à 15-20 min en voiture du festival

Conclusion

Le Chien à Plumes et nous c’est comme une grande histoire d’amour : on peut le critiquer autant qu’on veut mais il aura toujours une place de coeur parmi les festivals de l'été. A chaque édition nous avons la garantie de passer un bon moment, de faire des rencontres plus ou moins insolites, de se baigner et se détendre sur la plage ou de partager un verre avec un ami de longue date en regardant un concert. Nous avons nos repères, nos habitudes, et ça ne change pas avec cette 23ème édition du festival, qui reste (peut-être trop) fidèle à ses principes. C’est assurément une grande force mais ça peut-être aussi une faiblesse si on ne se renouvelle pas assez. Nul doute cependant sur le fait que le Chien à Plumes reprenne du poil de la bête dès l’année prochaine, rendez-vous en 2020 pour voir ça !

Récit et photos : Thomas Josselin et Fanny Fremy