On était à
3 jours au cœur de La Rochelle

A La Rochelle, l'été est arrivé (enfin !) en même temps que les Francofolies... ou bien c'est peut-être l'inverse, on ne sait pas vraiment. En tout cas, pour la 29ème édition de l'un des plus gros événements estivaux de la région, le joli petit couple soleil/musique a plutôt bien fonctionné, permettant aux festivaliers de profiter d'une édition aussi chaude que variée.

Un festival sur 5 jours en mode quasi non-stop (de 10h à 2h), des festivités aux quatre coins de la ville dans pas moins de 10 lieux différents... on ne vous cache pas qu'il aurait véritablement fallu faire une cure de Red Bull, ou disposer d'un moyen de locomotion ultra rapide pour pouvoir découvrir et profiter de tout. Vous comprendrez donc facilement que le compte-rendu ci-dessous est non exhaustif. Voici les Francofolies comme nous les avons vécues.

Samedi, Gaëtan Roussel fait revivre Bashung 

Une voix, un style bien à lui, une des valeurs sûres de la scène française. Pourtant, peut-être trop installé dans ce qu'il fait bien, l'ex-leader de Louise Attaque a décidé de s'aventurer un peu et de retravailler l'album « Play blessures » d'Alain Bashung (1982). Si on a facilement retrouvé l'ambiance délurée et torturée de l'album d'origine, Gaëtan Roussel s'est approprié les chansons en y ajoutant des sons plus actuels (electro), en profitant de surcroix de jeux de lumière assez exceptionnels (un rideau entre lui et le public sur lequel étaient projetées des ondes lumineuses en tous genres). La cerise sur le gâteau : une reprise acoustique et sans aucun artifice de « Résidents de la république », en guise de conclusion. Pari réussi.

Dimanche matin, découverte & poésie à la Chapelle Fromentin

Cette année, Gaël Faure, ce jeune artiste français de 25 ans a pris part aux Chantiers des Francofolies (opération créée en 1998 destinée à mettre en avant les jeunes talents francophones). Dès les premières notes de guitare et élévations de voix, on comprend pourquoi les organisateurs des Francofolies lui ont accordé leur confiance. Une prestation folk, simple, juste et parfois aérienne, qui lui a permis de se mettre le public du moment dans la poche. En 30 minutes seulement, ça veut tout dire.

En ce dimanche matin, Mathias Malzieu nous proposait un concert-lecture, une création musico-littéraire dont le chanteur de Dionysos est coutumier puisque trois de ses derniers albums (« Monster in love », « La Mécanique du Coeur » et « Bird n' Roll ») ont pour point de départ un roman qu'il a écrit. Son dernier roman, « Le plus petit baiser jamais recensé », n'a pas (encore?) son équivalent musical, mais ça n'a pas empêché l'artiste de broder habilement et avec talent une histoire farfelue et poétique. Le mélange de lecture d'extraits, d’intermèdes musicaux et d’invités surprises (dont Carmen Maria Vega) aura permis au public de vivre un instant poétique et rock à la fois. Une prestation teintée d'humour et de bonne humeur, portée par l'énergie d'un artiste véritablement et naturellement monté sur ressorts.

Dimanche soir, concerts & invités

Alors que le soleil est encore bien présent dans les travées de Saint-Jean d'Acre, le duo Lilly Wood & the Prick est le premier à se lancer sur la grande scène. Vêtue d'un t-shirt aux couleurs de la France (14 juillet oblige), la chanteuse Nili Hadida s'est déchaînée pendant un peu plus d'une heure, véritablement bien décidée à vivre un moment de partage avec le public. Bras en l'air, puis assis par terre à la demande de la chanteuse, ce même public, joueur et participatif, a repris pour son grand plaisir le tube « Down the train ».

Première aux Francos pour Benjamin Biolay qui a profité de l'occasion pour chanter avec des invités prestigieux tels que Orelsan (déjà présent la veille), Jeanne Cherhal ou encore Carl Barat. Avec des chansons justes, des duos simples et touchants (celui avec Jeanne Cherhal était vraiment très sympa), l'artiste français a assurément touché les festivaliers.

Avec ses textes très contestataires (un peu trop en ce 14 juillet ?), Saez n'a peut-être pas fait l'unanimité auprès de tout le public. Celui-ci aura pourtant eu le mérite de combler ses nombreux fans en restant fidèle à sa réputation : engagé et tranchant. Le public (dans sa globalité) ne lui en aurait sûrement pas voulu si sa (vraiment) très belle voix raillée avait raconté des choses un peu plus légères. Mais, au final, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, Saez reste un artiste à part, sombre, intense et provocateur qui ne laisse personne indifférent.

Le groupe nordiste Skip The Use a attendu la fin du traditionnel feu d'artifice pour se lancer à son tour dans l'arène. La nuit tombée, la chaleur disparue, l’ambiance est parfaite pour Mat Bastard et ses compères. Véritable pile électrique, le chanteur ne met pas longtemps à faire tomber le t-shirt. Le groupe joue avec le public et enchaîne les morceaux rock, voire très rock. Tout comme Benjamin Biolay, les Skip the Use partageront la scène avec des invités surprise : OrelSan (décidément dans tous les bons coups) et Kid Noize viendront tour à tour participer à la fête.

Lundi, un concert -M-émorable

Lundi, nous arrivons juste à temps pour l'entrée en scène de -M-. Sans vouloir offenser les artistes présents la veille, Saint-Jean d'Acre était bien trop petit en ce 15 juillet. Coup d’œil dans la fosse, ça joue des coudes. Difficile également d'apercevoir une seule place vide dans les tribunes centrales et latérales.

On se fraie un chemin, on trouve une petite place et on ne bouge plus. Le show commence. Les chansons défilent. Le « Mojo » résonne deux fois, et se fait encore plus intense la deuxième fois. Entre-temps, un indigène, des enfants et un -M-artien (le coup des lunettes lumineuses dans la pénombre de Saint-Jean d'Acre... Wouaouhhh...) ont fait tour à tour leur apparition le temps d'une chanson. Le spectacle dure 1h30, et ça passe tellement vite ! Il se termine trop vite, et on se dit à ce moment qu'à ce -M- là, on lui confierait les yeux fermés toutes les lettres de l'alphabet.

 

Côté Concerts :

La claque :
-M- dont la prestation va au-delà du simple concert. Il en fait beaucoup, mais jamais trop.

La déception :
Saez dont les paroles très engagées deviennent vite agressives.

Les découvertes :
Gaël Faure et Laurent Lamarca (scène du village Francofou), deux jeunes talents plein de fraicheur.

Côté Festival :

On a aimé : 

- Le village francofou : des stands animés et participatifs (jeux de société, jukebox grandeur nature) mais aussi et surtout une importante scène annexe accessible gratuitement (c'est assez rare pour être souligné) sur laquelle se produisait des artistes pas forcément renommés, mais très talentueux.
- La simplicité et l'humilité qui se dégage très naturellement de l'artiste Gaël Faure (et de ses chansons). Une jolie voix, une guitare. Parfois il n'en faut pas plus.
- L'entrée en scène inattendue de Mathias Malzieu. Un harmonica à la bouche, il a est apparu en haut des gradins de la chapelle (derrière le public) et a dévalé les escaliers avec toute l'énergie qui le caractérise. Drôle et surprenant.
- Petite mention spéciale à l'un des musiciens accompagnant Mathias Malzieu, qui a brillamment remplacé à la voix son instrument victime d'une défaillance technique. Inattendu, instantané, et finalement très joli.
- Le contraste saisissant entre le naturel de -M- et l'excentricité bluffante de son spectacle. On sait qu'il y a une préparation et un boulot monstre derrière chacune des mises en scène de ses chansons, et pourtant, ça ne se voit pas. Un véritable illusionniste.

On a moins aimé :

- Le concert un peu court (moins d'une heure) de Gaëtan Roussel. Même si la quantité ne fait pas la qualité (qui d'ailleurs était là), on en aurait quand même bien repris un peu plus.
- Le rideau et les effets de lumière qui a séparé Gaëtan Roussel (et ses musiciens) de son public du début à la fin du concert. C'était vraiment joli, mais parfois un peu trop présent.
- Les agents de sécurité refusant que le public de la fosse (oui oui TOUT le public) investisse le pas très très grand gradin central, à la demande de Mat Bastard,le chanteur de « Skip the use ». On ne comprend pas pourquoi... Bizarre...

La conclusion

A regarder autour de soi, sur les lieux des concerts ou dans les rues de La Rochelle, on se rend très vite à l'évidence que les Francofolies de La Rochelle sont définitivement un événement qui se vit à tout âge. Volontairement (et c'est ce qui fait son succès), le festival rochelais propose chaque année une programmation dans laquelle se mêle de multiples styles musicaux. On le sait, tous les ans, tout le monde y trouve (et y trouvera toujours) son compte. Avec en prime, une organisation irréprochable, un public fidèle (et toujours plus nombreux) depuis 29 ans, les Francos ont leur place au soleil pour encore un bon paquet d'années.