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Coachella : des femmes victimes de harcèlement sexuel témoignent

Plusieurs cas de harcèlement sexuel et d'attouchements ont été recensés lors de cette nouvelle édition du festival californien d'après les témoignages recueillis par une journaliste sur place.

Si l'affiche démentielle, le soleil californien et l'ambiance de l'un des plus gros festivals mondiaux fait rêver, Coachella cache aussi de gros vices (bien dégueulasses). Logan, Ana, June ou Phoebe ont 2 points en commun : en plus de vouloir passer leur week-end d'avril à chiller, ces femmes témoignent avoir été harcelées et attouchées lors du festival de musique le plus attendu de l'année. La journaliste américaine Vera Papisova du magazine Teen Vogue s'est rendue au festival californien dans le but d'enquêter sur l'étendue des agressions sexuelles durant le week-end, loin de l'image que l'on peut se faire des couronnes de fleurs, des blogueuses mode et autres célébrités de téléréalité, des sourires Colgate qui caractèrisent si bien Coachella... sur Instagram. «J’étais à Coachella pour recueillir des témoignages de festivaliers sur le sujet des agressions sexuelles et du harcèlement. Sur les dix heures que j’ai passées au festival, on m’a pelotée vingt-deux fois. Un mec m’a même suivie et a profité du fait que je sois seule pour s’approcher de moi et passer ses mains sur mes fesses et mes cuisses" raconte la journaliste.

Girls just want to have fun

Au cours de son enquête, Vera Papisova a interrogé 54 festivalières, toutes sans exception affirment avoir subi du harcèlement sexuel et des attouchements durant leur week-end à Coachella. Certaines d'entre elles racontent l'attitude "prédatrice" de certains hommes comme l'explique Ana, 19 ans : "Bien sûr qu'il y'a des harcèlements sexuels ici. Ca nous arrive à tous les concerts, il y'a tellement de concerts à Coachella que les hommes arrivent à vous toucher assez facilement, et ils pensent qu'on s'en n'aperçoit pas". Bien entendu, l'affluence massive de l'événement facilite les gestes mal placés, voir intentionels, c'est le cas de June, 20 ans, qui raconte avoir été "touchée une quarantaine de fois". Selon la jeune femme, ces gestes "ne vont jamais plus loin qu’une main aux fesses ou passée dans mon dos, mais ce ne sont pas des endroits qui doivent être touchés. Feriez-vous cela à un collègue ? Ou un autre gars ? Alors ne me le faites pas".

Les festivals, lieux de danse, de détente et de retrouvailles, incitent-ils un mauvais comportement chez les hommes envers les femmes ? C'est du moins ce que questionne la journaliste dans son enquête, en particulier avec le témoignage de Aaliyah, 21 ans : "Mes amies et moi étions en train de danser pendant le concert de The Weeknd. Des mecs ont commencé à tourner autour de nous et à essayer de danser avec nous. Il y en a un qui essayait même de nous embrasser. Je crois qu'ils pensent avoir le droit de nous toucher parce qu'on est habillées pour Coachella".

Afin de se préserver au mieux de ce genre d'attitude, Vera Papisova donne quelques astuces à ses lectrices comme porter un sac à dos afin de créer une distance avec le reste du public et surtout de ne pas se séparer durant le festival. Bien entendu, ce ne sont pas des solutions.

Les festivals seraient-ils devenus des lieux où les viols règnent ?

Coachella n'est pas le seul événement concerné par ces pratiques, de nombreux festivals ainsi que des concerts sont également pointés du doigt pour harcèlement, au point de devoir être annulé comme l'édition 2018 du festival suèdois Bravalla après quatre plaintes pour viol et 23 agressions sexuelles déposées l'an passé. Des actes malheureusement monnaie courante dans les festivals comme le souligne une étude de OurMusicBody sortie en mars 2018, révélant que 90% des femmes s'étant rendues à un concert ont déjà subi un harcèlement. Un phénomène qui commence à alerter de nombreux organisateurs, en particulier à l'étranger, même si en France les procédures peinent à se mettre en place dans nos festivals à cause d'une couverture médiatique parcellaire, entre absences de chiffres et une faible prévention, on vous laisse l'autopsie d'un phénomène invisible publié l'année dernière dans nos colonnes.

Néanmoins, des festivals commencent petit à petit à combattre le harceleur comme la présence de l'association Stop Harcèlement de rue aux Solidays ou encore la page web Safety du Lollapalooza évoquant la marche en suivre en cas d'agression sexuelle. Un exemple à suivre.