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C'était il y a 20 ans, la première d'Art Sonic

Vous vous en souvenez ? Benoit Loret, le programmateur et membre fondateur de l’association du festival Art Sonic vous raconte les premiers pas du festival en mai 1996. Premières réussites, premiers couacs, premiers artistes, les premières fois de festival sont souvent inoubliables.

Arsenic. Poison. Son nom est tiré du grec arsenikon  « qui dompte le mâle » (merci Wiki). Art Sonic. Festival qui dompte la musique.

C’est en feuilletant un dictionnaire qu’un copain guitariste de la bande de joyeux lurons d’Art Sonic a trouvé le nom de leur festival. Facile à retenir et proche des inspirations punk-rock qui ont fondé le festoche. « Au début de l’aventure on ne savait pas comment l’appeler, alors c’est venu comme ça, et puis on était plus jeunes, on avait un côté un peu plus rebelle qu’aujourd’hui. » confie Benoit.

A la base ils sont une dizaine à Briouze, petit bourg de 1600 habitants dans le département de l’Orne. Les festivals, ils y étaient habitués. Ils participaient bénévolement au festival Festirock qui se tenait chaque année 25Km plus loin à la limite de l’Orne et de la Mayenne. Mais en dehors de cet événement, l’espace musical restait assez peu occupé à leur goût. « Notre région est assez éloignée des grands pôles urbains, du coup pour que ça bouge, il faut que nous on se bouge », raconte Benoit. Sans plus attendre ils mettent en marche le tissu associatif déjà important de Briouze. Ils seront finalement une cinquantaine de bénévoles à organiser cette toute première édition

 

La commune accueille avec joie l’idée, et puisque tout le monde se connaît à Briouze trouver de l’aide logistique s’avère un peu plus facile. Le père de Benoit était maire-adjoint en 1996, lui et d’autres membres du conseil municipal appuieront leur demande de subvention et la somme de 1000 francs sera débloquée. Une somme symbolique mais qui apporte sa pierre à l’édifice. 

De 600 personnes à 12.000

Le Festival s’installe en plein cœur du bourg dans les Halles de Briouze, haut lieu de foire à bestiaux il y a près de 1000 ans. Aujourd’hui encore la tradition perdure, et ce sont des veaux  qui s’y vendent. La salle leur est prêtée pour la soirée. Pendant 2 jours ils installent la scène et enlèvent les barrières permettant d’attacher les animaux. A l’extérieur des halles on s’active pour installer tout la partie restauration/bar, ce qui en fait un festival de semi plein-air. Agréable pour profiter des températures douces d’un mois de mai.

Entre 600 et 700 personnes achètent leur ticket pour venir voir et écouter  la tête d’affiche Ludwig von 88, ou encore la Ruda Salska, Bob Lézard et un groupe belge les Slugs. A l’époque Ludwig von 88 tourne pas mal. Une aubaine pour un festival débutant que de les recevoir estime Benoit. « On a souhaité placer la barre moyennement haut parce qu’on ne pouvait pas se contenter que de groupes locaux si on voulait faire venir du monde d’un peu plus loin ».

Par la suite, le festival passe de un à deux jours et se tient désormais en juillet. Période clé pour tout festival(ier). C’est en 1998. Festirock ferme boutique et laisse une date de libre sur le calendrier des festivités. Art Sonic s’en empare. Mais qui dit deux jours, dit camping. Alors ils sont partis à 5 kilomètres de là, direction la campagne. « Avec la répression de l’alcool au volant, on a préféré trouver une solution facile pour les festivaliers. » Sage décision. A partir de là, la fréquentation augmente régulièrement jusqu’à atteindre leur niveau actuel, avec une moyenne de 12 000 festivaliers par édition. Puis retour à la case départ. Depuis cinq ans Art Sonic se tient à nouveau dans le centre de Briouze. 

Une belle augmentation mais qui apporte son lot de stress, assure Benoit. « A l’époque on était plus insouciants, on avait moins de contraintes budgétaires, moins de pression et moins d’attente. On ne nous attendait pas sur la programmation par exemple ». 20 ans plus tard la donne a changé, le budget a grimpé à 350 000 euros, alors qu’il était de 70 000 francs en 1996. Si les temps changent, l’esprit demeure, et c’est tout ce qui compte à Art Sonic, le festival le plus nocif car addictif du répertoire Ornais.