Actualités
C'était il y a 16 ans, la première de Marsatac

Vous vous en souvenez ? Béatrice Desgranges, la fondatrice et directrice du festival Marsatac  vous raconte les premiers pas du festival les 26 et 27 février 1999. Premières réussites, premiers couacs, premiers artistes, les premières fois de festivals sont souvent inoubliables.

Son bébé, joliment appelé Marsatac, Béatrice Desgranges l’avait imaginé très tôt. Mais le temps de gestation a été plutôt long. Il lui a fallu six ans pour mettre sur pied le festival qu’elle et deux amis Marseillais - partis un an à Londres après leurs études - avaient en tête. C’était en 1993.

Ils étaient mus par une envie de créer quelque chose qui leur ressemblait davantage et qu’ils ne retrouvaient pas dans les événements proposés à Marseille à l’époque. « On voulait faire un événement de musique actuelle, de la musique de jeunes ». Alors, ils ont surfé sur l’élan national de la scène hip hop de l’époque. Les Fonky Family, IAM et consorts n’y étaient pas pour rien.

Pendant six ans ils ont unis leurs forces pour aboutir à l’ouverture de la première du festival les 26 et 27 février 1999. C’est comme pour un bon vin, il faut le temps de la maturation.

Ils ont commencé par créer une association, Orane, un an plus tôt. Cela leur a permis de mettre le pied à l’étrier jusqu’au jour où l’opportunité qu’ils attendaient s’est présentée. La ville de Marseille célébrait ses 2600 ans d’existence en 1999. Dans le cadre d’un appel à projet ayant pour objet de définir un calendrier de festivités pour l’occasion, la ville les a sélectionnés. A la clé, une jolie enveloppe de 40 000 francs. Soit 6 000 euros de subventions, plutôt pas mal comme coup de pouce. C’est à ce moment là que Marseille est passée à l’attaque. Mais ces trois étudiants en commerce ne savaient pas ce qui les attendait.

2500 personnes pour un festival Sold out

Par où commencer quand on n’a jamais travaillé dans le milieu ? Elle se souvient très bien de la façon dont son entourage la percevait : « Nos proches ne comprenaient pas, et nous voyaient comme des hurluberlus. On avait des métiers en parallèle, alors pourquoi se lancer là-dedans ? Mais ils nous ont soutenus quand même. Et ils ont contribué à notre réussite ». Ils faisaient effectivement partie de la petite trentaine de bénévoles à l’origine du festival. Marchant à tâtons dans un milieu qu’ils ne connaissaient pas, c’était le flip total au moment de l’ouverture des portes. Un vrai shoot d’adrénaline. 2500 personnes les ont franchies. Le festival était sold out, et les températures hivernales n’avaient pas refroidi les festivaliers. Loin de là.

Il faut dire que la programmation était bien garnie, douze noms de la scène Marseillaise, quelques groupes connus et pas mal de découvertes : Troisième Œil, Faf la Rage, Don’t Sleep DJs, Puissance Nord, Psy 4 de la Rime, Turntable Dragun’z, Fonky Family, Appolo 13, Carré Rouge, Da Mayor, Phonk Neg’z et La Uma.

Le soir les groupes se partageaient les deux scènes de l’Espace Julien, à quelques centaines de mètres seulement du vieux port. L’après-midi de jeunes rappeurs amateurs ou non-professionnels se partageaient le tremplin qui avait été mis en place au café Julien jouxtant l’Espace. Parmi les participants, la toute jeune Keny Arkana, 16 ans seulement à l’époque. C’était avant que sa carrière ne décolle véritablement au sein du collectif Etat Major en 2002-2003. « On voyait déjà qu’elle allait bouffer de la scène cette petite », raconte Béatrice, pas peu fière de l’avoir vu à ses tout débuts.

C’est un succès et l’enthousiasme est palpable. Pourtant, sur le moment impossible d’en profiter. « On est tellement pris par l’urgence de l’instant et le présent que sur le moment on a aucun recul. On est portés par l’affluence, le public, on sent que l’événement ne nous appartient pas, et ça c’est dément »

De 1999 À 2015, du hip-hop à l'électro

Quoi qu’il en soit, la récompense tombe immédiatement. La presse nationale s’empare de l’événement. Libération lâche cette phrase : La meilleure occasion d’aller se familiariser avec l’impressionnant vivier de la scène marseillaise. Avec une telle reconnaissance impossible de ne pas voir plus loin. Forts du succès de cette première, Béatrice et les co-fondateurs y ont vu le feu vert indispensable pour nourrir le projet plus conséquent qu’ils avaient en tête.


Dès la deuxième année ils s’installent dans une salle plus grande. 6000 personnes sont attendues. Là encore, tous les billets sont vendus. Et les voilà aujourd’hui, en pleine préparation de la 17ème édition. La programmation est devenue internationale, elle s’est largement ouverte à l’électro ; Laurent Garnier, C2C et Busy P, entre autres ont foulé les planches de Marsatac. Ce sont désormais entre 25 et 30 000 festivaliers qui sont attendus chaque année.

Du reste rien n’a changé. L’esprit du festival est toujours le même avec son côté festif et la grande place laissée aux artistes en développement. Ah non, j’oubliais, le budget affiche désormais 6 zéros au compteur. Sans exagérer. On n’est pas tous Marseillais.

Première édition #7, une chronique réalisée par Louise Bonte